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Chapitre 4 Portrait factuel de la vie associative russophone

4.7 Localisation des associations

Dans cette partie, nous traiterons de la localisation des bureaux et des centres associatifs russophones. Deux aspects nous intéressent plus particulièrement : les choix de localisation et la provenance spatiale des membres. Nous avons divisé notre échantillons en deux : les propriétaires/locataires et les sans locaux fixes.

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4.7.1 Propriétaires/locataires

La moitié de notre échantillon dispose d’un local permanent, soit ils louent des locaux ou sont eux-mêmes propriétaires.

4.7.1.1 Entreprises privées

Les entreprises privées sont les premières en liste parmi les détenteurs d’un local. La plupart sont propriétaires tandis que d’autres sont locataires. L’école russe du samedi n’est pas en mesure de s’offrir un local et encore moins d’ouvrir sa propre école. Dès le début, la directrice réussit à s’entendre avec une école privée, située dans un quartier à l’est de la ville, afin qu’elle lui prête gratuitement ses locaux, les samedis. Cependant, l’entente change et l’école russophone se voit dans l’obligation de louer les locaux de cette même école. Puis, à la demande des parents, une deuxième filiale s’ouvre dans l’ouest de la ville, en plein cœur de Notre-Dame-de-Grâce. L’administration loue les locaux d’une école privée de ce quartier pour desservir plus facilement les familles russophones qui habitent les environs. Enfin, depuis septembre 2004, cette même école russophone loue des locaux dans une seule et même école privée située dans l’arrondissement Côte-des-Neiges - Notre-Dame-de- Grâce. Cet arrondissement rassemble le tiers de la population russophone, comme nous l’avons vu dans le portrait statistique. La clientèle provient de l’ensemble du Grand Montréal mais, de façon plus importante, des quartiers ouest, d’où la raison du nouvel emplacement.

Passons aux commerces et restaurants. Quatre de nos informateurs possèdent une telle entreprise. Le choix de la localisation de leurs commerces varie. Pour un informateur, le choix du quartier ne s’est pas fait de façon arbitraire. En effet, la concentration d’autres commerces et entreprises russophones l’ont motivé à s’installer dans ce quartier. Son entreprise est localisée à deux pas du métro Snowdon, dans l’arrondissement Côte-des- Neiges - Notre-Dame-de-Grâce. D’autre part, la distribution du journal se fait grâce à la collaboration d’autres commerces russophones situés aux quatre coins de la ville : « Les magasins acceptent avec joie de distribuer notre journal parce que si quelqu’un entre pour prendre le journal, peut-être achètera-t-il, par la même occasion, quelque chose. […] Mais, ce n’est pas seulement dans les magasins qu’on distribue. Aussi dans les bureaux où

travaillent les Russophones et les immeubles où plusieurs vivent » (Youri, TF). Ce sont donc à la fois dans les lieux publics russophones que l’on retrouve ce journal et dans les lieux privés. De plus, le site Internet ajoute une dimension non spatiale à ce journal et accroît son accessibilité.

Il en va de même pour un commerce ethnique situé à Laval. Le choix de la rive nord est lié à une relative concentration résidentielle de la clientèle arménienne. Par contre, le facteur économique n’est cependant pas à écarter puisque le prix des terrains y est moins cher et les taxes moins élevées que sur l’île de Montréal.

Un autre informateur a racheté un commerce russophone déjà localisé dans l’arrondissement Côte-des-Neiges - Notre-Dame-de-Grâce. D’après lui, le choix de localisation du commerce à ses débuts était lié à la présence russophone dans le quartier. Notre informateur, Alexeï, croit qu’aujourd’hui encore, la clientèle provient du quartier, mais dans une proportion moindre. En effet, les clients habitent les quatre coins de la ville. Aucun projet de déménagement n’est entrevu; la clientèle étant prête à se déplacer pour y venir consommer.

Par ailleurs, une répondante, propriétaire au moment de l’entrevue d’un commerce situé dans l’est de la Ville, a choisi ce quartier justement pour se détacher du relatif « ghetto » commercial et résidentiel russophone et atteindre une clientèle francophone : « Nous voulions faire découvrir la nourriture russe aux gens d’ici, aux Québécois, aux Canadiens. Ici, il n’y a presque pas de Russes et nos clients sont des Québécois et des Québécoises. On voulait qu’ils découvrent notre nourriture. […] Je ne crois pas qu’il faille se diviser, se retrancher et former des ghettos. Nous sommes dans ce pays, nous avons quelque chose à transmettre, à présenter » (Elena, TF).

