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La structuration des potentiels de décentralisation du Web au sein des partis politiques s'opérerait à travers les processus sociaux et les pratiques internes des partis. Des contraintes se transposeraient dans le quotidien des militants, ainsi que dans leur utilisation du Web. La présente recherche s'inscrit donc dans la tradition des études scrutant la pratique des militants. Dans l'optique de révéler et de décrire les mécanismes internes entourant l’utilisation des nouvelles technologies et comment ils s’articulent avec le pouvoir de l’élite du Parti démocrate, une immersion dans le milieu militant a été nécessaire. Cela a permis de recueillir des données qui ont la qualité d'être riches sur la vie militante et le fonctionnement interne des partis. Une approche ethnographique ancrée dans le paradigme compréhensif a été sélectionnée afin de répondre à notre question de recherche : En considérant la tension entre la nature centralisée des partis et le

potentiel de décentralisation des nouvelles technologies, peut-on penser que les nouvelles technologies vont défier avec succès la « loi d'airain de l'oligarchie »? C'est

guidé par ce questionnement que j'ai amassé des données, malgré les obstacles rencontrés sur le terrain. Mais avant de présenter les résultats de notre étude, il importe de comprendre la méthodologie employée.

3.1 – Approche méthodologique et originalité de la recherche

Ce qui est proposé dans le présent ouvrage, c'est le recours à une méthodologie ethnographique dans l'étude de l'utilisation du Web et des NTIC par les partis politiques. Peu fréquent dans l'étude de ce phénomène, c'est cette approche qui attribue l'originalité au travail proposé. Il est intéressant de constater que les méthodologies employées pour étudier l’utilisation par les technophiles, les technophobes et les « descriptifs » ont un point en commun. Elles sont fondées sur une observation externe des partis où le parti est scruté comme un objet entier et monolithique où la présence de composantes internes concurrentes est omise.

Par ailleurs, comme mentionné antérieurement, les partis politiques semblent être la scène de multiples mécanismes internes, dont celui de la structuration des potentiels du Web. Avec leur déterminisme appliquant les potentiels des NTIC à l’ensemble de la société, les tenants technophiles et technophobes n’en font pas mention. Toutefois, quelques chercheurs « descriptifs » ont soulevé un phénomène similaire à celui de la normalisation (Foot et Schneider 2006; Gibson et Ward 1999; Jackson et Lilleker 2009; Lamiter 2009). Leurs recherches sont bonifiées par l’apport de sources internes aux partis, notamment des questionnaires et des entrevues (Foot et Schneider 2006; Gibson et Ward 1999; Latimer 2009; Resnick et Margolis 2000; Schweitzer 2011; Stromer-Galley 2000). Il n'en demeure pas moins que ces recherches continuent d'avoir une portée limitée en termes de compréhension des mécanismes et dynamiques internes des partis. La participation du personnel politique sert à mettre en contexte les résultats obtenus. Par le fait même, elles omettent le rôle des militants et méjugent celui du personnel politique (Marvick 1966). Selon Marvick, « cette négligence n'est pas sans conséquence : elle favorise en effet les simplifications abusives et l'imprécision dans l'étude du fonctionnement réel des partis » (1966 : 620).

Il a, d’ailleurs, été avancé précédemment que l’utilisation des NTIC, en tant que nouvelles manières de faire la politique, s'accompagne d'un renouvellement du rôle des militants dans les fonctions des partis. Le message du parti est désormais transmis sur les médias sociaux par les militants et le Web aide à gérer les opérations militantes sur le terrain. Néanmoins, on en connaît très peu sur cette nouvelle forme d’implication des militants dans le fonctionnement interne des partis. On ignore également si des dynamiques internes structurent les potentiels des nouvelles technologies que pourraient exploiter les militants. De plus, les recherches empiriques sur l'usage des nouvelles technologies qui prennent en compte la structure organisationnelle des partis politiques sont limitées (Kreiss 2009 : 282). Comment les partis gèrent-ils l'expression publique de la dissension et des problématiques internes par Internet? Comment s'articule l’apport du Web dans la gestion et la prise de décision des partis? Comment se négocie la tension entre le potentiel d'autonomie des équipes sur le terrain et la nature centralisatrice des partis?

