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Comment prendre en compte les ouvrages dans le modèle ?

Chapitre 3. Démarche adoptée pour la prise en compte des barrages-réservoirs dans

3.4. Comment prendre en compte les ouvrages dans le modèle ?

Etant donné le caractère global de la modélisation envisagée, deux questions se posent :

Comment pourrait être "vu" un barrage-réservoir dans le modèle ?

Comment prendre en compte les données sur les volumes stockés dans les barrages-réservoirs ?

3.4.1. Comment représenter un barrage-réservoir dans un modèle pluie-débit global ?

Conformément à la démarche empirique adoptée, l’idée est de commencer par une représentation simple des barrages-réservoirs dans la structure de GR4J et de la complexifier progressivement si nécessaire.

Par analogie avec les réservoirs utilisés dans la structure de GR4J pour représenter les différents stockages naturels d’eau ayant lieu sur un bassin versant (dans le sol, le sous-sol, les dépressions naturelles, etc.), le stockage artificiel d’eau dans un barrage-réservoir pourrait être représenté dans la structure du modèle par un réservoir.

La capacité de ce nouveau réservoir serait identique à celle du barrage-réservoir réel rapportée à la surface du bassin versant (lame d’eau maximale stockable exprimée en mm).

Par exemple, si la capacité maximale d’un barrage-réservoir est de 10 hm3 et la surface du bassin versant de 1000 km², la capacité équivalente du réservoir du modèle serait de 10 mm.

Le fonctionnement de ce réservoir n'est pas modélisé. L'évolution de son stock est simplement régie par les variations observées sur le barrage-réservoir réel. Les flux d'eau entrants et sortants vont donc correspondre aux variations de volume observées d'un pas de temps à un autre. A chaque pas de temps, la variation de volume du réservoir du modèle va donc uniquement correspondre à la variation réelle de volume enregistrée dans le barrage-réservoir. Ce nouveau réservoir est appelé dans la suite "réservoir image" car il constitue le reflet du barrage-réservoir réel au sein du modèle.

Il est à noter que les variations de volume observées dans le barrage-réservoir ne sont pas uniquement dues à la gestion de l'ouvrage (stockage ou vidange). D'autres causes de variations, comme l'évaporation, l'infiltration ou des précipitations au niveau du lac, peuvent intervenir.

S’il y a plusieurs barrages-réservoirs sur le bassin versant, les volumes journaliers stockés dans les barrages-réservoirs sont sommés afin de ne constituer qu’un unique stockage représenté dans le modèle par un seul réservoir. Les variations de niveau du réservoir image correspondent alors à la somme des variations réellement observées pour chaque barrage-réservoir du bassin. Ce regroupement n'est pas obligatoire, mais il nous permet, dans cette phase initiale de développement, de simplifier.

Le modèle "voit" alors le ou les barrages-réservoirs comme un réservoir unique dont la capacité et les variations de volume (alimentation et vidange) sont identiques à celles observées en réalité (Figure 3.2).

a) Vue satellite d’un bassin versant influencé b) Ce qu’en "voit" le modèle prenant en compte les barrages-réservoirs

Figure 3.2 : Exemple de ce que peut "voir" le modèle GR4J modifié d’un bassin influencé Pour la modélisation, les barrages-réservoirs ne sont donc vus qu'au travers de leurs chroniques d'entrées-sorties observées. Le fonctionnement (i.e. la gestion) des barrages-réservoirs n’est donc pas modélisé, le réservoir image servant uniquement de représentation du stock réel observé.

Les volumes stockés observés quotidiennement dans les barrages-réservoirs vont alors être utilisés pour calculer les nouvelles entrées du modèle, à savoir les variations de volume dans les réservoirs réels.

Intéressons-nous maintenant plus particulièrement à la représentation du réservoir image.

3.4.2. Représentation du réservoir image

Afin de bien comprendre à quoi correspond le réservoir image, il faut avoir en tête que, contrairement aux données de pluie, les données de variation de volumes entrées dans le modèle ne sont pas des apports extérieurs supplémentaires d’eau. Il ne s’agit pas d’une

"source" qui va alimenter le modèle, ni d’un "puits sans fond" que le modèle pourrait utiliser pour faire disparaître de l’eau. Les données vont servir au modèle comme indicateur de fonctionnement du ou des barrages-réservoirs réels. En d’autres termes, ces données vont indiquer au modèle quand et combien, pour un jour donné, le ou les ouvrages réels stockent (remplissage) d'eau ou en rejettent (vidange) :

En cas de remplissage, le modèle va devoir "livrer" une quantité d’eau correspondant à la variation de volume observée vers le réservoir image ;

En cas de vidange, le modèle va devoir "accepter" une quantité d’eau correspondant à la variation de volume observée depuis le réservoir image.

