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Contraintes externes et impact sur les économies africaines : rapide état des lieu

Fiche Surmonter la crise en Afrique

4.2. Contraintes externes et impact sur les économies africaines : rapide état des lieu

4.2.1. Le défi de l’essor des économies africaines face à la concurrence

internationale

Le tissu entrepreneurial africain se heurte à des contraintes d’ordre interne et externe. Les contraintes internes, on l’a vu, tiennent notamment à l’instabilité politique, à la vétusté des infrastructures ou encore à un cadre des investissements et des affaires peu attractif.

A ces contraintes internes s’ajoutent des difficultés d’ordre externe, qui tiennent à un effet dit « de confrontation » (Losch et al.. 2008), lié au décalage dans le temps entre les processus de transition économique des pays. Les économies africaines se trouvent ainsi en situation de concurrence avec des économies situées à un stade beaucoup plus avancé de leur transition économique, ce qui entrave sérieusement leur capacité à se développer, tant sur le plan agricole qu’industriel. Les puissances européennes du XIXe siècle assuraient leur développement par leur hégémonie

politique et économique. Les pays asiatiques et latino-américains se sont appuyés sur un modèle de développement autocentré, soutenu par les financements liés au contexte de guerre froide (Losch et al., 2008). Les pays africains doivent quant à eux trouver leur voie dans un contexte international contraignant. Celui-ci se caractérise par la concurrence accrue, la difficulté d’accès aux marchés développés du fait de barrières à l’entrée considérables, et aux normes complexes qui gouvernent le fonctionnement des chaînes de production mondiale (voir aussi fiche 3. Les défis de la transition en Afrique subsaharienne à ce sujet).

L’ouverture accrue de l’économie a eu pour effet la mise en compétition de petites entreprises locales avec des biens importés produits à moindre coût, pour certains lourdement subventionnés. Ceci est vrai pour les produits agricoles, l’agriculture africaine étant menacée par la concurrence d’autres agricultures motorisées. Cela l’est aussi pour les produits manufacturés non agricoles. À titre d’exemple, la fin en 2005 des accords multifibres qui avaient permis aux industries textiles de certains pays pauvres d’avoir un accès privilégié aux marchés d’Amérique du Nord et d’Europe de l’Ouest, a eu pour effet de placer ces industries en concurrence directe avec les produits, notamment chinois, exportés à des prix défiant toute concurrence, provoquant ainsi la fermeture de plusieurs dizaines d’usines et la destruction de plusieurs dizaines de milliers d’emplois (Polgreen et French, 2007) en Afrique du Sud

et en Zambie, et menaçant la survie des industries textile du Cameroun, du Nigeria et de la Zambie.

4.2.2. Des IDE qui peinent à s’installer en Afrique

Les IDE rendent compte de l’intensification de la concurrence entre les firmes des pays développés, ou encore de l’essor des activités manufacturières dans les pays du tiers monde. Les IDE se sont révélés très sélectifs quant au choix des pays d’accueil. Essentiellement adoptée pour les produits à faible valeur ajoutée et à forte intensité en main-d’œuvre, exploitant ainsi les avantages comparatifs des pays d’accueil, cette stratégie a surtout bénéficié aux pays en développement ayant su répondre à des attentes nouvelles par l’adoption de politiques très incitatives d’investissements étrangers (affichage clair d’une stratégie privilégiant les exportations, fiscalité réduite dans le cadre des zones franches industrielles, qualité des infrastructures, formation de la main-d’œuvre aux besoins attendus…). Les investissements directs étrangers ont donc privilégié chronologiquement les dragons asiatiques, les Tigres et autres pays d’Amérique Latine et de la bordure méditerranéenne.

L’Afrique subsaharienne a pourtant fourni des efforts préalables, notamment par la création de zones franches industrielles. Mais le degré d’attractivité laisse à désirer. Au Togo, une vingtaine d’entreprises sont en activité dans la zone franche avec seulement 2 000 emplois créés sur un objectif de 100 000. Au Sénégal et au Mali, il existe aussi des zones franches, mais très faiblement développées.

