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Préparation de substrat de culture (glumes)

Après le battage du sorgho, les glumes sont récupé­ rées pour servir de substrat. Le champignon pouvant mener une vie saprophytique est cultivé sur les

glumes en vue d'une production à grande échelle

d'inoculum.

Quarante grammes de glumes sont pesés et mis dans des récipients cylindriques que l'on remplit d'eau. Le trempage s'effectue pendant 24 h et l'excès d'eau est enlevé le lendemain. Chaque récipient est fermé avec un couvercle filtre perméable aux gaz mais qui empêche les contaminations. Tous les récipients sont stérilisés dans une cocotte où ils sont soumis à une température de 121

·c

et une pression d'une atmo­ sphère pendant 20 mn.

Inoculation de

Fusarium oxysporum

isolat Ml 2-4A

Les glumes stérilisées sont inoculées après refroidisse­ ment total·. Six à huit rondelles de mycélium préle­

vées dans les cultures primaires de l'isolat Ml 2-4A de

F. oxysporum sont inoculées dans chaque récipient

cylindrique. Cinq jours de croissance et un brassage journalier des récipients permettent d'obtenir une colonisation totale du substrat.

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Pour les glumes, la solution de suspension peut être utilisée. Elle est obtenue en mettant 0,5 ml d'eau sté­ rilisée dans une boîte de Pétri contenant l'inoculum primaire et en la secouant pour avoir suffisamment de spores dans la solution. La solution ainsi formée d'une concentration de 105 spores /ml est utilisée pour inoculer les glumes de sorgho. Cette technique contrairement à la précédente ne nécessite pas de brassage journalier et une période de 5 jours suffit pour obtenir l'inoculum prêt à être incorporé dans le sol. Cette solution de suspension de spores a été uti­ lisée pour inoculer les glumes pendant cette produc­ tion.

Expérimentation

Cinq doses d'inoculum (0, 150, 300, 450 et 600 kg/ha) et deux modes d'association sorgho-niébé (interligne et interpoquet) ont été étudiés dans un dis­ positif factoriel à cinq blocs. L'essai a été implanté sur les parcelles fortement infestées du Centre d'anima­ tion rural (Car) de Cinzana en 1996, découvertes suite à une prospection effectuée en 1990 par les agents de la station de Cinzana. Leur histoire fait res­ sortir une monoculture de sorgho pendant plus de cinq ans, ce qui a contribué à l'augmentation du niveau d'infestation.

La parcelle élémentaire était de 3,6 m de long et l'écartement entre les poquets de 0,4 m. Dans chaque parcelle, cinq poquets d'une ligne ont été inoculés au semis à une profondeur de 10 cm. L'ino­ culum et la semence de la céréale ont été mis dans le m ême poquet. Les variétés de niébé et de sorgho étaient respectivement lt 89 Kd-245 (rampante à pro­ duction grainière et fourragère, résistante au S. gesne­

rioides (Willd) Vatke, et Tiémarifing. Une fertilisation

de 100 kg/ha de phosphate d'ammoniaque (18-46-0) a été appliquée au semis. Le niébé et la céréale ont été semés le même jour. Deux traitements phytosani­ taires du niébé au Décis à raison de 1 1/ha (dosé à 12 g/1 de deltaméthrine, la matière active) respective­ ment à la floraison et au début de la fructification oat été effectués.

Les observations suivantes ont été effectué@s nombre de plants de Striga 82 jours après semis (Jas), vigueur du Striga sur une échelle de notation de O à 9 (où : 0 = pas de plants de Striga émergés ; 1 = hauteur moyenne du Striga < 5 cm, sans branches ; 2 = hauteur moyenne 6-20 cm, sans branches ; 3 = hauteur moyenne 6-20 cm, avec

branches ; 4 = hauteur moyenne 21-30 cm , <_ 5 branches ; 5 = hauteur moyenne 21-30 cm, > 5 branches ; 6 = hauteur moyenne 31-40 cm, < 1 O branches ; 7 = hauteur moyenne 31-40 cm, > 10 branches ; 8 = hauteur moyenne > 40 cm, avec 10 branches ; et 9 = hauteur moyenne > 40 cm, > 10 branches) et rendement en grain du sorgho.

Après l'émergence du Striga, un carré de comptage correspondant à la surface inoculée a été placé sur chaque ligne centrale de la parcelle privée des deux poquets de bordure de part et d'autre. Dans ce carré s'effectuaient toutes les observations sur le Striga et la culture.

Les nombres de Striga ont subi une transformation en

racine carrée (x + 0,5) avant l'analyse de variance. La signification entre moyennes a été déterminée au seui l de P = 0.05 en uti lisant le test de Student­ Newman-Keuls.

