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Premier essai d’aide en vis-à-vis : Dieu modèle les animau

V Analyse textuelle et syntaxique : un récit en 11 tableau

7- Premier essai d’aide en vis-à-vis : Dieu modèle les animau

19a Yhwh Dieu modèle avec l’humus //

hm'ªd"a]h'(-!mi ~yhiøl{a/ hw"“hy> •rc,YIw:

Way [tout animal1 des champs et tout oiseau du ciel.

~yIm;êV'h; @A[å-lK' ‘taew> ‘hd<F'h; tY:Üx;-lK'

b Il fait en sorte qu’ils viennent vers l’humain

~d"êa'h'ä-la, ‘abeY"w:;

Way c pour voir comment il les appellera2 pour lui3

Al=-ar"q.YI-hm; tAaßr>li

x-yiqtol d - tout être4 vivant que l’humain appellera pour lui3,

hY"ßx; vp,n< ~d""a'h'( Alô-ar"q.yI rv,’a] lkow>

Asher-yiqtol

e Tel (sera)5 son nom -.

`Am*v. aWhï

PNS

20a L’humain appelle les noms de toute bête,

‘ hm'heB.h;-lk'l tAmªve ~d"øa'h'( ar"’q.YIw:

Way [de tout oiseau du ciel, et de tout animal des champs

hd<_F'h; tY:åx; lkoßl.W. ~yIm;êV'h; @A[ål.W

b Mais pour un6 humain7,

`AD*g>n<K. rz<[Eß ac'îm'-al{) ~d"§a'l.W

We-x-qatal [il8 ne trouve aucune aide comme son face-à-face.

1- Tout animal : Le texte hébreu prévoit un singulier indéfini, que je veux faire apparaître en français, car il donne l’idée du multiple contenu dans le singulier, et du singulier identifié dans la multiplicité. Ce singulier qui contient son multiple donne sens à la façon dont les animaux se multiplieront : au sein de leur race, telle qu’elle a été créée, ce qui ne sera pas le cas pour l’humain. Certaines traductions le font ressortir, d’autres mettent un pluriel, ce qui, à mon sens, réduit la portée de ce singulier à vocation de devenir multiple. À noter que plusieurs auteurs traduisent le mot par « bétail » (Wénin p. 73, Wenham p. 69), soit de l’ordre de l’animal domestique.

2- Il les appellera : Le x-yiqtol47 de cette phrase occasionne une coupure dans la suite des wayyiqtol, donc dans les présents de narration. Je mets un futur là où les traductions mettent un conditionnel, nuance que l’hébreu ne connaît pas, mais qui est contenue dans la notion de futur. Wénin traduit ce verbe par « crier » (Wénin p. 52), qui est le premier sens de ce mot, choix qui a l’avantage de mettre en relief la nuance de victoire d’accomplissement que l’action peut contenir, un peu comme un enfant qui vient d’accomplir ce qui pour lui est un exploit, une nouveauté qui stimule et surprend. Mais le verbe a le sens d’appeler, comme on le verra au point 3.

3- Pour lui (

Al

) : Le suffixe, qui revient deux fois dans ce verset, est chaque fois accolé au verbe

arq

(qara). La préposition

l

(le) donne à ce verbe le sens d’« appeler ». Littéralement, le texte dit : il appellera pour lui. Pour Westermann comme pour Wenham, ce suffixe réfère à la collectivité animale48, mais la plupart du temps, l’expression est évacuée en français :

FBJ : Yahvé Dieu modela encore du sol toutes les bêtes sauvages et tous les oiseaux du ciel, et il les amena à l’homme pour voir comment celui-ci les appellerait : chacun devait porter le nom que l’homme lui aurait donné.

TOB : Le SEIGNEUR Dieu modela du sol toute bête des champs et tout oiseau du ciel qu’il amena à l’homme pour voir comment il les désignerait. Tout ce que désigna l’homme avait pour nom « être vivant »;

Westermann : So the Lord shaped from the land all kind of wild animals of the plain and birds of the sky and brought them to man to see what he would call them. And whatever man called a living creature, that was its name.

Wénin essaye d’en faire ressortir au moins un :

Wénin : il les fit venir vers l’humain pour voir ce qu’il leur criera ; et tout ce que lui criera l’humain (à un) être vivant, c’est son nom.

Seul le second pour lui est traduit, mais ce « lui » laisse davantage supposer qu’il s’agit alors de Dieu. Ce glissement se précise avec Meschonnic : pour lui est traduit résolument deux fois par « lui », et renvoie clairement à Dieu :

Meschonnic : Et il a fait venir // vers l’homme // pour voir // ce qu’il lui criera // et tout ce que l’homme lui criera // âme vivante // c’est son nom.