4.7.1.2 Lieu de culte

L’église orthodoxe de notre échantillon est située dans un quartier de l’est de la ville de Montréal. En 1920, la communauté orthodoxe russe se porte acquéreur de cette église protestante. À l’époque, d’après notre informateur, les fidèles résidaient dans les alentours. À présent, ils habitent le Grand Montréal et se déplacent pour assister aux offices religieux.

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4.7.1.3 Associations

Certaines associations ont accès à un local. Quatre d’entre elles dépendent d’un autre organisme. C’est le cas des associations arménienne, juive et ukrainienne qui peuvent compter sur l’aide de leurs communautés depuis plus longtemps implantées à Montréal. Ainsi donc, ces associations utilisent les locaux d’organismes communautaires ou d’institutions fondées par les anciennes vagues d’immigration. Dans les trois cas, ces organismes se trouvent dans des quartiers qui furent des centres importants de ces communautés à une époque. Aujourd’hui, les membres de ces trois associations proviennent de toute la ville afin d’assister aux activités, comme nous l’ont mentionné nos informateurs. Ajoutons qu’une association culturelle utilise le sous-sol d’une église orthodoxe russe. Encore là, les participants ne vivent plus dans ce même quartier.

D’autre part, ce privilège d’avoir accès à des locaux via les infrastructures mises sur pied par les immigrants moins récents, n’est pas donné à toutes les associations russophones. Une seule association récente d’aide aux immigrants dispose d’un local permanent. C’est par l’intermédiaire du MRCI que celle-ci a réussi à obtenir un local, prêté par un autre organisme communautaire situé dans l’arrondissement LaSalle - Lachine. Les usagers et participants de l’association demeurent sur tout le territoire métropolitain et sont prêts à se déplacer pour obtenir des services.

Notons qu’une partie des activités organisées par ces associations ont lieu dans les locaux communautaires. Par contre, certains évènements d’envergure requièrent la location de salles. Ces dernières ne sont pas choisies nécessairement d’après leur emplacement, mais selon un impératif économique et le type de local nécessaire, soit une salle de restaurant, un local dans une école, etc. Parfois, même des lieux publics et gratuits, comme des parcs, servent de lieu de rassemblement.

4.7.2 Les sans locaux fixes

Les associations qui n’ont pas accès, sur une base permanente, à un local sont majoritaires chez les associations russophones. En premier lieu, les associations virtuelles, par définition

aspatiale, n’ont pas de locaux attitrés. Les usagers communiquent à partir de leur ordinateur au travail ou à domicile. Les responsables des sites en fond de même. Comme nous l’avons mentionné plus haut, ces associations sur l’Internet occasionnent des rencontres réelles qui peuvent s’adresser à l’ensemble des membres. Du coup, un restaurant ou un parc devient le lieu de rassemblement. D’après nos observations, lorsque les participants fixent une rencontre, les priorités pour choisir ce lieu sont les suivantes : les dimensions physiques, les prix, l’envie de se retrouver dans un espace russophone ou pas, l’ambiance, etc. Le seul facteur spatial influent est l’accessibilité en transport en commun. Du reste, la localisation urbaine ne semble pas avoir d’importance, puisque les participants eux-mêmes vivent dans différents quartiers.

Le peu de moyens des associations récentes, ethniques et d’aide aux immigrants, les obligent à se priver d’un local permanent. Pourtant, plusieurs responsables envisagent d’acquérir un local. Cela leur permettrait d’avoir un lieu de travail et de rassemblement. Néanmoins, dans leur projet, l’emplacement ne semble pas avoir d’importance outre mesure. Les membres des associations résident dans différents quartiers du territoire métropolitain et, par le fait même, le facteur spatial perd de son importance.

S’ils ont recours à la location de salles lors d’évènements spéciaux, leurs logements servent également de bureau et de lieu de rencontre. Au moment des entretiens, neuf interviewés demeurent dans Côte-des-Neiges - Notre-Dame-de-Grâce, deux dans Rosemont - Petite- Patrie et deux dans l’arrondissement Ville-Marie. Les autres quartiers résidentiels sont Outremont, Côte-Saint-Luc, Pierrefonds, Verdun et l’arrondissement du Sud-Ouest.

4.7.3 Conclusion

L’espace résidentiel des membres et participants de chacune des associations russophones de notre échantillon s’étend à l’ensemble du territoire métropolitain. Les associations s’adressent à des résidants de différents quartiers, qui semblent prêts à se déplacer pour prendre part à des activités et évènements. Mentionnons que plusieurs contacts se font grâce aux moyens de communication (téléphone et Internet). Et donc, la distance spatiale n’a pas la même signification dans ce contexte. La distribution résidentielle des Russophones ne semble pas liée à celle des locaux permanents et occasionnels des

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associations et inversement. Quelques exceptions du côté des entreprises privées ont été notées, celles-ci cherchant à rejoindre une clientèle russophone.

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