• Aucun résultat trouvé

Bref Contexte Historique et Politique

Le Sénégal, avec un Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant de plus de 2 300 dollars en 2014,7 est la quatrième économie d’Afrique de l’Ouest. Ce pays constitue une porte d’entrée pour les investissements en Afrique francophone. Sa capitale, Dakar, abrite le troisième plus grand port de la région Ouest Africaine, après Lagos (Nigeria) et Abidjan (Côte d’Ivoire).8 Située sur la côte Atlantique, reliant l’Afrique

sub-saharienne (ASS) à l’Afrique du Nord, l’Europe et les États-Unis, Dakar dispose de liaisons aériennes relativement courtes avec les centres économiques de ces régions et avec le reste de l’Afrique subsaharienne.9 Le Sénégal est membre de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et abrite le siège de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à Dakar. La monnaie locale est le franc CFA d’Afrique de l’Ouest, arrimée à l’Euro.10

Parmi les pays de l’Afrique sub-saharienne, le Sénégal a connu une remarquable stabilité politique. Depuis son indépendance en 1960, le pays a vécu trois transitions démocratiques pacifiques.11 L’actuel président, Macky Sall, envisage de raccourcir son mandat à la tête de l’Etat de sept à cinq ans, là où d’autres dirigeants africains tentent de se maintenir au pouvoir. 12

Les cinq dernières années, le Sénégal a connu une croissance annuelle du PIB relativement modeste de 3,3%. Celle-ci s’est récemment améliorée à 4,5% en 2014, son plus haut niveau depuis 2008.13 L’actuel gouvernement, a défini le “Plan Sénégal émergent” (PSE) afin de stimuler la croissance à travers d’importantes réformes structurelles et des projets majeurs de développement publics et privés. La croissance

7 “GDP per capita, PPP (current international $),” Banque Mondiale (2014). Disponible sur : http://

data.worldbank.org/indicator/NY.GDP.PCAP.PP.CD.

8 Flipo, Blandine. “Comment Dubaï a gagné Dakar,” Jeune Afrique (15/10/2007). Disponible sur : http://www.jeuneafrique.com/103242/archives-thematique/comment-dubae-a-gagn-dakar/.

9 Vols commerciaux réguliers à partir de Juillet 2015 de Dakar à Casablanca, Paris et New York, respectivement de trois, cinq et huit heures. Les vols de Dakar à Accra ou Abidjan durent environ trois heures.

10 Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (2015). Disponible sur : http://www.uemoa.int/

Pages/Home.aspx. Les analyses portant sur le Sénégal et la plupart des autres pays francophones, ainsi que sur les pays lusophones (Guinée-Bissau) en Afrique de l’Ouest révèlent que l’impact structurel de l’ancrage à l’euro et l’union monétaire sont particulièrement pertinents. La zone UEMOA compte également le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger et le Togo.

Cet ancrage remonte à l’utilisation du franc français. La Guinée (pays également francophone de l’Afrique de l’Ouest) n’utilise pas le même franc.

11 “Senegal Overview,” Banque Mondiale (2015). Disponible sur : http://www.worldbank.org/en/

country/senegal/overview.

12 “Réduction du mandat présidentiel au Sénégal : Macky Sall se dédiera-t-il ?” Radio France International (08/04/2015). Disponible sur : http://www.rfi.fr/afrique/20150408-senegal-reduction-mandat-presidentiel-macky-sall-dedie-wade-/.

13 “Senegal Overview,” Banque Mondiale (2015). Disponible sur : http://www.worldbank.org/en/

country/senegal/overview.

du PIB devrait atteindre 6% en 2016 et le PSE a pour objectif d’atteindre 7% de taux de croissance annuel moyen pour faire du Sénégal un pays émergent et compétitif au cours des deux prochaines décennies.14

Des facteurs tels que l’insuffisance d’infrastructures et la lourdeur des procédures liées aux obligations fiscales représentent des freins aux investissements. Cependant, la stabilité politique et monétaire reste un attrait pour les investisseurs d’impact du fait du niveau de risque faible et du potentiel à long terme du pays.

