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Principes et enjeux de la communication en santé publique

autres politiques publiques, s’attachent à réduire d’une part la prise en charge et la qualité de vie des personnes atteintes de maladies chroniques et d’une autre part prévenir les comportements et consommations à risques (alcool, tabac, mauvaise alimentation…).

Le développement de la prévention et de l’éducation pour la santé fait désormais également partie des approches et enjeux prioritaires des politiques publiques. La communication grand public sur les problèmes de santé est au centre du développement et de l’amélioration de ces deux approches.

1) La prévention

Selon l’OMS, il existe 3 types de prévention :

• La prévention primaire qui est définie comme « l’ensemble des actes destinés à diminuer l’incidence d’une maladie, donc à réduire l’apparition de nouveaux cas ou à retarder l’âge de début ». Cette prévention se situe donc en amont des problèmes de santé (ex : port du préservatif)

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• La prévention secondaire « vise à diminuer la prévalence d’une maladie, soit le nombre de cas présents sur une période donnée. Elle recouvre des actions destinées à agir au tout début de l’apparition du trouble ou de la pathologie afin de s’opposer à son évolution. ». Cette prévention tente de réduire la durée d’évolution de la maladie, à travers le diagnostic ou dépistage notamment.

• La prévention tertiaire « intervient à un stade où il importe de diminuer la prévalence des incapacités chroniques ou des récidives et de réduire les complications, invalidités ou rechutes consécutives à la maladie. » L’éducation thérapeutique est considérée comme une action de prévention tertiaire45.

Ces 3 niveaux de prévention s’exercent grâce à différentes interventions que sont les mesures légales et économiques (ex : réformes anti-tabac), les actes médicaux (vaccinations, dépistages, traitements, éducation thérapeutique), les actions pour améliorer l’environnement et la qualité de vie des citoyens (aménagement des lieux publics pour les handicapés..) et l’éducation pour la

santé.

2) L’éducation pour la santé

L’éducation pour la santé est indispensable pour que la population respecte les mesures de prévention, contribue à préserver son environnement et réalise des actions de vaccination et dépistage. Elle a donc pour objectif que chaque Français puisse acquérir, tout au long de sa vie, « les compétences et moyens lui permettant de promouvoir sa santé et sa qualité de vie, ainsi que celle de la collectivité. »

Un programme d’éducation pour la santé comporte 3 types d’actions principales complémentaires :

• La mise à disposition d’informations sur les moyens de prévention, les maladies, les services de santé…

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• Des actions éducatives de proximité qui aident les personnes en fonction de leurs besoins et de leurs compétences, à s’approprier une information pour être en mesure de l’utiliser comme ils le souhaitent dans leur vie quotidienne46.

• Des campagnes de communication qui ont pour objectif de sensibiliser la population à de grandes causes de santé, comme les facteurs de risques et dangers des maladies chroniques. Par exemple, les campagnes de communication sur les dangers de l’alcool, du tabac ou d’une mauvaise alimentation font partie d’actions de prévention primaire puisqu’elles ont pour but d’éviter la survenue de certaines maladies chroniques.

Les campagnes de communication en santé publique et sur les maladies chroniques ont généralement 3 rôles principaux: un rôle d’image, un rôle d’information et un rôle incitateur. En effet, le but de ces campagnes est de sensibiliser et d’interpeller le grand public sur un

problème de santé et de l’accompagner en faveur d’un changement de comportement.

Selon l’INPES, Les principaux objectifs et enjeux de ces campagnes sont donc:

• Mettre en place une certaine cohérence avec les réformes des pouvoirs publics (interdiction de fumer dans les lieux publics, interdiction de la vente d’alcool aux mineurs, port de la ceinture de sécurité obligatoire, etc.) en créant des campagnes de communication relatives à ces réformes et en instaurant un climat favorable à des changements de comportements collectifs.

• Placer au coeur des préoccupations publiques un certain problème de santé. Il s’agit en effet de déclencher du bruit médiatique et d’augmenter la prise de conscience collective. La communication grand public va permettre d’instaurer et provoquer un débat, un questionnement et des recherches d’information même si tout le ne modifie pas son comportement.

