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5.2. Principes de base – Caractéristiques

5.2.3. Principes pédagogiques

L’enseignement de la méthode Feldenkrais utilise le mouvement corporel pour améliorer la qualité et l’efficacité du fonctionnement de la personne.

A travers le mouvement, cette approche nous propose de devenir plus conscients de nos habitudes de mouvement, puis d’élargir notre répertoire d’actions.

Elle permet d’améliorer la flexibilité, la coordination, l’image de soi en apprenant ou en ré-apprenant les mouvements de la vie de tous les jours.

Dans la pédagogie classique, l’apprentissage est compris comme étant la conséquence de répétitions utilisées dans le but de renforcer les voies déjà frayées du système nerveux. Feldenkrais a développé une méthode basée sur une approche

tout à fait différente : à savoir que l’acquisition d’un nouveau schéma d’action requiert non pas la répétition du même à l’identique, mais la réalisation d’une même action au travers de ses variations successives de telle façon que cette action peut être modifiée par des corrections sensorielles.

L’originalité de la méthode réside donc dans le fait qu’elle ne fait pas appel directement à la souplesse articulaire et à la force musculaire d’une façon répétitive et mécanique pour parvenir à ces résultats, mais à notre capacité d’apprendre et de sentir.

La répétition mécanique d’un mouvement, s’il n’est pas accompagné d’une prise de conscience de ce qui se produit par ce mouvement et de ce qu’on ressent pendant l’action, et si on ne tient pas compte de l’ensemble de l’image et de ses répercussions sur l’entité, ne sera qu’un travail, un entraînement physique qui ne contribue pas au développement.

En Feldenkrais, il n’est pas question de « corriger » quelqu’un, mais de l’engager dans un processus de découverte lui permettant de retrouver sa propre fonctionnalité.

La pédagogie Feldenkrais repose sur une compréhension approfondie et concrète de plusieurs idées, notamment :

- l’organisation du corps en mouvement dans le champ de la gravité,

- la distribution proportionnelle du mouvement sur l’ensemble du système musculo-squelettique et la coordination du mouvement distal et du mouvement proximal,

- le fonctionnement auto-régulé du système nerveux,

- l’intégrité indissociable de la personne aux plans sensoriel, émotif et intellectuel,

- l’ « incorporation » de notre conscience même.

Pour les praticiens et professeurs formés à la méthode Feldenkrais, le mouvement est un langage. La qualité du mouvement reflète l’état d’organisation même du système nerveux, et par là, l’image que la personne se construit d’elle- même et du monde.

PARENT, A. et ZEGLIN, C. 2011 La Méthode Feldenkrais

Pour créer un contexte d’apprentissage pour une personne, le mouvement guidé, par la parole ou par les mains, sera ainsi une voie d’accès à la personne totale.

En Feldenkrais, par le mouvement, dans le mouvement, on vise à ce que la personne développe une meilleure intégration fonctionnelle dans l’action, c’est-à-dire que cette personne dissocie moins ses facultés mentales et physiques, qu’elle isole moins les parties de son corps les unes des autres.

La personne apprend avec l’ensemble d’elle-même à traduire de mieux en mieux ses intentions en action, et ce, dans son environnement physique et humain.

La méthode Feldenkrais est une approche systémique du mouvement, reposant sur :

- l’utilisation de circuits neuro-moteurs inhabituels et l’éveil de zones associatives du cortex cérébral,

- le travail sur la plasticité neuronale et la faculté d’apprentissage sensori- moteur,

- la prise de conscience du fonctionnement global de l’individu dans sa gestuelle et son comportement environnemental,

- le travail sur le schéma corporel et l’image de soi,

- la visualisation du mouvement avant l’action avec différents paramètres.

Pour favoriser l’apprentissage et la maturation du système nerveux, la méthode Feldenkrais propose la pédagogie suivante :

- réduction de l’effort et de la vitesse, - augmentation de la sensibilité fine,

- recherche du confort et de l’aisance dans la variété, - ouverture du focus d’attention eu égard au but,

- exploration de mouvements inhabituels: des situations inhabituelles obligent à une orientation nouvelle, car même les schémas fixes du comportement sont vécus d’une façon inattendue. Ils deviennent donc plus facilement reconnaissables, c’est-à- dire accessibles à un changement. C’est la raison pour laquelle l’élève est confronté à des centaines de configurations de mouvements variées, originales et hors de son champ familier de mouvement. Ce qu’il ne peut apprendre dans une situation, il le captera dans une autre et ainsi son image de soi et ses possibilités se décupleront.

- absence de but à atteindre, de modèle à imiter, de jugement sur les résultats (l’apprentissage est organique, c’est-à-dire motivé par l’envie et la curiosité individuelle),

- recherche des indices personnels de qualité et d’efficacité,

- augmentation progressive de la vitesse de mouvement pour favoriser l’intégration,

- progression graduée dans la complexité,

- vision globale et participation de tout le corps et de toute la personne au mouvement.

Tout phénomène douloureux doit être écouté. La répétition d’un mouvement douloureux nous mène à engrammer dans notre système nerveux nos limitations. L’enseignant suggèrera donc de contourner la douleur, soit par le choix d’un autre chemin, soit en faisant un mouvement uniquement dans l’imagination.

Sur un plan plus technique, la plupart de temps on sollicitera davantage les parties proximales d’une articulation plutôt que les parties distales, souvent trop employées dans les gestes de la vie quotidienne.

D’autre part, on mobilisera souvent seulement un côté du corps lors des leçons ; ceci dans le but de créer le meilleur contraste sensoriel possible au niveau des structures nerveuses, et de faciliter la conscience kinesthésique des différences.

Les élèves choisiront par la suite les nouveaux schémas appris qui sont favorables, puis transféreront ces nouveaux schémas appris d’un côté du cerveau vers l’autre (Feldenkrais,1997).

La méthode Feldenkrais ne s’adresse pas aux symptômes et à la pathologie mais aux façons de bouger, aux façons de faire et au potentiel d’amélioration. Elle est en cela une approche dite stratégique : elle s’intéresse au « comment » plutôt qu’au « pourquoi » des choses.

Moshe Feldenkrais (1997, p.9) disait : « Si nous ne savons pas ce que nous sommes en train de faire, nous ne pouvons pas faire ce que nous voulons », ce qui signifie que sans conscience de soi, l'action automatique ne peut pas être modifiée.