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Présentation du bassin versant de la Clamoux

Dans le document Eléments d'analyse sur les crues éclair (Page 142-149)

4.4.1.1 Localisation, surface, forme

Le bassin de la Clamoux en amont de Malves en Minervois s'étend sur 85 km2, sur le

versant sud de la Montagne Noire et dans la plaine de l'Aude au nord-est de Carcassonne (gure 4.22). La Clamoux est le principal auent de l'Orbiel.

La Clamoux prend sa source au coeur de la Montagne Noire au pied du pic de Nore. Elle coule du nord au sud. Ses trois principaux auents sont situés en rive droite. Il s'agit du ruisseau de Ganganel (bassin de 3.5 km2, conuence située à Cabrespine), du ruisseau de

Rémol (bassin de 2.5 km2, conuence située en aval de Cabrespine) et du ruisseau de la

Ceize (bassin de 13 km2, conuence située à Villegly).

Le tableau 4.13 donne quelques éléments sur les diérents sous-bassins versants de la Clamoux.

Supercie Longueur de cours (km2) (km)

La Clamoux à Malves (station limnimétrique) 85 27 La Clamoux à Malves 81 27 Le ruisseau de la Ceize 13 10 Clamoux entre Villegly et Malves 13 4.5 Clamoux entre Villeneuve et Villegly 12 5.5 Clamoux entre Cabrespine et Villeneuve 10 7 Clamoux en amont de Cabrespine 29 13 Le ruisseau de Ganganel 3.5 3.5

Tab. 4.13  Repères sur le bassin de la Clamoux, calculés à partir de la carte IGN au 1/25000

La partie amont du bassin versant est montagneuse. A partir de Villegly, la Clamoux coule dans les plaines de l'Aude. Le point culminant du bassin, le Pic de Nore a une altitude de 1211 mètres, la conuence avec l'Orbiel se situant à une altitude inférieure à 90 mètres. La pente moyenne du lit de la Clamoux et de ses auents est comprise entre 10 et 1 % dans les parties amont du bassin, et est inférieure à 1% à l'aval, tandis que les pentes des versants varient entre 3 et 50 % (assez pentus en amont et nettement moins dans les plaines de l'Aude).

4.4 La crue de la Clamoux (Aude) : 12 et 13 novembre 1999 143 4.4.1.2 Occupation des sols

Les Plaines de l'Aude sont essentiellement occupées par la vigne. Les versants de la Mon- tagne Noire (partie du bassin versant située entre Villeneuve et Cabrespine) sont couverts suivant les sites de garrigue ou de maquis. Le haut bassin de la Clamoux, en amont de Cabrespine est couvert à 90% d'une forêt de résineux et feuillus en mélange. La densité de population est faible dans la partie amont du bassin (moins de 10 habitants au kilomètre carré) et nettement plus élevée dans la plaine (gure 4.14). Dans la plaine, les habitations sont regroupées dans les villages. Il n'existe que quelques fermes isolées.

Commune Nombre Densité d'habitants (hab/km2) Cabrespine 196 11 Trassanel 20 5 Sallèles Cabardès 105 15 Villeneuve Minervois 824 35 Villegly 747 76 Villarzel Cabardès 144 23 Bagnoles 188 33 Malves en Minervois 755 155

Tab. 4.14  Population et densité : données INSEE, recensement 1999.

4.4.1.3 Géologie, nature des terrains

Les plaines de l'Aude sont constituées de terrains tertiaires d'époque Eocène : banc gréseux ou calcarifères (molasse de Carcassonne) au sud et calcaires à Alvéolines plus au nord vers Villeneuve-en-Minervois. Ces terrains sont presque partout recouverts d'alluvions quater- naires. Le sol semble limoneux dans ce secteur si l'on se e à la seule analyse de sol réalisée sur la Clamoux lors de cette étude. La Clamoux traverse des terrains sédimentaires de l'ère primaire entre Villeneuve-Minervois et Cabrespine très tourmentés et variés : les faciès dominants étant les calcaires du Dévonien parfois dolomitiques et les grès et quartzites. En amont, la Clamoux traverse les formations sédimentaires de base du Cambrien consti- tuées de poudingues renfermant des galets de rhyolites, microgranites, quartzites, grès et schistes. Cette formation géologique est probablement la source des nombreux galets char- riés lors des crues de la Clamoux, qui ont partiellement comblé son lit mineur lors de la crue de 1999, et dont le bruit d'entrechoquement a valu, selon certains riverains, son nom à la rivière. Le socle hercynien gneissique aeure dans la partie la plus amont du bassin versant de la Clamoux (massif de Nore).

