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Le SV est une tumeur bénigne qui croît lentement dans le conduit auditif interne puis dans l’angle ponto-cérébelleux. Cette croissance lente entraîne une altération progressive de la fonction vestibulaire, s’accompagnant parallèlement d’une mise en place graduelle de mécanismes centraux de neuro-plasticité et d’adaptation appelés compensation vestibulaire.

La désafférentation vestibulaire unilatérale aiguë en rapport avec l’exérèse tumorale entraîne une décompensation de cet état pathologique préalablement compensé avant la chirurgie ce qui est à l’origine de troubles de l’équilibre postopératoire. Ainsi, la cinétique des performances posturales est caractérisée par une forte dégradation survenant immédiatement après la chirurgie. La mise en œuvre de mécanismes centraux de neuro-plasticité et d’adaptation, caractérisés par la substitution d’autres afférences sensorielles et de nouvelles stratégies comportementales, conduisent à une récupération du contrôle postural et une amélioration des performances d’équilibration, particulièrement un mois après la chirurgie. Cette amélioration se poursuit de façon marquée entre trois et six mois, les performances posturales étant alors meilleures pour certains paramètres que celles avant la chirurgie (Parietti- Winkler et al. 2006), puis une stabilisation s’opère entre six et douze mois après chirurgie (Parietti-Winkler et al. 2010).

Les précédents travaux menés au sein de notre équipe ont montré que des facteurs individuels préopératoires tels que l’âge, la pratique d’activités physiques, la préférence visuelle ont été identifiés comme ayant une influence sur les modalités de compensation postopératoires de la fonction d’équilibration. Ainsi, en dépit du déclin du contrôle postural et des processus cognitifs liés à l’âge, la neuro-plasticité permet non seulement une récupération posturale post-chirurgicale mais une amélioration de l’équilibre après la chirurgie chez le sujet âgé (Gauchard et al. 2012). De plus, la pratique d’activités physiques avant la chirurgie promeut les réseaux de plasticité neuronale impliqués dans les apprentissages moteurs, ce qui rend la rééducation physique post-chirurgicale plus rapide et plus efficace (Gauchard et al. 2013). Par ailleurs, les stratégies sensorimotrices utilisées par les patients après chirurgie sont

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influencées par les préférences sensorielles avant la chirurgie et une contribution importante de la vision au maintien de l’équilibre avant chirurgie semble accentuer les dégradations posturales survenant immédiatement après la chirurgie et retarde les effets à court terme de la compensation vestibulaire sur le contrôle postural (Parietti-Winkler et al. 2008).

D’autres facteurs en rapport avec la tumeur, comme le statut vestibulaire préopératoire, influencent l’évolution des performances posturales postopératoire (Parietti-Winkler et al. 2011). Les patients ayant une aréflexie vestibulaire n’ont pas de dégradation de leurs performances posturales immédiatement après la chirurgie et leur amélioration, trois mois après, est particulièrement marquée, à la différence des patients normo-réflexique dont les variations des performances posturales suivent une évolution classique. Les performances posturales des patients hypo- réflexiques sont intermédiaires, proches des performances des patients normo- réflexiques avant chirurgie et proches des performances des patients aréflexiques huit jours et trois mois après la chirurgie. Trois mois après la chirurgie, les performances posturales s’améliorent, globalement, pour tous les patients. Une altération de la fonction vestibulaire, liée à la croissance de la tumeur provoque la mise en place de processus adaptatifs caractérisés par une restauration de la symétrie de l’activité des deux noyaux vestibulaires mais aussi une substitution sensorielle et de nouvelles stratégies sensorimotrices qui permettent d’anticiper partiellement les effets d’une désafférentation unilatérale vestibulaire sur la régulation de l’équilibre. Le statut vestibulaire préopératoire influence l’évolution des performances posturales postopératoires, cependant la compensation vestibulaire et la compensation posturale sont des processus différents.

Dans la continuité des précédents travaux concernant les facteurs préopératoires individuels et ceux liés à la tumeur, notre travail s’est intéressé à un paramètre en lien avec la tumeur (sa taille) et à certains paramètres non encore étudiés en lien avec l’individu (les facteurs psychologiques).

L’évaluation de la qualité de vie du patient donne des informations sur l’impact de la maladie et de son traitement. Le deuxième axe d’analyse de ce travail porte donc sur l’évolution de la qualité de vie du patient et l’évaluation des affects anxieux et

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dépressifs. La qualité de vie du patient représente la manifestation du vécu personnel et subjectif du patient dans les domaines de la santé physique, de la santé psychologique, des relations sociales et de l’environnement. Les mesures de qualité de vie permettent également d’identifier d’éventuels liens avec les performances posturales.