• Informer sur les risques et les moyens de prévention adaptés et donc inciter à de nouveaux comportements favorables à l’amélioration et à la préservation de la santé, qui s’appuient sur le principe « mieux vaut prévenir que guérir ».

• Agir sur les représentations et normes sociales. Les campagnes de communication en santé peuvent en effet faire évoluer ou changer les perceptions de la population sur tel ou

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tel comportement (tabac, alcool, alimentation…). Ceci peut contribuer à créer un climat favorable aux changements de comportements et habitudes de la population.

De plus, les risques et dangers des maladies chroniques sont de mieux en mieux connus de la population. Les enjeux de ces campagnes en santé publique sont donc non seulement d’informer la population mais aussi de leur expliquer les modalités de changements de comportement (comment faire pour arrêter de fumer ? Pour réduire sa consommation d’alcool ?...). C’est pourquoi, les campagnes publicitaires font également de plus en plus souvent la promotion de services renforçant la prévention (dispositifs d’aide à distance, programmes d’aide sur Internet, renvoi sur des professionnels de santé...)

Afin de répondre aux enjeux de santé publique que sont la prévention et l’éducation pour la santé, il faut donc informer en masse le grand public sur ces enjeux, et faire la promotion des comportements déterminants pour préserver et améliorer la santé de tous47. L’objectif de cette communication vers le grand public est en effet d’une part, de réduire l’incidence et la mortalité des maladies chroniques, et d’autre part, de réduire le coût financier que représentent ces maladies pour la sécurité sociale grâce à un diagnostic plus précoce, et donc une prise en charge moins coûteuse et une diminution du nombre de malades à soigner.

Selon Eric Breton, enseignant chercheur et titulaire de la chaire « Promotion de la santé » à l’école des Hautes Etudes en Santé Publique, les campagnes de prévention grand public sont indispensables. En effet, « dans un pays démocratique, on doit toujours expliquer aux gens les dangers et les risques. De manière générale, elles permettent de mettre sur la place publique des sujets qui n’étaient pas facilement abordés. »48

3) Critères et règles de bonnes pratiques dans la communication

Communiquer sur la santé, et en particulier dans le domaine des maladies chroniques, c’est communiquer sur des valeurs fortes, dérangeantes sur le plan social et donc s’introduire dans la sphère privée de la population. Cette communication peut en effet paraître intrusive puisqu’elle peut aller contre la liberté des individus ce qui la rend particulièrement délicate. Elle s'appuie

47 Santé Publique France. « Communication et promotion de la santé », Mars 2012.

http://inpes.santepubliquefrance.fr/campagne-communication/. Consulté en Octobre 2017

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donc sur quelques règles et principes d’éthique qui constituent en quelque sorte les règles de « bonne pratique » spécifiques à la communication grand public en santé.

Selon l’INPES, ces règles sont les suivantes :

- Respecter les choix de chacun ;

- Ne pas trop inquiéter ou faire peur aux gens afin d’éviter le rejet du message ;

- Ne pas stigmatiser (notamment les comportements individuels à risque), ne pas marginaliser ou ne pas culpabiliser les gens

- Ne pas imposer une norme sociale, par exemple en opposant des « bons » et des « mauvais » comportements ;

- Inciter à la réflexion et à la remise en question au lieu de faire peur, afin d’amener les destinataires du message à engager une décision qui leur est propre et respecter leur autonomie, leurs croyances et leur responsabilité ;

- Tenir compte des inégalités d’accès à l’information, des inégalités sociales de santé, des codes culturels ;

- Accompagner le message d’outils déclencheurs du changement, donner les moyens d’agir, de mettre les conseils ou mises en gardes données en pratique, en renvoyant par exemple vers un dispositif d’aide à distance (tabac-info-service, drogue-info-service, sida-info-service…) ou vers un professionnel de santé pour procéder au diagnostic par exemple

- Accompagner les campagnes grand public d’un volet pour les professionnels de santé ;

- Dans le cadre d’une campagne nationale de santé publique, permettre aux acteurs de terrain (Agences Régionales de Santé…) de se réapproprier et d’adapter les messages en les rapprochant plus de la réalité locale.

IV) Autres acteurs intervenant dans la communication grand