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ÉCOSYSTÈME DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT

L’INVESTISSEMENT D’IMPACT

Cadre Réglementaire

L’adhésion du Sénégal à la zone UEMOA détermine largement son cadre réglementaire. En plus de l’importante participation et gestion du secteur public dans l’économie, il existe des avantages et des défis relatifs à l’environnement des investissements :

Stabilité monétaire et profil d’une croissance à moindre risque : La stabilité du franc limite les risques qui résultent de l’instabilité des monnaies, mais les contraintes monétaires et d’accès aux capitaux nécessaires pour maintenir l’ancrage à l’euro inhibent la prise de risque spéculative financière et la liquidité à travers l’économie formelle.

Participation publique à l’économie : Le financement public injecte des liquidités importantes dans le marché de l’investissement. Le gouvernement du Sénégal est actionnaire dans plusieurs moyennes et grandes entreprises du secteur formel.

Il exerce une influence indirecte par le biais de mécanismes tels que l’Institution de Prévoyance Retraite du Sénégal (IPRES), la caisse nationale publique de retraite qui est l’un des plus grands investisseurs institutionnels du pays. De plus, les personnes interrogées ont indiqué que le secteur agricole a bénéficié de subventions directes de l’État et de prêts concessionnels de la CNCAS.

59 “Assessment of Impact Investing Policy in Senegal,” Dalberg (2012). Disponible sur : http://dalberg.

com/documents/Impact_Investing_Senegal_Eng.pdf.

Efforts de Soutien au Développement du Marché de l’Investissement d’Impact

TYPES D’ACTEURS

Il convient de saluer le développement progressif d’acteurs d’appui de l’écosystème, permettant de satisfaire les besoin d’appui-conseils aux entreprises, parallèlement aux efforts structurels destinés à inciter la formalisation à réduire le coût des transactions (Figure 10).

Deux incubateurs, CTIC et Jokkolabs, ont été lancés, axés sur les services liés aux TIC. Jiggen ci TIC est un exemple d’un concours national d’entreprises qui est également axé sur les TIC. En plus d’accueillir des centres d’appels externalisés de langue française, le pays connaît le développement de startups dans le commerce électronique (c’est le cas par exemple du développement sur Internet des activités de Hellofood, Kaymu, Jovago et d’autres sites de vente numériques). En outre, un nombre croissant d’applications mobiles et des plateformes de paiement mobiles font leur apparition, bien qu’un faible niveau d’alphabétisation et de couverture de réseau aient limité leur utilisation au Sénégal par rapport à d’autres régions.

Au cours des 15 dernières années, le gouvernement sénégalais a mis en place l’APIX (Agence de Promotion des Investissements et des Grands Travaux), et renforcé la contribution de l’organisme national d’appui aux PME, l’Agence de Développement et d’Encadrement des PME (ADEPME), en vue de fournir un appui technique direct ainsi que des services de réseautage et de conseils aux entreprises au profit de leurs parties prenantes respectives. Un bureau spécial appelé Bureau de Mise à Niveau (BMN) a également été créé dans le but d’améliorer la compétitivité des entreprises grâce à des conseils sur la technologie, le marketing et les ressources humaines. Enablis est un incubateur d’entreprises à but non lucratif proposant des services d’accompagnement professionnel et de réseautage d’entreprises. Après son implantation dans d’autres capitales en Afrique et en Amérique latine, Enablis a été lancé en 2014 à Dakar et en Afrique occidentale francophone60, et vise à développer rapidement son réseau pour atteindre 60 membres payants cette année. Le

Global Village Energy Partnership International (GVEP) fournit un appui similaire destiné aux PME du secteur de l’énergie. Enfin, il existe deux cabinets de conseil en management avec des bureaux à Dakar disposant d’une large offre d’appui aux entreprises.

60 Enablis a également ouvert une filiale au Mali en 2014.

FIGURE 10 : LES ACTEURS DE L’ÉCOSYSTÈME SÉNÉGALAIS, JUILLET 2015

INCUBATEURS PRESTATAIRES D’ASSISTANCE TECHNIQUE RÉSEAUX CONCOURS DE PLANS D’AFFAIRES

* Présent également dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest Source: Recherche documentaire, entretiens

Outre l’ADEPME, l’APIX et le BMN (susmentionnés), depuis 2012, le gouvernement a procédé à la modernisation ou au lancement de trois institutions dans le but précis de favoriser la création d’emplois, d’assurer l’accès des PME au financement et de stimuler leur croissance : la Banque Nationale de Développement (BNDE), une banque commerciale pour les petites entreprises ; le Fonds Souverain National d’Investissements Stratégiques (FONSIS) et le Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP).

• La BNDE dispose d’une capitalisation de 45 millions de dollars, dont 70% est destiné explicitement aux PME avec des taux d’intérêt cibles de 9% à 10%.

• Le FONSIS, le fonds national souverain, a pour mission de promouvoir le rôle de l’Etat du Sénégal, en tant qu’investisseur, partenaire et complément du secteur privé, ceci dans le but de soutenir les investissements directs afin d’accélérer le développement économique et social du pays, en créant de la richesse et des emplois pour les générations présentes et futures.61 L’institution se fixe pour objectif de réaliser des rendements annuels d’au moins 12% pour le bénéfice des populations sénégalaises. Bien qu’il ne cherche pas à évaluer l’impact d’une manière exhaustive (une des personnes interrogées a souligné que cela reviendrait à «tenter de définir l’indéfinissable»), le FONSIS vise à multiplier par dix son effet de levier financier, en attirant des investisseurs étrangers vers des transactions permettant de mobiliser des fonds quinquennaux ou septennaux. Il souhaite créer

61 Site web du FONSIS.

des dizaines, voire des centaines de milliers d’emplois, tout en mobilisant 20% de ses capitaux destinés aux PME. A ce jour, le FONSIS a réalisé des investissements en fonds propres dans l’agriculture biologique, l’énergie thermique et l’industrie nationale pharmaceutique.

