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Chapitre I . LA PLAINE DE LA CAMARGUE : CONTEXTE GENERAL

4. Présentation de la zone d’étude

La zone d’étude est située en Moyenne Camargue, au centre du delta du Rhône (Fig. I.13). Elle

occupe un Mas privé appelé Cabassole et est délimitée au Nord par le Marais de La Grand Mar et au Sud par l’Etang de Vaccarès. Au centre, elle est traversée d’Est en Ouest par le canal de Montlong, qui est une roubine aménagée dans l’ancien cours du Rhône, le bras de Saint Ferréol.

Le site expérimental présente une surface de 2 km².

Fig. I.13 Localisation de la zone d’étude (Mas de Cabassole)

La Moyenne Camargue est une unité qui présente une altitude moyenne inférieure à celle de la Haute Camargue et des dénivelées moindres. De plus, elle est représentative d’une situation

intermédiaire entre le Haute et la Basse Camargue. La couverture fluviatile, bien que généralisée, y est peu épaisse. Les marais peuvent avoir en quelques points des altitudes inférieures au niveau de la mer (Bouteyre et Toni, 1972). Le bras de Saint Ferréol, le plus ancien du Rhône (Arnaud-Fassetta, 1998 ; D.D.A., 1970 ; L'Homer et al., 1981), longe le Nord et l’Ouest de l’étang de

Vaccarès, et donc la zone d’étude (Fig. I.14).

L’étude de ce bras du Rhône a été réalisée à partir de l’analyse pluridisciplinaire de quatre sites,

dont les stratigraphies présentent l’intérêt d’une alternance bien marquée (en bandes) de

séquences alluviales et de niveaux d’occupation humaine (Fig. I.14) (Arnaud-Fassetta, 1998).

Le tracé du paleo-chenal de saint Ferréol est encore apparent dans le paysage contemporain du delta. La photo-interprétation a permis de restituer les traces laissées par le fleuve, qui décrivent globalement un style intermédiaire entre le méandrage et le tressage (Fig. I.14). Dans la partie externe des méandres apparaissent de nombreuses crevasses qui témoignent de phases de débordement dans la plaine d’inondation distale, occupée actuellement par le marais ( Arnaud-Fassetta, 1998). Les traces du fleuve apparaissent sous forme de bourrelets alluviaux.

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Fig. I.14 Localisation du site Cabassole et morphologie du terrain (d’après Arnaud-Fassetta, 1998)

La zone d’étude recoupe toutes les unités géomorphologiques présentes comme les dépressions au

dessous du niveau de la mer (étang de Vaccarès et marais) et un bombement topographique qui représente l’ancien bras du Rhône (bras de Saint Ferréol). Elle est donc représentative de la géomorphologie typique de structures superficielles de la Moyenne Camargue, et c’est à ce titre qu’elle a été choisie pour cette étude.

La zone d’étude présente des altitudes entre les 3 m et les 0 m par rapport au niveau de la mer, et,

vers le marais, les élévations du terrain peuvent atteindre des valeurs au dessous du niveau de

base. La limite inférieure des dépôts superficiels n’est pas connue exactement. Cependant, dans la zone d’étude le toit du cailloutis se trouve entre 20 et 25 m de profondeur selon Vella et al., (2005) et Griolet, (1976) (Fig. I.15), ce qui permet de situer la limite de l’aquifère superficiel au dessus de cette altitude. Il faut considérer également l’épaisse couche d’argile qui sert de

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Fig. I.15 Cartes des isobathes du toit cailloutis plio-pléistocène en Camargue d’après A) Griolet, 1976 et B) Vella et al., 2005

La Direction Départementale de l’Agriculture (DDA) à réalisé un rapport du fonctionnement

hydrologique et hydrogéologique en Camargue (1970). Dans ce rapport plusieurs carottages profondes ont été réalisés (Fig. I.16). Deux carottages en particulier ont été fait près du Mas de Cabassole. Le carottage S6 est placé sur le bourrelet alluvial de Saint Ferréol à Méjanes, tandis

que le carottage S2 se trouve au Mas de L’Ange, sur le marais La Grand Mar. Conformément à la

description lithologique de ces carottages (Fig. I.16) la profondeur du toit de cailloutis peut être placée à 23 m pour le S2 et 32 m pour le S6, tandis que la profondeur du mur de l’aquifère (le toit

d’argile limoneuse qui recouvre l’aquifère de cailloutis) se trouve à 9 m et 17 m de profondeur,

respectivement.

Grâce à l’existence de chenaux de paléochenaux dans la topographie du cailloutis Pléistocène, les

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du delta du Rhône. Les sédiments de l’aquifère superficiel sont donc disposés en une orientation

Est-Ouest.

