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Interprétation des données collectées

Dans le document Eléments d'analyse sur les crues éclair (Page 113-118)

4.2.4.1 Calage des données pluviométriques

Les mesures au sol dont nous disposons pour le bassin sont celles du poste pluviomé- trique de Coustouge (le pluviographe dont est aussi équipée la station météorologique a cessé de fonctionner vers 17h00 à la suite d'une coupure de courant) et deux relevés pluviométriques amateurs à Tournissan (témoignages 1 et 6). Dans ces deux cas il s'agit d'estimations, puisque le cumul de pluie a dépassé les capacités des deux pluviomètres : le cumul pluviométrique à Tournissan sur les deux jours a sans doute dépassé 600 mm. Par ailleurs, les informations sur la répartition temporelle des pluies délivrées par les témoins sont concordantes avec la chronologie des images RADAR ; il apparaît, d'après les images RADAR, que les cumuls et les intensités de pluie ont été élevés sur l'ensemble du bassin, ce qui est assez cohérent avec les estimations de débits de pointe de crue. En revanche, les horaires des périodes intenses dièrent en fonction de la localisation géographique.

Le facteur de calibration permettant de retrouver les cumuls pluviométriques de Coustouge et Tournissan sur les pixels RADAR correspondants (4 à 5) est tout-à-fait cohérent avec celui qui peut être établi à partir des mesures pluviométriques des postes situés à proximité du bassin versant de la Nielle : pluviomètres de Puichéric et Lagrasse (DDE de l'Aude) et (attention, les données sont en TU+1 !), et de Caunes Minervois, Lézignan et Durban Corbières (Météo France). Les informations RADAR apparaissent donc relativement ables dans ce secteur de l'Aude.

4.2.4.2 Interprétation hydrologique

Le premier élément remarquable de la crue de la Nielle est l'homogénéité des contributions aux écoulements. Les secteurs présentant les débits spéciques les plus importants corres-

4.2 La crue de la Nielle (Aude) : 12 et 13 novembre 1999 113 pondent aux zones touchées par les cumuls de pluie et les intensités les plus élevées : bande centrale du bassin versant orientée sud - sud-est / nord - nord-ouest. Le bassin versant du ruisseau des Moures principalement couvert de maquis et de garrigue a produit une crue dont le débit spécique est comparable à celui du bassin versant du ruisseau de Tournissan dont une proportion non négligeable de la surface - de 30 à 50% - est occupée par la vigne. L'existence de plusieurs pointes de crue séparées par des phases de récession nettes dont les débits peuvent être contrastés comme dans le cas du ruisseau de Tournissan est un facteur favorable pour l'interprétation hydrologique. Ainsi, à Tournissan où les témoignages sont les plus nombreux, le ruisseau a débordé vers 21h00. Son débit plein bord est de l'ordre de 30 m3/s. La première pointe de crue a eu lieu vers 23h00-23h30. Les repères donnés

par certains témoins conduisent à une estimation du débit de l'ordre de 100 m3/s. La

cote atteinte lors de la seconde pointe est très nettement supérieure. Le débit de pointe a été atteint vers 2h30-3h00 du matin (gure 4.12). De même, le témoignage 15 permet de reconstituer une partie de la crue du ruisseau des Moures. Une première modeste montée des eaux (débit de l'ordre 50 m3/sselon les repères donnés par les témoins) a été observée

vers 20h30 avant un retrait des eaux de très courte durée. Le débit de pointe, du moins celui qui a été observé, a eu lieu vers minuit (gure 4.13).

Fig. 4.12  Hyétogramme des pluies moyennes, hydrogrammes simulés et témoignages : cas du bassin versant du ruisseau de Tournissan à Tournissan (en heures TU).

La comparaison entre les hydrogrammes simulés et les repères donnés par les témoins (gures 4.12 et 4.13) conduit à des conclusions assez comparables à celle de l'analyse de la

Fig. 4.13  Hyétogramme des pluies moyennes, hydrogrammes simulés et témoignages : cas du bassin versant du ruisseau de Moures (en heure TU).

crue de l'Avène.