Les facteurs psychologiques individuels choisis pour cette recherche associent des facteurs liés à la situation de maladie et d’autres liés à la structure de personnalité du patient. Le SV est considéré comme une maladie chronique accompagnée de symptômes. Afin d’analyser l’adaptation des patients à leur situation, le sens qu’ils donnent à leur maladie et les comportements d’ajustement (coping) qui en sont la conséquence ont été étudiés avec comme cadre théorique les modèles d’autorégulation des comportements de santé. Parmi ces modèles, le modèle transactionnel stress-coping (Lazarus et Folkman) constitue la référence théorique de l’analyse des stratégies de coping, c’est-à-dire la façon dont le patient fait face à sa maladie tandis que le Modèle du Sens Commun (Leventhal) constitue le cadre théorique de l’analyse des représentations élaborées par l’individu concernant sa maladie. L’analyse de l’ensemble de ces processus liés à la situation de maladie est complétée par l’étude des caractéristiques de personnalité des patients, avec comme cadre théorique le modèle « Big Five ». Les facteurs psychologiques individuels correspondent donc à la façon dont les patients se représentent leur maladie et y font face et à leur structure de personnalité.

Ce travail qui cherche à identifier les paramètres en lien avec la tumeur et avec l’individu s’articule donc autour de trois axes, qui sont : (i) l’impact de la taille de la tumeur, (ii) l’évaluation de la qualité de vie du patient et des affects d’anxiété et de dépression, ainsi que (iii) l’influence des facteurs psychologiques sur la fonction d’équilibration avant et après la chirurgie.

LES OBJECTIFS

Les objectifs de cette recherche visent d’une part à identifier d’autres facteurs (taille de la tumeur et facteurs psychologiques) susceptibles d’influencer les performances

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posturales avant et après la chirurgie du SV et d’autre part à évaluer la qualité de vie des patients.

Le premier axe de travail concerne l’impact de la taille de la tumeur sur les performances posturales. L’altération de la fonction vestibulaire, qui dépend de la croissance de la tumeur et donc de sa taille, entraîne des perturbations de la fonction d’équilibration. L’objectif de cette première partie est de mettre en évidence des liens entre la taille de la tumeur, le fonctionnement vestibulaire et les performances posturales. Cette étude se base sur la comparaison des performances posturales des patients ayant un SV, selon la taille de leur tumeur, avec celles d’un groupe témoin.

Le second axe de travail s’intéresse aux affects d’anxiété et de dépression ainsi qu’à l’évaluation de la qualité de vie. Les objectifs visent à identifier les domaines de la qualité de vie altérés par le SV et son exérèse chirurgicale, à mettre en évidence la présence d’affects anxieux et dépressifs et à établir des liens avec les performances posturales.

Le troisième axe de travail porte sur l’influence des facteurs psychologiques sur les performances posturales. Les objectifs visent à identifier les représentations de la maladie, les stratégies de coping et les facettes de personnalité prédictives et explicatives des performances posturales postopératoires.

LES HYPOTHESES

En accord avec les objectifs énoncés précédemment selon les trois axes d’analyse, les hypothèses suivantes sont formulées :

Plus la taille de la tumeur augmente, plus la fonction vestibulaire préopératoire est dégradée.

La qualité de vie des patients serait altérée par la maladie et par le traitement chirurgical et elle pourrait s’améliorer à distance de la chirurgie.

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Des affects d’anxiété seraient présents au moment de la chirurgie et diminueraient à distance de la chirurgie.

Des affects de dépression ne seraient pas présents ni avant ni après la chirurgie.

Il existerait des relations entre la qualité de vie des patients et leurs performances posturales.

Les facettes de personnalité ne varieraient pas et resteraient stables tout au long du suivi.

L’exérèse chirurgicale de la tumeur entraînant la disparition du SV, les représentations de la maladie et les stratégies de coping évolueraient au cours du temps et cette évolution serait particulièrement marquée un an après l’acte chirurgical.

Certaines facettes de personnalité, les représentations de la maladie et les stratégies de coping pourraient être des facteurs prédictifs de la compensation posturale postopératoire.

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DEUXIEME PARTIE :

METHODOLOGIE

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Cette partie présente (i) la méthodologie utilisée pour l’étude de l’influence de la taille de la tumeur sur la compensation posturale, (ii) puis celle utilisée pour l’étude de l’impact des facteurs psychologiques sur la récupération posturale, (ii) le matériel et (iv) l’analyse statistique.

CHAPITRE 1 : LA METHODOLOGIE DE L’ETUDE DE L’INFLUENCE