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Problématique et état de l’art

Au chapitre 2, nous avons présenté différents types de systèmes conseillers et nous les avons structurés, entre autres, en fonction du type de l’aide apportée, distinguant ainsi trois classes :

• Apporter directement de l’information supplémentaire à l’utilisateur, • Simplifier la navigation de l’utilisateur,

• Guider l’utilisateur.

Nous allons, dans ce paragraphe, passer en revue ces trois types d’aide et étu-dier les relations entre ces approches et notre problématique.

3.3.1 Apporter directement de l’information supplémentaire à

l’utilisateur

Il s’agit pour les systèmes apportant directement de l’information supplémen-taire à l’utilisateur de lui proposer un supplément d’information. Ce supplément d’information peut être de différentes natures. Par exemple, des liens vers des pages susceptibles d’intéresser l’utilisateur peuvent être proposés. Ces systèmes utilisent différents mécanismes pour repérer les domaines qui semblent intéresser l’utilisateur (ces mécanismes sont, par exemple, un questionnaire, une analyse du parcours de l’utilisateur, une analyse des pages qu’il consulte, etc.). Les centres d’intérêt de l’utilisateur ainsi détectés, sont ensuite utilisés pour permettre la pro-position d’informations les plus pertinentes possibles.

Revenons à l’exemple cité plus haut (cf. paragraphe 3.1.2), c’est-à-dire, à un utilisateur accédant au site Web Apache et dont le but général est d’“installer un serveur Web Apache”.

Comme nous l’avons vu au paragraphe 2.4.1.2, des ontologies peuvent être utilisées pour chercher à déterminer les centres d’intérêt de l’utili-sateur et permettre à un système conseiller de proposer un supplément d’information. Dans notre exemple, l’ontologie est utilisée pour associer aux pages parcourues par l’utilisateur, des termes tels que :

• possibilités • limites

• modalités de téléchargement • étapes d’installation

• etc.

Ce sont ces mots clés qui seront utilisés pour rechercher des pages sus-ceptibles d’intéresser l’utilisateur. Il y a donc transformation d’un objectif large (“installer un serveur Web Apache”) en des séries de termes reflétant chacune un sous-objectif.

Cet exemple illustre une différence entre la problématique qui sous-tend cette approche et la nôtre : dans cette approche, on observe une traduction de la tâche de l’utilisateur en données intelligibles par le système. Ainsi, dans l’exemple ci-dessus, le but de l’utilisateur est traduit en un ensemble de mots clés. On peut donc considérer qu’il y a une certaine prise en compte du but de l’utilisateur mais que cette prise en compte n’est que partielle puisqu’elle n’est effective qu’à travers une traduction en mots clés. Dans notre problématique, la notion de tâche est considé-rée différemment puisque considéconsidé-rée telle quelle, c’est-à-dire sans transformation (ainsi, dans l’exemple présenté page 53, un modèle de tâches a été construit pour assister l’utilisateur dans la réalisation de la tâche “installer un serveur Web Apa-che”. Cependant, même si pour construire ce modèle, l’expert a décomposé la tâche générale en sous-tâches, il n’y a pas eu traduction de la notion de tâche en un autre formalisme).

D’autres approches proposant ce type d’aide se fondent sur la comparaison de comportements utilisateurs en utilisant, par exemple, des techniques de “collabo-rative filtering” (cf. paragraphe 2.4.2.1).

Si on reprend l’exemple d’un utilisateur accédant au site Web Apache et dont le but général est d’“installer un serveur Web Apache”, les systèmes fondés sur ces techniques vont, dans un premier temps, observer la navi-gation des utilisateurs. Soit un utilisateur A ayant consulté :

• la page “features.html” présentant les caractéristiques du serveur Web Apache,

• la page “download.html” présentant les modalités de télécharge-ment du serveur Web Apache,

• la page “install.html” présentant les étapes à suivre pour installer un serveur Web Apache.

Si un utilisateur B consulte les pages “features.html’ et “download.html”, le système va lui proposer un lien vers la page “install.html”.

