• Aucun résultat trouvé

Présentation du terrain de recherche / Entretiens avec le personnel carcéral

B) Les incohérences familiales

1) Présentation du terrain de recherche / Entretiens avec le personnel carcéral

Nous avons envisagé de présenter ce terrain professionnel par

l'intermédiaire d'une parole réelle, à savoir à partir du discours prononcé par ceux

qui travaillent au quotidien dans l'univers morbide de la faute. De ce fait, nous

avons décidé d'interroger les salariés qui exercent depuis de nombreuses années

au centre pénitentiaire de Meaux. Qui sont-ils ? Que nous disent-ils de leurs

réalités professionnelles ? De leurs affects ? De leurs rencontres avec les détenus ?

Nous avons proposé des entretiens à sept membres du personnel. Chacun d'entre

eux représentant une fonction et un rôle différents : infirmiers, médecins,

psychiatres, psychologues, surveillants et intervenants extérieurs.

David D., Surveillant détaché syndical

– Bonjour

– Bonjour, merci de me recevoir.

– Je vous en prie c'est avec plaisir de vous aider dans votre

travail de recherche et puis vos arguments m'ont

convaincus. Vous pouvez commencer l'entretien sans

problème, je répondrai à toutes vos interrogations.

– Alors, la première question qui me vient à l'esprit, c'est de

vous demander si le métier de surveillant en centre

pénitentiaire est une vocation ?

(Rire) Olala, non ! Croyez-moi, pour tous, ce n'est pas

quelque chose qui a été prévu … Vous savez, nous sommes

81

policier mais vraiment pas surveillant de prison. Je ne crois

pas qu'il y ait une vocation pour ce métier. On vient ici de

manière hasardeuse, enfin je veux dire, non pas pour une

raison de passion du métier ou je ne sais quoi d'autre. Je

pense que nous exerçons ce métier, pour la majorité d'entre

nous, afin d’entrer dans la fonction publique. Avant, j'étais

cadre logistique mais mon contrat me donnait beaucoup

d'inquiétudes concernant l'avenir avec cette entreprise.

Donc j'ai passé des concours et me voilà.

À

quel âge, avez-vous redémarré votre carrière ?

– Il y a dix ans, j'avais trente-cinq ans. Vous savez, la plupart

des surveillants viennent ici parce qu'ils ne trouvent pas

d'autres emplois permettant une sécurité financière.

Nombreux avaient un autre job avant de commencer à

travailler en détention.

– Comment s’effectue ce nouvel apprentissage ? Sur combien

de temps s’organise la formation ?

– Elle dure quatre mois. Vous allez apprendre beaucoup de

choses autour des gestes professionnels qu'il faut adopter. A

savoir comment gérer les situations d'urgence telles que les

bagarres, les agressions, les tentatives de suicide, etc.

Ensuite, on vous immerge à la découverte de la prison.

C’'est une immersion assez rapide et assez bouleversante, je

trouve... mais structurée par l'enseignement.

– Que remarquez-vous après cette formation ? Je veux dire,

entre ce que vous avez appris théoriquement et ce que vous

avez constaté en pratiquant ?

– Que l'on est obligé de s'adapter face à des écarts qui sont là,

qui sont bien présents. Je veux dire par exemple : que les

détenus consomment des toxiques, il y a des lames de

rasoir, des portables, tout plein de choses qui circulent.

82

Vous savez en France c'est différent par rapport à

l'Amérique, l'Australie ou ailleurs. Ici, il y a la liberté des

détenus. Pour vous dire, c'est quelque chose de très visible,

c'est uniquement en France, en tout cas c'est très fort dans

notre pays : on ne considère plus l'uniforme.

– Observez-vous que pour certains, il est difficile d'être

confronté à un représentant de la loi, de la limite si je puis

dire ?

– Oui, oui, c'est exactement ça. Cela peut provoquer du rejet

ou même du déni envers ceux qui portent l'uniforme...

– Alors comment faites-vous face à ce discrédit ? Face à cette

violence que provoque l'uniforme ?