Absence de spécialisation, manque de relations verticales ou horizontales inter- entreprises, vétusté des infrastructures, absence de main-d’œuvre qualifiée sont autant de facteurs expliquant le faible niveau des IDE en Afrique subsaharienne. Ceux-ci se concentrent dans les secteurs à haute intensité capitalistique, notamment liés à l’extraction de matières premières, mais dont les effets d’entraînement sur l’ensemble de l’économie et sur l’emploi sont très faibles. Les pays africains peinent à utiliser ces IDE comme un levier pour leur économie. Ils s’enferment dans le cycle de l’appauvrissement et du sous-développement dans la mesure où ce modèle de croissance perpétue l’exploitation systématique des richesses, sans favoriser en retour la création d’emplois et le développement d’un tissu industriel autonome. Les flux commerciaux entre les pays africains et les autres régions du monde se limitent à l’exportation de matières premières pas ou peu transformées et à l’importation de produits manufacturés. La stratégie chinoise en Afrique est particulièrement illustrative de ce modèle : elle se concentre sur l’extraction des ressources naturelles africaines nécessaires à son

développement, qui seront utilisées en Chine pour produire des biens qui seront par la suite revendus sous une forme finie sur le continent africain (Kahn, 2006). En outre les produits exportés vers l’Afrique sont pour beaucoup à faible intensité technologique, créneaux sur lesquels les industries africaines pourraient se développer pour satisfaire la demande intérieure. Cette démarche, sans contrepartie de long terme sur le plan de la structuration d’un tissu industriel local, n’a que de très faibles retombées en termes d’emploi. L’approche chinoise est particulièrement désastreuse de ce point de vue, puisqu’elle poursuit une logique de réduction du chômage chinois (les travailleurs nécessaires aux chantiers africains étant envoyés de Chine), alors qu’il existe sur place pléthore de main-d’œuvre qui pourrait bénéficier de ces projets (Chidaushe, 2007). Les retombées en termes d’emploi sont ainsi faibles d’un double point de vue : sur le court terme, dans la mesure où l’utilisation et la formation de la main-d’œuvre locale sont limitées ; et sur le long terme dans la mesure où ce type de stratégie ne vise pas nécessairement le renforcement des compétences d’une main-d’œuvre locale et ne favorisent pas, à terme, le développement d’un tissu industriel local. Ces approches sont en contradiction avec les objectifs fixés par le Nepad puisqu’elles « ne favorisent pas le recours à une main- d’œuvre locale et ne permet pas non plus aux États africains de diversifier leur économie » (Girouard, 2008).

Cette analyse rapide montre qu’il est nécessaire de repenser les stratégies d’investissements directs étrangers et de coopération internationale avec les États africains, qui plutôt que de se concentrer sur l’implantation de firmes étrangères faiblement ancrées dans le tissu économique du pays, pourraient créer davantage de synergie avec le tissu entrepreneurial existant pour impulser une montée en puissance progressive du secteur industriel africain.

À ce titre, la pratique du « compagnonnage industriel », déjà expérimenté dans certaines régions, est une illustration intéressante des stratégies innovantes de partenariat inter-entreprises des pays industrialisés et des pays en développement. Ce principe repose sur une démarche pragmatique de rapprochement d’entreprises fondée sur la rencontre entre gens de même métier dans une idée de partage et de complémentarité. La méthodologie vise à constituer des « couples » d’entrepreneurs de PME/PMI africaines et françaises s’engageant dans une relation partenariale dépassant le strict rapport client/fournisseur. Les résultats en Afrique subsaharienne comme au Maghreb ont montré que dans environ un cas sur deux le partenariat s’est instauré, a généré des flux financiers importants et a même pu déboucher sur l’investissement dans l’entreprise du Sud ou la création de joint-ventures.

4.3. L’identification et le soutien à des secteurs porteurs

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