• Le FONGIP a mobilisé un fonds de garantie de 25 millions de dollars, aux côtés des acteurs des IFD internationales proposant des instruments similaires (AFD et SFI). En partenariat avec les banques commerciales, le FONGIP souhaite disposer d’un portefeuille d’au moins 70% de PME et vise à réduire de moitié les lacunes relatives au financement des PME au Sénégal d’ici 2017. Il accorde des prêts aux IMF à des taux préférentiels de 1,5% à 2%.

Ces institutions viennent s’ajouter à la Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCAS) et au fond intermédiaire de microfinance (Sen ‘Finances) qui ont toutes deux joué un rôle actif pendant des décennies.

PRINCIPALES OPPORTUNITÉS ET CONTRAINTES

Le rétablissement des fondamentaux structurels de l’environnement des affaires, le renforcement de l’intégration régionale, l’accroissement des ressources de financement des entreprises, et le développement des ressources humaines représentent des contraintes majeures à lever pour l’investissement d’impact au Sénégal. Il s’agit là de facteurs essentiels permettant d’amplifier les actions et de passer à l’échelle.

Au-delà de ces éléments structurels, les acteurs de l’écosystème ont cité l’apparition de plusieurs opportunités clés permettant de catalyser les investissements au Sénégal :

Priorité d’une politique soutenue aux PME : Toutes les personnes interrogées ont convenu que la stratégie et les politiques présentées dans le «Plan Sénégal émergent» marquent un changement important permettant le développement soutenu des PME et du secteur privé. Une personne interrogée estime qu’elle n’a « jamais vu une économie émergente sans la réussite d’une importante intervention du gouvernement. » Compte tenu du système de droit civil en vigueur au Sénégal, les lois et les décrets sont nécessaires pour assurer des interventions réglementaires. La dynamique que reflète le classement du rapport Doing Business constitue la première étape permettant de définir une économie plus dynamique. Toutefois, avec la prolifération de méthodes et des institutions soutenues par les politiques nationales, il existe également un risque de fragmentation et d’incohérence dans les politiques, de concurrence entre les institutions et de chevauchements dans leurs missions. Certaines personnes interrogées ont noté que les initiatives gouvernementales en cours pourraient être mieux communiquées aux PME et aux entrepreneurs, et que ces politiques devraient poursuivre leurs récentes améliorations afin d’être correctement ciblées et éviter ainsi toute perturbation des marchés.

Bureau de crédit régional : Le processus imminent de l’établissement du tout premier bureau de crédit régional de la zone UEMOA accordé à un fournisseur privé Creditinfo Volo, est une initiative prometteuse reliant les politiques et les investissements publics aux entreprises privées. La Banque centrale BCEAO et la

SFI ont dirigé les efforts destinés à permettre la formalisation et le financement des PME, ainsi que l’accroissement du volume des prêts de 45% dans toute la zone de l’UEMOA de 2012 à 2017.62

Mobilisation des ressources financières nationales et de la diaspora : Il existe un certain nombre de personnes à valeur nette élevée au Sénégal, mais jusqu’à maintenant, aucun investisseur individuel d’impact ne s’est imposé (tout du moins publiquement) comme Tony Elumelu au Nigeria. En outre, étant donné la part disproportionnée de la population du Sénégal à l’étranger et le poids économique de ce groupe attribuable aux transferts de fonds, il est nécessaire d’intensifier les efforts visant à mobiliser les capitaux humains et financiers de ce groupe afin de soutenir les investissements intérieurs et non pas seulement la consommation. L’Ethiopie fournit une expérience réussie à capitaliser sur l’utilisation des «liens de la diaspora» pour financer l’infrastructure publique.63

Maturité accrue des PME et des investisseurs : Les personnes interrogées espèrent que leurs tentatives passées et actuelles de renforcer les capacités des entreprises porteront leurs fruits. Bien qu’il existe un intérêt évident des acteurs de l’écosystème plaidant pour un accroissement des financements et de l’ampleur de leurs activités, il y a lieu de noter que jusqu’à récemment, le Sénégal n’a pas bénéficié d’acteurs reconnus soutenant le développement des entreprises (Business Development Services), tels que TechnoServe ou l’organisation néerlandaise de développement SNV. Qu’ils soient à but non lucratif ou pas, ces groupes ont catalysé le secteur de l’entreprise sociale ainsi que le développement du secteur privé dans d’autres pays. Le lancement de groupes tels que Synapse Center et Enablis au cours des cinq dernières années représentent à cet égard des initiatives prometteuses.

62 “Zone UEMOA : le premier bureau d’information crédit attendu en juin 2015,” Jeune Afrique (2015).

Disponible sur : http://www.jeuneafrique.com/3841/economie/zone-uemoa-le-premier-bureau-d-information-cr-dit-attendu-en-juin-2015/.

63 “Diaspora bonds: some lessons for African countries,” BAD (2012). Disponible sur : http://www.afdb.

org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Publications/Economic_Brief_-_Diaspora_Bonds_Some_

Lessons_for_African_Countries.pdf.

À PROPOS DU GLOBAL IMPACT INVESTING NETWORK

Le Global Impact Investing Network (GIIN®) est une organisation à but non lucratif dévouée à augmenter l’échelle et l’efficacité des investissements d’impact. Le GIIN édifie l’infrastructure essentielle et soutient des activités, de l’éducation, et de recherche qui aident l’accélération du développement d’une industrie cohérente des investissements d’impact. Pour en savoir plus, visite www.thegiin.org.

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