– C'est très compliqué à gérer. Je vais vous donner un

exemple qui est arrivé et qui répondra, je pense, à votre

question. Il y avait un détenu pédophile qui avait abusé

sexuellement de son fils. Il est arrivé très arrogant et

déconcerté par le fait d'être incarcéré. Face aux surveillants

et pour les provoquer, il n'a pas hésité à dire : « Que mon

fils était bon à baiser ». Et là, face à cela, vous ne devez pas

répondre. C'est très dure, très éprouvant, voyez-vous ?

– Comment faites-vous pour garder la neutralité

professionnelle requise ?

– Si vous êtes assez mature, stable dans votre tête, vous

pouvez passer outre et rester neutre en argumentant

intérieurement quelque chose de ce genre : « Gros

déglingué celui-là ». Mais pour les novices où je dirai même

pour tous, dans nos premières expériences comme telles,

cela n'est pas facile du tout… et même parfois en fin de

carrière puisqu'il y a un épuisement. C'est très difficile. J'ai

un autre exemple qui me vient en tête afin de vous montrer

combien ce métier est éprouvant : Durant un parloir, au

83

moment où l'enfant devait dire au revoir à son père puisque

le temps de rencontre était terminé, il est venu pleurer sur

mon épaule… Il me demandait plus de temps avec son

papa… c'était terrible pour moi. Ce type de situation ne peut

pas vous laisser insensible...

– Comment vous ainsi que vos collègues pour gérer tous ces

éprouvés du quotidien carcéral ?

– Vous savez, il y a beaucoup de séparation, de divorce dans

les couples dès lors où l'un des deux partenaires travaille en

prison. L'épuisement psychique est là, les plannings sont

très difficiles. Par exemple, vous travaillez souvent durant

des dates telles que Noël, pour les anniversaires, les grands

événements, etc. On a une nuit obligatoire par semaine

aussi. Vous ne décidez pas de vos horaires non plus. Bref,

les couples en prennent un coup. Il y en a beaucoup qui

craquent et qui tentent de trouver du refuge dans l'alcool, les

drogues … hum, c'est triste, mais c'est la vérité. Il y aussi un

second cas de figure. Certains sont complètement pris par la

prison : ils vivent avec la prison, ils mangent avec la prison,

ils baisent avec la prison...

– Les plus jeunes, les plus vieux ?

– Oh, je ne pourrai pas vraiment dire mais nombreux. Pour les

plus jeunes, j'ai remarqué qu'ils se défendent plus avec le

paraître. Voyez, ils ont un bon salaire, la sécurité de

l'emploi donc ils peuvent faire des crédits, acheter des

voitures, tout plein de choses.

– Et vous ?

– Vous savez ... travailler avec l'humain, les émotions, les

liens … c'est très dur. J'ai remarqué qu'il était préférable de

ne pas créer de lien finalement, de ne pas dire aux autres qui

vous êtes... de façon à éviter la proximité. Que les gens

84

puissent connaître autre chose que vous même. Ceci

permettant un écart finalement ... pas de vrai lien,

voyez-vous ?

– Oui tout à fait. Du coup, cela m'emmène à vous demander si

vous consultez des superviseurs, des psychologues afin

d'avoir la possibilité de libérer une parole qui est finalement

contenue lors de ces rencontres avec l'écart dont vous

parliez ?

– Pour certains, en effet. Ils vont voir la psychologue du

centre pénitentiaire. J'en vois, ils sortent de son bureau et

hop, ils vont beaucoup mieux d'un coup. Ça leur a fait du

bien de parler. Pour moi, ma thérapie c'est le sport (rire).

– Je vous remercie pour le temps que vous m'avez accordé

ainsi que pour l'honnêteté de vos réponses.

Laurent D., Intervenant Sportif / Moniteur-Surveillant.

– Bonjour, merci d'être venu.

– C'est avec plaisir.

– Alors comme je vous le disais, j'aimerai que vous me

racontiez votre expérience, votre vécu au sein de votre

profession.

– Ça fait six ans que je suis sur le terrain et trois ans avec le

diplôme de sport.

– Que faisiez-vous avant ?

