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Problématique générale de l’habitat précaire

CHAPITRE I : DES DESEQUILIBRES URBAINS GENERATEURS DE

1. Problématique générale de l’habitat précaire

Cette généralisation du problème n’est pas récente et n’est pas strictement liée à la crise économique mondiale latente, mais sans vouloir sombrer dans un excès de détails, le sujet est considérable, et la précarité est un problème aussi vieux que l’urbanisation, nous tenterons ici un rappel historique avant d’aborder les questions actuelles à partir des leçons de l’histoire.

La crise de l’habitat et des villes dans sa forme moderne est apparue en Angleterre au début du XIX siècle, puis en Europe, comme une conséquence étroite de l’industrialisation massive autour des grandes villes de l’époque : intense exode rural, développement rapide des quartiers ouvriers, recouvre plusieurs formes d’insalubrité où l’entassement des pauvres dans un bâti pourri non doté d’assainissement, ce qui a favorisé la propagation de maladies ravageuses à la fin du siècle.

Sommairement la situation peut être résumée de la façon suivante :

Le capitalisme naissant et le libéralisme triomphant, la dictature des propriétaires aidant sachant que la cause majeure relève du « rapport social » ; l’insalubre est devenu un secteur très rentable, il y a des intérêts puissants en jeu (7), ce qui a fait que l’insalubrité se développe avec l’enrichissement de la société avec l’ignorance des données élémentaires de l’hygiène.

Ces quartiers deviennent rapidement les foyers de périlleuses épidémies qui vont toucher l’ensemble de la population urbaine.

Les réactions ont été tardives, partielles et inefficaces, surtout en France. Après la première guerre mondiale, l’explosion urbaine, le resurgissement d’un milieu des contestataires ,la peur de la mort, va avoir un effet salutaire sur les couches dirigeantes et se traduire dès le milieu du siècle par de nombreuses initiatives ( publications commissions d’enquête parlementaires ad hoc , formation d’associations caritatives, premières lois sur l’urbanisme, mise en avant de l’expropriation pour résoudre les problèmes fonciers urbains , contrôle du développement

urbain par l’administration , formation des élites administratives capables d’appliquer les lois, création de subventions à la construction d’habitat ouvrier).

Cette crise se propage notamment dans la plupart des pays en voie de développement tout au long du XX siècle comme une conséquence de l’exode rural et de forts taux d’accroissement démographique mais sans s’accompagner de l’industrialisation massive dont elle était le corollaire en Europe occidentale et débouche par conséquent sur des situations de très grande misère.

2-Extension de l’habitat précaire : la mondialisation de la précarité

Cette mondialisation de la précarité , la peur de ses conséquences , a entraîné dès le début des années 70 la mise en place d’une stratégie à l’échelle de la planète initiée par les organismes internationaux ( conférence des nations unies à Vancouver en 76, création du centre des Nations Unies pour l’habitat , année internationale du logement des sans abris , projets pilotes dans beaucoup de pays du tiers monde , nombreux travaux de l’OMS sur les rapports entre santé et logement , échange d’informations etc).

Cet effort n’a eu que peu d’effets sur le terrain, selon les estimations du centre des Nations Unies pour les Etablissements Humains (8), on dénombrait 837 millions de personnes vivant dans l’habitat précaire notamment les bidonvilles en 2001 contre 712 millions en 1993. Les plus connues et médiatisées sont celles du Grand Mexico, la cité des morts du Caire, ainsi que les Baranguays de Tondo à Manille, les barriadas de Lima, les Fevelas de Rio et les slums de Mumbai (Bombay).

Les situations de précarité du logement sont visibles dans la plupart des villes du monde, les quartiers de squatters, les favelas et les bidonvilles, privés d’eau de services de voirie, d’électricité, de transports et de services sociaux, sont les expressions urbaines les plus évidentes des phénomènes de pauvreté et d’exclusion sociale. Force est de reconnaître que les conditions de vie d’une majorité des habitants des pays en développement se sont dégradées au cours des années récentes.

2-1 « L’autonomisation » de la ville vis-à-vis de l’état

L’industrialisation et la mondialisation des échanges ont provoqué jusqu’ici la croissance urbaine, accentuée ici comme ailleurs par une difficile transition démographique. La part de la population urbaine dans le monde est sans doute largement sous-estimée, la

plupart des appareils statistiques nationaux adoptant une définition restrictive de l’urbain inspirée des modèles occidentaux.

Or, le poids d’une croissance démographiques somme toutes partout très soutenue, l’appauvrissement de la plupart des pays, avec la cohorte d’inégalités qu’accompagne souvent l’extraversion des marchés, et l’imposition d’un modèle de développement néo-libéral favorisent l’autonomisation contrainte des citoyens face à l’état. Emplois, logements, services ne peuvent plus être fournis par les états, comme ceux du tiers -monde qui doivent dans la plupart des cas jongler pour trouver les devises permettant de financer cet « échange inégal ». Dans ces conditions, la production de logements par le secteur public perd pied, et laisse le champ libre à la production spontanée, cette dernière se produit surtout de façon « non- réglementée », tant au niveau des terrains utilisés que des constructions (9).

On a trop souvent tendance à ne penser ces quartiers que dans leur réalité présente. Sans doute pourtant, les considérations non comme des marges de la ville mais comme les faubourgs de demain permettraient une approche plus féconde, moins basée sur les préjugés que fondée sur des analyses urbaines comme on en mène ailleurs dans la ville et en centre-ville(10) .

2-2 L’engendrement de la ville

Si la recherche en ce domaine, s’est ou tente dans la plupart des fois de se débarrasser de quelques préjugés, de nombreuses traces écrites et la dénégation de toute véritable organisation, peuvent être aisément trouvées ici où là (11).

Le postulat de la dégradation progressive qu’engendre l’habitat précaire en arrive à occulter la question du tracé urbain. En n’accordant de place qu’au seul bâti, la plupart des études, en arrivent même à négliger la composition urbaine, pour parfois nier d’ailleurs son existence. Dans ce cas, de l’habitat dit spontané ou clandestin, il est effectivement difficile de passer sous silence la composition urbaine qui y présidé : après que chaque unité ait abri temporaire, « la position des rues et les limites des lots furent définies et les familles se relogèrent ou cela fut nécessaire (12).

Cependant, dés lors que le tissu urbain présente un aspect extérieur complexe, qu’il s’écarte de la trame orthogonale, que le tracé des rues n’est pas directement cohérent pour l’urbaniste formé à l’école de la ligne droite, l’affaire est directement classée : le tissu urbain est désordonné. Si bien qu’il n’y a pas eu de planification préalable résultant d’adjonctions de

La dernière tendance relevée dans la recherche sur la création de la ville populaire soulevée par (Schlyter T, 1979, p 69) sur le quartier de George, en Zambie met en avant la prise de conscience progressive parmi les habitants de la nécessité de composer l’espace urbain afin d’obtenir entre autres une régularisation plus aisée. On commence donc à prendre en compte les pratiques habitantes, mais toujours avec en toile de fond l’idée que l’irrégularité des formes signifie absence d’ordonnancement, de structuration préalable ou de correspondance avec des normes sociales et culturelles originales : « la construction de ce type de quartier est de moins anarchique. Les habitants prennent en effet conscience de la nécessité d’ordonner, de structurer le quartier » (13).

Enfin, deux auteurs se sont résolument penchés sur le thème de la genèse des espaces de la ville, (Navez- Bouchanine F, 1991, p103) et (Lechtymy S, 1992, p131), avec une étude particulièrement fouillée des modes de constitution socio- spatiale intentionnels dans des quartiers populaires de la Martinique.