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Chapitre 3 L’alignement longitudinal du DIRC 61

3.6 Performances du DIRC apr`es l’alignement

4.1.1 Pr´eliminaire th´eorique, d´efinitions

Comme il a ´et´e vu au chapitre 1, un des int´erˆets principaux de l’´etude du canal de d´esint´e-gration B0→ ρπ± est que les deux ´etats finals ρ+π et ρπ+ sont accessibles `a chaque saveur du m´eson B neutre (voir Fig. 1.8), autorisant ainsi la pr´esence d’une asym´etrie de CP dans l’interf´erence entre la d´esint´egration et le m´elange. Si la violation de CP est un ph´enom`ene en soi int´eressant, celle qui peut se produire dans le canal B0 → ρπ± lie les phases du m´elange entre B0 et B0 `a l’´el´ement Vub de la matrice CKM. Une telle violation de CP n’a pour l’heure jamais ´et´e observ´ee, et sa recherche devrait permettre d’imposer des contraintes sur l’angle α du triangle d’unitarit´e.

Les canaux de d´esint´egration du m´eson B neutre qui permettent de mener une telle ´etude sont assez rares. Un seul autre canal est aujourd’hui ´etudi´e : B0 → π+π. Si ce mode est sans doute plus facile `a d´etecter exp´erimentalement, il est assez probable que les contraintes que sa mesure peut apporter sur l’angle α soient moins bonnes que celles du canal B0 → ρπ±. Les calculs th´eoriques concernant ces modes sont d´elicats, mais leurs r´esultats peuvent ˆetre utilis´es pour des arguments qualitatifs : ces calculs pr´evoient que le rapport d’embranchement de B0→ ρπ± est de quelques 10−5, contre quelques 10−6 pour B0 → π+π, et que le rapport des modules des diagrammes “pingouins” et des diagrammes “arbres” (voir § 1.4.2) sont de l’ordre de 3% pour le mode B0→ ρπ+, 8% pour B0 → ρ+π, contre 20% pour B0 → π+π [61].

Le ρ est une r´esonance large. Sa masse est de 771.1 ± 0.9 MeV/c2 et sa largeur de 149.2 ± 0.7 MeV/c2. Son mode de d´esint´egration dominant est ρ± → π±π0 [19]. Ainsi, les ´etats finals π±ππ0ou K±ππ0peuvent recevoir des contributions au niveau de l’amplitude d’autres canaux de d´esint´egration, comme par exemple B0 → ρπ. C’est un ph´enom`ene d’interf´erence : il n’existe pas d’observable pour distinguer les canaux B0 → ρ±π et B0 → ρπ produits avec la mˆeme cin´ematique. Pour cette analyse, deux r´egions du diagramme de Dalitz h±ππ0 sont consid´er´ees, l’une est ´etiquet´ee ρ+h et l’autre ρh+ (h = K, π). Les contributions des r´esonances sup´erieures au ρ rentrant dans ces r´egions ne sont pas distingu´ees. Cette approche porte le nom de “quasi deux corps”. D’autre part, il existe une r´egion cin´ematique o`u les deux ´etats finals ρ+π et ρπ+ peuvent interf´erer entre eux : la zone d’interf´erence du diagramme de Dalitz. Cette r´egion ne rentre pas dans la d´efinition des ´etiquettes ρ+h et ρh+ et est rejet´ee

par la s´election.

Il est possible de mettre en oeuvre une analyse temporelle utilisant la position dans le dia-gramme de Dalitz [40]. Une telle analyse doit permettre de mesurer les phases de toutes les r´egions d’interf´erence, d’´evaluer les contributions des r´esonances sup´erieures au ρ, et de donner des contraintes sur α avec un minimum d’incertitude th´eorique. Cette approche, exp´erimentale-ment difficile, n’est pas abord´ee dans cette ´etude.

