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Prise en compte de l’atténuation

Annexe 2 : Calcul de la densité modale d’une plaque rectangulaire en flexion

4.3 Prise en compte de l’atténuation

Jusqu’à présent, nous avons développé un code de simulation numérique permettant de simu- ler la propagation dans des plaques dans lesquelles aucun effet d’atténuation n’a lieu : ni perte

500 1000 1500 2000 2500 3000 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1 Fréquence en Hz

Spectre d’amplitude normé

Fig. 4.6 :Spectre d’amplitude des réponses impulsionnelles calculées dans une plaque d’alumi- nium de 1.83 mm d’épaisseur et 30.5 cm de côté (–), et valeurs des fréquences propres mesurées expérimentalement dans la même plaque par Hazell (+).

dans l’air, ni viscosité du matériau, etc. Or en pratique, la réponse d’une plaque à un impact a une durée caractéristique de l’ordre de quelques dizaines de millisecondes. Nous avons donc voulu modifier le code pour prendre en compte qualitativement ce phénomène. Pour cela, nous nous sommes inspirés de la façon dont l’effet de viscosité est introduit par la théorie de Landau [45] : elle équivaut à utiliser un modèle de Voigt. Les calculs détaillés permettant de passer de la théorie visco-élastique 3D à la théorie des plaques en flexion sont présentés dans l’annexe 1 (à la fin de ce chapitre). Nous obtenons l’équation suivante :

VP2h2 12 ∆ 2w +∂2w ∂t2 − µv ρ ∂ ∂t(∆w) = 1 ρS(x, y, t), (4.19)

µv étant le coefficient de Lamé visqueux.

La figure 4.7(a) représente la partie imaginaire du nombre d’onde obtenu en résolvant nu- mériquement l’équation de dispersion donnée par l’équation (4.19), en fonction de la fréquence, lorsqu’il y a de la viscosité (µv = 100, en tirets) ou non (µv = 0, courbe continue). La figure 4.7(b)

représente quant à elle la partie réelle du nombre d’onde dans les mêmes conditions. Comme nous pouvons le voir, ce modèle n’a quasiment aucun effet sur la vitesse de phase, mais entraîne bien

une perte d’amplitude de l’onde croissante avec la fréquence. 0 1 2 3 4 5 x 104 −0.25 −0.2 −0.15 −0.1 −0.05 0 Fréquence en Hz

Partie imaginaire de k en rad/m

(a) 4.9996 4.9996 4.9996 4.9997 4.9997 4.9998 4.9999 4.9999 5 x 104 201.595 201.596 201.597 201.598 201.599 201.6 201.601 201.602 201.603 Fréquence en Hz

Partie réelle de k en rad/m

(b)

Fig. 4.7 : Courbes de dispersion obtenues à partir de l’équation (4.19), lorsque µv est nul (–), et lorsque µv = 100 Pa.s (- -) : (a), partie imaginaire de k en fonction de la fréquence ; (b),

partie réelle de k en zoom pour distinguer le très faible effet de ce modèle d’atténuation sur la vitesse de phase.

Bien que le modèle de Voigt introduise deux coefficients de viscosité (µv et λv, analogues de

λ et µ), l’équation de propagation du mode A0 visqueuse ne fait plus intervenir que µv. Il est

intéressant de vérifier la cohérence de ce modèle avec la théorie visco-élastique complète. Pour cela, nous avons donc implémenté le modèle de Voigt dans le code élastique à deux dimensions déjà mentionné précédemment. La figure 4.8 représente alors la composante transverse du champ simulé par ce code dans une tranche de plaque d’acier inoxydable de 30 cm de long et 5 mm d’épaisseur, dans le cas où les coefficients de Lamé visqueux sont tous les deux nuls (courbe continue), dans le cas où seul µv est non nul et est pris égal à 100 Pa.s (pointillés) ; et dans le cas

où les deux coefficients de Lamé visqueux valent 100 Pa.s. La source est une source de pression constituée de quelques périodes de sinusoïde de fréquence centrale égale à 10 kHz. Comme on peut le constater, il n’y a quasiment pas d’atténuation supplémentaire de l’onde lorsque les deux coefficients sont non nuls par rapport au cas où seul µv est non nul. Nous pouvons en conclure

que, avec ce modèle de viscosité, l’atténuation de la composante transverse de l’onde A0 à basse

fréquence dépend principalement de µv : ce résultat est cohérent avec l’équation simplifiée (4.19).

