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Chapitre 2 Portrait historique

2.4 Présence russophone à Montréal

L’installation des Russes, Ukrainiens, Arméniens, Juifs russes et Baltes à Montréal remonte à l’avant-perestroïka. Voyons ce qu’ils lèguent sur le plan associatif et spatial aux immigrants russophones de la quatrième vague.

Montréal est le lieu de naissance d’une des plus anciennes communautés russes au Canada. La première cohorte russe fonde, en 1907, la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul. Rapidement, elle s’affilie à une société culturelle et éducative qui organise des concerts, spectacles et soirées-rencontres. Ensemble, ils inaugurent la bibliothèque Pouchkine. Au nord de la métropole, la petite ville de Rawdon héberge une chapelle et un cimetière orthodoxe. Suite à l’arrivée de la deuxième vague, la Société d’aide aux nouveaux Canadiens est créée. Celle-ci offre une aide financière aux arrivants récents et une assistance pour le parrainage de proches restés en Europe. De plus, des écoles, des équipes sportives et des camps d’été pour les enfants sont mis sur pied. L’Union des Cadets, fondée en 1952, publie un journal et se donne comme mission de rétablir l’honneur russe en corrigeant l’information sur l’histoire russe, souvent biaisée.

Aujourd’hui, deux églises orthodoxes sont encore en fonction. La cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul, reliée à l’Église orthodoxe en Amérique et la cathédrale Saint-Nicolas, fondée en 1928, qui appartient à l’Église russe hors-frontière. Depuis quelques années, suite à des conflits entre deux camps au sein de l’Église Saint-Nicolas, une autre église orthodoxe russe s’est constituée, à Lachine. Les associations russes existantes aujourd’hui découlent de l’initiative des immigrants récents.

Sur le plan spatial, les Russes n’ont jamais développé de quartier ethnique russe proprement dit. Avant la fin de la guerre, les Russes se concentraient davantage dans les quartiers Canadiens-français en raison de leur origine paysanne et de leur condition ouvrière (McNicoll, 1993). De nos jours, on remarque une relative concentration résidentielle et commerciale dans les arrondissements Côte-des-Neiges - Notre-Dame-de-Grâce et Côte- Saint-Luc. Toutefois, il s’agit encore là d’une agrégation russophone plus que russe. Nous y reviendrons dans le portrait statistique.

Dans la communauté ukrainienne, trois paroisses orthodoxes coexistent ainsi que cinq églises catholiques et une chapelle. L’Église a toujours eu un rôle de premier plan dans la vie de la communauté ukrainienne. Les activités religieuses, sociales et culturelles tournaient autour de cette institution. Au plan associatif, on retrouve actuellement plus de vingt-cinq associations ukrainiennes. L’une d’entre elle, fondée à la fin des années quatre-vingt-dix, agit spécifiquement auprès des immigrants de la dernière vague.

Si les premiers Ukrainiens à Montréal vivaient dans les quartiers ouvriers de Pointe Saint- Charles, Frontenac et Lachine, non loin de leur lieu de travail (Kellebay, 1980 : 78), ils intègrent les quartiers ouest de la ville après les années 1960. À partir des années 1940, la communauté se déplace dans des quartiers de banlieue, Rosemont, Lachine, Lasalle, Pointe-Claire, Pierrefonds et Dollard-des-Ormeaux. Ils sont donc dispersés sur l’île de Montréal et ne peuvent jamais former de véritable quartier ukrainien (McNicoll, 1993 : 218).

Néanmoins, Rosemont reste le centre spatial symbolique de la communauté. Encore aujourd’hui on retrouve des Ukrainiens dans le quartier Rosemont, aux alentours de la 12e

rue, du parc de l’Ukraine, de deux églises (cathédrale orthodoxe Sainte-Sophie et l’église catholique ukrainienne de l’Assomption-de-la-Vierge), du Centre pour la jeunesse, d’une

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caisse populaire et d’une caisse d’économie ukrainienne, d’une résidence pour personnes âgées d’origine ukrainienne, de quelques commerces ethniques, etc. Beaucoup des représentants de la deuxième et troisième générations préférèrent s’installer dans les quartiers résidentiels de l’ouest de la ville.

Du côté des Arméniens, une dizaine d’églises et plusieurs centres communautaires desservent la communauté. Les institutions et associations sont divisées selon la provenance des immigrants, puisqu’ils sont issus de plus de vingt-cinq pays. Le Liban, l’Égypte, la Turquie et la Syrie sont les plus importants pourvoyeurs à Montréal (Chichekian, 1994 : 44). On retrouve donc des associations destinées aux Arméniens arabophones, turcophones, etc. Même si la structure d’accueil arménienne est assez complète, il faudra attendre l’indépendance de l’Arménie pour voir apparaître une association consacrée aux Arméniens russophones à Montréal.

L’espace résidentiel arménien, toutes origines confondues, est distribué en quelques grappes de concentration. Pour reprendre les résultats de recherche de la thèse de doctorat d’A.A. Keuroghlian-Boudjikanian (2003), la plus forte proportion d’Arméniens se trouve dans le quartier Chomedey à Laval. Puis, suivent les quartiers montréalais de Saint-Laurent, Cartierville et Nouveau-Bordeau. L’ouest de l’île constitue la deuxième grappe (Pierrefonds, Dollard-des-Ormeaux, Kirkland), puis Brossard et la dernière grappe comprend Ville Mont- Royal, Outremont et Parc-Extension. Ce dernier quartier semble avoir été la zone résidentielle de regroupement privilégiée dans la phase initiale jusqu’au milieu des années 1970. Puis, les enfants déménagèrent à Laval ou dans l’ouest de l’île, une grande majorité devenant propriétaire.

Dans le cas de la communauté juive, un dense réseau associatif et institutionnel, implanté à Montréal depuis longtemps, permet aux nouveaux immigrants juifs d’intégrer rapidement cette communauté (synagogues, Jewish Immigrant Aid Services (JIAS), Young Men and Women’s Hebrew Association (YM-YWHA), etc.). En outre, c’est à partir de la venue des Juifs russes à la fin des années soixante-dix qu’ils mettent sur pied un programme d’aide pour ces immigrants russophones et adaptent certains de leurs services. Sur la scène publique, la communauté juive jouit d’un certain pouvoir au niveau municipal étant donnée la pérennité de leur installation à Montréal. Donc les premiers temps suivant l’arrivée, les Juifs

russes auraient tendance à se regrouper autour des institutions et services juifs de l’ouest de la ville, plus particulièrement dans le quartier Côte-des-Neiges (Boudreau : 1998).

Pour leur part, les Baltes ont aussi une présence sur la scène associative ethnique de Montréal avant l’arrivée de la dernière vague d’immigration, mais nous manquons de renseignements pour élaborer à ce propos. Côté spatial, ils ont opté pour la dispersion résidentielle sur le territoire métropolitain.

Chapitre 3

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