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Préservation et valorisation de la forêts alluviale rhénane par la gestion de 4 réserves naturelles nationales

Dans le document LES FORÊTS DES ZONES HUMIDES CONTINENTALES (Page 97-100)

(Résumé) Jean-Pierre IRLINGER Conservatoire des Sites Alsaciens

Plus long fleuve d’Europe occidentale, le Rhin s’écoule sur une distance de 1325 km, depuis ses sources en Suisse jusqu’à son embouchure au Pays-Bas. A mi-distance, il borde l’Alsace sur sa frontière orientale, de Bâle à Lauterbourg sur environ 180 km.

Durant des siècles, le Rhin sauvage a construit un paysage exceptionnel, constitué d’un véritable labyrinthe d’îles et de bras, régulièrement remodelés au gré des crues plus ou moins morphogènes.

Sur les rives du fleuve se développe une forêt alluviale caractérisée par une végétation luxuriante où les arbres et les arbustes atteignent des tailles exceptionnelles et où les lianes développent d’impressionnantes draperies, lui conférant une véritable allure de jungle alluviale. Particulièrement hétérogène, la forêt rhénane est constituée par une mosaïque de milieux naturels extrêmement imbriqués et diversifiés : bancs de graviers, vasières, roselières, cariçaies, prairies, boisements, anciens bras du fleuve, mares... Soumise à la dynamique du fleuve, la forêt alluviale présente différents stades de développement successifs, depuis la forêt pionnière à bois tendre (saulaies-peupleraies) jusqu'à la forêt à bois dur (ormaies-chênaies).

Mais si la dynamique bénéfique du fleuve façonne la forêt rhénane, elle perturbe aussi les activités humaines et pour assurer la protection des biens et des personnes, lutter contre les inondations, faciliter la navigation, fixer les frontières... des travaux d’aménagement et de régularisation du fleuve ont été entrepris au cours des XIXème siècle (rectification) et XXème siècle (régularisation et canalisation, aménagement hydroélectrique).

L’aménagement du Rhin conduit à couper la forêt alluviale de sa relation si particulière au fleuve et entraîne alors l'appauvrissement et la banalisation de l'écosystème forestier, privé de toute dynamique fonctionnelle.

Outre l’aménagement du fleuve, l’expansion urbaine et le développement industriel impactent profondément la forêt rhénane, dont il ne subsiste plus à ce jour qu'environ 7500 ha, sur la rive alsacienne du fleuve, comparativement aux plus de 40.000 ha occupés sur les deux rives du fleuve, encore sauvage, au milieu du XVIIIème siècle. Près de 75% de la superficie des zones inondables disparaissent également suite aux aménagements du fleuve.

Conscients du caractère unique et exceptionnel de la forêt rhénane et face aux lourdes menaces qui pèsent sur elle, les associations de protection de la nature et la communauté scientifique se mobilisent dès les années 1960/70. Grâce à cette mobilisation et à l’engagement des pouvoirs publics (Etat, Département et Communes), des mesures de protection sont mises en place pour sauvegarder ce véritable patrimoine naturel, se traduisant notamment par la création de réserves naturelles. Entre 1982 et 2012, 7 réserves naturelles nationales sont créées, préservant plus de 3200 ha de forêt alluviale tout le long du fleuve.

Premier Conservatoire d'Espaces Naturels créé dès 1976, le Conservatoire des Sites Alsaciens est gestionnaire, depuis plus de 20 ans, de 4 de ces réserves naturelles nationales, situées au nord et au sud de Strasbourg, protégeant globalement plus de 1000 ha de forêt rhénane.

Fondation Pierre Vérots

261 chemin de Praillebard - 01390 Saint-Jean-de-Thurigneux 04 74 00 89 33

contact@fondation-pierre-verots.fr

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Réalisées dans le cadre de la mise en œuvre des plans de gestion spécifiques à chacune des réserves naturelles ou bien dans le cadre de projets à plus grande échelle (Polder d'Erstein, Programme LIFE Rhin-Vivant...), plusieurs actions de restauration et d’entretien courant ont permis d'améliorer la biodiversité et la fonctionnalité de ces milieux alluviaux si remarquables.

Quelques exemples (reconnexion d’anciens bras du Rhin au fleuve, amélioration de la diversité floristique de prairies alluviales par la maîtrise foncière et une gestion adaptée, suppression de plantations de peupliers hybrides et restauration de prairies alluviales...) illustrent l'action et le rôle d'un gestionnaire de réserves naturelles en faveur de la préservation et de la valorisation de la forêt alluviale rhénane.

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Discussion

Ph. Normand :

Vous pratiquez beaucoup de fauchage, ce qui est inhabituel pour un espace naturel. Est-ce que des animaux brouteurs naturels ne pourraient pas compenser ? N’y a-t-il pas de faune sauvage ?

J-P. Irlinger :

Nos modalités de fauche sont particulières, à des dates bien spécifiques. On a aussi des activités de pâturage par des chevaux, dans une optique de présence d’animaux plus que « d’outils de pâturage ». Les animaux sont présents de la Toussaint à Pâques, en stabulation où ils trouvent de l’espace. Ce n’est pas dans les réserves naturelles mais dans les réserves naturelles de chasse et faune sauvage qui longent le Rhin et qui bordent les réserves naturelles. L’ONCFS gère des espaces prairiaux, comparables aux prairies des espaces naturels, par des pâturages de moutons. C’est effectivement une possibilité à condition d’être bien encadrée.

Il y a de la faune sauvage classique : chevreuil et sanglier, qui peuvent avoir un impact, qui sont régulés par les activités de chasse soit permises mais encadrées, soit interdites selon les réserves, de manière à éviter les destructions des milieux naturels, qu’ils soient ouverts ou forestiers.

B. Rolland :

Dans les forêts alluviales Rhône-alpines on a des espèces invasives. Vous avez parlé du solidage. Pouvez-vous nous en dire plus ? Avez-vous de la vigne vierge, du robinier, etc. et avez-vous constaté une évolution des forêts par rapport à ces invasives ?

J-P. Irlinger :

Dans les milieux ouverts, soit les milieux prairiaux soit suite à une coupe de peupliers, on a une phase transitoire d’invasion soit par le solidage, soit par la balsamine, qu’on contrôle par fauchage et en favorisant un développement forestier à la place de la peupleraie. Dans certaines réserves et le long des bras on observe une colonisation par l’érable negundo, espèce invasive contre laquelle on n’a pas beaucoup de solutions. Il y a du robinier mais peu, car les sols sont trop humides. Les espèces locales limitent ces intrusions.

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