Structure et Performances Économiques

INDICATEURS DU PIB

L’économie du Sénégal repose essentiellement sur le secteur des services, tirée par Dakar, ville portuaire du pays. Les secteurs des services financiers, des transports, de l’hôtellerie et celui des télécommunications en plein essor, représentent ensemble 59%

du PIB (voir figure 1). Le secteur agricole (y compris les principaux sous-secteurs de la pêche, de l’élevage, de la sylviculture ainsi que de l’exploitation agricole) concentre 77,5% de l’emploi, mais ne contribue qu’à 17% du PIB. Le secteur est vulnérable aux chocs climatiques, notamment à la variabilité de la pluviométrie qui entraine une productivité globale faible.15

FIGURE 1 : CONTRIBUTION SECTORIELLE AU PIB DU SÉNÉGAL, DE 2010 À 2014

12,0 14,0 14,1 14,7 15,5

2010 2011 2012 2013 2014

PIP en milliards de dollars Agriculture Industrie

Services 59% 60% 59% 58% 59%

23% 25% 25% 24% 24%

18% 16% 17% 18% 17%

Source: Indicateurs du Développement Mondial, Banque Mondiale (2015)

Le taux de croissance du PIB au Sénégal est inférieur à celui de l’Afrique subsaharienne (qui se situe à + 5%). Les prévisions de 2016 envisagent un taux plus élevé à 6%.16 L’atteinte de l’objectif de 7% du PSE sera freinée par l’insuffisant développement du

14 “African Economic Outlook : Senegal Report,” Banque Africaine de Développement (BAD) (2015).

Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/en/country-notes/west-africa/senegal . 15 Ibid.

16 Ibid.

secteur privé formel (le secteur informel contribuant à 42% du PIB17) laissant peu de possibilité de gains significatifs de croissance.

Climat des Investissements et Secteurs Moteurs des Investissements Directs Étrangers (IDE)

TENDANCES DES IDE

En 2013, les flux d’IDE s’élevaient à 272 millions de dollars,18 soit 2% du PIB national. Ils ont principalement concerné les secteurs de l’agro-industrie et de l’agroalimentaire. Les services liés aux technologies de l’information (TI), avec notamment les centres d’appel, de même que la construction et l’immobilier19ont également attiré des flux importants d’IDE. La France représente l’investisseur historique (50% des IDE entre 2006 et 2011) ; mais les investisseurs du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) sont de plus en plus actifs au Sénégal et en Afrique occidentale francophone.20 L’organisation de sommets et rendez-vous internationaux tel que, le 11ème sommet de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) à Dakar en 2008,21 ou la visite officielle du roi Mohammed VI du Maroc en mai 201522 permettent d’envisager d’importants accords commerciaux de partenariats économiques privé-privé et public-privé.

Au niveau mondial, le Sénégal figure parmi les 25 premiers pays au monde recevant des transferts de fonds de sa diaspora après le Libéria et la Gambie en Afrique de

17 L’économie informelle est constituée d’entreprises et d’activités économiques qui ne sont pas réglementées et qui échappent à l’impôt.

18 La monnaie utilisée par les gouvernements et les institutions financières internationales de la zone UEMOA, est le franc CFA de l’Afrique de l’Ouest. L’équipe de recherche a converti les données historiques au cours actuel du dollar à compter de la publication du présent rapport, sur la base du taux de change en vigueur en Juillet 2015, soit 600 francs CFA pour 1 dollar. Cependant, au cours des deux dernières années, le cours du dollar a enregistré une amélioration notable par rapport au franc CFA (et à l’euro), en raison de la crise financière de la zone euro et des politiques d’assouplissement. Ce chiffre ne reflète pas la valeur historique convertible, le taux de change en vigueur correspondant pas plus tard qu’en mi-2014 à 500 franc CFA pour 1 dollar.

19 “African Economic Outlook, Senegal (detailed) Report,” BAD (2014). Disponible sur : http://www.

africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/aeo/2014/PDF/CN_Long_EN/Senegal_EN.pdf.