4.4.2 L'événement des 12 et 13 novembre 1999

Origine des données

 Images RADAR météorologiques de Toulouse ;

 Données des postes pluviométriques de Caunes Minervois, Conques sur Orbiel, Cabres- pine et Laure Minervois (Météo France).

Particularités des pluies sur le bassin de la Clamoux Trois pluviomètres (Laure Minervois, Conques-sur-Orbiel et Cabrespine) et un pluviographe (Caunes-Minervois) sont situés sur, ou à proximité, du bassin versant de la Clamoux. Les cumuls de pluie mesurés pour les journées des 12 et 13 novembre sont tous supérieurs à 400 millimètres excepté à Conques (315 millimètres). Le bassin versant de la Clamoux se situe donc dans la zone touchée par les cumuls de pluie les plus élevés du département de l'Aude.

Les mesures de réectivité du radar de Toulouse, interprétées par la formule de Marshall Palmer ne correspondent pas aux cumuls mesurés au sol. Un coecient multiplicateur de 3 doit leur être appliqué pour retrouver un cumul RADAR équivalent à celui qui a été mesuré à Caunes, Cabrespine et Laure. En revanche, le rapport entre le cumul de pluie mesuré à Conques et le cumul RADAR brut n'est que de 2.3 et plus faible encore à Mazamet et Angles au coeur de la Montagne Noire. Le coecient multiplicateur de 3 est nettement plus faible que celui qui a été appliqué aux mesures RADAR sur les secteurs de la Nielle, du Verdouble ou de Lésignan Corbières, indiquant une particularité de la mesure RADAR dans ce secteur de la Montagne Noire (cf. tableau 4.15).

pluviomètre Total (mm) Total (mm) Facteur de pluviométrique Radar calibration Cabrespine 450 476 3 Caunes 471 517 3 Conques 315 407 3 Laure 470 469 3 Lézignan 610 534 4 Arquette 333 335 4 Rouairoux 420 430 3 Mazamet 255 483 3 Angles 260 478 3

Tab. 4.15  Lames d'eau précipitées sur des postes proches du bassin versant de la Cla- moux.

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Poste Cumul pluvio. Cumul RADAR Cumul pluvio. Cumul RADAR du 12/11/99 du 12/11/99 du 13/11/99 du 13/11/99

Caunes 277 255 194 262

Lézignan 491 291 119 243

Arquette 234 157 99 178

Tab. 4.16  Répartition de la lame d'eau entre les journées du 12 et du 13 novembre 1999, cas des postes pluviographiques.

gramme reconstitué à partir des images RADAR en appliquant le coecient correcteur de 3 est très satisfaisante (Figure 4.23).

Fig. 4.23  Comparaison des intensités de pluie cumulées sur 30 minutes mesurées au pas de temps de 5 minutes par le pluviographe de Caunes (nord du département de l'Aude) et estimées à partir des images du RADAR de Toulouse : facteur de calibration de 3.

Les deux pics de pluie de 20h00 à 24h00 et de 1h00 à 5h00 sont identiés par le RADAR, le premier pic étant légèrement sous évalué. Le RADAR surestime aussi nettement les intensités de pluie après 5h00 le 13 novembre.

