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Présentation des différents types de chaînes sur le livre de Jérémie et de leurs témoins

CHAPITRE 1 : PRÉSENTATION DES CHAÎNES EXÉGÉTIQUES GRECQUES,

III. Présentation des différents types de chaînes sur le livre de Jérémie et de leurs témoins

A. État de la recherche

E. Klostermann le premier, en 1897, dans son étude de la tradition textuelle des Homélies sur Jérémie d'Origène, en vient à évoquer, pour la tradition indirecte, les fragments d'Origène conservés dans les chaînes79. Les informations qu'il donne sont tirées, d'une part, de la préface de l'édition en 1623 par M. Ghisleri d'un vaste commentaire sur Jérémie, incluant des chaînes grecques et latines80, et d'autre part, de différents catalogues de bibliothèques de manuscrits grecs. Cela lui permet d'esquisser deux groupes : un premier groupe constitué par le Vaticanus gr. 1153-1154 (qu'il considère à tort comme le plus ancien), l'Ottobonianus gr. 452, le Parisinus gr. 158 et le Parisinus gr. 159 et un deuxième groupe constitué par les Laurentiani XI 4 et V 9. Il signale que la chaîne sur Jérémie du premier groupe appartient à une chaîne sur les quatre prophètes, comme le suggèrent des prologues très similaires avant chacun des livres, et il considère que la chaîne du deuxième groupe est une version abrégée et secondaire de la chaîne du premier groupe. Les renseignements que nous donne E. Klostermann sont incomplets et diffus, car il ne s'intéresse qu'aux chaînes sur Jérémie utilisant Origène et oublie un certain nombre de témoins manuscrits. C'est toutefois un premier aperçu sur les chaînes au livre de Jérémie, très rapidement complété par les études plus systématiques de M. Faulhaber, d'une part, et de G. Karo et H. Lietzmann81, d'autre part82.

79

E. Klostermann, Die Überlieferung der Jeremiashomilien des Origenes, Berlin 1897, pp. 31-41.

80

M. Ghisleri, In Ieremiam Prophetam Commentarii, 3 t., Lyon 1623.

81

La même année 1897, H. Lietzmann, dans son approche globale des chaînes : Catenen (pp. 5-6 et 23-24), avait fait une brève allusion aux découvertes d’E. Klostermann sans donner plus de précisions.

82

E. Klostermann a d'ailleurs rectifié et complété plus tard ces paragraphes, grâce aux travaux de M. Faulhaber, dans l'introduction de son édition des Homélies sur Jérémie d'Origène dans la collection des GCS parue en 1901 (Cf. Origenes, Jeremiahomilien, Klageliederkommentar, Erklärung der Samuel und Königsbücher, éd. E. Klostermann, revue par P. Nautin, Berlin 1983, pp. XXIII-XXIV).

M. Faulhaber, en 1899, a en effet très clairement mis en valeur, dans les manuscrits de la Bibliothèque Vaticane, deux types indépendants de chaînes sur Jérémie83 :

− le type A, dont les témoins sont les Vaticani gr. 675 et 1204 ;

− le type B, dont les témoins sont les Chisianus gr. 45, Ottobonianus gr. 452, Vaticanus gr. 1153-1154 et Pii II 18. Le type B correspond au premier groupe évoqué par E. Klostermann, avec l'ajout essentiel du Chisianus (le plus ancien témoin) et celui du Pii II 18, mais sans les Parisini, puisque M. Faulhaber s'en tient au domaine romain.

Il dissocie ces deux types d'après les critères suivants :

− les deux types n'ont aucune scholie patristique en commun ;

− le nombre des auteurs utilisés est de deux pour le type A (Jean Chrysostome et Théodoret de Cyr) et de seize pour le type B ;

− le corpus est différent, puisque le type A est une chaîne partielle sur Jr 1-4 et le type B une chaîne complète sur Jérémie et suppléments84.