Quelques auteurs choisissent une approche différente pour appréhender l'environnement intra-parti. Actuellement, les chercheurs redécouvrent l’approche ethnographique dans l’étude des partis politiques (Bachelot 2011). Ces recherches portent en général sur la base militante et sont réalisées dans des milieux locaux (Jenson et Ross 1984; Mischi 2010; Faucher-King 1999; Combes 2005; Avril 2008; Bachelot 2011). Les partis y sont souvent abordés à travers le prisme de grands rassemblements ou des campagnes électorales (Faucher-King 2005; Ethuin et Nonjon 2005; Lefebvre 2005) plutôt que par celui du quotidien des militants (Fields 2012; Heaney et Rojas 2011; Combes 2009). En plus d’être une approche davantage adoptée dans l’étude des partis européens qu’américains (Schonfeld 1985; Fretel 2004; Lefebvre 2005; Tristan 1987; Boumaza 2001; Bizeul 2003; Avanza 2007; Dechézelles 2006; Vergani 2011; Ethuin 2006; Berezin 2007), je n’ai pu recenser aucune étude ethnographique sur l’emploi du Web chez les partis politiques. En fait, toutes approches confondues, le fonctionnement interne des partis a été très peu étudié par les politologues depuis l’apparition d’Internet. Selon Heinderyckx, « l'utilisation des ressources en ligne pour l'organisation [d'un parti] est l'aspect le moins documenté de l'opération, bien qu'absolument décisif » (2011: 126). Dans ces circonstances, des données ethnographiques sur le sujet peuvent être conçues comme un « savoir désirable » (Chevrier 1992 : 51).

Une méthodologie qualitative ayant recours aux questionnaires et à la conduite d'entrevues avec les militants et les « cadres » bénévoles aide à comprendre leur comportement, leur praxis et « la façon dont ils exercent leurs fonctions, les raisons pour lesquelles ils les exercent ainsi et les conséquences qui en découlent » (Marvick 1966 : 621). Malgré son caractère exploratoire, la pertinence de la présente étude réside dans son potentiel à mettre en lumière les dynamiques intra-parti et à tenter d'appréhender un processus de structuration technologique pouvant avantager l’élite du parti. Également, elle s'avère informative pour le milieu académique en s'inscrivant dans la courte liste des études ethnographiques au sein des partis politiques, tout en le faisant au sein d’un parti ayant intégré des NTIC pour exécuter ses fonctions traditionnelles.

En choisissant de s'intéresser aux mécanismes intra-parti et à la structuration de la communication des militants, la méthodologie employée doit alors nous permettre d'explorer le quotidien des militants. Il est essentiel de poser un regard au niveau de la praxis des acteurs, aux « actions que les personnes entreprennent à partir de certaines représentations de la réalité, selon leur conception du monde et les possibilités du moment » (Deslauriers 1991 : 71). C'est pourquoi le cadre méthodologique de la présente recherche s'appuie sur une approche empirico-inductive. Le paradigme qualitatif « se concentre sur l'analyse des processus sociaux, sur le sens que les personnes et les collectivités donnent à l'action, sur la vie quotidienne, sur la construction de la réalité sociale » (Deslauriers, 1991 : 6). La présente recherche s'inscrit aussi dans un processus de reconceptualisation inachevée, c'est-à-dire « itératif et rétroactif » comme l'entendent Deslauriers et Kérisit (1997). Ainsi, la problématique, le cadre conceptuel et le questionnaire de notre étude ont été adaptés aux réalités et différents processus présents sur le terrain. À cet effet, Deslauriers et Kérisit affirment :

Le chercheur qualitatif ne va pas sur le terrain seulement pour trouver réponses à ses questions; il y va aussi pour découvrir des questions, surprenantes par certains aspects, mais souvent plus pertinentes et plus adéquates que celles qu’il se posait au début (Deslauriers, Kérisit, 1997 : 106).

Même si notre analyse met l'accent sur la praxis des acteurs, elle le fait sans négliger les contextes microsocial et macrosocial dans lesquels ces actions sont réalisées, car « pour l'ethnométhodologue, micro et macro ne s'opposent pas, le micro fournissant au macro le contexte nécessaire à son actualisation » (Laperrière, 1987 : 7).

