L’IP et la sédentarité sont progressivement devenues une réalité ordinaire de la vie quotidienne
dans le monde entier. A partir des données issues d’un questionnaire administré dans 122 pays,
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représentant 88,9% de la population mondiale, un adulte sur trois et quatre adolescents sur cinq
sont considérés comme physiquement inactifs. Ces proportions varient de façon importante
selon les régions du monde, allant du simple au double, avec 17% dans les pays d’Asie du Sud
Est et 43,3% pour les pays d’Amériques. Les femmes sont globalement plus inactives (33,9%)
que les hommes (27,9%) (Figure 3)
39. Quelle que soit la région du monde, cette inactivité
augmente avec l’âge. Néanmoins, les personnes âgées en Asie du Sud-Est semblent moins
touchées. En effet, elles sont moins nombreuses à être inactives que dans le reste du monde,
voire même moins fréquemment inactives que les jeunes de 15 à 29 ans aux Etats-Unis (Figure
3).
Figure 3 : Prévalence de l'inactivité physique par catégorie d'âge et dans différentes régions du monde
Figure extraite de Hallal et al. (2012) 39
Dans une étude récente ayant collecté des données d’accélérométrie à l’aide de smartphones
chez plus de 700 000 utilisateurs répartis dans 46 pays, le nombre de pas quotidien moyen est
de 4 961
40, ce qui est inférieur au seuil minimum de 7 000 pas par jour correspondant au temps
minimum passé en AP d’intensité modérée ou élevée recommandé
41. D’après l’Eurobaromètre
de 2013, incluant 28 pays européens le pourcentage des adultes inactifs est de 28,6%, selon leur
auto-déclaration (questionnaire)
42. Loyen et al. (2017) ont préféré utiliser des données
d’accélérométrie afin d’évaluer cette prévalence
17. Cette étude a inclus plus de 9 500
participants âgés entre 20 et 75 ans. Presqu’un tiers (31,7%) de cette population est considérée
comme inactive au regard du temps total d’AP. Lorsque cette analyse est effectuée sur la base
de période prenant en compte au moins 10 minutes d’AP consécutives, comme recommandé
par l’OMS, le pourcentage d’adultes inactifs augmente indéniablement à hauteur de 72%. Ainsi
la quantification de l’IP dépend fortement de l’outil et de la méthode de mesure : subjective
(questionnaires) versus objective (accéléromètres).
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La prévalence de la sédentarité au niveau mondial est une donnée encore peu étudiée car ce
facteur n’est reconnu que depuis peu comme un problème de santé majeur. Bauman et al. (2011)
ont collecté, entre 2002 et 2004, des données d’AP et de sédentarité via un questionnaire, sur
plus de 49 000 adultes répartis dans 20 pays
43. La durée moyenne passée assise par jour est de
346 minutes, soit un peu moins de 6 heures. Il n’y a pas de différence selon le sexe. Les jeunes
adultes, âgés de 18 à 39 ans, ont un temps de sédentarité significativement plus élevé que les
adultes âgés de plus de 40 ans. Hallal et al. (2012) ont, quant à eux, combiné les données de
l’OMS et de l’Eurobaromètre afin d’évaluer le temps de sédentarité dans 66 pays
39. Deux
adultes sur cinq (41,5%) passent plus de quatre heures assis par jour. Ces proportions sont
similaires quel que soit le sexe. En revanche, on remarque des disparités à travers le monde.
Une fois encore, l’Asie du Sud Est se démarque avec le taux le plus bas puisque, seulement
23,8% des adultes passent plus de 4 heures assis par jour. A contrario, près de 65% des adultes
Européens sont assis plus de 4 heures par jour. Dans leur étude utilisant des données
d’accélérométrie, Loyen et al. (2017) ont rapporté une prévalence plus élevée de la sédentarité
chez les adultes européens
17. Le temps moyen de sédentarité est d’un peu plus de 8 heures par
jour et 80% des participants ont un temps de sédentarité supérieur à 7,5 heures par jour. Ces
différences de résultats entre les études sont liées aux différents outils utilisés pour mesurer
l’AP et la sédentarité (Annexe 2).