– Durant quinze ans, j'étais en pâtisserie. C'était des CDD

alors bon … au bout d'un moment, on veut quelque chose

de plus certain. Vous savez, la sûreté du poste.

– Auriez-vous pensé auparavant que vous travailleriez en

85

– Alors ça jamais ! Pour vous dire, j'ai même eu le choc

carcéral.

– Le choc carcéral ? Pouvez-vous m'en dire plus ?

– C'est quelque chose qui vous submerge, c'est intense, c'est

déboussolant … et il faut un temps pour comprendre et

accepter une situation où l'imprévisible vous absorbe. Vous

savez, vous êtes en formation durant 4 mois avant d'être

salarié. Pendant celle-ci, vous allez dans une prison et vous

accompagnez les surveillants qui sont en poste officiel.

C'était donc ma première rencontre avec le terrain. Durant

une promenade, il y a eu deux détenus qui ont commencé à

se bagarrer et très vite, j'ai vu dix, vingt, trente personnes se

mêler à l'interaction. Les autres détenus sont arrivés si vite.

Je n’ai pas honte de le dire mais j'ai eu terriblement peur.

Vous savez l'effet de groupe est intense : les cris, les

mouvements. En plus, vous ne repérez plus où sont les

détenus, où sont les surveillants, ni même qui frappent, qui

cachent, qui donnent quoi … tout se confond. C'est terrible

car vous vous sentez fatalement perdu. Finalement, face à la

violence, l'angoisse, l'inconnu, l'imprévisible… il y a juste

une chose qui tient : l'engagement est premier et la peur ne

doit pas l'emporter.

– … Comment se passe la vie en milieu carcéral ? Je veux

dire, vous intervenez avec une activité qui est le sport.

J'imagine que là, il y a quelque chose d'autre qui se produit

au delà de cette violence.

– Vous représentez, j'imagine, une sorte d'évasion pour eux,

car ils vont pouvoir extérioriser par le sport. Ils vont

pouvoir s'évader durant un court instant. C'est comme un

moyen de libération.

86

– Deux heures par semaine.

– Uniquement ?

– Oui, mais c'est la base. Ils peuvent avoir aussi deux heures

en plus de musculation et deux heures en plus de terrain

sport. Enfin, c'est lorsque le lieutenant du bâtiment donne

des bonnes appréciations, c'est à dire, si le détenu a eut une

bonne conduite et bien il peut bénéficier d'heures en plus.

– Vous êtes combien de moniteurs et combien d'élèves ?

– Trois moniteurs au gymnase pour trente personnes

maximum et quarante personnes maximum au terrain.

– Comment qualifieriez-vous le lien entre moniteurs et

détenus ?

– Pas de respect. Que cela soit les détenus envers les

moniteurs et inversement. J’ai déposé déjà trois plaintes en

justice. Pour des menaces envers ma famille. Voyez-vous,

je peux accepter toutes sortes de provocations,

d'agressivités. Mais dès lors où il y a des menaces du type :

« Tu vas voir quand je sors d'ici, je te retrouve. Dis-toi que

je sais que tu as une fille et que je lui ferai la peau ». Là, je

ne peux pas laisser faire.

– Comment faites-vous pour gérer ce quotidien ?

– Ce n’est pas facile du tout. Vous savez votre comportement

change, vos pensées changent. Parfois, on devient plus

impulsif, moins présent. Ma femme m'a dit : « Ce métier va

te bouffer ». C'est vrai, c'est un métier prenant.

– Alors comment arrivez-vous à couper votre esprit de

l'environnement professionnel ?

– Le sport. C’est plus qu’important de ne pas toujours penser

au travail. En tout cas, il faut tenter de garder cet objectif en

tête.

87

– Pour terminer cet entretien, auriez-vous une anecdote que

vous souhaiteriez partager ?

– Non, je ne vois pas ? Ha oui, j'en ai une. Lorsque j'étais à

Fresnes, il y avait un patient qui parlait aux mouches. Les

mouches étaient ses amies. Sa cellule était crade et il y

avait, je ne sais pas moi, peut-être trois, quatre ou cinq

mouches qui vivaient avec lui semble t-il. Bref, un jour, je

suis rentré dans sa cellule et il m'a sorti « Vous avez fait

partir mon amie la mouche ! ». Il était dévasté par la

disparition de sa mouche ...