Au final, cette méthodologie ethnographique s'inscrit également dans le paradigme compréhensif (Mucchielli 2004 : 24, 28), c'est-à-dire que dans cette étude, l'objet et le sujet sont interdépendants et qu'ils ne sont pas extérieurs à la subjectivité humaine. À ce sujet, Herman (1983) énonce « [qu']étudier le social, c'est le comprendre (ce qui n'est possible qu'en le revivant), l'objet social n'est pas une réalité externe, c'est un construit subjectivement vécu » (1983 : 44). Par conséquent, l'ethnologue prend en compte les perceptions, les sensations et les impressions provenant de son immersion au sein de l'environnement étudié et des entrevues avec des participants. Elles sont porteuses de faits et de sens sur les rapports sociaux en présence. Suivant le processus de

reconceptualisation itérative, l'approche compréhensive permet d'appréhender les processus et mécanismes par synthèses progressives jusqu'à formuler une synthèse finale, plausible socialement et qui donne une interprétation « en compréhension » de l'ensemble étudié (Mucchielli 2004 : 24).

3.2 – Méthodes de collecte dans une analyse empirico-inductive

du fonctionnement interne du Parti démocrate

Cette démarche méthodologique s'inscrit dans l'ethnographie de Bailey (2007) par l'utilisation de trois méthodes de collecte de données, c'est-à-dire l'intégration et l'observation-participante dans le milieu militant, la tenue d'un journal de terrain et finalement, la conduite d'entrevues semi-directives avec des militants démocrates44. Par

cette multiplication des méthodes de collecte et la combinaison de leurs données, une « triangulation » se forme et assure la qualité de la recherche (Bailey 2007).

Tout d’abord, l'observation-participante a été utilisée pour s'immerger dans l'environnement étudié tout en échangeant de manière informelle avec les militants. Jacoud et Mayer affirment que l'observation-participante « constitue souvent le moyen privilégié pour pénétrer dans un milieu culturel donné » (1997 : 241). Cette technique joue un rôle clé dans le processus itératif de reconceptualisation des outils conceptuels et du schéma d'entrevue, mais également dans l'ethnographie en tant que sources de données.

L'observation-participante est un processus, en soi, à travers lequel le chercheur peut déterminer ce qui est important à appréhender et peut comprendre la signification des observations vécues par les participants (Bailey 2007). Pouvant renfermer des coïncidences aux yeux du chercheur, l'observation d'événements et de pratiques alimente son intuition et sa quête de sens (Deslauriers 1987). « Les observations n'ont pas de sens en elles-mêmes, mais seulement à la lumière des processus sociaux qu'elles illustrent, » affirme Deslauriers (1987 : 149).

44 Dans la prochaine section (3.3), je précise pourquoi notre population se limite aux militants du Parti démocrate.

Priorisant la recherche de participants à travers le développement de relations avec des militants et l'agrandissement de mon réseau45, aucun guide n'a structuré la sélection des

événements auxquels j’ai participé. J'ai préféré me concentrer sur ce qui semblait pertinent au fur et à mesure que les événements se présentaient. Cette approche « non structurée » demeure plus flexible, sans négliger la triangulation des lieux, des classes sociales et du moment de la journée (Bailey 2007). Néanmoins, afin de cerner l'aspect quotidien de l'expérience des militants, j’ai suivi les directives suivantes pendant les observations :

1) Décrire en détails l'observation des activités partisanes en portant attention à l'aspect physique des lieux, au contexte social des activités, aux participants (comportement, langage et schèmes de pensée) et à leurs actions (gestes et déroulement des activités);

2) Décrire en détails l'observation des activités en portant attention à ce qui ne se voit pas, au non verbal et à ce qui est caché;

3) Décrire en détails mon intégration dans le milieu et mon processus de recherche de participants en prenant en compte de ma propre participation dans le milieu (réflexivité).

Ensuite, toutes les observations de la présente étude ont été consignées systématiquement dans un journal de terrain, puis ont été considérées dans l'analyse. Ces notes comprennent des descriptions d’événements, des réflexions sur des événements passés, des pensées réflexives et des analyses préliminaires (Altheide et Johnson 1994; Bailey 2007; Lofland 1971).