Cependant, il a jugé bon d'ajouter provisoirement un type C, extérieur aux manuscrits romains et représenté uniquement par le Monacensis gr. 117. Ce troisième type, qui lui a été suggéré par la préface de J.-L. Schultze au volume 81 de la PG85, serait une chaîne constituée d'extraits de trois auteurs : les mêmes que le type A, complétés par Origène. C'est manifestement la notation abrégée "Wr" présente dans la marge du manuscrit au f. 177v qui a conduit à une mauvaise interprétation et qui a fait croire à la présence d'Origène. Or, ce n'est pas l'abréviation de son nom, mais l'abréviation de l'expression wJrai'on qui marque l'admiration du copiste et est destinée à attirer l'attention du lecteur. Le Monacensis gr. 117 est en réalité tout à fait conforme au type A. Cette erreur est liée au fait que M. Faulhaber a limité sa recherche aux manuscrits romains et n'a pas regardé de près les autres témoins. Son catalogue des manuscrits de chaînes sur Jérémie est, de ce fait, en partie incomplet pour les

83

M. Faulhaber, Die Propheten-Catenen nach römischen Handschriften, Biblische Studien IV, 2-3, Fribourg 1899, pp. 86-98.

84

Baruch, Lamentations, Lettre de Jérémie.

85

Cf. PG 81, p. 11 ; la PG 81 est l'édition des commentaires de Théodoret de Cyr sur le Cantique des Cantiques, Isaïe, Jérémie, Ézéchiel, Daniel et les douze prophètes d’après l’édition de J. Sirmond (B. Theodoreti Ep. Cyri, Opera omnia in V tomos distributa studio Jacobi Sirmondi et Joannis Garnerii, Paris 1642-1684).

manuscrits non romains des types A et BI (groupe 1 d’E. Klostermann) et pour le type BII (groupe 2 d’E. Klostermann) qui n'a aucun témoin romain. Toutefois, il est le premier à définir le type A, E. Klostermann ne s'étant pas intéressé à cette chaîne, puisqu'elle n'utilisait pas Origène, et il complète la liste des témoins romains du type BI. En 1903, dans son catalogue des manuscrits de chaînes des bibliothèques d'Espagne86, il signale deux nouveaux témoins de la chaîne de type B : les Matritenses gr. 4671 et 4717, qui en donnent une version abrégée et lacunaire. M. Faulhaber suggère la possibilité d'une identification entre ce type et celui des manuscrits de Florence mis en valeur par E. Klostermann, mais il ne l'affirme pas, étant donné qu'il n'a pas consulté ces derniers.

G. Karo et H. Lietzmann, en 1902, dans leur catalogue des chaînes grecques87, distinguent un type I, correspondant au type B de M. Faulhaber, et un type II, sans correspondance chez M. Faulhaber. Pour leur type I, ils redonnent les témoins déjà signalés par E. Klostermann et M. Faulhaber et y ajoutent le Scorialensis Y-II-12. La mention du Scorialensis est malheureusement une erreur, parce qu'il s'agit exclusivement d'une chaîne sur Isaïe88. Le type II de G. Karo et H. Lietzmann est constitué par les Laurentiani V 9 et XI 4 et correspond donc au deuxième groupe évoqué par E. Klostermann. Ils renvoient, pour ce type II, à l'analyse d’E. Klostermann qui le tient pour une version abrégée et secondaire du type I (ou type BI). Enfin, G. Karo et H. Lietzmann relèguent, dans une sorte d'annexe sans nom et sans véritable principe d'organisation, d'abord les Vaticani gr. 675 et 1204, pour lesquels ils renvoient à M. Faulhaber (type A), puis le fameux Monacensis gr. 117, selon eux différent des deux précédents, parce qu'ils y décèlent eux aussi, à tort, une présence d'Origène, et enfin le Vaticanus gr. 347 qui ne comporte que des extraits et qu'ils ne raccrochent à aucun de leurs types. Le catalogue de G. Karo et H. Lietzmann conjugue ainsi, malgré une présentation peu claire, les travaux de E. Klostermann et de M. Faulhaber pour distinguer un type A et un type B et préciser que le type B doit être divisé en deux sous types : I et II.

