• Aucun résultat trouvé

Mycoplasma genitalium :

III. Prélèvements bactériologiques chez l’homme :

2. Prélèvement du sperme (spermoculture) :

2.1. Étape pré analytique :

La maîtrise de l’étape pré analytique joue un rôle essentiel dans l’interprétation des résultats de la spermoculture. L’interrogatoire relèvera les antécédents d’infections génito-urinaires, leur sévérité, leur caractère aigu, récidivant ou chronique et le type de germe mis en cause. Il recherchera des facteurs favorisants tels le diabète, les sondages vésicaux chez le blessé médullaire par exemple, les malformations urogénitales, la consommation de toxiques (tel le tabac considéré comme un facteur d’entrainement de l’inflammation ou encore la prise de traitements antibiotiques récents ayant pu favoriser la sélection d’une espèce bactérienne ou mycologique.

Conformément aux règles de bonnes pratiques, les consignes de recueil données au patient doivent donc être claires, écrites et verbales, pour éviter les contaminations par la flore aéro ou manu portée et optimiser l’asepsie du prélèvement.

2.2. Prélèvement :

Le prélèvement du sperme est réalisé au laboratoire. Le recueil doit se faire après une abstinence de 2 à 5 jours, immédiatement après vidange vésicale. Après décalottage du gland, on réalise une toilette soigneuse du méat et du gland au savon antiseptique, ainsi qu'un lavage des mains avec le même produit. On applique ensuite une solution antiseptique sur le méat et le gland, puis on rince au sérum physiologique pour éliminer toutes traces d'antiseptiques. Après masturbation, l'éjaculat est recueilli dans un flacon stérile [82].

2.3. Démarche du diagnostic direct : 2.3.1. Examen direct :

Etat frais : une goutte de sperme entre lame et lamelle montrera les spermatozoïdes, leur mobilité, les cellules rondes, les Trichomonas, les germes et les levures.

Coloration de Gram : pour les germes et les levures, coloration de May Grunwald Giemsa pour les cellules rondes (spermatocytes, spermatides, leucocytes, macrophages) et les Trichomonas.

2.3.2. Mise en culture :

Pour la recherche de bactéries communes, ensemencer 10 ou 100 μ l de sperme dilué au 1/10 ème sur une gélose au sang et une gélose type chocolat Polyvitex. Certains laboratoires utilisent également une gélose au sang incubée en atmosphère anaérobie. Incuber les géloses 48 heures au minimum.

Pour les mycoplasmes génitaux, ensemencer 100 μ l de sperme non dilué sur milieux enrichis en sérum et extrait de levures. Il existe des milieux solides et des milieux liquides qui permettent à la fois l'identification, la numération et l'antibiogramme du mycoplasme. Les géloses sont incubées 48 à 72 heures et les minigaleries 24 à 48 heures. Il est à noter que ces milieux permettent la croissance d’U ; urealyticum et de M ; hominis, mais pas de M. genitalium. Pour la recherche de C. trachomatis, la culture sur milieux gélosés est impossible. L'examen de référence est la culture cellulaire sur cellules HeLa 229 ou MacCoy, présentant une excellente spécificité, une sensibilité de 80 à 90 %, mais elle reste réservée à quelques laboratoires spécialisés.

2.3.3. Résultats et interprétation : [82,83]

La présence d’une flore polymorphe (détection de plus de trois espèces bactériennes différentes) est en faveur d’une contamination du prélèvement par la flore manu ou aéroportée ou fécale. Un second prélèvement, réalisé dans des conditions d’asepsie strictes est nécessaire pour conclure. Une spermoculture ne sera interprétée comme positive que devant le caractère monomorphe de la bactériospermie et pour chaque germe en fonction d’un seuil de pathogénicité.

Compte tenu de la présence de la flore commensale présente au niveau du tiers externe de l'urètre, un seuil de 102 à 104 UFC/ml est retenu pour les bactéries « communes ». Le seuil est plus bas pour les entérobactéries et

Pseudomonas (≥ 102 à 103 UFC/ml) que pour les staphylocoques, streptocoques

et corynébactéries (≥5.103 à 104 UFC/ml) ou autres bactéries à Gram positif (≥ 104 UFC/ml). L'identification et l'antibiogramme sont réalisés en cas de culture monobactérienne ou en cas de nette prédominance d'une espèce. En revanche, M. hominis et Ureaplasma spp sont des commensaux des voies génitales, ce qui rend plus difficile l'appréciation de leur pathogénicité. L'aspect quantitatif est donc important à prendre en considération (≥ 104 UFC/ml). La présence de C. trachomatis, N. gonorrhoeae ou M. genitalium signe l'infection, qu'elle soit symptomatique ou non.