Finalement, j'ai conduit des entrevues semi-dirigées enregistrées avec la permission des participants46 (Bailey 2007; Schensul et al. 1999). Ces derniers savaient que leur entretien

était de nature académique et qu'il portait sur l'utilisation des nouvelles technologies au sein de l'environnement partisan. Les entrevues étaient conduites lors de rendez-vous formels prévus à cet effet, mais prenaient l'apparence de discussions informelles. J'ai 45 La méthode de recherche de participants sera développée dans la prochaine section (3.3).

demandé aux participants d'exprimer le sens qu'ils donnent à leur comportement, aux actions qu'ils posent et aux situations dans lesquelles ils évoluent en lien avec leur implication militante. Par ailleurs, tout comme l'observation-participante, les entrevues ont également aidé à l'ajustement du schéma d'entrevues et des outils conceptuels aux réalités du terrain et au quotidien des militants. En résumé, 25 entrevues furent conduites en privé dans une salle adjacente au quartier général des démocrates de New York ou dans l'anonymat de la foule d'un café de Manhattan. Leurs durées ont varié entre 20 et 200 minutes (3h20) et elles duraient en moyenne 1h30. Si 24 entrevues furent réalisées en anglais, une seule fut conduite en français.47 Aucun des 25 participants n'a refusé d'être

enregistré. Les militants interviewés dans le cadre de cette étude seront désignés comme étant des participants, puisqu'ils ont partagé leurs expériences lors d'une entrevue semi- dirigée. J'emploie également des pseudonymes afin de protéger l’identité des participants.

3.3 - Ethnographie en milieu urbain : intégration et recherche de

participants sur le terrain

Les données de cette recherche ont été collectées à l'été 2011 sur une période de 3 mois48

dans la ville de New York. Le contexte socio-démographique de ce milieu urbain spécifique a donc caractérisé le processus de récolte de données du présent mémoire. Selon Laperrière, « ce qui importe dans le choix d’une situation ou d’une population d’étude de départ, c’est leur capacité à éclairer le mieux possible le phénomène à l’étude » (1997 : 314). Or, la revue de la littérature a révélé que c'est aux États-Unis que l'utilisation des NTIC semble bien implantée dans les pratiques des partis politiques. D'ailleurs, les campagnes électorales d'Howard Dean et de Barack Obama sont maintes fois citées pour leurs innovations technologiques. Néanmoins, même si le grand nombre d'études sur ces campagnes démocrates trace un portrait adéquat de cette utilisation, j'ai soulevé le vide théorique quant au fonctionnement interne des partis face aux potentiels du Web. Avec cette perspective en tête, je me suis penché sur les mécanismes internes du 47 Les extraits retenus en français ont été traduits en anglais pour empêcher toute identification du

participant francophone.

Parti démocrate. La ville de New York a été sélectionnée comme lieu de cette étude de terrain pour sa grande population et pour le nombre important d'activités démocrates s'y déroulant, ainsi que pour sa diversité culturelle et économique. Ayant déjà servi à l’étude des activistes politiques, New York serait comparable aux autres communautés urbaines des États-Unis (Hirschfield et al. 1962 : 490).

Au début du terrain de recherche, j'ai envoyé plusieurs centaines de courriels à des militants qui m'étaient inconnus. Les courriels furent obtenus par des recherches de contacts sur les médias sociaux. Malgré cet envoi massif, une seule personne répondit pour m’exprimer sa volonté de participer à la présente recherche. Or, l'ethnographie m'a permis de collecter des données beaucoup plus efficacement que par l'envoi de courriels. Étant affichées sur le site Web d'Obama, je me suis d'abord inscrit à une foule d’activités tout en multipliant les quartiers et leurs types. J'ai donc participé à divers types d'activités militantes : 1) des house meetings49; 2) des séances d'appels téléphoniques; 3) des séances

d'enregistrement d'électeurs; 4) des formations; et 5) des activités sociales.

