• Aucun résultat trouvé

Les symptômes de sevrage sont la principale cause de rechute après une période d’abstinence tabagique. Ils peuvent être largement atténués grâce à la prise de traitements pharmaceutiques (TNS et varénicline voir parties suivantes) mais leurs risques de survenue doivent être signalés et expliqués au patient afin d’améliorer l’alliance thérapeutique. Il est également nécessaire de détecter ces symptômes voire de permettre une auto-détection de ceux-ci par le patient lors de la délivrance afin de permettre une adaptation des dosages des TNS si le besoin se faisait ressentir.

Tableau 4 : Symptômes de sevrage, leur durée, et la fréquence de leur survenue - Source : Jarvis MJ (2004). Why people smoke. BMJ.

Symptômes Durée Fréquence de survenue (%)

Vertige < 48h 10%

Troubles du sommeil < 1 semaine 25%

Difficulté de concentration < 2 semaines 60%

Besoins impérieux de fumer < 2-3 semaines 70%

Irritabilité/agressivité < 4 semaines 50%

Humeur dépressive < 4 semaines 60%

Agitation < 4 semaines 60%

Appétit accru < 10 semaines 70%

On retrouve parmi ces symptômes, au premier plan, les troubles de l’humeur, qui peuvent être traités en partie par un soutien psychologique à travers des thérapies cognitivo- comportementales (TCC) que peuvent apporter des spécialistes du sujet et/ou, dans les cas les plus pénibles, par l’utilisation concomitante d’antidépresseurs (117). Ces troubles de l’humeur sont liés à l’effet antidépresseur de la cigarette (cf. partie I) dû à la présence d’IMAO (inhibiteur de la monoamine oxydase) dans la fumée du tabac, ce qui favorise la libération de neurotransmetteurs responsables de la sensation de plaisir : dopamine, sérotonine, noradrénaline. Souvent utilisée comme outil de réconfort chez le fumeur, il est normal qu’à l’arrêt de la cigarette une sensation de déprime apparaisse. Il est crucial de dépister ces troubles de l’humeur grâce au suivi du patient durant les premières semaines de sevrage par un questionnement ou par l’utilisation de tests spécifiques (cf. partie III)1)) et d’évaluer leur intensité pour orienter le patient vers son médecin si besoin. Ces sensations pénibles s’atténuent généralement entre 10 et 30 jours après la période d’abstinence pour disparaitre après le deuxième mois de sevrage.

On retrouve dans les symptômes de sevrage, l’agitation, l’irritabilité, l’anxiété et les insomnies liées au manque de nicotine. Il faut environ trois mois aux récepteurs nicotiniques présents dans le cerveau pour retrouver leur seuil de sensibilité normale. Pour lutter contre l’anxiété, l’agitation et l’irritabilité, dans le cadre d’un retour à un mode de vie sain, il est conseillé de pratiquer une activité physique et de trouver des activités occupant l’esprit pour limiter les envies de cigarette. Pour les troubles du sommeil, tabac-info-service propose une série de 11 astuces pour éviter ou limiter ces troubles (118) :

 « Repérer les premiers signes de fatigue et se coucher à ce moment (Ne

pas louper le train du sommeil, représentation imagée du sommeil) : picotement des yeux, envie de bailler, sensation de froid…

 Diminuer la température de la chambre

 Se coucher et se lever à la même heure chaque jour pour générer un rite

de sommeil.

 Diminuer les activités excitantes au moins une heure avant de se coucher  Trouver des activités de relaxation et de détente à faire dans l’heure qui

précède le coucher

 Dormir avec les pieds au chaud, si nécessaire avec des chaussettes  Limiter les bruits environnants (TV, radio etc.)

