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Mes premières impressions

Dans le document Animation et développement social (Page 51-53)

Quand j’ai vu le centre socioculturel de Thann pour la première fois, je n’ai pas su par quelle porte entrer. En effet, il y avait quatre accès possibles. J’ai gravi l’escalier, devant l’entrée la plus imposante et j’ai pénétré dans les locaux. Il n’y avait pas, à proprement parler, de hall d’entrée, de hall d’accueil : six vieux fauteuils rouges éventrés tenaient lieu de “salle d’attente” et il n’y avait personne. Il était 17 heures, il n’y avait pas un jeune, pas un enfant, presque pas de bruit… Le bureau de la directrice se trouvait à l’entrée, tout de suite à droite, comme un poste de douane où il faudrait montrer patte blanche. Suivait le bureau de la secrétaire, qui tenait lieu d’espace d’accueil. Le bureau était énorme et une seule chaise permettait de prendre place… De plus, cet espace était très encombré : piles de classeurs sur la table, sur les chaises, quatre armoires trônaient contre les murs, aucune affiche, aucun planning… La secrétaire avait tenté de créer une ambiance : son prénom était peint sur une plaque, résultat d’un stage de peinture sur bois, un patchwork était pendu au plafond. Tout cet encombrement donnait une ambiance très intimiste, comme un cocon, un nid. On n’y rentrait pas naturelle- ment, on avait l’impression de gêner.

La visite se continuait par les locaux du multi-accueil, où l’état des murs était désastreux. Ensuite, les locaux du centre de loisirs sans hébergement (CLSH) se trouvaient dans la par- tie la plus ancienne de la structure. L’entrée du centre de loisirs et de la restauration mater- nelle se faisait par le sous-sol, à deux mètres de l’espace de rangement des poubelles ! À première vue, les enfants ne s’étaient pas approprié les lieux, il n’y avait pas d’aménagement spécifique… C’était un lieu de confort pour les animateurs, où un bureau et des tables de travail avaient été installés au milieu de la salle. Le territoire était marqué par l’empreinte des adultes.

■ Comment faire des locaux un support pour l’accueil ?

J’ai proposé une démarche qui visait à envisager les locaux à travers le regard des utilisateurs. Ce qui s’est concrétisé par plusieurs visites avec le personnel d’animation, le personnel de

service, le comité de pilotage, et les services de la mairie (qui allait devenir propriétaire). À la suite de plusieurs séances de travail par secteur, puis avec l’ensemble du personnel, chacun s’est exprimé sur les lieux qui constituent le principal espace de notre travail.

Chacun s’était approprié les locaux. D’abord par secteur. Il y avait “ceux d’en bas” (CLSH) et “ceux d’à côté” (multi-accueil). Je me suis immédiatement aperçue que cette “hypersectori- sation” de l’espace conditionnait tout le fonctionnement organisationnel du centre. Les sala- riés ne se croisaient pas, l’architecture sectorisée des locaux interdisait la rencontre et donc l’échange. Il y avait des camps, des clans, qui s’opposaient. J’observais de la défiance, de la défense d’intérêts personnels qui interdisaient de créer un esprit d’équipe.

Il est ressorti de ces échanges qu’il fallait un “cœur” à cette maison, un lieu où l’on se croise, où l’on s’informe…

L’ancien bureau de la secrétaire nous a semblé l’endroit idéal pour concrétiser ce projet, car c’est un espace central. Ainsi, l’aménagement de la partie administrative a-t-il été réalisé de façon à favoriser l’accueil du public : mise en place de l’espace “accueil secrétariat”, création du bureau “accueil animation”, qui a permis de sortir des différents secteurs les bureaux des responsables, qui se sont retrouvés dans le même espace de travail. Cela a obligé les salariés de tous les secteurs à se croiser, pour chercher les informations nécessaires à l’exercice de leur travail, mais aussi pour en rendre compte dans les différents cahiers de liaison mis en place. Nous avons rassemblé là toute la documentation.

En ce qui concerne l’accueil du public, des horaires d’ouverture de l’accueil secrétariat ont été élaborés et affichés. Deux permanences hebdomadaires “d’informations et inscriptions” ont été mises en place à des horaires adaptés, en soirée, afin que les responsables des principaux secteurs d’activités soient entièrement disponibles pour les familles.

Nous avons mis en œuvre une manifestation, une action collective : une journée “portes ouvertes” en octobre 2001. C’était notre date butoir pour que les populations puissent avoir accès aux locaux et que l’on puisse montrer que les choses changeaient. Nous avons réac- tualisé les plans des locaux et nous avons, par petits groupes intersecteurs puis tous ensemble, rebaptisé chaque salle, chaque espace, afin de créer du lien, de donner du sens à tous ces espaces disparates. Afin que chacun se sente concerné par l’accueil, il fallait créer le sentiment d’appartenir à la même équipe, à la même structure, donc au même projet. En ce qui concerne les espaces d’animation, le secteur enfance-jeunesse a démarré un gros travail d’aménagement des locaux. Il était important de déterminer les lieux de fonctionne- ment en tenant compte des orientations du projet pédagogique : traiter la séparation entre les enfants de moins de 6 ans et ceux de plus de 6 ans, avec des coins d’activités accessibles en autonomie, une salle de repos et un coin bibliothèque pour les temps calmes. Il fallait réamé- nager l’ancienne ludothèque afin d’accueillir les enfants du contrat local d’accompagnement scolaire.

Créer, enfin, des lieux de travail pour l’équipe d’animation (en dehors des lieux d’animation des enfants) et un lieu de rencontre convivial où les parents puissent rencontrer les animateurs. Conjointement se posait la question sensible des espaces pour les jeunes.

Une des actions fortes de la refondation a été d’associer des jeunes à l’aménagement d’un espace “Agora” : lieu de rencontre, de jeux, d’informations. Néanmoins, ces espaces ne sont pas réservés exclusivement à leur usage. Nous ne voulions pas sectoriser les lieux, afin de ne pas exacerber le sentiment d’appropriation des locaux par quelques-uns. »

La création et l’organisation d’espaces pour les jeunes

Dans le document Animation et développement social (Page 51-53)