On peut aussi noter sur les gures 4.24 et 4.25, l'étroitesse par endroits de la zone plu- vieuse intense : environ 5 kilomètres. La pluie apparaît spatialement très hétérogène. Cu- rieusement, les lames d'eau estimées pour les diérents sous-bassins versants à partir des images RADAR apparaissent homogènes, alors que, nous le verrons, les contributions des sous-bassins versants semblent avoir été très diérenciées. On peut donc s'interroger sur

Fig. 4.24  Image du RADAR de Toulouse centrée sur le bassin de la Clamoux, le 12 novembre 1999 à 20h50 TU (cellule orageuse intense et étroite identiable au nord de Cabrespine : 1 pixel RADAR = 1 km2).

Fig. 4.25  Image du RADAR de Toulouse centrée sur le bassin de la Clamoux, le 13 novembre 1999 à 2h30 TU : ligne de grains intense et étroite orientée nord-ouest sud-est passant par Caunes et Laure.

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Fig. 4.26  Image du RADAR de Toulouse centrée sur le bassin de la Clamoux, le 13 novembre 1999 à 8h50 TU : les pluies s'estompent.

la capacité du RADAR à rendre compte à une ne échelle de la répartition spatiale des pluies.

Conclusion sur les données de pluie. Malgré une bonne concordance entre les hyé- togrammes mesurés et reconstitués pour le poste de Caunes, les données RADAR appa- raissent peu ables pour le bassin versant de la Clamoux. Le facteur de calibration des images RADAR semble évoluer notablement avec la localisation géographique dans ce secteur de l'Aude, alors qu'il était apparu assez stable pour le reste du département. Le facteur de calibration semble aussi évoluer avec le temps comme en témoigne la suresti- mation des intensités pluvieuses à Caunes après 5h00 le 13 novembre. Les défauts assez mineurs constatés à Caunes semblent être accentués dans le cas des postes de Cabrespine et de Conques, à savoir : une sous-estimation des intensités et des cumuls de pluie pour la journée du 12 novembre, et une très nette surestimation des cumuls de la journée du 13. Le RADAR mesure à Caunes des pluies persistantes après 5h00 le 13 novembre d'une inten- sité supérieure à 10 mm/h qui sont mesurées mais sont beaucoup plus faibles en intensité. On observe le même phénomène à Arquette en Val. Tout laisse penser que le facteur de calibration retenu n'est pas adapté à cette n d'épisode pluvieux.

4.4.2.1 Les conséquences de l'événement pluvieux des 12 et 13 novembre 1999 De nombreux habitants ont été inondés par la crue de la Clamoux, de ses auents ou par le ruissellement des versants les 12 et 13 novembre 1999 en particulier à Cabrespine, Villeneuve et Villegly. L'ensemble des habitations de la rue des Six Ponts ont été inondées à Cabrespine par le Ganganel, et la façade de la maison située à la conuence de la Clamoux et du Ganganel s'est eondrée (probablement par aouillement). Les quartiers bas de Villeneuve et Villegly ont été fortement inondés. Le pont du hameau de Laval et le pont aval de Villeneuve ont été emportés vers 3h00-4h00 du matin le 13 novembre en n de crue. La Clamoux a charrié de nombreux galets lors de la crue de 1999, et le lit mineur, profondément remanié, s'est remblayé sur plus d'un mètre par endroits. D'après les témoignages recueillis la Clamoux a connu quatre autres grandes crues dans le siècle : le 22 août 1921, les 3 et 4 mars 1930, le 18 octobre 1940, et du 4 au 10 novembre 1962. Les niveaux atteints lors des crues de 1940 et 1962 ont été nettement inférieurs à ceux de la crue de 1999 : 1 mètre de moins en 1962 au hameau de Laval, 1 mètre de moins en 1940 à Villeneuve, 1,5 mètres de moins à Villeneuve en 1962. Les crues de 1930 et 1921 semblent plus proches de celle de 1999. Un pont en fer avait été emporté à Cabrespine lors de la crue de 1921 et le cimetière ravagé en 1930. Le pont amont de Villeneuve avait cédé en 1930 ou 1921. Mais tous les témoins considèrent l'épisode de 1999 comme la crue la plus importante de la Clamoux dans le siècle.

Dans le document Eléments d'analyse sur les crues éclair (Page 142-149)