Fig. I.16 Carottages profonds (S6 et S2) réalisés près du Mas de Cabassole (Arnaud-Fassetta, 1998)

L’étude pédologique du Rapport Camargue (D.D.A., 1970) montre également la distribution en

bandes des différents types de sol sur l’axe Nord-Sud (Fig. I.17). La distribution des sols de la

zone d’étude est en fonction de la géomorphologie :

- Sols peu évolués : d’apport alluvial (alluvions du Rhône), fréquemment à caractère d’hydromorphie et de salure en profondeur. Le caractère hydromorphe est dû à l’irrigation.

- Sols salins à alcalins : d’origine fluviatile, ils sont situés dans les parties latérales des bourrelets alluviaux. Une végétation halophile les recouvre.

- Sols hydromorphes peu humifères à gley d’origine palustre: localisés dans la zone du

marais contenant d’eau douce à saumâtre plus ou moins longtemps en surface. Ces sols

peuvent devenir des sols sodiques salins en cas d’assèchement. Ils sont salés surtout en

profondeur.

- Sols hydromorphes peu humifères à gley déposés en étang salé : ces sols sont salés, surtout en profondeur.

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Pourtant, et en prenant compte de cette dernière particularité, la mise en place des études et

notamment des pas d’échantillonnage se concentrent spécialement dans une axe Nord-Sud que sur

une axe Est-Ouest.

Fig. I.17 Carte de distribution de sols dans la zone d’étude (D.D.A., 1970)

Conclusion

La plaine de la Camargue est une zone pratiquement horizontale (4 m maximum au dessus du niveau de la mer) construite à base de sédiments d’origine fluviale, lagunaire et marine, principalement. Elle est constituée par des zones « hautes » représentatives des bourrelets alluviaux, construits par le passage des anciens bras du Rhône, et par des dépressions topographiques occupées par les marais et les étangs.

Le climat méditerranéen affecte fortement la plaine de la Camargue. Ce climat est caractérisé par

des précipitations fortes mais limitées dans l’année, ainsi qu’une forte évaporation et

évapotranspiration, particulièrement pendant l’été et encore accrues par les vents marins et le

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La Camargue est un système nettement artificiel. La plaine ne présente aucun canal naturel et le

débit des principales roubines est contrôlé par des syndicats d’aménagement d’eau. L’eau des

canaux est pompée du Rhône actuel et utilisée pour l’irrigation des cultures (riz en particulier).

L’irrigation est faite par inondation principalement.

Le delta du Rhône est représenté par deux aquifères : un aquifère profond correspondant aux cailloutis apporté par la Durance et le Rhône, et un aquifère superficiel composée des sédiments

fins d’origine fluvial et laguno-marin. Ces deux aquifères sont séparés par une couche épaisse

d’argiles, limons et tourbes, qui limitent fortement les possibilités d’échanges entre eux.

Les sols de l’aquifère superficiel présentent, en général, une perméabilité faible, qui varie en

fonction de la géomorphologie de la zone. Ainsi, les bourrelets alluviaux présentent une perméabilité assez bonne tandis que dans les dépressions (marais) la perméabilité est très faible ou

quasi nulle. Cette différence de perméabilité limite l’écoulement souterrain latéral. L’écoulement

vertical, dans ce cas, est plus important.

La nappe superficielle est alimentée par l’irrigation des rizières. En conséquence, elle présente un

comportement artificiel, c'est-à-dire des basses eaux en hiver et des hautes eaux en été sur les rizières et à leur voisinages et, un comportement naturel, avec des hautes eaux en hiver et des basses eux en été sur les parcelles non irriguées.

Par ailleurs, les sols et l’eau souterraine présentent des différences de salinité liées à la

géomorphologie. Ainsi, dans les bourrelets alluviaux les sols sont peu évolués et l’eau souterraine

de type bicarbonaté-calcique, tandis que les sols des dépressions sont salins à alcalins et l’eau

souterraine chlorurée-sodique. La forte salinité de l’eau et les sols en Camargue est causée par la

proximité de l’eau souterraine avec la surface du sol, ce qui permet une intense évaporation et

évapotranspiration, produisant ainsi une intense accumulation de sel dans les zones basses.

En conclusion, toutes les caractéristiques lithologiques et hydrogéologiques présentées

précédemment donnent une complexité particulière à l’étude hydrogéologique de l’aquifère

superficiel du delta du Rhône et à la représentation des flux souterrains actuels. Cette représentation des échanges de flux entre les différents dépôts et les facteurs de la surface qui interagissent dans l’aquifère superficiel de la Camargue est présentée dans la Fig. I.18.

Fig. I.18 Schéma des circulations de l’eau entre les différents éléments de la surface et de la nappe

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