• Aucun résultat trouvé

IMPAYES ET ANALYSE DU DEGRE DE VULNERABILITE MENAGES DE L’ECHANTILLON

II.3.1. PRES DES TROIS-QUART DES MENAGES DE LA PLATEFORME SONT DES MENAGES RELEVANT DE PUBLICS TRES

VULNERABLES A VULNERABLES.

Sur les 1173 ménages de la plateforme des plaintes, 41 % ont indiqué être bénéficiaires des minimas sociaux : revenu de solidarité active (RSA pour 75% d’entre eux) et allocation adulte handicapé (AAH pour 12%). Mais cette information n’est pas le seul indice de vulnérabilité sociale des ménages privés d’eau car les récits des coupures d’eau des ménages qui ont déclaré ne pas être bénéficiaires des minimas sociaux (57%) laissent entrevoir d’autres facteurs de vulnérabilité sociale résultant d’accidents de la vie qui transparaissent au travers de récits tels que ceux repris ci- après.

« Nous rencontrons des difficultés financières, je suis au

chômage, ma femme sans emploi aucun revenu, nous avons 2

enfants à charge .Nous touchons moins de 800 €/mois dans ma famille.

Mes fils ont l’âge de 15 ans et 13 ans, le matin du 13/06/2015 alors qu’ils voulaient prendre une douche pour aller à l'école (au lycée et au collège), ils ont remarqué cette coupure. Nous avons besoin de votre aide pour le rétablissement de l'eau. Ce ne pas facile sans eau à la maison. Les enfants commencent à pleurer ; et mon épouse également. J'ai un titre de préparateur de commandes et j’ai obtenu le caces 1 et 3 au niveau logistique,

69 mais je suis toujours à la recherche d'emploi. Pour l'instant, je

n’en trouve pas ».

Récit de la coupure d’eau n° 172 de la plateforme

« J'ai actuellement de graves soucis financiers et je vis seule avec mes deux enfants à charge. J'essaye tant bien que mal de régler mes factures au fur et à mesure, et je mets un point d’honneur à les payer à chaque fois ! Dans ce cas précis, j'ai été coupée sans être prévenue, et après avoir appelé le numéro ci- dessus pour trouver un arrangement, on m'a dit que le payement devait être effectué par CB et en une seule fois, c'est à dire 120 € + 79,90 € de déplacement !!!!!!

Là nous n'avons plus d'eau, c'est à dire qu’il n’est plus possible de faire de machine, de se laver, etc ...Pour un reliquat de 120 € qui allait être régularisé. Nous sommes dégoûtés » Extrait du Récit de la coupure d’eau n° 191 de la plateforme

Je suis seule et je suis venue habiter à Aumont en octobre où les appartements sont moins chers. Depuis je galère au chômage et

je ne touche que 460 € par mois ; et ce mois ce sera la fin de

mon chômage, je devrai passer en ASS ou RSA, j’attends la décision... J’aurai 58 ans en mars donc ce n’est pas évident...Avant Noël, on m'a coupé le gaz et depuis vendredi on me menace pour l'eau (il y a beaucoup de coupures sur les communes voisines). J'ai donc appelé pour prévenir que j’avais reçu leurs papiers de menaces mais que j’attendais de l’argent... Je pense qu'ils ne vont pas tarder à intervenir. Alors que je ne dois que 69.10 € d'eau, ils ont rajouté 22.38 de frais de relance et 26.64 de frais de recouvrement. Total : 118,12 €..En sachant que ce mois je ne sais pas comment je vais vivre sans une décision rapide de Pôle emploi.

Extrait du Récit de la coupure d’eau n° 63 de la plateforme

Nous sommes un couple de 24 ans et 29 ans. Nous avons une petite fille qui aura bientôt 2 ans. Je n'arrive pas à trouver un

emploi dans mon domaine et mon conjoint ne travaille plus depuis le mois de novembre. Nous louons une maison d'un loyer

de 780€ qui nous revient très cher et nous empêche de payer les charges. Nous aimerions déménager mais n'ayant pas d'emploi fixe aucun propriétaire ne veut nous louer quoi que ce soit...

Nous nous retrouvons donc avec des dettes un peu partout...