En participant à ces différentes activités, j'ai pu ensuite établir des liens de confiance avec plusieurs militants. Plus particulièrement, j'ai bâti peu à peu des relations avec des « gatekeepers » au sens de Burgess (1991), c'est-à-dire des individus qui jouent un rôle dans l'accession ou le barrage à un réseau, un milieu (voir également Bailey 2007). Pour la présente étude, ce sont les dirigeants des équipes locales et le directeur terrain50 de

New York qui ont agi comme des gatekeepers. Par l'instauration d'un rapport entre nous, j'ai pu bénéficier de leur collaboration. Cela me donna accès à l'ensemble de leur réseau, mais également à leur capital social, alors qu'uniquement par notre accointance, la présente recherche bénéficiait d'une plus grande crédibilité et devenait soudainement digne d'intérêt aux yeux des militants.

49 Un « House Meeting » est une rencontre d’accueil et d’intégration à une équipe locale d’Obama. Cette activité se déroule chez un bénévole actif : « House meeting are gathering of supporters in a neighborhood location. House meetings persuade, organize, motivate, and activate volunteers. House meetings help Organizers to form teams » (Organizing For America 2011 : 46-47).

50 Traduction libre de « Field director ». Le directeur terrain supervise toutes les opérations militantes sur son territoire et gère tout le personnel et les bénévoles sur le terrain. C’est un employé responsable « for developing, implementing and adjusting the field plan to meet the overall objectives of the campaign » (Organizing For America 2011 : 74).

C'est dans ce contexte que j'ai recherché des participants par la méthode snowball (Gray 2004; Kish 1965). Il s'agit d'une technique d'échantillonnage récursive par laquelle d'anciens participants aident au recrutement de nouveaux participants. La technique assume que les participants initiaux connaissent dans leur réseau d'autres contacts correspondant aux critères de sélection. Dans l'optique d'éviter que les entretiens soient étroitement circonscrits au sein d'un seul réseau social de la population étudiée, j'ai multiplié les points d'entrées comme le suggère Jones-Correa (1998). Selon l'auteur, la méthode snowball doit être bonifiée par la triangulation de plusieurs réseaux différents. Dans un autre ordre d'idées, notons que les gatekeepers ne m'ont pas restreint l'accès à un groupe ou à un réseau. Néanmoins, cela peut se produire, car j'ai été témoin de la marginalisation d'un militant par un organisateur local51.

Une recherche portant sur des notions telles que le contrôle et la liberté d’expression des conflits et dissensions intra-parti soulève également des enjeux éthiques. Ces notions ne pouvaient pas être abordées d'emblée lors de la rencontre de nouveaux militants, ni être discutées pendant les activités sans risquer de créer des tensions ou de nuire à l’accès du milieu militant. Comment alors ne pas compromettre l'immersion tout en évitant de chercher des participants par le mensonge et la duperie? Pour moi, la réponse se trouve dans la nature même de l'intégration d'un milieu d'étude qui s’effectue par le développement de relations avec les acteurs en présence (Bailey 2007). Ainsi, j'ai adopté une approche indirecte sur le sujet. Lorsque je rencontrais de nouveaux militants, je ne leur demandais pas d'emblée s'ils souhaitaient être interviewés sur leur utilisation du Web en tant que militants. En revanche, j'ai plutôt choisi d'attendre et de bâtir des relations. D'ailleurs, Bailey (2007) soutient qu’établir des liens de confiance tend à assurer la qualité des entretiens. Avec cette approche en tête, je me suis ouvertement affiché comme un candidat à la maîtrise qui était à New York pour réaliser un terrain de recherche52.

C’est uniquement lorsque je me trouvais avec des militants connus dans un contexte social le permettant que je leur demandais de participer à la présente recherche. Je leur 51 Par « marginalisation », je fais référence à l'action de rendre un individu marginal par rapport à un groupe de bénévoles ou un réseau politique. Ce point sera développé dans le chapitre présentant les résultats. 52 À un certain point, cela devint même connu du milieu démocrate New Yorkais. J’ai rapidement été identifié comme étant le chercheur « canadien français ».

présentais alors le sujet et les notions abordées. Les réponses étaient généralement favorables. Quelques fois, des militants ont soulevé eux-mêmes le sujet et ont offert leur participation.

J'ai donc interviewé des militants que je côtoyais dans les différents événements partisans et certaines activités sociales. À première vue, cela peut soulever des questions sur la

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