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Pratiques des militants et dynamiques intra-partis : les pratiques en ligne

intra-partis : les pratiques en ligne comme continuité

de la vie militante

Fidèles à la théorie de la normalisation de Resnick (1998) et Davis (1999), mes observations sur le terrain et les propos des participants de la présente étude suggèrent qu’une structuration des potentiels technologiques s'opère au sein du Parti démocrate. L'analyse présentée ici vise à explorer en profondeur deux niveaux d’interactions sociales des partis politiques : la structure hiérarchique du parti et le « milieu militant », c'est-à- dire les interactions uniquement entre militants à l’intérieur et en dehors des institutions du parti. Ainsi, la participation aux activités partisanes et l’intégration au milieu militant ont un effet socialisant sur les militants qui, en devenant eux-mêmes plus expérimentés, recréent ces situations avec les nouveaux arrivants. L’intériorisation de contraintes par cette socialisation forme un mécanisme conformant les militants à certaines normes et pratiques, ce qui limite de manière concomitante les pratiques d’utilisation des nouvelles technologies. La première partie de ce chapitre tentera d'abord de mettre en lumière l'utilisation actuelle des NTIC par les militants et les cadres du Parti démocrate (cf. 4.1). Puis, une seconde partie sera présentée pour comprendre le processus de structuration des potentiels des nouvelles technologies et en quoi cela s’inscrit dans un maintien du contrôle des opérations et communications des militants par la direction du Parti démocrate (cf. 4.2 et 4.3).

Avant de se pencher sur l’utilisation des nouvelles technologies par les militants et cadres démocrates vue lors de mon terrain à New York, notons que les résultats de recherche sont présentés sans pouvoir faire ressortir les pratiques virtuelles à tout moment. C’est-à- dire que les propos des participants ne me permettaient pas toujours de distinguer les pratiques virtuelles des pratiques réelles (de terrain, personne-à-personne). Il faut cependant comprendre que le militant ne délimite pas lui-même ses pratiques de militantisme et celles-ci seront toutes associées, en ligne ou pas, à un bagage culturel acquis au Parti démocrate. Le militant qui utilise des technologies médiatiques le fait avec tout son capital social, culturel et politique sans nécessairement en faire une

distinction. Cela rejoint les travaux d’Albecht (2006) effectués au sein d’une communauté allemande locale qui répliquait ses caractéristiques culturelles en ligne. L’auteur conceptualise donc l’utilisation de la technologie en tant que pratique culturelle. Dans une conception similaire, les pratiques numériques des militants rencontrés et observés s’inscrivent à l’intérieur de l’ensemble plus large des pratiques militantes. Ainsi, qu’elles soient en ligne ou sur le terrain, ces pratiques culturelles nous renvoient à un processus de socialisation et de centralisation du militantisme démocrate.

4.1 – L’utilisation intra-parti des nouvelles technologies

Le Web, les médias sociaux et les bases de données supportent les militants et les cadres dans la réalisation de leurs fonctions. En s’inspirant de l’énumération du premier chapitre (cf. 1.2), il est possible de faire émerger de nos données une utilisation intra-parti des nouvelles technologies que je structure en six axes : 1) servir de vitrine; 2) recruter des militants; 3) transformer les sympathisants en militants; 4) diminuer les coûts d’organisation et de coordinations; 5) lever des fonds; ainsi que 6) s’informer.

4.1.1 – Servir de vitrine

Les nouvelles technologies servent d'abord de vitrine à la vie militante au sein du parti. À travers les médias sociaux, les blogues et d’autres sites de production multimédia tels que Flickr (images) ou YouTube (vidéos), chaque militant peut désormais partager les actualités le touchant ou encore devenir l’émetteur de son expérience militante. Ces comptes personnels présentent des photos ou vidéos des militants, tous sourires, s’affairant à leurs tâches dans diverses activités ayant des allures de fêtes. D’après les participants que j’ai rencontrés, il faut toutefois souligner que ces multiples comptes supportent davantage une utilisation personnelle que militante. Pendant mon séjour sur le terrain, leur utilisation reposait sur la diffusion de contenus médiatiques et sur l’échange avec les membres de leur réseau personnel plutôt que sur la promotion du parti, de sa vie interne et des activités partisanes. Cela pourrait s'expliquer par le fait que mon terrain de recherche a eu lieu plus d'un an avant l'élection présidentielle de novembre 2012, alors qu’OFA était en pleine reconstruction. D'ailleurs, lors de la rédaction du présent mémoire, plusieurs militants rencontrés ont partagé abondamment, par le biais des