– Ha...

– Oui, comme vous dites « ha ! ». Que dire face à cela ? Des

choses parfois bizarres se produisent. Les gens peuvent être

agressifs mais aussi étranges. On ne sait pas trop comment

réagir, comment faire face à ce type de bizarrerie.

– Quelle réaction adoptez-vous en général lorsque ces

situations se produisent

– Je le signale directement à la hiérarchie afin que cela circule

jusqu'à vous, jusqu’aux équipes de soin mais aussi

j’informe le lieutenant du bâtiment.

– Je vous remercie pour cet échange. Ce fut vraiment très

riche.

Frédéric L., Infirmière Psy

– Lorsque l'on fait une formation pour devenir infirmière psy,

prévoit-on d'aller pratiquer en centre pénitentiaire ?

– Ha non, du tout. J'ai travaillé dans le secteur psychiatrique

88

dans le cadre d'un remplacement, on m'a demandé de

travailler quatre mois en Prison.

– Comment avez-vous appréhendé ce nouveau terrain

professionnel ?

– Avec de l'incompréhension, de l'angoisse et surtout

beaucoup d'imaginaire. Cet imaginaire a été construit avec

les idées reçues par la télévision, la presse, les polars, etc.

C'est la peur généralisée du citoyen qui se fait des théories,

des idées sur ce qui le dépasse et surtout sur ce qu'il refoule

de lui-même. J'étais complètement prise dans des

appréhensions, des fictions…

– Ce qui m'amène alors à vous demander, comment êtes-vous

sortie de cet imaginaire ?

– En travaillant sur moi par l'intermédiaire d'une analyse.

À

vrai dire, sans celle-ci, je ne pense pas qu'il me serait

possible de travailler ici. Non seulement ce terrain suscite

de nombreux affects mais surtout, cet espace engendre

massivement des retours contre-transférentiels très forts. Au

point que cela vous contamine parfois même après la

journée de travail… enfin surtout au début.

À

présent, comment le vivez-vous ?

– Pour être honnête, le plus pénible à ce jour, c'est le manque

de rigueur… par rapport à l'administration, par rapport à

certains patients difficiles ou encore par rapport au secret

médical. C'est très déroutant car il faut savoir travailler en

urgence, en improvisation complète et parfois en désaccord

avec certains principes professionnels auxquels on peut

parfois être accrochés. Enfin, c'est les aléas de tous métiers,

on ne peut pas toujours faire comme on veut. Quoi qu'il en

soit, ce métier est très déroutant pour toutes ces choses mais

89

disons le aussi, il est surtout très enrichissant. C'est

d'ailleurs pour cela que j'ai décidé de pratiquer en prison.

– Qu'est ce qui vous intéresse le plus dans la pratique en

milieu carcéral ?

– Pour moi, c'est vraiment toutes les questions et tous les

raisonnements qui défilent lors des différentes rencontres

avec les personnes incarcérées ... surtout avec les auteurs

d'agressions à caractère sexuel. D'ailleurs, je fus vraiment

surprise de constater la qualité du lien avec ces patients …

Je veux dire qu'au début, je pensais rencontrer des

psychotiques, des personnes déconnectées de la réalité avec

qui les échanges seraient plutôt du côté de la bizarrerie, de

la scotomisation de l'autre, etc. Hors, ces gens sont comme

vous et moi. Ils peuvent être à la fois les mêmes que vous,

que vos voisins, que votre fratrie, etc. Loin sont les idées

reçues … je veux dire que la plupart des patients ne sont ni

schizophrènes, ni paranoïaques. On se retrouve dérouté par

ce constat. Ces gens si normaux et au final, capables d'aller

jusqu'à la folie de l'acte.

– Comment comprendre justement cette folie de l'acte ?

