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Problématique de recherche

Dans le document Facebook et la réalité des amis virtuels (Page 33-36)

Les recherches citées jusqu’à présent permettent de mieux cerner les fonctions que remplissent les sites de réseautage social dans le maintien et développement des réseaux sociaux chez les jeunes étudiants. La majorité de ces études ont identifié l’utilisation de Facebook comme facteur agissant sur le capital social (Ellison, Steinfield et Lampe, 2007). Lorsque l’on pense aux utilisations susceptibles d’influencer le capital social, l’échange de messages personnels entre utilisateurs Facebook s’impose naturellement. De fait, ce type de communication directe est souvent associé au capital social de type bonding puisqu’il permet des échanges plus riches favorisant le développement d’un lien plus fort (Burke, Kraut et Marlow, 2011).

Outre les messages personnels, les sites de réseautage social permettent la diffusion de contenu et la consommation de contenu. En effet, Facebook offre à ses membres la possibilité de partager leur vie personnelle et leur quotidien avec l’ensemble de leurs amis figurant sur la liste de contacts. Certaines études ont déterminé que la diffusion d’information à l’ensemble du réseau social numérique, par voie de message public ou de mise à jour de statut, mène à une augmentation du capital social de type bridging. En effet, il est probable que l’échange de nouvelles favorise le sentiment de connectivité du sujet, affectant ainsi le capital social de type bridging (Burke, Kraut et Marlow, 2011). D’autre part, Facebook permet aux utilisateurs de naviguer parmi les profils en ligne de leurs amis. Il demeure incertain que cette pratique puisse affecter le capital social de type bridging. En effet, cette pratique, a priori passive, contraste avec la diffusion de nouvelles qui mène habituellement à des interactions avec les autres membres du réseau social numérique. Le lien pouvant exister entre le capital social et la navigation de profils Facebook ne semble pas évident, mais consiste néanmoins en un sujet de recherche fort prometteur.

Les recherches citées précédemment permettent de supposer que les jeunes utiliseront l’information accessible pour se former une image globale de la nouvelle personne rencontrée et ainsi accélérer le processus de formation d’un réseau social. Ceci laisse présager qu’il n’y a aucun intérêt à observer le profil d’une personne avec qui l’on ne croit pas développer un lien prochainement ni le profil d’un ami proche. Dès lors, la navigation des profils Facebook

pourrait être une pratique restreinte à certains membres spécifiques du réseau social. Nous estimons alors que la navigation parmi les profils des amis ne se fait pas de façon aléatoire et dépendra probablement du type de lien, fort ou faible, entretenu avec la personne observée. Pour résumer, notre développement va comme suit : le jeune universitaire nouvellement arrivé sur le campus doit réorganiser son réseau social probablement pour y ajouter de nouvelles connexions. Durant ce processus, il utilisera Facebook comme outil de recherche pour accumuler de l’information précisément sur les connexions nouvellement ajoutées à Facebook, son objectif étant d’accélérer le développement de son réseau social à l’Université de Montréal.

D’autre part, il fut souligné que la disposition de l’étudiant à utiliser les plateformes web pour stimuler les rencontres sociales dépendra largement de traits personnels tels que l’extraversion et l’estime de soi. Nous estimons que ces deux facteurs influenceront le type d’activité en ligne, dont la consultation de profil. En effet, les études citées laissent croire que les personnes plus extraverties et ayant plus confiance en elles-mêmes se servent des ressources à leur portée pour développer leur réseau social. Il est alors possible que ce type de personnes soit plus attiré par l’observation de profils, cette activité pouvant vraisemblablement accélérer la formation de liens sociaux. De plus, les personnes extraverties sont plus motivées par les expériences stimulantes, elles seront possiblement plus enclines à développer des liens avec des personnes ayant différents parcours, ce type de liens étant caractéristique du capital social de type bridging. C’est dans cette optique que nous estimons que la consultation de profils, bien qu’étant une activité non interactive, pourrait avoir une incidence sur le niveau de capital social de type bridging dans l’environnement universitaire.

Enfin, Facebook est un objet d’étude fascinant pour les chercheurs en communication. En effet, cette plateforme propose un environnement où les échanges sociaux ont lieu de façon naturelle et où ils demeurent accessibles, offrant au chercheur un terrain de recherche incroyable. Toutefois, ces échanges visibles ne sont probablement qu’une minorité des pratiques sociales impliquant Facebook. Les mécanismes complexes par lesquels la plateforme permet d’accroître le capital social dans les rencontres face-à-face demeurent encore

méconnus malgré l’abondance de recherches sur les sites de réseautage social. Notre étude cherche alors à mieux comprendre le rôle de l’information présente sur le profil en ligne et la façon dont elle s’intègre au processus de restructuration du réseau social. Plus précisément, nous souhaitons comprendre comment l’information observée en ligne sera utilisée lors des rencontres face à face. De plus, nous cherchons à déterminer si l’observation de profils tout comme l’utilisation de l’information seront influencées par le niveau d’extraversion et d’estime de soi de l’étudiant. Nous estimons que ces dynamiques complexes ne peuvent être saisies avec un seul type de méthodologie. C’est pourquoi nous orientons notre enquête afin de recueillir deux types de données. Dans un premier temps, nous recueillerons des données quantitatives auprès d’un large échantillon d’étudiants, puis nous tenterons d’approfondir l’analyse à l’aide de données qualitatives.

Dans le document Facebook et la réalité des amis virtuels (Page 33-36)