2.3.4. Antibiogramme:

 La détermination de la sensibilité des bactéries « communes »

 La détermination de la sensibilité des mycoplasmes peut se faire par antibiogramme en milieu liquide en utilisant les galeries d'identification.

2.3.5. Biologie moléculaire :

■ C. trachomatis : différentes techniques d'amplification génique sont actuellement commercialisées. Elles sont souvent couplées à la recherche de Neisseria gonorrhoeae, plus rarement à celle de M. genitalium. Elles sont très sensibles et très spécifiques, mais relativement onéreuses. Le contrôle après traitement ne doit pas être réalisé avant 6 semaines après l'arrêt de l'antibiotique.

■ N. gonorrhoeae : la mise en évidence de N. gonorrhoeae peut également être réalisée par PCR.

■ M. genitalium : différentes techniques d'amplification génique sont disponibles, soit en version techniques « maison », soit commercialisées ; parmi celles-ci, certaines permettent également la détection de C. trachomatis et de N.

gonorrhoeae.

2.4. Pouvoir pathogène des bactéries sur les spermatozoïdes : [83]

L’altération morphologique et fonctionnelle des spermatozoïdes (diminution de la mobilité notamment) dépend du micro-organisme en cause, de sa concentration, de l’ancienneté et du siège de l’éventuelle infection, du temps de contact bactéries- spermatozoïdes et de la présence ou non d’une oligospermie associée. La bactériospermie peut aussi avoir un retentissement sur les qualités intrinsèques nucléaires du spermatozoïde puisqu’elle serait une des étiologies principales de fragmentation élevée de l’ADN spermatique chez les patients infertiles.

2.4.1. C. trachomatis :

spermatiques et du nombre de spermatozoïdes typiques. La co-incubation de C.

trachomatis avec des spermatozoïdes induit une diminution des spermatozoïdes

mobiles et une apoptose de ceux-ci.

2.4.2. Mycoplasmes :

Dans le sperme, peuvent être retrouvés U. urealyticum, M. hominis et moins fréquemment U. parvum ou M. genitalium. L’impact de ces bactéries sur les spermatozoïdes est discuté. Alors que ces bactéries peuvent être commensales du tractus génital masculin à l’état normal, la présence de M.

hominis dans le sperme est associée à une diminution de la concentration

spermatique, de la mobilité spermatique et du pourcentage de spermatozoïdes typiques ou encore à une augmentation de la fragmentation de l’ADN spermatique. La présence d’U. urealyticum dans le sperme a un impact péjoratif sur la numération, la mobilité et la morphologie spermatiques.

2.4.3. Entérobactéries : Escherichia coli

Le pouvoir pathogène d’E. coli sur les spermatozoïdes s’exprime essentiellement par des phénomènes d’adhésion (adhésine d’E. coli/ récepteur saccharidique spermatique) induisant une agglutination des spermatozoïdes et une diminution de la mobilité spermatique voire une asthénospermie. De plus, très récemment, un facteur d’immobilisation spermatique produit par E. coli a été mis en évidence. La mise en contact in vitro de cette bactérie avec les spermatozoïdes induit une diminution de la mobilité spermatique (asthénospermie) par altération de la membrane plasmique.

2.4.4. Corynebacterium seminale :

D’après la littérature, C. seminale peut être impliqué dans certaines prostatites chroniques ou être présent à l’état commensal chez l’homme et serait parfois responsable d’une réduction de la mobilité des spermatozoïdes.

2.4.5. Staphylococcus aureus :

S. aureus serait responsable d’une agglutination et d’une immobilisation

des spermatozoïdes, causée par la sécrétion d’un facteur d’immobilisation de nature probablement protéique.

2.4.6. Gardnerella vaginalis :

G. vaginalis n’aurait pas d’impact sur les paramètres spermatiques. Mais à

un seuil de 103 UFC/ml, la présence de G. vaginalis serait corrélée à la présence d’une leucospermie et la bactérie serait associée à une altération des principaux paramètres spermatiques (concentration, mobilité et morphologie spermatiques).

Donc, Les bactéries ont un retentissement variable sur la morphologie, la concentration, la mobilité et la vitalité spermatiques. En pratique, après la prise en charge de la bactériospermie, les paramètres spermatiques doivent être réévalués. En augmentant le nombre de spermatozoïdes mobiles de morphologie normale (diminution des spermatozoïdes à flagelle enroulé dans le cas de spermocultures positives à E. coli par exemple), il serait possible d’« alléger » la prise en charge en s’orientant vers des techniques d’AMP plus simples et moins invasives.

Documents relatifs