86

M. Faulhaber, « Die Katenenhandschriften der spanischen Bibliotheken », Biblische Zeitschrift I (1903), pp. 361-363.

87

G. Karo & H. Lietzmann, Catenarum Graecarum Catalogus, Göttingen 1902, pp. 343-346.

88

Cf. G. De Andrés, Catálogo de los Códices Griegos de la Real Biblioteca de El Escorial, t. II, Madrid 1965, n°267 p. 134.

R. Devreesse, en 1928, dans son article sur les chaînes exégétiques grecques89, récapitule les travaux de ses prédécesseurs en insistant sur l'existence des deux types, A et B. Il appelle, comme E. Klostermann, le type BI "chaîne de Jean", parce qu'il appartient à une chaîne sur les quatre grands prophètes dont l'auteur pourrait être un certain Jean Drungarios nommé dans le titre du prologue à Isaïe du Parisinus gr. 159. D'autre part, il appelle le type BII "chaîne de Nicétas", parce qu'un prologue en vers avant le livre d'Isaïe donne ce nom dans le Laurentianus V 9.

En 1980, le volume IV de la CPG ne retient de toutes ces études que quelques informations90 : la distinction entre une Catena in Ieremiam 1-4 (C 65), c'est-à-dire le type A, et la Catena Iohannis Drungarii, c'est-à-dire le type BI. Cette dernière est d'ailleurs étrangement répartie sur trois rubriques : C 65 pour le livre même de Jérémie, C 66 pour le livre de Baruch et C 67 pour les Lamentations. La Lettre de Jérémie en revanche n'a droit à aucune rubrique, alors qu'elle fait bien partie du corpus de la chaîne de Jean Drungarios. Le type BII n'est pas même évoqué.

Au terme de ce parcours dans les études sur les chaînes de Jérémie, il apparaît que beaucoup d'informations sont réparties dans les différents ouvrages cités, mais qu'il n'existe aucune synthèse complète récente. C'est l'objectif que je me fixe ici pour introduire au mieux mon édition partielle des chaînes sur Jérémie.

89

R. Devreesse, « Chaînes exégétiques grecques », in SDB, t. I, Paris 1928, col. 1151-1154.

90

B. Présentation des chaînes sur Jérémie

Il existe deux types indépendants de chaînes sur le livre de Jérémie : la chaîne à auteurs multiples et la chaîne à deux auteurs. La chaîne à deux auteurs correspond au « type A » de M. Faulhaber et la chaîne à auteurs multiples au « type B »91. Ces appellations ne sont pas très satisfaisantes, parce qu'il apparaît que le type B est plus ancien et plus complet que le type A. Il y a d'autre part, une influence, même limitée, de la chaîne de type B sur certains témoins manuscrits de la chaîne de type A92.

Dans la chaîne à auteurs multiples ou type B, de nombreux auteurs patristiques sont cités : Hippolyte de Rome, Origène, Grégoire le Thaumaturge, Eusèbe de Césarée, Basile de Césarée, Apolinaire de Laodicée, Didyme, Jean Chrysostome, Théophile d'Alexandrie, Isidore de Péluse, Cyrille d'Alexandrie, Théodoret de Cyr, Victor d'Antioche, Sévère d'Antioche, Olympiodore d'Alexandrie, Polychronius et un anonyme93. Ce type est représenté dans les manuscrits suivants : Chisianus gr. 45, Ottobonianus gr. 452, Vaticanus gr. 1153-1154, Parisinus gr. 158, Parisinus gr. 159, Pii II 18, Vaticanus gr. 347, Laurentianus XI 4, Laurentianus V 9, Matritensis 4671, Matritensis 4717. Il se présente le plus souvent comme une chaîne encadrante, ce qui signifie que le texte biblique et les extraits patristiques figurent dans des blocs indépendants et que les extraits patristiques sont disposés en couronne autour du texte biblique copié sur une ou deux colonnes94. Mais il apparaît sous la forme d'une chaîne continue dans les manuscrits plus tardifs : le Pii II 18 – XVIe s. – et les deux de Madrid – XVIe s. 95.