Par convention, le système considéré est le bassin versant naturel. On pose ∆V, la variation journalière de volumes (Equation 3.1). Elle peut donc être positive (vidange de l'ouvrage) ou négative (remplissage de l'ouvrage).

∆V = Vt-1 - Vt Equation 3.1

avec

Vt le volume d’eau stocké dans le barrage-réservoir au pas de temps courant (t) Vt-1 le volume d’eau stocké dans le barrage-réservoir au pas de temps précédent (t-1) Une variation ∆V positive, indique au modèle que la quantité d’eau stockée dans le barrage-réservoir a diminué de ∆V entre t-1 et t. Par conséquent, au pas de temps t, une quantité d’eau ∆V va être retirée du réservoir image et introduite dans la structure initiale du modèle GR4J pour que la quantité d'eau stockée dans le réservoir image corresponde exactement à celle observée (Figure 3.3a).

Réservoir

Figure 3.3 : Fonctionnement du réservoir image. Les "points à définir" sont appelés points d'insertion du réservoir image

De même, une variation ∆V négative, indique au modèle que la quantité d’eau stockée dans le barrage-réservoir a augmenté de ∆V entre t-1 et t. Par conséquent, au pas de temps t, une quantité d’eau ∆V va être retirée de la structure initiale de GR4J et stockée dans le réservoir image pour que la quantité d'eau stockée dans le réservoir image corresponde également exactement à celle observée (Figure 3.3b).

L'évolution du niveau du réservoir image n'est donc définie que par la chronique de volumes stockés réellement observés. Il n'y a aucune modélisation du fonctionnement de ce réservoir.

3.4.3. Insertion du réservoir image

La structure du modèle GR4J dispose d'un certain nombre de fonctions permettant d'approcher la transformation naturelle (non influencée) de la pluie en débit à l'échelle du bassin versant. Ces fonctions (présentées précédemment) permettent notamment de simuler implicitement des stocks d'eau libre et de simuler les transferts dans le réseau hydrographique. C'est sur ces stocks que des prélèvements sont faits par les barrages-réservoirs réels et c'est dans le réseau hydrographique que se propagent les lâchures.

Cependant, du fait de la nature globale du modèle, la correspondance de ses fonctions avec des compartiments du bassin versant réel ne peut pas être établie explicitement. On ne sait donc pas a priori quels stocks d'eau du modèle exploiter pour alimenter le réservoir image représentant les barrages, ni quelles fonctions de transfert et/ou de production exploiter pour rendre compte du devenir des lâchures à l'aval des ouvrages. Une des questions cruciales à résoudre est donc de savoir comment insérer le réservoir image dans la structure initiale de GR4J. En d'autres termes, comment déterminer de quels points de la structure du modèle

"prendre" l’eau pour remplir le réservoir image ou vers quels points la "rejeter" en cas de vidange ?

Concrètement, on doit donc répondre aux questions suivantes :

Lorsque le volume stocké dans un barrage-réservoir diminue (∆V > 0), dans le modèle, la quantité d’eau correspondant à cette diminution va-t-elle être envoyée vers un point plutôt en tête du modèle afin de bénéficier des effets du réservoir de production et/ou des hydrogrammes unitaires ou plutôt en sortie pour un transfert quasi direct de la lâchure à l’exutoire ?

De même, dans le cas d'une augmentation du volume stocké dans le barrage-réservoir (∆V < 0), quelle sera, dans le modèle, l'origine de l'eau qui va servir à alimenter le réservoir image ?

Nous traiterons alors ces questions en testant un grand nombre de solutions d’insertion du réservoir image dans la structure du modèle initial. Nous essaierons donc de découvrir, par les données, quels sont les points du modèle les plus judicieux à exploiter pour rendre compte de l'impact des ouvrages.

Une solution reviendra à tester une association d’un ou plusieurs points d’alimentation avec un ou plusieurs points de rejet du réservoir image (Figure 3.4). On pourra également envisager de sophistiquer ces solutions si nécessaire (en ajoutant de nouvelles composantes spécifiques au réservoir image, comme par exemple un hydrogramme unitaire en sortie de ce réservoir, voir annexe 5).

Comme cela a été expliqué précédemment, le critère de discrimination des solutions testées sera l’amélioration des performances par rapport à la version initiale du modèle GR4J.

Entrée

Figure 3.4 : Exemple de points d’insertion du réservoir image

Nous détaillerons l’ensemble des solutions testées au chapitre 5.