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Principes généraux d’intervention

3. Cadre conceptuel

3.3 Concept d’agressivité

3.3.10 Principes généraux d’intervention

Pour intervenir en gardant un maximum de sécurité, quelques principes généraux sont nécessaires. Nous avons choisi de présenter ceux identifiés par Gbézo. Il s’agit de contrôler la situation, d’évaluer la personne à risque, de sécuriser l’environnement et de choisir un mode d’intervention adapté.

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Contrôler la situation

Le contrôle de la situation est primordial pour éviter les dérapages. Le but est de prendre du recul et de réfléchir à la stratégie la plus efficace pour sortir de la crise. Pour privilégier la réflexion sur un quelconque plan d’intervention, il est important de garder son calme avant d’intervenir et de s’arrêter quelques secondes. Il est également indispensable d’avoir le contrôle de ses gestes et paroles en adoptant une attitude et un ton de voix calme. En effet, la première impression que l’on donne peut être déterminante dans la suite des événements.

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Évaluer la personne à risque

Il s’agit à présent d’évaluer la personne que l’on a en face de nous et le potentiel de dangerosité de la situation. Pour cela, il faut être particulièrement attentif à l’état d’esprit du sujet, à son attitude (regard, paroles, B) ainsi qu’à l’environnement qui nous entoure (objets dangereux, endroit isolé, présence de collègues à proximité). L’intervenant doit également être conscient de ses

132 LUTUMBA Ntetu [et al.]. Les agressions en milieu psychiatrique. Vécu et perceptions des intervenants du Pavillon Roland-Saucier du Complexe hospitalier de la Sagamie. Santé mentale au Québec. 1999, vol.24, n°2, p.217-228.

133 E.GBEZO, Bernard. Les soignants face à la violence. Rueil-Malmaison, Editions Lamarres, 2005. 165p. ISBN : 2-85030-808-0.p.84-87.

limites et savoir appeler à l’aide s’il ne se sent pas capable d’affronter la situation seul ou si le contexte ne s’y prête pas. Selon Michel Plante134, il ne faut pas se sentir visé par les attaques verbales ou les gestes dirigés contre des objets et, si c’est le cas, il est préférable de laisser un collègue mener l’intervention à sa place.

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Sécuriser l’environnement

Comme mentionné précédemment, il est essentiel d’observer l’environnement physique et d'identifier les éventuels aspects pouvant augmenter la dangerosité. Pour cela, Gbézo (2005) propose quelques comportements à suivre pour favoriser la réussite de l’intervention. Dans un premier temps, il est important d’ « évaluer la sécurité des lieux » (p.86)135. Il s’agit d’observer les objets présents pouvant potentiellement être dangereux et servir à l’agresseur comme projectile ou lame coupante. De même, il est important de repérer la présence d’une sortie accessible, si la situation venait à dégénérer. Gbézo conseille également d’être attentif à l’individu et d’évaluer s’il est sous l’effet de quelconques drogues ou d’alcool, ou s’il développe des symptômes caractéristiques d’un trouble psychique. Il faut aussi être attentif à la position de chacun dans la pièce afin de ne pas bloquer le sujet dans un coin, lui laissant sous entendre une menace. Enfin, pour la réussite de l’intervention, il est recommandé d’interagir directement avec le sujet, en comité restreint, pour limiter les tensions et éviter une démonstration théâtrale de son comportement qui pourrait être favorisée par un trop grand public. Il est nécessaire de maintenir tout de même de l’aide à distance peu éloignée, prête à agir en cas d’urgence.

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Choisir un mode d’intervention adapté

Selon que l’agressivité est verbale ou physique, le mode d’intervention est différent. En effet, face à une personne démontrant de l’agressivité verbale, rien ne sert d’opter pour une intervention musclée. Cela pourrait provoquer une réponse violente et physique, ce qui n’est pas le but. De même, face à

134 E.GBEZO, Bernard. Les soignants face à la violence. Rueil-Malmaison, Editions Lamarres, 2005. 165p. ISBN : 2-85030-808-0.p.84-87.

135 Ibid.

une personne démontrant une réelle agressivité physique, le recours à la parole serait décalé, car la personne n’est pas en moyen d’écouter et d’intégrer ce qu’on lui dit. Ainsi, Gbézo (2005) stipule que, dans le cas d’agression verbale, « nous devons privilégier l’approche psychologique au moyen de techniques d’intervention verbale » (p.86)136. Au contraire, une intervention plus corporelle est alors justifiée lorsque le patient passe à l’acte et démontre de l’agressivité physique.

Parmi les techniques d’intervention physique, nous trouvons entre autres la présence physique de renforts, la protection de soi et des autres, le contrôle physique, la contention mécanique et chimique, l’isolement, ... Ces techniques peuvent être appliquées dans les milieux de soins. Toutefois, les règles déontologiques et légales doivent être scrupuleusement respectées137.

Les soignants et les proches confrontés à la violence et l’agressivité d’un patient peuvent se sentir dépassés. Plusieurs programmes ont ainsi été mis sur pied, notamment dans le monde de la psychiatrie, pour apprendre aux soignants ainsi qu’aux proches à gérer et prévenir le comportement agressif d’un patient. Pour exemple, au Canada, la formation ICARE138a pour objectif de « fournir les outils et les ressources nécessaires à la gestion et à la prévention des comportements agressifs à la maison et ainsi favoriser le maintien à domicile » (Tassé, 1999, p.102)139. De même, le programme IPPNA140 proposé au Pavillon Roland-Saucier au Québec enseigne « une série de principes et de techniques permettant de reconnaître et de désamorcer de manière non abusive des situations menaçant la sécurité des bénéficiaires et des intervenants » (Lutumba, 1999, p.221)141.

136 E.GBEZO, Bernard. Les soignants face à la violence. Rueil-Malmaison, Editions Lamarres, 2005. 165p. ISBN : 2-85030-808-0.

137 Ibid, p.87.

138 Intervention pour comportement agressifs en résidence/réadaptation.

139 TASSÉ, Marc [et al.]Formation ICARE (Intervention pour comportements agressifs en résidence/réadaptation) pour parents d’adolescents présentant une déficience intellectuelle et des comportements agressifs. Revue francophone de la déficience intellectuelle.1999, vol10, n°2, p.101-108.

140 Intervention Psychologique et Physique Non Abusive.

141 LUTUMBA Ntetu [et al.]. Les agressions en milieu psychiatrique. Vécu et perceptions des intervenants du Pavillon Roland-Saucier du Complexe hospitalier de la Sagamie. Santé mentale au Québec. 1999, vol.24, n°2, p.217-228.