nouvelles technologies, le matériel promotionnel d'Obama dans les quelques semaines précédant l'élection présidentielle.

Tel que mentionné dans les chapitres précédents, des comptes officiels ou personnels de médias sociaux, de plusieurs services multimédias et de blogues permettent de faire la promotion du militantisme politique. Les comptes officiels Facebook, Twitter ainsi que le blogue d’OFA de l'État de New York étaient sous la responsabilité de certains stagiaires56

(Alice, militante démocrate, 2011). Les organisations internes du Parti démocrate, telles que les organisations de county, le groupe des jeunes de Manhattan et les groupes

grassroots, ont également recours à ces outils promotionnels par le biais de compte

officiel (selon deux militants démocrates, 2011).

4.1.2 – Recruter des militants

Au cours de mon immersion, j'ai observé que la place des NTIC dans le recrutement des militants était quelque peu différente de ce qui fut rapporté dans la littérature. En effet, comme il en a été question précédemment (cf. section 1.2), l’utilisation de vidéos viraux, des médias sociaux et des blogues a maintes fois été soulignée par les auteurs (Stromer- Galley 2009; Shakir 2009). Bien que cet usage a été observé sur le terrain, les technologies médiatiques ne remplacent pas les techniques traditionnelles de mobilisation politique, notamment l’envoi de courriels, les rencontres one-on-one57 et les appels

téléphoniques aux listes de sympathisants (Alice, militante démocrate, 2011). Pour Alice, la stagiaire responsable des comptes Facebook et Twitter d’OFA New York, les nouvelles technologies viennent appuyer les techniques traditionnelles et ne sont pas un remplacement complet : « We would depend on calls and actually some face to face contacts in that » (ibid.). D’ailleurs, il s’agissait d’une expérience vécue par plusieurs participants rencontrés (selon quatre militants démocrates, 2011).

56 Pour aider sa reconstruction et débuter la préparation de la campagne présidentielle sur le terrain, Organizing For America a mis sur pied des programmes de stagiaires organisant les équipes locales sur le terrain. À l’été 2011, les summer organizers débutèrent la reconstruction. À l’automne, ce fut les Fall Fellows qui prirent la relève (Organizing For America 2011). Ces stagiaires ne sont pas rémunérés.

57 Les « one-on-one » sont des rencontres tenues « en tête-à-tête » par deux bénévoles afin d’identifier les leaders et les « meilleurs militants potentiels » (Organizing For America 2011 : 26).

J'ai pu observer que c'est l'utilisation de la base de données VoteBuilder qui était au cœur des tactiques du recrutement traditionnel. Les militants de plusieurs groupes démocrates y exportaient les listes de contacts de sympathisants afin de les inviter par courriel à différentes activités ou pour planifier des rendez-vous one-on-one avec les sympathisants intéressés. Ces listes pouvaient également être utilisées lors de séances d'appels téléphoniques afin de les inviter de vive voix aux prochaines activités. D’ailleurs, nous reviendrons dans le présent chapitre sur l’interaction humaine qui est privilégiée dans le recrutement chez OFA. Notons que chaque fois qu'un nouveau sympathisant s'inscrit à une activité ou qu'il remplit un formulaire signalant sa volonté de s'impliquer sur MyBO, ses informations de contact sont automatiquement transférées dans VoteBuilder. Également, les militants y entrent manuellement les informations de contact de militants recrutés à des kiosques publics ou à des séances de recrutement dans la rue (Marvin,

militant démocrate, 2011; Organizing For America 2011).