– Je pense que c'est l'humain avant tout. Parfois, des choses

de la vie se produisent et certains événements viennent

comme un bouleversement, c'est quelque chose qui fait

basculer l'organisation psychique. Dans les débuts, je fus

très perturbée face à ce constat … il y a des choses que l'on

ne suppose pas en soi et ces rencontres viennent vous mettre

le nez dedans. Puis, c'est toujours stupéfiant de constater

combien certains avaient une vie comme vous et moi avant

l'incarcération. Rien n'aurait pu laisser penser, prédire l'acte

monstrueux qui surviendrait. Je vais même avouer que cette

90

l'être face à la violence, face à la cruauté que le crime ou

l'agression renvoie à celui qui entend le récit. Il m'arrivait

même, au commencement de ma pratique, d'être

contaminée par des angoisses tellement fortes que je

n'arrivais même plus à gérer mes relations personnelles, que

cela soit avec mes enfants, mon partenaire, ma famille …

Ce terrain vous fait travailler psychiquement autours du

rejet, du dégout mais aussi autour de la violence.

– Comment dépassez-vous tous ces éprouvés ?

– Je vais être franche et même si cela peut parfois en faire

crier plus d'un ... Pour moi, si vous ne faites pas un travail

analytique à côté, vous ne vous en sortirez pas indemne. Et

nombreux ne se rendent pas compte de ce fait et c'est bien

dommage …

– Vous prêchez une convaincue (rire).

– Et puis, il y a aussi le travail de la sublimation pour

travailler toutes ces choses qui s'animent psychiquement. A

ce jour, je m'implique beaucoup à transmettre. Je participe à

des séminaires et j'anime des formations.

– Quel est l'axe d'étude qui vous intéresse et que vous

apportez dans les séminaires ?

– Tout ce qui touche de près ou de loin : aux passages à l'acte

à caractère d'agression sexuelle. Comment faire du soin

avec des personnes qui par exemple ont une attirance pour

les enfants ou encore comment travailler avec les défenses

spécifiques de certains sujets, telles que le clivage, le déni,

l'identification projective.

– J'imagine que votre parcours en psychiatrie hospitalière

91

– Oh que oui. D'ailleurs, il faut avoir travaillé avec la

psychose pour comprendre davantage ce qui se joue avec

les sujets incarcérés.

– Je vous remercie pour votre participation, ce fut très

enrichissant.

Emmanuelle D., Médecin Généraliste

– Alors pour commencer, j'aimerais, si vous le souhaiter, que

vous me racontiez les raisons qui sollicitent des femmes

médecins telle que vous, à pratiquer en milieu pénitentiaire

?

À

vrai dire, j'ai été saisie durant mes études par les travaux

d'Anne Véronique Vasseur, médecin-chef à la prison de la

Santé. Elle dénonce combien le sanitaire, le soin est

complètement mis de côté pour ces sujets qui purgent une

peine courte ou longue. A partir de ses rapports, de

nouvelles choses apparaissent comme avec la loi du 18

janvier 1994 relative à la santé publique et à la protection

sociale. Ceci a modifié le paysage de la prise en charge

sanitaire des personnes détenues en les intégrant au système

de santé du droit commun. Il y a alors la mise en place

d’une politique de santé publique susceptible d’apporter des

réponses à la hauteur des problèmes rencontrés. Notamment

avec le dépistage des affections fréquentes et graves

rencontrées chez les personnes détenues afin que les soins

appropriés leurs soient prodigués sans délai, avec des

dispositifs de prévention pour la santé mais aussi une

qualité des soins curatifs égale à celle des soins dispensés

en milieu libre, pour les pathologies somatiques et

92

psychiatriques. Finalement depuis le décret de 99,

l'infirmerie pénitentiaire appelée UCSA (unité de

consultations et de soins ambulatoires) et appelée à présent

US (unité sanitaire) ne dépend plus de la prison mais de

l'hôpital. Ceci a stimulé ma curiosité même si au départ, je

me suis retrouvée ici par la force des choses ...

– C'est à dire ?

– On était obligé d'aller consulter certains patients en prison

de manières ponctuelles lorsque je travaillais à l’hôpital.

Finalement, par cette expérience qui était pensée au départ

pour ma part comme une contrainte, celle-ci a pris peu à