En France, l’étude INCA 3 porte sur l’évaluation des risques liés à l’alimentation et à l’IP. Les
comportements d’AP ont été évalués à l’aide de questionnaires chez 2 685 enfants/adolescents
âgés de 3 à 17 ans et 2 180 adultes de 18 à 79 ans
44. Moins d’un tiers (28%) des enfants âgés
de 3 à 10 sont inactifs mais près d’un adolescent sur deux (49%) sont inactifs. Dans cette
dernière classe d’âge, les filles sont plus inactives que les garçons (56,9% versus 40,7%, p <
0,01). Chez les adultes, 37% sont considérés comme inactifs. La différence selon le sexe est
confirmée puisque les femmes sont plus inactives que les hommes (46,4% versus 27,5%, p <
0,001). Bien que les questionnaires entre l’étude INCA 2 (IPAQ) et INCA 3 (RPAQ) ne soient
pas identiques, il semble que ce taux d’inactivité augmente. L’étude INCA 2, utilisant la version
courte de l’International Physical Activity Questionnaire (IPAQ) révélait que 25% des adultes
étaient considérés comme ayant un niveau modéré d’AP, et 45% comme ayant un niveau élevé
d’AP. Autrement dit 30% des adultes étaient inactifs. La sédentarité a été également évaluée
lors de l’étude INCA 3. Pour l’analyse de la sédentarité chez les enfants et les adolescents, seul
le temps passé devant un écran a été comptabilisé. Chez les adultes, la sédentarité comprend le
temps devant les écrans, le temps assis pour d’autres activités, ainsi que la sédentarité dans les
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transports et pendant le travail. Trois classes de sédentarité ont alors été définies : faible (<3h/j),
modérée (3-7h/jr), et élevée (>7h/j). Les enfants et adolescents passent en moyenne 185 minutes
devant un écran, soit quasiment trois heures. 41% des enfants et adolescents passent plus de
trois heures par jour devant un écran, avec une augmentation significative avec l’âge. Chez les
adultes, la durée moyenne devant un écran est de 292 minutes, soit quasiment cinq heures. Ce
temps augmente significativement par rapport à l’étude INCA 2 au cours de laquelle le temps
moyen relevé est de 210 minutes. Cette augmentation est marquée chez les femmes
(+1h30/jour). 84% des adultes ont un temps de sédentarité total supérieur à trois heures. Notons
que ce temps de sédentarité est supérieur à sept heures pour 40% des adultes. Il n’y a pas de
différence selon le sexe. En revanche, il y a une diminution significative du temps de sédentarité
avec l’âge. Cette diminution est probablement liée à un effet générationnel. Les personnes âgées
de plus de 65 ans, ont moins vécu avec l’ensemble des technologies nous conduisant à être
sédentaire. De plus, le temps sédentarité des adultes est généralement lié à la sédentarité au
travail. Au regard du profil d’activité et de sédentarité des adultes, 61% des hommes et 43%
des femmes sont à la fois actifs (>150min/sem) et sédentaires (>3h/jr). Notons également que
24,3% des hommes et 40% des femmes sont inactifs (<150min/sem) et sédentaires (>3h/jr).
Les études de la prévalence de l’IP spécifiquement chez les patients chroniques sont encore peu
nombreuses. Une étude de Brawner et al. (2016) a utilisé les données des adultes enquêtés au
cours de la « National Health Interview Survey » en 2014 afin d’étudier l’association entre la
présence d’une maladie chronique et l’atteinte ou non des recommandations en AP
45. Quelle
que soit la maladie chronique, le pourcentage d’individus atteignant les recommandations en
AP est plus faible que dans la population saine. Ainsi, la prévalence de l’ IP est plus importante
chez les patients atteints d’une maladie chronique, en particulier la BPCO (Figure 4). Pour
chacune des maladies chroniques, la prévalence de l’IP est plus élevée chez les femmes que
chez les hommes, à l’exception de la BPCO et de l’AVC. De plus, la prévalence de l’IP est
d’autant plus élevée que le patient cumule plusieurs maladies chroniques.
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Figure 4 : Prévalence de l'atteinte des recommandations en activité physique selon la maladie chronique
Figure extraite de Brawner et al. (2016) 45