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Le manuscrit sur papier d’Hubert Kerssan mesure 29,5 sur 20 cm et les pontuseaux sont verticaux. Il s’agit donc d’un format in-folio. La reliure, en veau racine, présente les armes de Belgique, ainsi que le titre en lettres dorées Paraphrases

sur les épitres canoniques. Il est intéressant de noter que seulement la première œuvre du

recueil est mentionnée, mais nous ne savons malheureusement pas de quelle époque date cette reliure. Les textes sont écrits à l’encre noire et justifiés à gauche, hormis les titres qui sont centrés et généralement soulignés, ainsi que les numéros de chapitres des Paraphrases qui sont justifiés à droite. Bien qu’il n’y ait pas de décoration à proprement parler, de l’encre rouge est employée notamment pour mettre en relief les lettrines et les premières lettres des phrases, et pour souligner les indications de chapitres, de même que certains débuts de phrase. Folioté en chiffres arabes, le manuscrit contient 400 feuillets, en plus de trois feuillets de garde au début et deux à la fin.

En ce qui concerne la section contenant la traduction des Paraphrases d’Érasme (f. 1r-318v), huit des vingt-et-une paraphrases possèdent un prologue adressé à un cardinal ou à un évêque et se terminent par la date de rédaction de la paraphrase concernée. Elles sont toutes précédées d’un argument en résumant le contenu. Les arguments et paraphrases elles-mêmes se terminent par la mention « fin de l’argument » ou « fin de la paraphrase ». Toutefois, il est à noter que tous les prologues et arguments se trouvaient déjà chez Érasme. Il y a un saut de page entre les prologues, les arguments et les paraphrases ; cependant le texte est continu d’un chapitre à l’autre. En ce qui concerne la ponctuation, le traducteur a employé un système de barres obliques séparant les groupes de phrase et les phrases elles-mêmes. Les premiers mots des phrases débutent par une majuscule et sont généralement soulignés en rouge, ainsi que certains mots importants, tels que « Crist ». Les prologues, arguments et paraphrases débutent par une lettrine sur quatre unités de réglure et les chapitres, par une lettrine sur deux unités de réglure. Dans les deux cas, la première ligne est rédigée en caractères plus grands que le corps du texte. La traduction des Paraphrases est suivie d’une table des matières (f. 318v-319r), intitulée

cathalogue, recensant les prologues, dédicaces, arguments et paraphrases, ainsi que le

numéro du folio correspondant à leur commencement.

Précédée d’un feuillet blanc, la seconde partie du manuscrit (f. 321r-397r), contenant la traduction des Reconnaissances de saint Clément, possède une mise en page semblable à celle des Paraphrases, à la différence près qu’il n’y a qu’un seul bloc de texte, sans section ni chapitre. Le poème latin d’Hubert Kerssan (f. 398r-398v), intitulé Carmen saphicum in diui Huberti laudem, quant à lui, ne présente pas de mise en page particulière. Seulement la première majuscule de chaque strophe est plus grande que les autres. Il s’agit de strophes sapphiques103 dans lesquelles les vers

hendécasyllabes sont justifiés à gauche et les vers adoniques, de cinq syllabes, sont justifiés à droite. Cette forme de versification s’est considérablement développée au Moyen Âge et à l’époque humaniste, souvent sous la forme d’hymnes chrétiennes104.

Puisque le poème de Kerssan est un hommage à saint Hubert, nous ne pouvons nous empêcher de proposer l’hypothèse qu’il s’agirait d’un jeu onomastique de la part de l’auteur qui souhaitait être associé à saint Hubert : le saint était son « patron »105 et il a

même été représenté sur son monument funéraire106 « habillé en soldat romain, mais

mitré, un bâton à la main avec assis à ses pieds le légendaire cerf crucifère »107. Le

choix de la langue latine pour ce seul texte corrobore l’hypothèse selon laquelle le poème n’aurait pas été destiné à d’autres lecteurs que celui qui l’a composé – étant donné que Kerssan a réalisé des traductions françaises de textes latins, le lectorat qu’il visait avait certainement une moins grande maîtrise de la langue latine que lui et, par conséquent, le poème en fin d’ouvrage ne pourrait être qu’une forme de signature ou de marque de possession. Enfin, la Légende de saint Théodore (f. 399v) est très sobre.

103 « La strophe sapphique apparaît, comme son nom l’indique, chez Sappho et Alcée. Cette

strophe fonctionne comme un système de trois vers (deux hendécasyllabes et un élargissement de seize syllabes) entre lesquels il peut y avoir hiatus de longue ; mais si une voyelle brève en fin de vers rencontre une initiale vocalique, il y a synalèphe (de règle à l’intérieur du vers long). Ces vers n’ont pas de césure fixe, mais une fin de mots est admise après la quatrième syllabe (brève ou longue) ». Jean- Louis Charlet, « Les mètres sapphiques et alcaïques de l’antiquité à l’époque humaniste », Faventia, vol. 29, nos 1-2, 2007, p. 133.

104 Ibid., p. 135.

105 Hadrien Kockerols, op. cit., p. 186.

106 Voir en annexe une photographie du monument funéraire d’Hubert Kerssan. 107 Hadrien Kockerols, op. cit., p. 186.

Seul le premier mot débute par une majuscule. La calligraphie se distingue de celle d’Hubert Kerssan, en particulier dans le cas des lettres v, m et u, et elle est moins régulière. Il y a, en outre, des différences orthographiques, telles que l’absence d’éléments picards et une quantité bien plus importante de lettres y. Le texte a probablement été ajouté au XVIe siècle, mais nous ne sommes pas en mesure de

déterminer pour quelle raison la vie de ce saint en particulier a été ajoutée à la fin du manuscrit de Kerssan.