1, Résultats et discussion

Striga hermonthica cause de sérieux dégâts aux cultures avant l'émergence (Doggett, 1 965). Dans le climat sahélien, l'incorporation de l'inoculum M 1 2-4A dans le sol a plusieurs avantages incluant la pro­ tection de l'inoculum de la dessiccation et des fluc­ tuations de température. En plus, i l permettrait

l'infection et le contrôle du Striga durant son déve­

loppement souterrain (Diarra, 1 996 ; 1 995 ; Diarra et al., 1 996a ; Ciotola et al., 1 995 ; Ciotola et al., 1 996). Les doses d'inoculum ont réduit significativement la

croissance du Striga et augmenté le rendement de la

céréale. L'incorporation de doses d'inoculum (0, 1 50, 450 et 600 kg/ha) sous forme de glumes colonisées par l'isolat Ml 2-4A n'a eu aucun effet significatif sur la date d'apparition des premiers Striga, ni sur la bio­ masse du parasite à la récolte et le nombre de plants de Striga atteignant la floraison et la fructification. L'appl ication de chaque dose d'inoculum a réduit

significativement le Striga tout en augmentant le ren­

dement en grain du sorgho (P < 0.05). Les fortes doses de 450 à 600 kg/ha ont réduit de 7 4 % le

nombre de plants de Striga 82 Jas et augmenté le

ren-dement grain du sorgho de plus de 80 % comparé au témoin (tableau 1).

Une interaction entre doses d'inoculum et mode d'as­ sociation a été observée, mais seulement avec le développement phénologique du parasite à 90 Jas. Cette interaction a réduit significativement la vigueur du Striga 90 Jas. Les faibles doses ( 1 50 et 300 kg/ha) ont réduit le développement phénologique du Striga en interpoquet comparé à l'interligne. Les fortes doses (450 et 600 kg/ha) n'ont eu aucun effet signifi­ catif sur le stade phénologique du parasite dans les deux modes d'association. L'interpoquet seul a entraîné un faible développement phénologique- du parasite. Cependant, les fortes doses ont réduit très significativement le développement phénologique du Striga dans l'interl igne comparé à la dose témoin (tableau 1 1).

Tableau Il. Effet de la combinaison de l'inoculation

avec F. oxysporum et de l'association du sorgho avec

le niébé sur les stades de développement phénologique du 5. hermonthica à Cinzana en 1 996n>.

Doses d'inoculum Mode d'association sorgho-niébé (kg/ha) 0 1 50 300 450 600 Etm à P < 0,05 Moyenne Cv (%) lnterpoquet<2> 1 ,4 1 ,2 1 ,2 1 ,6 1 ,0 1 nterl igne<2> 4,2 1 ,8 2,4 1 ,6 1 ,4 ± 0,41 1 ,7 22,5

(1 ) Dispositif factoriel en blocs de Fisher à cinq répétitions. (2) lnterpoquet : 0,4 m entre les poquets de la même culture ; Interligne : 1 ,6 m x 0,25 m pour le niébé,

et 1 ,6 m x 0,4 m pour le sorgho.

Tableau 1. Effet de cinq doses d'inoculum de F. oxysporum sur la croissance de 5. hermonthica et le rendement en grain du sorgho à Cinzana en 1 996.

Doses d'inoculum (kg/ha) 0 1 50 300 450 600 Etm à P = 0,05 Moyenne Cv (%)

Plants de Striga 82 Jas<n

Nombre m2 40,7 (6,28 d)12> 30,8 (5,54)c) 1 9,7 (4, 1 1 b) 1 2,9 (3,36 a) 1 0,7 (3, 1 1 a) ± 5,86 22,9 25

Dispositif factoriel en blocs de Fischer à cinq répétitions.

Rendement grain sorgho

kg/ha 1 505 b 1 580 b 1 670 b 2 880 a 2 773 a ± 840,7 1 840 23

(1 ) Jours après semis.

1-,-· -�=

(2) La variable a été analysée après transformation "\/(x + 0,5) ; les valeurs transformées sont indiquées entre parenthèses. Les moyennes suivies d'une même lettre ne sont pas significativement différentes au seuil 5 % par le test de Student­ Newman-Keuls.

Cet essai conduit dans un champ paysan comme les

précédents a démontré que 5. hermonthica était tué à

tous les stades de développement, des plantules aux

plantes en fructification (Diarra, 1995, 1 996 ; Diarra

et al., 1 996a ; Ciotola et al., 1 996). La première évi­

dence visuelle de l'infection d'un Striga émergé était

la nécrose au sommet des pieds. Cette nécrose des­ cendait vers le bas et les tiges infectées flétrissaient,

tournaient en brun et mourraient. Fusarium nygamai

Burgess et Trimboli a réduit la biomasse du Striga de

10-50 % (Abbasher, 1996). Leurs résultats et notre

travail avec des espèces de Fusarium sont concluants

dans la suppression du Striga et l'augmentation du

rendement de la culture dans les conditions de champ.

Des études futures doivent porter sur le développe­ ment des technologies de production à grande échelle de l'inoculum en collaboration avec des organisations non gouvernementales (Ong). Ces tech­ nologies doivent être efficaces, sans danger, à la portée des paysans tant au niveau technique qu'éco­ nomique tout en maintenant la virulence de l'ino­ culum.

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