Extrait du Récit de la coupure d’eau n° 69 de la plateforme

Depuis plus d'un mois et demi, la Régie qui distribue l'eau chez mon fils, a coupé l'eau pour impayé. Dès la coupure, j'ai envoyé un mail à cette Régie, les priant de remettre l'eau dans le sens où

70 cette coupure était illégale depuis la loi Brottes d'avril 2013. Ni

rétablissement, ni réponse. J'ai téléphoné au maire de ma commune pour qu'il intervienne. Il ne m'a pas rappelée mais a dit à la fondation Abbé Pierre qui l'appelait à ce propos, qu'on avait eu bien plus d'aide qu'on aurait dû. Or, mon fils n'a pas eu d'aide pour l'eau, depuis 2012, et a payé une facture de plus de 600 € en août 2013. Cette consommation importante est due au fait que

son frère ainé vit avec lui. Il est gravement malade (pancréatite), et quand il a ses crises, il a besoin de beaucoup de chaleur, même s'il fait 30° dehors, il prend beaucoup de bains. Du fait qu'il ne paie pas de loyer, le FSL refuse toute aide.

Les assistantes sociales leur ont dit que ce n'était même plus la peine de faire des demandes. J'ai eu beau expliquer que la maison étant très vétuste, qu'il n'y avait aucune isolation et beaucoup d'humidité remontante par les carreaux de Gironde, rien n'y a fait. A eux deux, ils touchent 700€ normalement. Mon fils cadet, est en rupture sociale… »

Extrait du Récit de la coupure d’eau n° 344 de la plateforme

Ces autres facteurs de vulnérabilité sociale (accumulation de factures impayées, perte d’emploi, surendettement, maladie …) extraits des récits de coupure ou de menace de coupure ont servi de critères de classement des ménages dans les trois niveaux de vulnérabilité sociale définis en 1ère partie et que nous rappelons ici.

Niveau de vulnérabilité 0 définissant la situation des ménages « non pauvres » n’ayant mentionné aucune difficulté financière particulière dans leur récit et dont le motif de coupure ou de menace de coupure renvoie à des incidents de paiement, des incidents techniques ou administratif, un désaccord sur le montant de la facture ou à d’autres rouages dysfonctionnels du système de gestion des impayés du service ;

Niveau de vulnérabilité 1 caractérisant les ménages de l’échantillon ne faisant aucune mention de minimas sociaux mais se retrouvant en situation de vulnérabilité temporaire en raison d’accidents de la vie : perte d’emploi, maladie…et dont la situation de vulnérabilité conjoncturelle se trouve aggravée par le montant de l'impayé de facture d’eau à régler ;

Niveau de vulnérabilité 2 correspondant à la situation des ménages structurellement pauvres qui vivent des minimas sociaux ou qui mentionnent ne vivre qu’avec de très faibles revenus et dont le récit de la coupure d’eau traduit un cumul de difficultés sociales, notamment d’impayés d’autres factures et une incapacité à régler l’impayé de facture d’eau réclamé.

Les tris statistiques menés sur la base de cette classification mettent en avant 53,8 % de ménages concernés par le niveau de vulnérabilité 2 et 19 % de ménages relevant du niveau de vulnérabilité 1 ; soit au total, 72,8 % de ménages de l’échantillon.

Ces résultats ne sont pas surprenants compte-tenu de la nature des plaintes déclarées sur la plateforme. Nous l’avons déjà souligné, ces plaintes dont la fréquence établie

71

par commune est très faible dans 80% des cas, correspondent aux cas problématiques d’impayé non résolus se situant en bout de chaîne des systèmes existants de gestion des impayés. Les récits des ménages que nous avons passés en revue renvoient dans leur grande majorité à des situations de vulnérabilité socio-économiques complexe. Nous avons affaire ici à un « sous-échantillon » de ménages en impayé dont les problématiques de pauvreté sont lourdes, et dont la prise en charge normalisée dans le cadre des systèmes de gestion des impayés existants, n’est certainement pas la plus adéquate.

Sur les communes où les fréquences de coupures d’eau et de menaces de coupures sont parmi les plus élevées, on observe dans le cas de Toulon par exemple, que sur les 25 ménages concernés, 18 sont en situation de vulnérabilité de niveau 2, 1 ménage en niveau 1 de vulnérabilité et 5 ménages ne sont pas des ménages précaires (1 cas est non renseigné). A Narbonne, sur les 13 ménages privés d’eau ou menacés de coupure, 11 ménages sont en niveau 2 de vulnérabilité. A Saint-Omer, 5 ménages sur les 9 sont en niveau de vulnérabilité 1. A Montpellier en revanche, il n’y a que 2 ménages sur les 7 qui sont identifiés comme structurellement pauvres, 3 ne sont pas pauvres et 2 cas ne sont pas renseignés.

II.3.2. LA MAJORITE DES MENAGES DE L’ECHANTILLON SONT DES