Au final, l’utilisation des nouvelles technologies dans cet axe dépendait des ressources disponibles pour l’organisation concernée. Par exemple, le recrutement des petits groupes

grassroots « For Change » reposait essentiellement sur la collecte de courriels et

Facebook (Lynn, militante démocrate, 2011) alors qu’OFA disposait de la plus imposante base de données de tout le Parti démocrate.

4.1.3 – Transformer les sympathisants en militants

Sans égard à l’outil technologique impliqué, les militants rencontrés ont raconté comment ils ont recours aux histoires vécues pour motiver en ligne les internautes à agir hors ligne. La structure narrative de ces histoires vécues comporte plusieurs éléments essentiels à leur efficacité pour rejoindre et émouvoir le sympathisant : 1) elle a une histoire vécue comme point de départ; 2) elle s'inscrit dans la culture militante; 3) les lecteurs doivent alors sentir qu'ils font partie d'une histoire collective; et 4) qu'ils font face à un choix : l'issue de l'histoire collective dépend alors de leur implication (Orlando, militant

démocrate, 2011; Organizing For America 2011 : 9 à 15). Cette déclinaison n’est pas

sans rappeler l’approche du storytelling pour favoriser l’engagement du militant, approche enseignée par Ganz dans ses cours de Harvard sur le community organizing et

utilisée dans les camps de formation des militants démocrates (Schutz et Sandy 2011 : 115).

4.1.4 – Diminuer les coûts d’organisation et de coordination

La préparation d’activités et la gestion d’organisations démocrates sont grandement facilitées par l'usage de multiples technologies, telles que les courriels, les SMS et les forums (Google Groups). Chez Organizing For America, le média social interne « NationalField » était également un exemple de la diminution du coût dans la coordination. Visuellement similaire à Facebook, NationalField est un outil de communication sécurisé permettant de capturer en temps réel les réalisations des militants (nombre d’appels faits, portes frappées, militants recrutés) et une compréhension qualitative de ce qui se produit « sur le terrain » de chaque État. Seuls les militants « influents », les dirigeants d’équipe locale (NTL), les employés et les membres de la direction d’OFA y ont accès et peuvent ainsi se partager des messages, des stratégies, des tactiques et réaliser ensemble le suivi des objectifs. Pour plusieurs participants à cette recherche, il s’agit là d’un véritable exemple où les nouvelles technologies accentuent l’influence de la « base » sur sa direction. L’outil crée un espace interne où s’effectuent des rapprochements entre militants, mais également où tous les dirigeants et cadres d’OFA peuvent échanger avec les militants. Cette communication est prise en compte par la direction de l’organisation et mène à des correctifs ou changements de cap (selon trois militants démocrates, 2011).

Par ailleurs, à travers les nouvelles technologies, tous les dirigeants d’une organisation démocrate peuvent désormais participer au processus de prise de décision et exprimer leurs opinions. Cet échange peut même se faire en parallèle à la vie des militants. Lynn, une participante issue d’un groupe grassroots, expliquait que les dirigeants de son groupe s’échangeaient constamment des courriels pour en faire la gestion. Souvent, ils n’avaient pas besoin de tenir leur session habituelle de coordination, car les décisions avaient été prises par l’entremise des courriels. Selon elle, c’est parce que la direction a un processus collégial de prise de décision et une division équivalente du pouvoir qu’elle s’engage couramment dans des débats interminables sur les actions à prendre sans que l’un des