Dans la chaîne à deux auteurs ou type A, les extraits patristiques sont exclusivement tirés d'un commentaire de Théodoret de Cyr et d'un commentaire de Jean Chrysostome96.

91

Cf. Die Propheten-Catenen nach römischen Handschriften, pp. 86-89.

92

Cf. infra, pp. 83-84.

93

Cf. « Les auteurs représentés dans les chaînes sur Jérémie » infra, pp. 88-138.

94

Un « commentaire à agencement autonome avec glose encadrante », selon la terminologie mise en place par J.-H. Sautel, « Essai de terminologie de la mise en page des manuscrits à commentaire », La Gazette du livre médiéval, 35 (1999), pp. 17-31.

95

J’étudierai ce passage d'une chaîne encadrante à une chaîne continue infra, pp. 178-179.

96

Les noms des auteurs sont le plus souvent abrégés dans la marge. La chaîne à deux auteurs est présente dans les cinq manuscrits suivants : Vaticanus gr. 675, Vaticanus gr. 1204, Bononiensis gr. 2373, Vindobonensis theol. gr. 36, Monacensis gr. 117. On remarquera, d'une part, que deux d'entre eux, les Bononiensis gr. 2373 et Vindobonensis theol. gr. 36, n'ont été signalés ni par M. Faulhaber, ni par G. Karo et H. Lietzmann, ni par R. Devreesse, et d'autre part que le Monacensis leur a paru relever, à tort, d'un autre type. Dans tous les manuscrits, la chaîne à deux auteurs se présente comme une chaîne continue, c'est-à-dire que le texte biblique et les commentaires patristiques ne figurent pas dans des blocs séparés, mais que le texte biblique est incorporé au sein du commentaire copié en pleine page97.

1) Présentation des témoins de la chaîne à auteurs multiples ou type B

Le type B est une chaîne sur l’ensemble du livre de Jérémie et ses suppléments, qui s'insère dans une œuvre sur les quatre grands prophètes, constituée à partir d’extraits de nombreux auteurs patristiques.

La majorité des chercheurs, à la suite de M. Faulhaber, considère qu’elle a été écrite dans la seconde moitié du VIIe s. par un certain Jean Drungarios, dont le nom est donné uniquement dans le Parisinus gr. 159 comme celui de l'auteur du prologue général à la chaîne sur Isaïe98. Par ailleurs, on ne sait rien de ce caténiste, pour autant qu'il ait existé, et la datation de sa période d’activité ne repose sur aucun argument sérieux, comme le souligne G. Dorival99. L. Vianès préfère ainsi parler de chaîne monophysite, plutôt que de chaîne de Jean, en particulier parce que Sévère d'Antioche, principal défenseur du monophysisme, est nommé "le très saint Sévère" et que ses œuvres semblent avoir été méthodiquement excerptées pour nourrir la chaîne. Elle propose par conséquent de faire

97

Un « commentaire à agencement subordonné avec glose continue », J.-H. Sautel, art. cit., pp. 17-31.

98

Cf. supra, p. 34 ; M. Faulhaber, Die Propheten-Catenen nach römischen Handschriften, pp. 55-58 et pp. 190-202 ; R. Devreesse, art. cit., col. 1147 ; G. Dorival, « Des commentaires de l’Écriture aux chaînes », in C. Mondésert (dir.) Le monde grec ancien et la Bible, Bible de tous les temps, t. I, Paris 1984, p. 368.

99

remonter la datation entre 538 (mort de Sévère) et 639 (défaite du monophysisme)100. J'approfondirai plus loin le problème de la datation de cette chaîne101.

Dès les travaux d’E. Klostermann, deux familles ont été distinguées. Une première famille (B1) est donnée par les manuscrits suivants :

− Chisianus gr. 45 − Ottobonianus gr. 452 − Vaticanus gr. 1153-1154 − Parisinus gr. 158 − Parisinus gr. 159 − Pii II 18

Elle présente une chaîne bien fournie et toujours précédée d’une préface constituée d'un prologue du caténiste, de Jean Chrysostome, d’Eusèbe de Césarée et d’un prologue anonyme, dans cet ordre102.