20 Au cours de la même période (2006-2011), la France était suivie par l’Inde (10%) et par la Suisse (7%). “Évaluation des Investissements Directs Étrangers des Pays de l’UEMOA au cours des Années 2000-2011,” Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) (2013). Disponible sur : http://www.bceao.int/IMG/pdf/evolution_des_investissements_directs_etrangers_dans_les_pays_

de_l_uemoa_au_cours_de_la_periode_2000-2011.pdf.

21 “Projet de communiqué final de la onzième session de la conférence islamique au sommet,”

Organisation de la Conférence islamique (OCI) (2008). Disponible sur : http://www.au-senegal.

com/IMG/pdf/oci-communique-final.pdf.

22 “Tournée de Mohammed VI : le Maroc et le Sénégal signent treize accords de coopération,” Le Monde and Agence France-Presse (AFP) (22/05/15). Disponible sur : http://www.lemonde.fr/

afrique/article/2015/05/22/tournee-africaine-de-mohammed-vi-le-maroc-et-le-senegal-signent-treize-accords-de-cooperation_4638737_3212.html.

l’Ouest.23 S’élevant à plus de 1,3 milliards de dollars en 2011, ces fonds représentent 11,2% du PIB en 2011 (contre 5% et 0,4% au Nigéria et au Ghana) et occultent largement l’impact des IDE. La grande majorité des transferts de fonds au Sénégal est consacrée aux dépenses de base des ménages telles que l’alimentation, avec seulement 1,3% à 5,7% (en fonction de la source) destinés aux investissements dans les entreprises. En revanche, au Nigeria, 20,1% à 21,7% des transferts de fonds sont investis dans les entreprises.24

TAUX D’INFLATION ET TAUX DE CHANGE

L’objectif principal des politiques monétaires de l’UEMOA consiste à maintenir un faible taux d’inflation et de limiter la volatilité du taux de change. La Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a réussi à atteindre cet objectif, avec un ancrage et une parité fixe du franc CFA à l’euro depuis 1999 (1 euro pour 655,957 francs CFA)25et une limitation de l’inflation annuelle au Sénégal entre 1% à 3%.26 Par conséquent, les tendances monétaires et inflationnistes du Sénégal et de l’UEMOA, reflètent celles de la zone euro plutôt que celles des pays voisins d’Afrique de l’Ouest.

L’inflation est maitrisée également à travers une meilleure connaissance des finances publiques, l’adoption d’indicateurs de convergence au niveau de l’UEMOA qui permettent de cadrer les politiques macroéconomiques, etc.

Cette stabilité est rendue possible grâce à un secteur financier strictement réglementé avec des taux de réserves élevés, des exigences de garanties et des règles strictes de déploiement des capitaux.27 Depuis Juin 2014, la BCEAO a accordé à 22 banques commerciales du Sénégal des prêts concessionnels assortis au taux préférentiel de 3,5%.28 Les taux d’intérêts en vigueur appliqués aux prêts aux particuliers et aux prêts commerciaux sont généralement de 10% à 12%, soit environ trois fois le taux d’intérêt type appliqué aux États-Unis, mais nettement inférieurs aux taux appliqués dans les pays confrontés à un plus grand risque de dévaluation monétaire. Il s’agit du Ghana, du Kenya, du Nigeria ou de l’Afrique du Sud. Les institutions de microfinance (IMF) accordent des prêts à des taux d’intérêt annuel deux fois supérieurs à ceux des banques commerciales, leur taux étant plafonné par la réglementation de l’UEMOA à 24% (depuis début 2015). Alors que les IMF interrogées soulignent que pour de nombreuses institutions ce plafond menace leur viabilité financière, les taux d’intérêt en vigueur sont perçus comme étant trop élevés par la plupart des PME sénégalaises.

23 “Personal remittances, received (% of GDP),” Banque Mondiale (2011). Disponible sur : http://data.

worldbank.org/indicator/BX.TRF.PWKR.DT.GD.ZS.

