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La prière, censeur de nos intentions

Dans le document Hypnose, sommeil, placebo ? (Page 160-164)

IV. Une mémoire dans un univers quantique

17. La prière, censeur de nos intentions

Les grandes religions revendiquent toutes un discours de paix et prêchent l'altruisme. En tant que fournisseurs de réponses à des questions ouvertes, leur vocation semble éducative et thérapeutique. De plus, elles agissent le plus souvent de concert avec l'Etat puisqu'elles participent à la paix sociale en limitant les conflits dans ce monde (en promettant un monde « meilleur » après la mort). Cette collusion avec des intérêts matériels et immédiats doit-elle nous faire douter, ou y a t-il effectivement un intérêt supérieur à la religion ? Je réponds oui à cette dernière question.

Qu'est-ce que la foi ?

La foi est la certitude en quelque chose qui n'est pas démontrée, ni visible. Cette croyance est totale en ce sens qu'elle est capable d'impacter la vie entière de l'individu qui peut dédier celle-ci à l'objet de sa foi. La Foi est souvent comprise dans un contexte « religieux », mais on entend aussi des expressions telles que :

• avoir foi en lui, en soi • avoir foi en son métier

• avoir foi en ses amis, sa famille • avoir foi en sa chance, sa bonne étoile

En bref, moult occasions où croire dans le bien-fondé de la chose (soi, métier, autrui, chance) est estimé hasardeux par les observateurs.

Foi et Science s'opposent-ils ?

Le 14 septembre 1998, le pape Jean-Paul II a publié l'encyclique Fides

et ratio, qui contient cette phrase : « La Foi et la raison sont comme deux

la vérité. » Nous pouvons donc en déduire que l'Eglise catholique ne s'oppose plus à la quête de connaissance de la Science, et même qu'elle en admet l'intérêt. Nous pouvons même aller plus loin et convenir que la Foi n'est plus la chasse gardée de cette religion. La quête scientifique d'une explication causale et neuronale de la Foi est donc légitime (dans les pays à majorité catholique s'entend).

Foi ou folie ?

La personne qui se conforme à des conclusions déduites d'un objet considéré comme a priori faux par son entourage réalise un acte de foi. Cependant, pour cet entourage, la limite entre la foi et la folie est mince et ne dépend pas de l'objet de la croyance – seulement du degré de certi­ tude que manifeste l'entourage vis-à-vis de la fausseté de l'objet. Par exemple, croire aujourd'hui que la terre est plate est en Occident signe de folie, ça ne l'était pas il y a 600 ans. Croire en Dieu est un acte de foi aujourd'hui en Occident, c'était banal, raisonnable et normal il y a 600 ans.

Mesurer l'efficacité de la foi ?

Par définition, la foi n'a que peu de rapport avec la Science puisqu'elle met en jeu des croyances. Parmi les expériences testant l'efficacité de la foi, il en existe un certain nombre où l'on prie pour certains malades (et pas d'autres). On mesure ensuite s'il y a des différences en termes de vitesse de rétablissement, taux de décès, de rechute, etc.

Ces expériences sont difficilement reproductibles puisqu'elles imposent d'y croire et qu'elles sont le plus souvent reproduites par des gens qui n'y croient pas, ce qui a pour effet d'empêcher la confirmation des effets (cette constatation est courante dans le domaine de la parapsychologie, cf. ch. 15).

L'une des expériences parmi les plus divertissantes a été réalisée par Leonard Leibovici, professeur de médecine interne de l'université de Tel- Aviv (Israël), qui ne croit pas aux pouvoirs de la prière et a voulu réaliser une expérience démonstrative69, censée ridiculiser les « croyants ». Il

sélectionne 2 000 adultes qui ont développé une septicémie lors de leur

69 Leonard Leibovici (2001). Effects of remote, retroactive intercessory prayer on outcomes in patients with bloodstream infection: randomised controlled trial, BMJ

séjour à l'hôpital. Il fait prier pour la moitié d'entre eux, puis regarde le devenir des patients. Miracle ! Ceux pour qui la prière a été dite se portent beaucoup mieux que les autres : les patients du groupe « prière » sont sortis plus vite de l'hôpital et leur maladie a été moins sévère (diffé­ rences statistiquement significatives). C'est à ce moment-là que Leibo­ vici abat son atout maître : il s'est servi des registres de l'hôpital : les patients étaient à l'hôpital entre 1990 et 1996, tandis que la prière a été dite en 2000 (soit 4 à 10 ans après les faits). D'après lui, cela invalide complètement l'impact de la prière sur les résultats (puisqu'elle n'a pas pu agir) – à moins de penser que le temps n'existe pas (sic), ou que son désir, son intention, de trouver ce résultat a biaisé le générateur de nombres aléatoires qui a réparti (non aléatoirement) les patients dans les deux groupes...

La prière, unique moyen d'exprimer une intention ?

Toutes les religions insistent sur la prière comme le moyen privilégié pour communiquer avec Dieu, pour le remercier ou demander. Il n'y a pas d'autre moyen efficace pour espérer améliorer notre futur. Nous pourrions considérer cette affirmation comme une tentative pour s'assurer un monopole (avec raison, comme nous allons le découvrir). La prière est une demande adressée à Dieu. Le catéchisme nous apprend qu'une prière efficace doit être voulue de tout son être, que nous devons visualiser, et nous approprier effectivement l'objet de la demande.

La prière, une intention censurée ?

Il nous a été enseigné que Dieu est bon, et qu'il n'intervient jamais pour une demande qui pourrait nuire à quelqu'un. Ce n'est même pas la peine de prier, nous savons que cela ne sert à rien. Fort de notre récente hypothèse sur le pouvoir des intentions, nous savons cependant que les intentions mauvaises ont tout autant de probabilités de se mettre en place que les bonnes. Nous savons aussi qu'entre une prière et une intention, la différence est infime – sauf que la prière est une intention qui sera relayée par Dieu, lequel ne relayera rien de mauvais. Donc, une prière est a priori bonne, et les croyants, qui transforment leurs intentions en prières, participent à un Monde meilleur. La censure70 à laquelle nous

70 Il y a censure puisque nous nous abstenons de faire/penser/imaginer certaines choses.

nous plions du fait de notre Foi est alors une chose magnifique. Voilà qui rend à la Religion une utilité que les récents progrès de la Technologie et de la Science lui avaient confisquée.

Dans le document Hypnose, sommeil, placebo ? (Page 160-164)