Il me semble cependant que la préposition suffixée

Al

(lo) peut tout aussi bien – et peut-être

encore plus parce qu’il est attaché par un maqqeph49 au verbe

arq

(qara) – faire référence à

47 Le yiqtol est un mode inaccompli, qui correspond au futur, car c’est un temps non encore révolu. 48 C. Westermann p 185, et G. Wenham p. 47, en référence à GKG §145m.

l’adam/humain, sujet du verbe, plutôt qu’à Dieu ou à la collectivité (au singulier) des animaux, qu’on retrouve explicitement au v. 19c :

19c comment il les appellera pour lui

19d Tout être vivant que l’humain appellera pour lui

Dans ce cas, appellera pour lui (v. 19c-d) peut aussi faire penser au va pour toi du verset de Genèse 12:1, quand Dieu s’adresse à Abraham. Mais, même dans ce cas, le suffixe est traditionnellement considéré comme un réflexif d’insistance, donc une répétition inutile du pronom concerné. Balmary est la première à soulever ce point. Voici son commentaire :

Je ne crois pas que les deux mots en question aient été volontairement omis par les traducteurs. J’incline beaucoup plus à penser que pour eux, ils ne faisaient pas sens. Et que, en ne les entendant pas comme porteurs d’une véritable signification, ils les ont traités comme en trop dans le texte, ou comme une de ces tournures propres à chaque langue que personne ne traduit littéralement (Balmary 1986 pp. 125-126).

J’ai donc, comme elle, choisi de garder cette locution, qui comme en hébreu, laisse le texte ambigu (une fois de plus !) – s’agit-il de Dieu, des animaux, ou de l’humain ? –, mais permet au lecteur de lire plus de possibilités, comme le texte le fait, et ne pas épuiser la question de la destination de ce cri/appel, dont la conséquence est de le mettre en relation à autrui, ici les animaux.

4- Être : Le mot

vp,n

(nephèsh) traduit le tout corporel, spirituel, psychique de ce qui est animé : la traduction la plus approchante correspond au mot « être », plus cohérent avec la pensée hébraïque que le mot « âme », qui suppose une opposition corps/âme que le monde juif ne connaît pas.

5- Sera : L’hébreu utilise beaucoup de phrases nominales simples, qui obligent le français à ajouter un verbe « être » fictif, qui n’existe pas dans le texte hébreu.

6- Un : Il est important de conserver l’indéfini, tel que l’hébreu le signale, car ce singulier neutre ne renvoie pas à cet humain-là, mais bien à tout humain, notion indéfinie qu’il faut rendre. En français, on traduira par « l’humain », qui devient un défini collectif, donc un indéfini. Mais pour éviter toute confusion avec un singulier défini, j’ai choisi de conserver le mot sans article défini.

7- Humain : Il est étrange de constater que les versions n’éprouvent aucune gêne à traduire « humain » par « homme », ce qui rend totale la confusion dans le texte, quand on sait que le texte présente par deux mots parfaitement distincts : « l’humain » (

~d"a'

) et « l’homme »

(

vya

). Voici trois exemples de traduction qui gomment cette distinction, mais la liste est beaucoup plus longue :

FBJ : L’homme donna des noms à tous les bestiaux TOB : L’homme désigna par leur nom tout bétail Meschonnic : L’homme a crié des noms

Il faut se rappeler qu’à ce stade du texte, l’humain existe, alors que l’homme n’existera que lorsque la femme aura été construite, au verset 22 !

8- Il ne trouve aucune aide : Le pronom « il » ne permet pas de savoir qui est le sujet réel de cette phrase. Les traductions ont tendance à décider que le pronom « il » vaut pour l’humain : pour un homme, il ne trouva pas l’aide qui lui fût assortie (FBJ), mais pour lui-

même, l’homme ne trouva pas l’aide qui lui soit accordée (TOB). Pourtant, le verbe en

hébreu ne permet absolument pas de décider. Malgré tout, au niveau syntaxique, on peut légitimement émettre l’hypothèse que ce soit Dieu qui fasse ce constat, car, si cela avait été l’humain, il aurait été raisonnable que l’hébreu ne répète pas le mot humain, mais utilise plutôt la locution pronominale pour lui, déjà utilisée deux fois dans ce texte. Le « il » alors serait donc bien Dieu, qui ne trouve pas d’aide pour l’humain. En tout état de cause, il est préférable que la traduction rende cette ambiguïté, et ne pas décider pour le lecteur.