 La forte réactivité des cours d'eau aux uctuations d'intensités de pluie, remarquée par de nombreux témoins et que révèle le retrait signicatif et rapide des eaux à la suite d'une accalmie des pluies à Tournissan, indique clairement que les écoulements sont principalement le fait de processus hydrologiques à réponse rapide. On peut noter que le modèle hydrologique permet de rendre compte de manière satisfaisante des uctuations de débits observées par les témoins et donc des temps de réponse des bassins versants.  Tout comme dans le cas de l'Avène, les bassins versants ne répondent que très progressi-

vement aux fortes pluies, indiquant que le processus dominant de genèse des crues n'est pas le ruissellement hortonien mais la saturation progressive des sols. Sur la base des informations recueillies, il n'est pas possible de mettre en évidence de diérence notable de comportement hydrologique des bassins versants des ruisseaux de Tournissan et des Moures.

 Les résultats de modélisation hydrologique indiquent, si l'on se e aux estimations d'in- tensités de pluie à partir des images RADAR, que le coecient d'écoulement était proche de 100 % au paroxysme de la crue.

 Les valeurs de curve number qui permettent de reproduire les crues de ces deux ruis- seaux au plus près des témoignages se situent entre 50 et 70. Ces valeurs révèlent qu'une quantité importante d'eau de pluie - entre 150 et 250 mm - a été retenue sur ces bassins

4.2 La crue de la Nielle (Aude) : 12 et 13 novembre 1999 115 versants et s'est probablement inltrée dans le sol au cours de cet événement.

Deux remarques complémentaires peuvent être faites au vu de la comparaison entre les données collectées et les hydrogrammes simulés. D'une part, le modèle du SCS semble, dans les deux cas, reproduire une évolution trop progressive du coecient moyen d'écoulement à l'échelle du bassin versant au cours de la crue. Cependant, les estimations d'intensité de pluie et de débits de crue sont trop imprécises pour permettre de l'armer. D'autre part, quelle que soit la valeur de CN retenue, les débits simulés de la seconde pointe de crue du ruisseau de Tournissan semblent un peu plus faibles que les débits estimés. C'est exactement le contraire dans le cas du ruisseau des Moures. La pointe de crue de 3h00 du matin n'a pas été observée par les témoins qui dormaient à cette heure. Cette pointe a très probablement existé, mais les laisses de crue auraient sans aucun doute révélé cette pointe si son débit avait été très nettement supérieur à celui de la crue de minuit comme le prévoit le modèle hydrologique. Cette nette discordance entre le modèle hydrologique et les observations est très probablement liée aux incertitudes d'estimation de lames d'eau à partir des images RADAR.

4.2.5 Conclusions

Les conclusions de l'analyse hydrologique de la crue de la Nielle sont très proches de celles qui avaient été tirées de l'analyse de la crue de l'Avène alors même que cette crue a eu lieu en novembre, les sols et les nappes du bassin versant ayant pu partiellement se recharger en eau durant les mois de septembre et d'octobre.

Les écoulements sont principalement générés par des mécanismes à réponse rapide : typi- quement le ruissellement superciel. Le coecient d'écoulement semble avoir atteint 100 % sur certains secteurs du bassin versant. Le bassin versant réagit avec retard aux pluies intenses révélant de fortes capacités d'inltration et de stockage des sols. Le calage du mo- dèle hydrologique conduit à une estimation du volume de pluie retenu sur le bassin versant situé entre 150 et 250 millimètres. Sans que l'on puisse l'armer de manière certaine, il semble que le coecient d'écoulement évolue plus rapidement en cours de crue que ce que prévoit le modèle du SCS. Enn, aucune diérence notable de comportement hydrologique des sous-bassins versants d'occupations des sols variées n'a pu être mise en évidence. Notons pour conclure, que, tout comme dans le cas de l'Avène, la crue de 1999 ne semble pas être un événement isolé. Il s'agit très probablement de la plus importante crue dont on ait gardé la mémoire, mais d'autres crues aux débits de pointe remarquables ont été observées durant le XXème siècle à Tournissan et St Laurent de la Cabrerisse, les deux

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