 Manger léger le soir en évitant l’alcool et les repas trop gras  Eviter les excitants à partir de 16 ou 17h (thé, café…)

 Se ménager du temps en journée pour mettre son cerveau au repos  En cas d’utilisation de TNS, s’assurer que la posologie est bien adaptée,

les troubles du sommeil peuvent apparaître en cas de sous ou de surdosage. »

Le fumeur en période d’abstinence peut également être confronté à des troubles de la concentration, à de la fatigue et de la fébrilité dus à la dépendance physique. Ces symptômes disparaissent en moyenne 4 après le début de l’abstinence totale. L’apport d’un complément en vitamine C peut s’avérer être une solution efficace contre ces symptômes de sevrage mais d’autres solutions existent, comme celles proposées par tabac-info-services (119) (120) :

 « Faire des pauses à intervalle régulier pour relâcher la pression et être

plus efficace

 Penser « c’est moi qui réfléchis et pas le cigarette. »  Se dire « j’en suis capable, je l’ai prouvé. »

 Pratiquer des exercices de relaxation avant de se mettre au travail  Se mettre au travail pour un temps limité et se féliciter après.

 Pratiquer une activité physique

 Limiter sa consommation d’alcool pour diminuer l’intensité des

symptômes

 Réévaluer si besoin la posologie des TNS ».

Un autre symptôme de sevrage, un des plus susceptibles de provoquer des situations à haut risque, est l’augmentation de l’appétit et la prise de poids. Ces symptômes sont liés au pouvoir anorexigène et l’augmentation de la thermogénèse que provoque la nicotine sur l’organisme entrainant une consommation de calories supplémentaires en période de consommation. Cette prise de poids pourrait atténuer le rapport bénéfice/risque notamment concernant le risque cardio-vasculaire, l’obésité étant également un facteur de risque. Comme le stipule la synthèse des recommandations internationales proposées par la HAS (24), les personnes en sevrage tabagique prennent en moyenne entre 4 et 5 kg la première année d’abstinence, ce qui est largement compensé par les gains apportés par l’arrêt du tabac. Les patients en cours de sevrage tabagique doivent se focaliser en priorité sur le maintien de l’abstinence, la prise en charge du problème de prise de poids pourra être fait par la suite car additionner le sevrage à un régime augmente considérablement le risque de rechute, mais il est toujours intéressant de signaler l’importance d’avoir une alimentation équilibrée. Il est également recommandé, pour les personnes à haut risque de prise de poids, de favoriser le recours aux TNS, en particulier les gommes nicotiniques, dont les études ont démontré qu’elles retardent la prise de poids lors du sevrage tabagique (24).

L’augmentation d’une autre addiction, par phénomène de compensation peut également être observée durant la période de sevrage. Il sera donc nécessaire de dépister la présence d’une éventuelle co-addiction (voir les tests adaptés partie précédente) avant le début du sevrage et il est recommandé de rester attentif sur une éventuelle augmentation de la consommation d’alcool, de cannabis ou d’autres substances psychotropes. En cas de majoration des consommations, il sera nécessaire d’explorer la présence d’un état anxieux et/ou dépressif sous- jacent ainsi que de revenir sur une éventuelle co-addiction et d’orienter le patient pour sa prise en charge par un spécialiste selon les modalités spécifiques à chaque affection (121). L’augmentation de la consommation de café est également à surveiller (cf. partie I sur les interactions).

La toux et les crachats sont des symptômes dues à l’amélioration de la fluidification des sécrétions bronchiques liée à la reprise de l’activité des cils vibratiles. Ils sont normaux, même

si les crachats peuvent avoir un aspect pathologique en début de sevrage (crachats sales et de couleurs foncées).

La constipation avec ses désagréments (ballonnements et douleurs abdominales) est également un symptôme fréquemment évoqué lors du sevrage. Il est lié à l’arrêt de la consommation en nicotine qui a des effets stimulants sur le transit. Pour contrer ces symptômes, des règles nutritionnelles simples peuvent être appliquées : boire au moins 1,5L d’eau par jour, augmenter son ratio de fruits et légumes (sauf carottes et bananes), diminuer sa consommation en féculents (riz et pâtes surtout) et pratiquer une activité physique régulièrement.

Dans tous les cas, il est conseillé de surveiller l’apparition d’un symptôme de sevrage en favorisant le soutien psychologique et d’orienter le patient vers un spécialiste des TCC si besoin. Si les symptômes persistent, il est recommandé de réévaluer le dosage des TNS (121).

vi) Exemples de réponses types aux idées reçues les plus