dirigeants ne puisse les clore. En effet, rien ne pouvait empêcher techniquement un dirigeant d’envoyer un courriel aux membres de la direction. Pourtant, Lynn racontait pouvoir distinguer à certaines occasions les relations de pouvoir entre les membres de la direction alors que, parfois, le membre le plus influant du groupe imposait sa vision aux autres (Lynn, militante démocrate, 2011). Dans le prochain segment (cf. 4.2), je reviendrais sur la nature contradictoire de ces pratiques illustrée par les propos de Lynn. La capacité des organisations internes du Parti démocrate à coordonner, à préparer, puis mobiliser des militants à des activités politiques uniquement par courriel représente aussi une économie de temps et d’efforts. Lynn rapporte que les coûts sont si bas que quelques individus réussissant à bâtir une liste de courriels sont désormais perçus comme un groupe politique au sein du milieu militant : « They have the name of the group and they have a mailing list and therefore, they have a group » (ibid.). Ils utiliseront ensuite cette liste pour y faire la promotion d’activités à venir ou de leur propre message politique. Également, le maintien à travers le temps d'un échange par courriels entre plusieurs militants peut être perçu par le milieu comme étant la représentation d'un groupe ou d'un réseau social politique. Ces militants se donnent parfois un nom de groupe comme ce fut le cas pour la liste de courriels « Obama in ‘12 ». Contenant les courriels de certains cadres et militants de New York, les membres de cette liste discutaient en parallèle à la structure du Parti démocrate et se coordonnaient de manière autonome. La nature de leurs actions et leur capacité d’influence chez les autres organisations démocrates me sont cependant demeurées inconnues. Néanmoins, des participants m’ont rapporté que l’on y exprimait son opinion ou encore les dernières actualités sur le milieu militant new- yorkais (selon deux militants démocrates, 2011). De plus, faire partie d'un groupe gérant une liste de courriel de masse est porteur de symboles qui sont partagés et compris au sein du milieu militant. En effet, avoir une place dans ce réseau est d’abord synonyme de la reconnaissance du statut de militant, puisque seuls les organisateurs « influents » y sont admis par les membres. Ensuite, l’accession au capital social, culturel et plus simplement aux réflexions des membres de la liste est une source de pouvoir selon une participante : « You know, it’s power. You know, being on it is power » (Lynn, militante démocrate, 2011).

On constate alors l'incapacité du parti à contrôler tout l'espace où se jouent les interactions entre les militants démocrates, une partie échappe à leur contrôle selon les participants rencontrés. Grâce au bas coût de coordination et de mobilisation par courriels, les militants mécontents peuvent quitter une organisation comme OFA afin de se consacrer à leur propre « groupe » parallèle, c’est-à-dire faire la gestion d’une liste de courriels (Florence, militante démocrate, 2011) :

I think in fact it [les NTIC] is really completely democratized the process, yeah, like I said, you know, say, take the example the Obama campaign or you know, Organizing For America and they have a particular approach or thing they want to do and they send out a list or they ask you : « can you do this ?» and it is like, « well, you know what? I want to do something else ». And I can do something else and I can put an event and I can send out an e-mail too and I can say I want to take this in another direction, I want to do this differently (Carroll, militante démocrate, 2011).

Toutefois, comme l’a souligné Davis (1999), cette capacité des individus à se créer des organisations marginales n'est pas nouvelle en soit et existait bien avant l'avènement d'Internet. Les NTIC facilitent cependant la création et la coordination de ces groupes. C’est du moins ce que suggère le groupe « Obama in ‘12 » : il suffit que quelques militants combinent leur capital social et symbolique par le biais de courriels pour construire un groupe attirant et respecté au sein du milieu militant (Lynn, militante

démocrate, 2011).

4.1.5 – Lever des fonds

Mes observations au sein du milieu démocrate de New York et les entretiens des participants rencontrés dans le cadre de cette étude n’ont pas porté abondamment sur le financement. Néanmoins, j’ai pu observer l’utilisation des courriels par la direction du Parti et en discuter avec les militants. En effet, le Parti démocrate et OFA envoient régulièrement des courriels à sa liste de contacts s’accumulant dans la base de données VoteBuilder. Plutôt que de faire appel directement à la générosité des lecteurs, chaque courriel porte sur un enjeu politique tout en s’inscrivant dans le storytelling de Ganz (Schutz et Sandy 2011 : 115). C’est uniquement à la fin du courriel qu’on invitera le lecteur à faire un don de 5, 10 ou 20$. Plusieurs militants rencontrés sur le terrain ont

exprimé trouver la fréquence d’envoi de ces courriels de financement beaucoup trop grande. Ils étaient même source de railleries pour certains et de frustrations pour d’autres.