24 “Leveraging Migration for Africa: Remittances, Investments, and Skills,” Banque Mondiale (2011). Disponible sur : http://siteresources.worldbank.org/EXTDECPROSPECTS/

Resources/476882-1157133580628/AfricaStudyEntireBook.pdf.

25 “Rattachement à l’euro au franc CFA et au franc comorien,” Banque de France (1999). Disponible sur : https://www.banque-france.fr/eurosysteme-et-international/zone-franc/presentation-de-la-zone-franc/rattachement-a-leuro-du-franc-cfa-et-du-franc-comorien.html.

26 “Inflation, GDP deflator (annual %),” Banque Mondiale (2013). Disponible sur : http://data.

worldbank.org/indicator/NY.GDP.DEFL.KD.ZG. The country did experience deflation of -1.5% in 2013.

27 “Impact Investing in West Africa,” Dalberg and Rockefeller Foundation (2011). Disponible sur : http://

assets.rockefellerfoundation.org/app/uploads/20150610104900/Impact-Investing-in-West-Africa.pdf.

28 BCEAO (2015). Disponible sur : http://www.bceao.int/.

FACILITÉ À FAIRE DES AFFAIRES

Au 161ème rang sur 181 pays, le Sénégal se situe parmi les pays les moins bien classés de l’indicateur du rapport Doing Business 2014 de la Banque Mondiale. Les coûts élevés de l’énergie, une administration fiscale complexe et des processus difficiles de transfert de propriété sont d’importants facteurs dissuasifs pour les investissements. Le manque d’accès aux capitaux, des niveaux élevés de corruption et l’insuffisance des infrastructures représentent les principaux obstacles à

l’entrepreneuriat.29

L’accès à l’électricité constitue particulièrement un grand défi pour les entreprises présentes dans le pays. Le raccordement à l’électricité nécessite huit procédures qui s’achèvent au bout de 114 jours, à un coût équivalent à 60 fois le revenu par habitant.

Ce ratio est plus élevé au Sénégal que chez ses voisins d’Afrique de l’Ouest aussi bien francophone que non francophone.30 Une personne interviewée au sujet de la dépendance du Sénégal aux importations des sources d’énergie pétrolière, a répondu en ces termes : « les factures d’électricité du pays sont parmi les plus élevées de toute la région de l’Afrique de l’Ouest et la prestation de services parmi les pires».31

Au cours des cinq dernières années, le gouvernement du Sénégal, conscient de ces défis, a mis en œuvre une série de réformes favorables à l’investissement, afin d’améliorer la compétitivité du pays. Par exemple, le nombre de procédures relatives aux transferts de propriété est passé de six à quatre, le temps nécessaire pour démarrer une entreprise est passé de 122 à 60 jours et le code des investissements du pays a mis en place des exonérations fiscales de trois ans au profit de certains projets.32 Les investissements d’impact en cours effectués par les IFD dans les grands projets électriques et routiers remédient directement aux lacunes historiques des infrastructures au Sénégal. Ces investissements ont permis au pays de gagner dix places entre 2013 et 2014 dans le classement établi par le rapport Doing Business de la Banque Mondiale.33

29 “African Economic Outlook, Senegal (detailed) Report,” BAD (2014). Ibid.

30 “Doing Business – Senegal,” Banque Mondiale / SFI (2015). Disponible sur : http://www.

doingbusiness.org/data/exploreeconomies/senegal.

31 Posthumus, Bram. “The City That Made Solar Power Illegal,” Next City (13/08/14). Disponible sur : https://nextcity.org/daily/entry/dakar-senegal-solar-power-illegal-power-cuts.

32 “Résumé du Code des Investissements et des Dispositifs du CGI,” APIX (2012). Disponible sur : http://investinsenegal.com/IMG/pdf/resume_ci_et_dispositifs_incitatifs_du_cgi-3.pdf.

33 “Doing Business – Senegal” and “Most Improved in Doing Business,” World Bank/IFC (2015).

Disponible sur : http://francais.doingbusiness.org/data/exploreeconomies/senegal/ et http://www.

doingbusiness.org/reforms/top-reformers-2015.

2. OFFRE DE CAPITAUX

Documents relatifs