Cette façon d’introduire un effet d’atténuation permet au schéma numérique de ne pas trop perdre en stabilité. En effet, le terme supplémentaire sera discrétisé de la manière suivante (avec

48.505 48.51 48.515 48.52 −0.01 0 0.01 0.02 0.03 0.04 0.05 0.06 0.07 Temps en ms

Amplitude du déplacement (u.a.)

Fig. 4.8 : Amplitude des signaux simulés avec un code élastique dans une tranche d’une plaque d’acier inoxydable de 30 cm de long et 5 mm d’épaisseur, en fonction du temps, sans viscosité (–), avec µv= 100 Pa.s et λv = 0 Pa.s (..) ou lorsque µv et λv sont fixés à 100 Pa.s (- -).

les mêmes notations que dans les équations 2 et 3) : A(∆2w)n−1+w

n

i,j− 2wn−1i,j + wn−2i,j

(∆t)2 −

µv

∆t¡(∆

2w)n−1− (∆2w)n−2¢ = S(i∆x, j∆y, n∆t).(4.20)

Ainsi, en appliquant la méthode de Fourier pour étudier la stabilité de ce schéma, nous obtenons l’équation suivante de la variable ξ (même principe qu’au paragraphe 2.1) :

ξ Ã −2 + C + µvr C A ! + ξ2+ 1 − µvr C A = 0, (4.21)

avec, comme précédemment : C = 2A(∆t)

2

∆4 ¡4(cos(kx∆) − 1)(cos(ky∆) − 1) + 2(cos(kx∆) − 1)

2+ 2(cos(k

y∆) − 1)2

¢ . Les solutions sont donc :

ξ = ± q

(−2 + C + µvpC/A)2− 4(1 − µvpC/A) − (−2 + C + µvpC/A)

2 . (4.22)

On montre que ξ sera bien de module inférieur à 1 (comme souhaité) si le terme sous la racine carrée est négatif. On en déduit alors la condition de stabilité suivante, après simplifications :

∆t < ∆

2

4√A − µv∆2

8A . (4.23)

Comment évolue alors l’atténuation de l’onde simulée avec la fréquence ? Pour le savoir, calculons alors le module de ξ :

ξ2 = 1 − µvC A = 1 − µv ∆t ∆24 (cos(kx∆) + cos(ky∆) − 2) 2 . (4.24)

Or le pas spatial est choisi égal à un dixième de la plus petite longueur d’onde, donc au maximum kx∆ et ky∆ sont égaux à

10. Ainsi, en remplaçant les cosinus par leur développement limité à l’ordre 2 au voisinage de zéro, nous obtenons :

ξ2 ≈ 1 − µv ∆t ∆24¡1 − k 2 x∆2/2 + 1 − ky2∆2/2 − 2 ¢2 = 1 − µv∆tk2. (4.25)

Nous pouvons donc en conclure que le déplacement transverse simulé, à l’instant tn= n∆t, est

multiplié par un facteur (1 − µv∆tk2)n/2.

La figure 4.9 représente le signal obtenu avec ce code de simulation avec viscosité, en prenant µv égal à 1000 Pa.s pour mieux observer cet effet. L’amplitude diminue bien au cours du temps,

d’autant plus rapidement que la fréquence est grande (le signal contient beaucoup moins de hautes fréquences après 50 ms de simulation).

0 10 20 30 40 50 −1 −0.8 −0.6 −0.4 −0.2 0 0.2 0.4 Temps en ms Amplitude normée

Fig.4.9 :Amplitude normée du déplacement simulé à l’aide du schéma numérique décrit précé- demment, prenant en compte la viscosité. Le milieu simulé est une tranche d’une plaque d’acier inoxydable de 5 mm d’épaisseur et 30 cm de long. Le coefficient de viscosité est pris égal à 1000 Pa.s afin d’obtenir un effet visuel d’atténuation.

En conclusion, bien que les approximations faites pour obtenir cette équation modifiée (voir calculs en annexe) soient assez fortes, elles nous permettent d’obtenir l’effet qualitatif d’atténua- tion souhaité, croissant avec la fréquence. Notons cependant que si ce type de modèle permet de rendre compte de l’atténuation dans des matériaux comme des panneaux de fibres de bois dans lequel l’atténuation intrinsèque joue un rôle important, il exclue la perte d’énergie due au cou- plage avec l’air ou le support. Ce dernier est le phénomène prépondérant expliquant l’extinction du signal dans des matériaux comme les métaux.