La deuxième famille (B2) inclut les manuscrits suivants :

− Laurentianus V 9

− Laurentianus XI 4

− Matritensis 4717

− Matritensis 4671

− Vaticanus gr. 347

Elle donne des extraits patristiques beaucoup moins abondants, une sélection des extraits de la famille B1 selon E. Klostermann, et présente une préface assez différente : le prologue du Commentaire de Jean Chrysostome est suivi du prologue anonyme, mais dans

100

La chaîne monophysite sur Ézéchiel 36-48. Présentation, texte critique, traduction française, commentaire, thèse pour le doctorat à l’EPHE Ve section sous la direction de M. A. Le Boulluec, soutenue en 1997, pp. 21-36.

101

Cf. « Pour une datation des différents types de chaînes sur Jérémie » infra, pp. 139-146.

102

Les prologues précèdent toujours la chaîne sur Jérémie elle-même, sauf dans le Pii II 18 où ils sont placés entre Baruch et Lamentations (cf. explication infra, note 160 p. 52).

une version très allongée. En fait, le prologue anonyme est suivi d’un court passage inconnu à thématique antijuive et du texte de la deuxième recension d’Épiphane sur le prophète Jérémie, §14 du De prophetarum vita et obitu. L’attribution à Épiphane n’est pas précisée dans la chaîne. Ce texte d’Épiphane, toujours sans attribution, est aussi présent dans la famille B1, mais il intervient en conclusion de la chaîne et non dans les prologues. En revanche, le court passage inconnu est complètement absent de la famille B1.

Il faut signaler d'emblée que certains des manuscrits, indépendamment de la famille à laquelle ils appartiennent, comportent des miniatures des Prophètes représentés en pied en pleine page (Chisianus gr. 45, Vaticanus gr. 1153-1154 et Laurentianus V 9). Il s’agit donc d’exemplaires de luxe103.

a) Famille B1

Les manuscrits de la famille B1 présentent tous une chaîne encadrante, où les extraits patristiques sont disposés en couronne autour du texte biblique. Seul le Pii II 18, plus tardif, échappe à cette disposition, mais c'est en fait parce qu'il ne donne pas le texte biblique : les extraits patristiques y sont donc exceptionnellement présentés en pleine page. Tous contiennent les différents prologues à la chaîne (déplacés entre Baruch et Lamentations dans le Pii II 18) et le texte d’Épiphane sur le prophète Jérémie en conclusion de la chaîne (sauf l’Ottobonianus gr. 452).

Après la cote des manuscrits, je donnerai le sigle que je leur attribue dans mon édition, c’est-à-dire une lettre de l’alphabet en majuscule, et, le cas échéant, celui qu’ils portent dans le catalogue d’A. Rahlfs, c’est-à-dire un nombre.

J’ai collationné tous les manuscrits de la famille B1 à partir des microfilms de la section grecque, sauf ceux de la Bibliothèque Nationale que j’ai consultés sur place. J’ai pu, en outre, vérifier mes collations et étudier les aspects codicologiques de la plupart des manuscrits grâce à des missions à Florence en novembre 2005 et à Rome en juin 2006.

103

J’ai consulté directement les deux manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, ceux de la Bibliothèque Laurentienne, ainsi que ceux de la Bibliothèque Vaticane. Quant à ceux de Madrid, je n’ai pu les consulter qu’à partir des microfilms et CDroms de la section grecque de l’IRHT.

Chisianus gr. 45104 (= Chisianus R. VIII 54 ) (siglum C = Rahlfs 87) Xe s. med.105, parchemin, 405×315 mm., 493 ff.106, 61 ll.107, type de réglure 00C2108. Possédé par la famille Sforza et par l'évêque de Vérone G. M. Giberti d'après une inscription en majuscule au f. 1 ( jIwavnnou Matqaivou Gibevrtou ejpiskovpou jOuhrwvnh")109

.