Dans l’approche “quasi deux corps”, l’interpr´etation du r´esultat pour contraindre l’angle α peut se faire de deux mani`eres : la premi`ere est propre de toute incertitude th´eorique et fait appel `a l’isospin pour relier entre eux les diff´erents modes B → ρπ par les ´equations du pentagone (voir § 1.4.2), elle est exp´erimentalement difficile si aucun de ces modes ne peut ˆetre n´eglig´e. La deuxi`eme approche consiste `a utiliser un mod`ele d’hadronisation qui fait des pr´edictions pr´ecises sur les phases de l’interaction forte, rentrant dans les amplitudes mesur´ees. La validit´e d’un tel mod`ele, et plusieurs des param`etres rentrant en jeu dans sa description, doivent toutefois au pr´ealable ˆetre v´erifi´es. Cette approche offre potentiellement les meilleures contraintes sur α si la fiabilit´e du mod`ele peut ˆetre prouv´ee. Un exemple de tel mod`ele sera discut´e dans le chapitre 5. Les mesures ne se limitent pas `a la recherche de violation de CP dans l’interf´erence entre le m´elange et la d´esint´egration du canal B0 → ρπ±. Les deux rapports d’embranchement des canaux B0 → ρπ± et B0 → ρK+ peuvent par ailleurs ˆetre mesur´es. Ces rapports d’embran-chement d´ependent de la valeur de l’angle γ, et ´egalement de la mani`ere dont l’hadronisation a lieu, ce qui peut ˆetre d´ecrit par un mod`ele. Ainsi, les mesures de ces deux rapports d’embranche-ment, associ´es aux mesures d’autres canaux de d´esint´egration non charm´ee du m´eson B peuvent ˆetre utilis´ees pour donner des contraintes sur l’angle γ, ou pour invalider le mod`ele en cas de d´esaccord pour toute valeur de γ. D’autre part, les deux canaux B0 → ρπ± et B0 → ρK+

offrent de multiples opportunit´es de recherche de la violation directe de CP . Cette recherche est en soi tr`es int´eressante, et les asym´etries correspondantes peuvent d’autre part ˆetre utilis´ees pour interpr´eter les mod`eles d’hadronisation. En effet, ceux-ci pr´edisent la d´ependance de cette asym´etrie en fonction de l’angle γ. La valeur pr´edite est faible, quelle que soit la valeur de γ, aussi, ces asym´etries ne pourront pas ˆetre utiles pour contraindre γ. En revanche, en cas de d´ecouverte, un mod`ele d’hadronisation qui ne pr´edirait pas de violation de CP directe serait presque sˆurement invalid´e.

La strat´egie exp´erimentale pour r´ealiser ces mesures consiste `a ´etudier en d´etail la distribution temporelle de la d´esint´egration du m´eson B vers l’´etat final ρ±h, donn´ee par l’´equation (1.36). D´efinissons les quantit´es suivantes :

ACP = (+h|H| B0i 2+ hρ+h|H| B0i 2) − ( hρ h+|H| B0i 2+ hρh+|H| B0i 2) ( hρ+h|H| B0i 2+ |hρ+h|H| B0i|2) + ( hρh+|H| B0i 2+ |hρh+|H| B0i|2), (4.1) C + ∆C = hρ+h|H| B0i 2 +h|H| B0i 2 |hρ+h|H| B0i|2+ hρ+h|H| B0i 2, (4.2) C − ∆C = hρh+|H| B0i 2 h+|H| B0i 2 |hρh+|H| B0i|2+ hρh+|H| B0i 2, (4.3) S + ∆S = 2Imλρ+h 1 + λρ+h− 2, (4.4) S − ∆S = 2Imλρh+ 1 + λρ−h+ 2. (4.5)

Dans ces expressions, on a utilis´e λρ−h+ = pqhh++|H|B|H|B00ii et λρ+h− = qp++hh−|H|B|H|B00ii (voir ´equation (1.31)). On peut alors d´eduire de l’´equation (1.36) les probabilit´es th´eoriques de d´esin-t´egration en fonction de la saveur (indices B0ou B0) de l’´etiquetage, de la charge du ρ (exposants ρ+h ou ρh+) et de la diff´erence de temps de d´esint´egration (∆t) :

fBρ±0h= (1 ± ACP)e |∆t| τ 4τ [1 + ((S ± ∆S) sin ∆mB∆t − (C ± ∆C) cos ∆mB∆t)] , (4.6) fρ±h B0 = (1 ± ACP)e |∆t| τ 4τ [1 − ((S ± ∆S) sin ∆mB∆t − (C ± ∆C) cos ∆mB∆t)] . (4.7) Dans ces derni`eres expressions, la violation de CP dans le m´elange a ´et´e n´eglig´ee.

