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Vers une prise en compte de l’emploi dans une stratégie politique intégrée : les politiques nationales

Fiche Analyse des stratégies des élites économiques au Sahel

5. Intégrer la question de l’emploi dans les stratégies

5.3. Vers une prise en compte de l’emploi dans une stratégie politique intégrée : les politiques nationales

d’emploi

Les politiques nationales d’emplois (PNE), mises en place aujourd’hui dans 24 pays d’Afrique subsaharienne, pourraient constituer un pas supplémentaire vers une prise en compte de la problématique de l’emploi dans une stratégie politique intégrée (voir fiche 19. Soutenir les PNE comme cadres d’intégration des efforts dans la lutte pour l’emploi). Leur mise en place supposerait en effet que la préoccupation de l’emploi soit intégrée aux politiques sectorielles conduites par les différents ministères. Le BIT fournit de l’assistance technique à plusieurs pays afin que les PNE soient mises en cohérence avec les CSLP, qui constituent les cadres de référence en matière de lutte contre la pauvreté. Au Burkina Faso, le programme d’action prioritaire de mise en œuvre du CSLP 2004-2006, qui constitue le processus décisif de la prise en compte des politiques sectorielles dans le CSLP et de l’allocation des ressources d’allègement de la dette, ne reflète que très peu les préoccupations d’emploi inscrites dans la PNE. Ainsi, pour la révision du plan d’action prioritaire du CSLP de 2007, le BIT a fourni une assistance technique afin de favoriser une bonne collaboration entre le ministère de l’emploi qui pilote la PNE et celui de l’économie qui coordonne la mise en œuvre du CSLP.

À Madagascar, la PNE constitue depuis 2005 le document de référence en matière de politique de l’emploi. Le pays s’est aussi doté d’un comité de suivi dénommé Comité national de suivi de la promotion de l’emploi et de réduction de la pauvreté (CNSPERP). Malheureusement, il est possible que les crises politiques que connaît ce pays compromettent ces efforts. En mars 2006, le BIT a appuyé le gouvernement malgache dans la formulation d’un plan national d’action pour la mise en œuvre de la PNE, dénommé Programme national de soutien à l’emploi (PNSE)[75]. Pour opérationnaliser la PNE, des leviers d’accompagnement ont été créés, tels que l’Observatoire malgache de l’emploi et de la formation professionnelle (OMEF) en tant que système national d’information sur l’emploi, l’Office malgache pour la promotion de l’emploi (OMPE ou VATSI) pour la coordination de toutes les structures et actions en faveur de la promotion de l’emploi sur l’ensemble du territoire, et la cellule pour les investissements publics intensifs en travail. Le PNSE est inscrit parmi les actions prioritaires figurant dans l’engagement n˚ 6 : Économie à forte croissance, et défi n˚ 3 : Promouvoir le plein emploi du Madagascar Action Plan, où la dimension emploi est marquée grâce au travail effectué en amont pour son intégration dans la stratégie nationale de développement. Dans le cadre du financement et de l’opérationnalisation du Madagascar Action Plan, la table ronde des Amis de Madagascar a insisté sur la mise en œuvre de programmes sectoriels notamment pour le secteur de l’emploi.

Le cas de Madagascar constitue un bon exemple d’intégration de la dimension emploi au cœur du CSLP et de mise en place d’un dispositif institutionnel tripartite destiné à produire et à analyser l’information sur l’évolution du marché du travail et à identifier les priorités en termes de politiques.

[75] Développé dans le cadre d’un projet intitulé Croissance économique pro-pauvres : pour rendre opérationnelle

Un nouveau cadre d’intervention

Pour la plus grande partie des pays pauvres, le vecteur de la réalisation des OMD est devenu le document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP). Celui-ci a pris une place centrale dans la détermination des objectifs, priorités et séquences de la lutte contre la pauvreté et sert de cadre pour une meilleure coordination de l’aide au développement.

Toutefois, la nécessité de s’attaquer sans tarder aux problèmes sociaux et environnementaux les plus graves – provenant, pour beaucoup, de la transformation rapide et brutale de l’économie mondiale – n’a pas abouti à remettre fondamentalement en question le projet dominant d’adaptation des espaces nationaux aux normes de l’économie mondialisée. La convergence vers ces normes – en termes de compétitivité, de flexibilité et d’attractivité pour les investissements étrangers – continue à être perçue comme l’élément central de la stratégie de développement. L’emploi tout comme la réduction de la pauvreté sont perçus dans la formulation de la stratégie de développement comme des résultantes d’un enchaînement vertueux reposant sur le couple intégration-croissance. Les désillusions liées aux retombées de l’économie mondialisée pour la grande masse des pauvres dans le monde ont renforcé progressivement sur la scène internationale l’idée de mettre en place les conditions d’une mondialisation plus juste et de promouvoir des modèles de croissance plus favorables aux pauvres et plus riches en emplois (Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation, 2004).

On peut noter à ce sujet que les questions de justice sociale et d’emploi n’apparaissent pas sur la liste des huit OMD. L’objectif 1 relatif à la réduction de la pauvreté et de la malnutrition a toutefois été récemment enrichi de l’objectif de promotion de l’emploi décent (cible 1b), ce qui constitue une reconnaissance importante du lien entre la promotion de l’emploi et la lutte contre la pauvreté. Cependant, cette cible n’est pas associée à un objectif chiffré à atteindre pour 2015. Elle constitue seulement un appel à faire des objectifs de plein emploi productif et d’emploi décent des éléments centraux de la stratégie nationale de développement. Elle n’en constitue pas moins un atout pour renforcer la dimension emploi dans les cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté.

19

Fiche

Soutenir les politiques nationales d’emploi comme cadre

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