4.1.6 – S’informer

Peu importe leur âge, les militants se servent de plus en plus des nouvelles technologies comme d’un médium informatif. Une quinzaine des participants à cette étude ont dit suivre l’actualité à travers des médias exclusivement sur Internet, tel que le Huffington Post58 (selon quinze militants démocrates, 2011). De plus, onze participants rencontrés

ont mentionné les médias sociaux en tant que source d’informations (selon onze militants

démocrates, 2011). Ainsi, l’arrivée des NTIC comme médium informatif engendre de

nouvelles situations, puisqu'elles sont caractérisées par la fin du monopole de l’émission des médias traditionnels et le contrôle de la réception de l'information par l'utilisateur des technologies (Minh Duc 2005).

Actuellement, le militant peut passer outre le filtre des médias traditionnels pour être informé directement par les acteurs politiques. Par exemple, si un militant a de la difficulté à saisir les raisons derrière une décision politique, il peut consulter une vidéo du politicien s’expliquant. À ce sujet, Saul racontait :

« [You need] just, you know, to go to the horse’s mouth, right. And then you don’t have to get so frustrated about all the messages that are affecting these people, which it is, and I don’t disagree with » (Saul, militant démocrate, 2011).

Selon lui, OFA faisait des efforts pour tenir ses militants informés en leur envoyant des lignes de communication et des argumentaires par courriels. Saul concevait cette pratique comme étant importante puisque les militants doivent représenter l’organisation et le président Obama lorsqu’ils discutent avec les électeurs par téléphone (ibid.).

Ce qui signifie que les militants peuvent choisir les sources médiatiques auxquelles ils désirent s’informer tout en ayant recours aux lignes officielles du Parti. Par le fait même, les potentiels d'ignorer ou non le message du Parti et ses positions officielles existent (Carroll, militante démocrate, 2011). Pour les militants rencontrés, s'informer par le biais des nouvelles technologies participe au développement d’un discours qui leur est propre, 58 The Huffington Post, page consultée le 19 janvier 2013 (www.huffingtonpost.com).

alternatif et plus près de leur pensée politique. Le processus de construction individuelle qui s'en dégage n'est pas s'en rappeler la théorie de Dalsgaard (2008) sur la construction de l'identité virtuelle. En effet, l'utilisation des nouvelles technologies comme médium informatif place l'individu au centre de la construction de leur discours. Une personne s'informe en relation avec ses intérêts, son réseau personnel et l'offre de multiples sources.

4.2 – Les contraintes quotidiennes du milieu militant :

démystifier la structuration de l'utilisation des nouvelles

technologies

Comme nous l’avons vu jusqu’ici à travers la revue de la littérature et la présentation des pratiques intra-partis observées lors du terrain de recherche, l’utilisation des nouvelles technologies dans les partis politiques est au cœur des relations de pouvoir dans l’organisation. En effet, la technologie offre plusieurs potentiels pouvant affaiblir et remettre en question l'autorité des dirigeants de l'organisation : les militants peuvent réaliser leurs tâches de manière autonome, ignorer le discours du parti, le promouvoir, quitter les organisations officielles et entrer en compétitions avec elles par le biais de leurs propres groupes indépendants tout en demeurant au sein du milieu militant. Ces potentiels décentralisent non seulement l’action militante, mais elles défient la « loi d’airain de l’oligarchie », en ce sens qu’elles atténuent les capacités de contrôle des dirigeants de partis politiques.

Pourtant, à partir des données recueillies auprès des militants rencontrés, il a été possible de constater des contraintes empêchant les militants de bénéficier des potentiels des NTIC. En effet, l’approche ethnographique invite à s’interroger sur le mécanisme et les limites en jeu dans ce processus de structuration des pratiques hors ligne et en ligne. J'ai pu identifier deux facteurs qui contraignent les militants. D’abord, un facteur politique auquel sont associées les relations de pouvoir au sein du milieu militant et de ses organisations. Ensuite, un facteur culturel par lequel le parti génère des rites établis, des

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