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Entre missions réelles et missions prescrites : comment préserver une cohérence d’intervention dans une succession

Dans le document Animation et développement social (Page 44-46)

permanente de dispositifs et un changement annuel de priorités

Erika Bongini – fiche n

o

18 (voir page 29)

« La première mission est celle, traditionnelle, de tout responsable politique de la ville : elle vise l’amélioration de l’environnement par le biais d’aménagements urbains. Cette mission repose sur le postulat, implicite chez bon nombre d’urbanistes et d’architectes, selon lequel un milieu de vie plus agréable aurait pour effet de développer une vie collective, sinon harmonieuse, du moins plus vivable. Il s’agit donc, à Melun, d’intervenir sur des opérations urbaines qui trans- formeraient l’image et l’attractivité des quartiers nord. Pour ce faire, le chef de projet travaille en partenariat avec les bailleurs, financeurs de l’association, et l’État pour trouver des solutions de requalification urbaine, tant au niveau du bâti qu’au niveau des espaces extérieurs. Avec la loi Borloo du 1eraoût 2003, cette mission a été fortement renforcée et des études de programma-

tion d’opérations de rénovations urbaines lourdes sont en cours. Elles déboucheront sur des opérations de démolition, de reconstruction, de résidentialisation. Ces opérations nécessitent de connaître le parc locatif pour amener les bailleurs à améliorer ou modifier leur patrimoine. Elles exigent d’identifier les besoins des habitants pour les reloger en cas de démolition, de recher- cher des terrains disponibles pour implanter de nouvelles activités. Dans les faits, la loi de réno- vation urbaine de 2003 a fortement impulsé le montage de projets de grande envergure auprès de villes comprenant des territoires ZUS, afin de bénéficier d’une manne financière importante entre 2003 et 2008. Dans ce cadre, Melun s’est doté, avec deux autres communes limitrophes en contrat de ville, d’un groupement d’intérêt public intercommunal (GIP), afin de présenter des opérations de renouvellement urbain coordonnées. De ce fait, les tâches se sont réduites à assu- rer l’interface entre le GIP et la ville pour faciliter le montage des dossiers.

La seconde mission concerne la gestion urbaine de proximité. Il s’agit d’améliorer la qualité COMMENTAIRE

Cet exemple montre l’intérêt des organismes tels qu’Uniformation pour des « formations groupées ». Des formations, du type de celle qui est décrite ici, pourraient constituer une amorce de réponse à la nécessité de promouvoir des modalités de formation qui contribuent au développement des compétences collectives. (Patrice Lorrot)

des groupes d’habitants ou des réunions d’échanges entre professionnels et résidants, sur des sujets perçus comme très importants dans la vie quotidienne. Ainsi, au repérage régulier de dysfonctionnements doivent correspondre des réponses rapides et sensibles qui permet- tent de pérenniser les investissements réalisés. Dans les faits, à Melun, c’est au travers de réunions hebdomadaires sur les cinq quartiers que le chef de projet doit coordonner les actions relatives à la propreté, la sécurité, les transports publics, la gestion locative, l’accueil des nouveaux arrivants. Les gardiens et les agents des services techniques de la ville et de la communauté d’agglomérations, les agents d’entretien, les îlotiers et les associations de loca- taires sont les principaux acteurs qui signalent les dysfonctionnements. Au regard des infor- mations recueillies, le travail consiste à faire intervenir et coordonner les opérateurs qui peuvent apporter les solutions adaptées aux situations.

Cette mission a été renforcée, grâce à la loi dite “Borloo”, du 1eraoût 2003, par une prise en

compte plus globale des dysfonctionnements. Cette mission, devenant un domaine d’inter- vention de la première mission relative au renouvellement urbain, devait élargir l’approche technique en prenant en compte l’ensemble du champ social de proximité. Dans les faits, cette mission, à l’occasion de cette réorientation, a perdu une bonne part de ses financements : en fait d’accompagnement de la rénovation urbaine, on transfère aux services existants le traite- ment social des populations.

La troisième mission est vouée au développement d’équipements de proximité. Il s’agit d’équipements sportifs, culturels, économiques ou de service, mais on nous demande en par- ticulier de mettre en place des projets pour donner vie aux centres commerciaux, rechercher leur viabilité et les aider à se maintenir, voire se développer et compléter leur action par une recherche d’autres services à la population tels que les équipements publics.

On part ici de l’idée que ce sont les équipements qui donnent aux quartiers leur vitalité et per- mettent des rencontres entre les habitants.

Actuellement, le travail s’organise autour du déplacement de trois commerçants, en raison de la non-viabilité du centre commercial en l’état. L’objectif est de rechercher des professionnels et des occupants pour créer un pôle de services dans un quartier de plus de trois mille cinq cents habitants, où les médecins sont partis à cause de l’insécurité. Un bureau annexe de La Poste va drainer dans son sillage un centre médical d’envergure (kinésithérapeutes, ortho- phonistes, infirmiers, unité sportive, généralistes…) et des associations œuvrant pour le maintien à domicile des personnes âgées ou handicapées. Il s’agit aussi de l’aménagement d’une annexe de la médiathèque pour offrir un service culturel au nord, et non pas seulement au cœur de ville ; par ailleurs, la reconstruction d’un terrain de rugby de meilleure qualité, au nord, vient faire écho au stade où s’entraînent les footballeurs dans le sud de la ville. En raison du dispositif “zone franche urbaine”, l’État favorise l’implantation de nouvelles acti- vités économiques sur le territoire ZUS de Melun. Depuis le 1erjanvier 2004, cette mission a

été scindée en deux parties. La dynamisation des centres commerciaux dépend du nouveau chef de projet recruté pour la zone franche urbaine. Après avoir été, au début, de la compétence du chef de projet en développement urbain, elle lui a été retirée dans son aspect de développement économique, mais pas dans son aspect d’aménagement urbanistique de l’environnement dans le cadre du dossier de rénovation urbaine. L’implantation des équipe- ments de proximité a été intégrée dans le dossier de rénovation urbaine pour compléter la volonté d’une mixité au sein des quartiers.

Une mission d’une durée très courte a été ajoutée au poste du chef de projet en développement urbain suite à une commande étatique. Il s’agit de l’évaluation intermédiaire du contrat de ville qui devait se réaliser à mi-parcours des contrats de ville 2000-2006. Il a eu lieu en 2004, à Melun. Cette évaluation a permis d’ajuster des opérations en cours ou de mettre en avant les manques

ou inadéquations entre les réponses d’un catalogue réalisé en 2000 et les besoins actuels des populations. Elle a confirmé la nécessité d’une organisation globale de la gestion urbaine de proxi- mité, au lieu d’un saupoudrage d’actions mises côte à côte, sans lien les unes avec les autres. Pour conclure, on peut constater que, face à la difficulté de rendre lisible cette politique de la ville, une autre mission est apparue nécessaire depuis le dossier de rénovation urbaine. C’est de communiquer autour de la politique de la ville auprès des habitants. Pour l’instant, il est plus question d’informer que d’échanger. Un support pour arriver à cette deuxième phase est en cours de réalisation et permettra de faire participer à moyen terme la population, mais il n’y a pas d’espoir de l’impliquer immédiatement ! »

Prendre en compte les façons dont les publics « habitent »

Dans le document Animation et développement social (Page 44-46)