Reliure épaisse en cuir marron très abîmée. Les plats supérieur et inférieur sont décorés d'un cadre doré. On aperçoit au bord des deux plats deux traces d'attaches. Un titre apparaît en majuscules dorées sur le dos lisse : THEOD. BASIL. EUSEB ET ALIORUM CATHENA IN PROPHET.

La chaîne sur Jérémie fait partie d’un ensemble sur les quatre grands prophètes, précédé d'une chaîne sur les douze petits prophètes.

Pour chacun des seize livres (sauf pour Osée, Abdiou, Naoum, Malachie et Daniel), une miniature du prophète concerné apparaît sur le verso d'un folio numéroté dont on a laissé le recto blanc. Lorsque l'on observe les signatures de cahiers, portées en écriture

104

P. Franchi de’ Cavalieri, Bibliothecae Apostolicae Vaticanae codices graeci Chisiani et Borgiani, Rome 1927, pp. 91-93 ; M. Faulhaber, pp. 5-7 ; G. Karo & H. Lietzmann, p. 332 ; A. Rahlfs, Verzeichnis der griechischen Handschriften des Alten Testaments für das Septuagint-Unternehmen, Berlin 1914, pp. 280- 281 ; L. Vianès, pp. 101-104. J'ai pu largement corriger et compléter les informations données par les catalogues en consultant le manuscrit à la Bibliothèque Vaticane.

105

La datation est donnée d’après le style d’écriture de la minuscule bouletée, écriture en vogue pendant une période brève (913-983), dont l’apogée se situe en fait vers le milieu du Xe s. pendant le règne de Constantin

VII Porphyrogénète. Cette écriture est souvent employée dans des manuscrits de luxe copiés et illustrés à Constantinople. L’écriture du Chisianus est un exemple de la « bouletée caractéristique » utilisée au milieu du Xe s. (Cf. M. L. Agati, La minuscola « bouletée », Vatican 1992, pp. 157-158 et J. Irigoin, « La minuscule bouletée », in La paléographie grecque et byzantine (colloques internationaux du CNRS, Paris 21-25 octobre 1974), Paris 1977, pp. 191-199).

106

Une double foliotation apparaît : l'une utilise les lettres grecques et est copiée à l'encre marron, tandis que l'autre utilise des chiffres arabes et est copiée dans une encre plus foncée. La foliotation prend en compte les folios sur lesquels se trouvent les miniatures. Il n'y a pas de f. 127, mais il y a un folio non numéroté entre les ff. 161 et 162 (M. Faulhaber évoque seulement le folio non numéroté et compte par conséquent 494 folios, cf. op. cit., p. 5 ; L. Vianès indique seulement 490 ff., cf. p. 101).

107

Cette donnée concerne uniquement les extraits patristiques, car le nombre de lignes du texte biblique est très variable d'une page à l'autre.

108

J.-H Sautel, Répertoire de réglures dans les manuscrits grecs sur parchemin.Base de données établie à l’aide du fichier LEROY et des catalogues récents, Turnhout 1995, p. 39.

109

Cf. G. Mercati, « Il testo dell'Aldina », Biblische Zeitschrift VIII, 1910, pp. 337-338 = Opere minori III, Studi e Testi 78, Rome 1937, pp. 122-123.

minuscule à l'encre noire dans le coin droit de la première page110, on s'aperçoit que les miniatures ne sont pas prises en compte mais qu’elles ont été insérées a posteriori sur des onglets. Elles l'ont été de deux manières différentes : soit entre les prologues et la chaîne, le verso où elles se trouvent faisant face au début de la chaîne111 ; soit avant les prologues, le verso où elles se trouvent faisant face au début des prologues112 ou à la page qui contient la conclusion du prophète précédent et le début des prologues113.

ff. 1-84v chaîne sur les Douze114 (ordre hébreu115) ff. 85-243v chaîne sur Isaïe (f. 91v : miniature d'Isaïe)

ff. 244-349 chaîne sur Jérémie et suppléments (f. 246v : miniature de Jérémie) ff. 349v-441 chaîne sur Ézéchiel (f. 352v : miniature d' Ézéchiel)