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Le premier contact sur Facebook

Dans le document Facebook et la réalité des amis virtuels (Page 78-80)

V. Présentation des résultats qualitatifs

5.3 Le premier contact sur Facebook

Pour continuer, les étudiants rencontrés en entrevue, indépendamment de l’âge, ont confirmé que Facebook est le moyen de communication privilégié pour établir les premiers contacts avec une personne. Les raisons invoquées sont la facilité d’utilisation, puis la rapidité et l’aspect informel des échanges sur cette plateforme. Les propos de cet étudiant illustrent l’opinion partagée par les jeunes rencontrés : « C’est facile de se rejoindre, c’est facile de planifier des évènements, c’est facile de s’écrire des messages, on dirait c’est plus facile de se rejoindre comme ça par ordinateur que de se rejoindre par texte individuellement. Tu peux écrire à tout le groupe en même temps. Tu peux demander “Ça vous tenterais-tu de faire de quoi vendredi?”. Tu mets ça sur un évènement, puis tout le monde peut interagir, communiquer plus facilement, à la place d’appeler personne par personne, puis texter une personne par personne, surtout au début quand tu les connais pas beaucoup, ça se fait facilement sur Facebook ».

5.3.1 Facebook pour communiquer avec le groupe

Le précédent paragraphe montre que l’engouement des jeunes pour Facebook émane en partie des fonctionnalités leur permettant de communiquer avec plusieurs personnes en même temps. Répondant ainsi à leur disposition à intégrer divers groupes, puis à développer des liens avec le groupe et non avec chacun des membres. En effet, la majorité des autres moyens de communication, par exemple le téléphone cellulaire, permettent de communiquer avec une seule personne. Dans le cas où les membres d’un groupe veulent communiquer ensemble, Facebook sera le meilleur moyen de le faire, les échanges étant ainsi à la vue de tous. Par ailleurs, pouvoir communiquer de cette manière permet aux jeunes de créer des liens plus

rapidement, ce qui est une considération importante à un moment où la sphère sociale est primordiale. Un étudiant nous explique son point de vue sur Facebook : « Tout le monde embarque, puis c’est interactif, puis ça permet en plus de créer un réseau social, ça facilite pour aider à connaître de nouvelles personnes, parce que tu as comme un suivi, puis après c’est plus facile de faire des évènements avec les personnes que tu viens de rencontrer. Récemment, une de mes amies a essayé de me faire connaître de ses amies à elle, puis par la suite on planifiait des évènements sur Facebook puis on passait des commentaires, ça pas été long qu’on a appris à se connaître plus vite, puis on mettait des photos aussi, puis on riait ben de nos soirées ». Ce jeune homme nous explique ainsi comment les interactions sur la plateforme ont permis le développement rapide de liens. Ceci est d’autant plus intéressant qu’il cite les images comme des éléments rassembleurs, favorisant les interactions. Les photos sont d’ailleurs fort prisées des étudiants et contribuent à façonner les premières impressions que se font les jeunes les uns des autres, ce dont nous discuterons subséquemment.

5.3.2 Facebook comme filtre

Les propos des étudiants rencontrés nous ont permis de constater que Facebook interviendra comme première instance dans les communications avec les nouvelles personnes. Aux dires même des étudiants, ajouter une nouvelle personne à Facebook permet de « faire le tri » ou revient à « leur donner une chance ». « Je ne lui donne pas obligatoirement nom numéro à quelqu’un je pense que Facebook, ça fait le tri […] je pense que je ne vais pas donner mon numéro à quelqu’un si je vois qui va pas y avoir d’affinités par rapport peut-être à des discussions qu’on pourrait avoir déjà sur Facebook. C’est peut-être un peu ça une espèce de tri ». Pour les étudiants, Facebook permettra alors une communication rapide et informelle. D’un autre côté, l’accès aux profils en ligne leur permettra de confirmer si cette personne a des intérêts qui pourraient correspondre aux leurs et déterminer si cette personne leur semble intéressante. Ils en arrivent à ces conclusions en se formant une impression à partir des discussions et de l’information présente sur les profils Facebook. En effet, lorsqu’ils vont directement sur le profil de quelqu’un qu’ils ne connaissent pas, la motivation est clairement de se faire une « idée de la personne » ou de « voir de quoi elle a l’air ». À ce moment, sur la base de l’information observée, les jeunes font des suppositions sur le type de personne qu’est

ce nouveau venu. Comparativement à l’information trouvée sur le profil de leurs amis proches, ce qui est observé sur le profil de nouvelles personnes donnera lieu à plus d’interprétation. C’est ce que nous explique cette étudiante de 20 ans : « C’est sur que quand je connais moins que je peux faire “Ah ok il a fait ça, peut-être qu’il aime ça” je m’imagine des choses, tandis que si je connais vraiment je fais ah oui elle est allée là, là, là, elle m’a raconté ».

Il est intéressant de constater que pour une nouvelle connaissance, l’historique biographique de la personne observée fait l’objet de plus d’attention. En effet, les jeunes admettent que lorsqu’ils ne connaissent pas beaucoup la personne, ils remontent plus loin dans l’information mise en ligne. C’est ce que nous raconte cette jeune fille « Je pense que si c’est quelqu’un que je connais moins je vais passer plus de temps veut, veut pas. Je vais plus regarder, aller plus loin dans son mur, dans la ligne du temps. Je vais plus comme aller fouiller peut-être, mais sinon quelqu’un que je connais je la suis quand même régulièrement sur Facebook donc je vais peut-être plus aller voir ses récentes nouvelles, les trucs récents qu’elle a publiés, les commentaires récents qu’elle a commentés, mais je passerai plus de temps sur le mur de quelqu’un que je connais plus ou moins ». Ceci confirme ce qu’avance Danah boyd (2007) dans ses recherches, soit que la pérennité de l’information et le fait que celle-ci soit navigable peut mener à la reconfiguration des relations sociales. Récemment, les jeunes ont acquis la possibilité d’accéder à l’historique de leurs amis, ce qui influence probablement la façon de maintenir le contact avec les amis proches, de même que la façon dont se forment les nouvelles amitiés. Ils semblent avoir recours à une certaine méthodologie leur permettant d’identifier les amis potentiels efficacement. Ces nouvelles pratiques permettraient aux jeunes de former plus rapidement de nouveaux cercles d’amis. Cette façon de procéder confirme ce qui avait été brièvement évoqué dans les travaux de Coutant et Stenger (2010).

Dans le document Facebook et la réalité des amis virtuels (Page 78-80)