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4.2.1. Principes généraux

Du point de vue pédagogique, la réponse du patient (c'est-à-dire son comportement vocal, respiratoire et articulatoire) est toujours par définition la plus adaptée qu'il ait trouvée en lui-même face au stimulus et à la situation proposée. Celle-ci est fonction de l'image de soi.

Il n'appartient pas au rééducateur de la juger bonne ou mauvaise, mais plutôt d'entendre, voir et sentir si cette réalisation est cohérente par rapport à l'intention de l'orateur.

Si ce n'est pas le cas, le rééducateur observera le jeu des relations entre les parties et les fonctionnements afin de déterminer le lieu de l'incohérence, le motif de la limitation, ce qui a conduit à l'échec.

Le rééducateur se positionne alors davantage comme un guide d'une exploration que comme celui qui sait et fixe le modèle à imiter.

En amont de l'acquisition d'une technique, il y a la connaissance vraie de son corps qui parle ou chante, de sa structure, de ses mécanismes, de sa biodynamique.

Il y a l'expérimentation de ses possibilités et de ses limites en fonction de la configuration du squelette, du tissu musculaire qui s'y insère et le met en mouvement, ainsi que du fonctionnement du cortex cérébral.

PARENT, A. et ZEGLIN, C. 2011 Synthèse : le travail de la voix en orthophonie avec la Méthode Feldenkrais

Il y a la découverte dans la sensation des lois physiques (champ de gravitation, colonne d'air...) et acoustiques (propagation des sons, développement des harmoniques...) propres au milieu dans lequel on évolue et on s'exprime.

Si un patient montre dans l'acte vocal une morphologie (par exemple une position de mâchoire) qui manifestement perturbe l'émission du son, il ne s'agit pas de lui proposer un modèle extérieur à lui, une autre position pour sa mâchoire (la prétendue « bonne position »,un moule dans lequel il devra, par l'entraînement et la répétition, se couler); mais plutôt d'expérimenter avec lui un grand nombre de possibilités pour la position de sa mâchoire et sa relation avec les autres parties, tout en écoutant à chaque fois l'effet de cette modification de la morphologie sur la qualité du son (y compris les attitudes inadaptées qui conduisent à une limite ou à une gène) pour qu'il puisse lui-même enregistrer la différence.

Ce travail développera aussi le sens kinesthésique, autrement dit la sensation que l'orateur a de ce qu'il fait, informations en retour qui lui permettront de régler et de modifier son comportement vocal et respiratoire à chaque instant quasi inconsciemment, et ainsi de chercher une nouvelle adaptation, un nouvel équilibre plus efficace, plus performant et cohérent par rapport aux exigences recherchées.

4.2.2. A propos de l'importance de la colonne vertébrale

L'orateur trouvera son équilibre et la force de projection à partir d'un bon enracinement. Sa colonne vertébrale, trouvant sa pleine expansion, participera à :

– la plénitude de l'inspiration (le libre mouvement du diaphragme, l'ouverture thoracique, la mobilité des côtes...)

– la tonification de l'expiration, donc à son contrôle (par une utilisation libre et efficace de la ceinture abdominale)

– la détente des muscles du cou, des épaules et du visage, muscles qui conditionnent la souplesse, la mobilité du fonctionnement de l'appareil vocal, de l'articulation et l'ouverture des cavités de résonance.

4.2.3. A propos du travail sur la respiration

La respiration profonde n'est pas limitée à la cage thoracique ou aux mouvements du diaphragme. Elle engage le corps dans sa totalité. Pour cela, il est nécessaire que la cage thoracique se libère, que le visage desserre les voies de passage (narines, pharynx, glotte...), que la colonne vertébrale retrouve sa

souplesse et sa flexibilité afin de pouvoir suivre le cheminement de ce flux, qui du fond de l'abdomen, envahit tout le corps et se termine sur le visage.

Il est par ailleurs important de préciser que, selon François Combeau, le travail que le praticien et le patient font sur la respiration, les développements qu'ils recherchent, tout contrôle qu'ils tentent de maîtriser, ne devraient jamais faire de la respiration une création du mental du patient. En effet, en perdant son rythme naturel et son dynamisme spontané, la respiration perd sa fonction de lien et devient vite une réponse inadaptée à ses besoins « ici et maintenant ».

L'évolution de la dynamique respiratoire d'un individu ne peut donc passer par l'apprentissage d'un conditionnement dans sa forme, son lieu ou son rythme (ce qui la fige), mais le rééducateur devrait plutôt:

– observer d'abord ce qui limite la personne, ce qui se fige et exprime la contrainte, ce qui est de l'ordre de l'habitude, du conditionnement, de l'idée reçue...

– proposer ensuite au patient des contextes et environnements (situations, postures, activités spécifiques) qui seront l'occasion d'explorer d'autres possibilités, des réponses différenciées pour les mettre en mémoire. Ceci permettra aussi de retrouver la mobilité des éléments qui expriment la dynamique respiratoire (côtes, sternum, colonne vertébrale, omoplates, paroi abdominale, narines...).

– proposer enfin des jeux de prise de conscience et de différenciation qui permettront à la personne de ressentir avec plus de clarté (ce dont elle a fondamentalement besoin), et, hors conscience, d'adapter sa réponse respiratoire pour correspondre à ses besoins, ses intentions, ses activités, son état émotionnel et relationnel.

4.3. Différentes manières d'intégrer la Méthode Feldenkrais