Pour le canal B0→ ρK+, la charge du kaon ´etiquette la saveur du m´eson B parent, ainsi, hρ+K|H| B0i = hρK+|H| B0i = 0 et donc S = ∆S = C = 0 et ∆C = −1. La probabilit´e de d´esint´egration d´ependant du temps s’en trouve ainsi simplifi´ee puisqu’elle ne d´epend plus que de AρKCP.

Pour le canal B0 → ρπ±, C + ∆C et C − ∆C sont des asym´etries entre des processus qui ne sont pas d´ecrits par les mˆemes diagrammes au niveau de l’ ”arbre”, elles n’ont donc aucune raison a priori d’ˆetre nulles. Par exemple, les mod`eles d’hadronisation [41] pr´evoient ∆C ∼ 0.4. En revanche, si les deux asym´etries C + ∆C et C − ∆C ne sont pas exactement oppos´ees, ou autrement dit, si C 6= 0, alors la violation de CP directe est prouv´ee. ACP est l’asym´etrie entre le nombre total de ρ+h et le nombre total de ρh+, sans tenir compte de la saveur des m´esons B, ind´ependamment du temps. Dans le cas o`u cette asym´etrie est non nulle, la violation de CP directe est ´egalement prouv´ee.

Cette param´etrisation de la violation directe de CP est choisie pour son sens exp´erimental clair, mais son interpr´etation en fonction des amplitudes de d´esint´egration est assez difficile. La violation directe de CP se manifeste dans le cas o`u le rapport d’embranchement de la d´esint´e-gration d’un m´eson B0 vers un ´etat final f est diff´erente du rapport d’embranchement de son antiparticule B0 vers l’´etat final conjugu´e ¯f : B(B0 → f) 6= B(B0 → ¯f ). Il est possible de d´efinir une param´etrisation qui permet de comparer directement les deux processus :

A+−= hρ+π|H| B0i 2 π+|H| B0i 2+π|H| B0i 2+ |hρπ+|H| B0i|2, (4.8) A−+= hρπ+|H| B0i 2 +π|H| B0i 2π+|H| B0i 2+ |hρ+π|H| B0i|2. (4.9) CP est directement viol´ee dans le cas o`u A+− 6= 0 ou A−+ 6= 0. Il est par ailleurs possible d’exprimer ces deux asym´etries en fonction des param`etres ACP, C et ∆C :

A+−= ACP − C − ACP∆C 1 − ∆C − ACPC , (4.10) A−+= −ACP + C + ACP∆C 1 + ∆C + ACPC , (4.11) et inversement : ACP = 1 − A−+A+−D A−+(−1 + ∆C) + A+−(1 + ∆C), (4.12) C = −1 − A−+A+−+√ D A+−+ A−+ . (4.13)

Dans ces deux derni`eres expressions, on a utilis´e :

D = 1 + 2A+−A−+∆C2+ A2+−(−1 + ∆C2) + A2−+(−1 + A2+−+ ∆C2) (4.14) Les r´esultats sur la violation de CP directe seront exprim´es en fonction des deux param´etrisations (ACP, C) et (A+−, A−+).

La violation de CP dans l’interf´erence entre le m´elange et la d´esint´egration se manifeste dans le cas o`u Imλ 6= Im¯λ, ou autrement dit, S 6= 0. S et ∆S sont tous deux li´es `a diff´erentes phases des interactions fortes et faibles, et en particulier `a l’angle α du triangle d’unitarit´e. Dans l’approche adopt´ee ici, il est n´ecessaire d’utiliser un mod`ele pour d´eterminer cette d´ependance. L’objectif de cette analyse est de mesurer les trois param`etres de violation directe de CP AρπCP, AρKCP et Cρπ, le param`etre de violation de CP dans l’interf´erence entre le m´elange et la d´esint´egration Sρπ, les asym´etries ∆Cρπ et ∆Sρπ, et les deux rapports d’embranchement B(ρπ) et B(ρK). Une version pr´eliminaire de cette analyse a ´et´e pr´esent´ee en conf´erence d’´et´e [62] et une publication est en pr´eparation. Ce travail a ´et´e ´elabor´e au sein du groupe de travail B → ρπ de la collaboration BABAR, et est document´e par une note interne [63].

Dans la suite, la charge de l’´etat final d´esignera la charge du ρ composant le candidat ρ±h reconstruit, selon la d´efinition de l’approche “quasi deux corps”.