Ce second exemple illustre, une nouvelle fois, le fait que les approches pro-posant ce type d’aide ne prennent en compte qu’indirectement la notion de tâche : l’utilisateur A, dans le but de réaliser l’objectif qui est le sien, va parcourir un certain nombre de pages. L’utilisateur B, en parcourant sensiblement les mêmes pages que A se verra proposer des liens vers des pages parcourues par A et qu’il n’a pas encore parcourues. Les systèmes issus de cette approche considèrent donc que ces deux utilisateurs ont des objectifs similaires. C’est cette approximation qui différencie la problématique qui sous-tend ces systèmes et la nôtre, puisque dans le cadre de notre problématique, la notion de tâche est prise en compte ex-plicitement.

3.3.2 Simplifier la navigation de l’utilisateur

Il s’agit pour les systèmes dont le but est de faciliter la navigation des utili-sateurs de sites Web, de modifier les pages Web proposées aux utiliutili-sateurs (par exemple, comme cela été présenté au paragraphe 2.3.2, en supprimant des liens). Ces approches prennent en compte l’objectif de l’utilisateur et ses caractéristiques (centres d’intérêt, connaissances, etc.).

On observe donc des similitudes avec notre problématique : comme dans le cadre de notre problématique, l’objectif de l’utilisateur, lorsqu’il accède au site Web, va être pris en compte. Par exemple, des systèmes comme AHA! prennent en compte le but de l’utilisateur en proposant des pages qui correspondent aux notions que l’étudiant souhaite maîtriser.

On observe cependant une différence majeure : l’aide proposée n’est pas de type guidage : certes, des pages sont adaptées, des listes de liens sont réorganisées mais il s’agit plus de proposer à l’utilisateur une organisation séquentielle des

pages qu’il doit parcourir, que des éléments de guidage proprement dit.

Enfin, on observe que les travaux qui apportent une telle aide sont principa-lement des approches proposant à un utilisateur des cours en ligne. Les tâches prises en compte dans ce type de systèmes sont donc semblables (on trouve, par exemple, des tâches comme “j’apprends l’anglais : le présent simple et progressif” ou “j’apprends l’anglais : les modaux”). Or, notre problématique se différencie de celle sous-jacente à ces systèmes puisque nous ne considérons, a priori, aucune limitation dans le type de tâches.

3.3.3 Guider l’utilisateur

L’objectif des systèmes proposant de guider l’utilisateur est de lui permettre de réaliser son objectif. Les systèmes tels que Pixed [HM02] [HFM04] ou Ardeco [CPM02] issus de l’approche Musette [CPM03] [LCPM05] prennent en compte le parcours et/ou la tâche de l’utilisateur. L’objectif de Pixed [HFM04] est d’aider l’utilisateur à réaliser son but, en l’occurrence acquérir, en ligne, des connais-sances. L’aide proposée est de haut niveau : il est proposé à l’utilisateur des che-mins vers la réalisation de son objectif. Des séquences d’apprentissages sont enre-gistrées et des pages annotées. Ces éléments seront ensuite utilisés pour proposer une aide. C’est l’utilisateur qui choisit lui même son but en sélectionnant, dans une ontologie, le concept qu’il veut étudier.

Les travaux sur Musette et ses différentes mises en oeuvre présentent une pro-blématique proche de la nôtre puisque :

1. Il va s’agir de prendre en compte le but de l’utilisateur et permettre à l’uti-lisateur de réaliser son objectif. Comme dans notre problématique, cette approche cherche à formaliser le comportement de l’utilisateur plutôt que l’utilisateur lui même.

2. L’accomplissement de l’objectif de l’utilisateur va être assisté par le sys-tème via la proposition de conseils permettant un guidage de l’utilisateur. On observe cependant plusieurs différences :

1. Dans notre approche l’aide proposée est élaborée par un expert. C’est lui qui définit les conseils à proposer et les facteurs déclenchants. Dans les travaux issus de l’approche Musette, les conseils sont élaborés par les experts lors de l’initialisation du système mais aussi par les utilisateurs. Ces conseils sont construits par le biais d’annotations et présentés aux utilisateurs lorsque la navigation annotée correspond à la navigation de l’utilisateur.

2. Nous proposons d’associer à un site Web complexe, un système conseiller évitant de modifier celui-ci en profondeur. Dans les travaux issus de l’ap-proche Musette, la problématique est différente puisque système conseiller et site Web ne font qu’un : il y a un système qui propose à la fois les pages et l’aide associée.