• Aucun résultat trouvé

3.2 Approche du dimensionnement

3.2.2 Pré-étude paramétrique

La méthode basée sur le cycle de conversion d’énergie pour calculer l’effort surfacique moyen sur un secteur, et donc le couple moyen développé par un moteur, nécessite de connaitre le flux vu par chaque bobine. Pour estimer ce flux, il est nécessaire de connaitre la valeur du fondamental de l’induction magnétique due aux aimants. Afin de réduire le temps de calcul des moteurs, il est proposé d’établir une banque de données de ces valeurs d’induction en fonction de la géométrie du motif.

Des études précédentes ont montré que l’utilisation d’aimants jointifs permet de maximiser l’effort produit par rapport à un motif à aimants espacés (non jointifs) [AHM94]. L’assemblage d’une telle structure semble simplifié. En effet une structure à aimants non jointifs complexifie le montage puisqu’il faudrait ajouter, par exemple, un cadre amagnétique entre chaque aimant pour les maintenir espacé. Comme les structures polyentrefers nécessitent la présence d’un grand nombre d’aimants de petites dimensions, le cadre amagnétique doit avoir beaucoup de branches, et dont les dimensions doivent être très précises. De plus la configuration à aimants jointifs facilite le montage puisque les aimants alternés se positionnent d’eux-mêmes côte à côte. L’étude est donc volontairement limitée à une configuration d’aimants jointifs (comme présentée à la figure 3.2) afin de maximiser l’effort.

3.2. Approche du dimensionnement

Il existe dans la littérature la possibilité d’obtenir de façon analytique la valeur de cette induction [DEM03, LER06] par l’utilisation d’un entrefer fictif. Cet entrefer équivalent est calculé par l’intermédiaire du coefficient de Carter et permet de prendre en compte l’entrefer magnétique supplémentaire introduit par les encoches ouvertes. Cette modélisation utilise la modélisation d’un moteur rotatif complet [ZH93a, ZH93b, RAG08]. Notre étude est réalisée à partir du motif de répétition de la machine. Elle ne dépend donc pas du nombre de motifs. Ces études ne sont donc pas utilisables dans notre cas.

Une première approche a été de réaliser un tableau de valeur du coefficient de Carter par éléments finis permettant de calculer la valeur de l’entrefer fictif correspondant pour une machine à stator lisse. La figure 3.6 illustre le principe. Le but est de remplacer un motif avec une dent par celui d’un motif de machine à stator lisse (partie supérieure de la figure). L’entrefer fictif ef est calculé grâce au coefficient de Carter Kc. Pour cela, comme indiqué sur la partie inférieure de la figure 3.6, un flux est imposé sur le motif par la contrainte d’une différence de potentiel sur les segments gauche et droit. Il est alors possible de déterminer l’entrefer équivalent en mesurant la valeur N I sur le motif.

FIGURE3.6 – Illustration de la détermination du coefficient de Carter Kc

Une fois cette valeur d’entrefer calculée, il est possible de récupérer la valeur de l’induction à la position de flux maximum, préalablement simulée pour un stator lisse. Cependant la modélisation par un coefficient de Carter est utile lorsque le pas dentaire est beaucoup plus faible que le pas polaire. La figure illustre 3.7 la différence entre la configuration choisie ici et celle utilisée habituellement pour une modélisation avec un coefficient de Carter (tracée sur un pas polaire). Le motif 2 correspond à notre motif, où il y a une dent par aimant. Le motif 1 correspond à un motif où il y a 5 dents par aimant. Les deux motifs diffèrent uniquement par leur nombre de dents (même ouverture d’encoche). Le motif 3 correspond donc à l’équivalent avec un stator lisse de ces deux motifs, en y ajoutant un entrefer fictif par application du

CHAPITRE 3. Étude d’une machine polydiscoïde à bobinage dentaire et couplage polaire

coefficient de Carter.

L’évolution de l’induction spatiale en fonction de la position des aimants B(θ)n’est pas la même dans les deux cas ( figures 3.7(b) et 3.7(c)). L’influence de la position relative de l’aimant par rapport à la dent est beaucoup plus importante lorsqu’il n’y a qu’une seule dent par aimant. Il y a alors moins de flux récupéré dans le motif 2 (cas de notre étude). En effet il y a plus de fuites inter-aimant contrairement au cas où y a un nombre élevé de dents réparties en face des aimants.

(a) Motif 1 à 5 dents par aimant, Motif 2 à 1 dent par aimant et Motif 3 équivalent à stator lisse

(b) B(θ), motif 1 (c) B(θ), motif 2 (d) B(θ), motif 3

(e) B(x), motif 1 (f) B(x), motif 2 (g) B(x), motif 3

FIGURE3.7 – Illustrations de la différence lors de l’analogie de Carter sur deux motifs distincts

L’équivalence réalisée ne peut donc convenir aux deux motifs. Lors du tracé de l’induction dans l’entrefer à position de flux maximum B(x), la figure 3.7(g) représente l’équivalent des figures 3.7(e) et 3.7(f).

Pour calculer l’effort développé par le motif, il est nécessaire de connaitre le flux maximum dû aux aimants dans un motif vu par la bobine φa. Ce flux est égal au produit du premier harmonique de l’induction maximum moyenne spatiale Bmax1(θ)par la surface du motif :

3.2. Approche du dimensionnement

Lorsque l’on a le champ dans l’entrefer à la position de flux maximum, il suffit d’intégrer l’évolution de cette induction le long de l’entrefer et l’on obtient alors le flux φaselon la formule suivante :

φa =Smoti f × 2

π ×Bmax1(x) (3.4)

avec Bmax1(x)l’amplitude du fondamental de l’induction dans l’entrefer.

Le flux récupéré dans le motif 2 est plus faible que dans le premier motif, la modélisation par un entrefer fictif dans ce cas donne une valeur légèrement plus élevée pour le flux.

Le passage par le coefficient de Carter permet des calculs plus rapides pour un motif. En effet à partir de deux simulations par éléments finis, on peut obtenir le flux dans le motif :

1. une simulation pour évaluer la valeur de l’entrefer fictif ;

2. une simulation pour tracer l’évolution de l’induction dans l’entrefer.

Cependant l’erreur engendrée n’est pas faible (jusqu’à 8% sur l’effort surfacique de certains motifs simulés) ni constante, donc il a été choisi de ne pas utiliser cette méthode. Il est nécessaire à chaque motif de mesurer la valeur de l’induction moyenne spatiale en fonction de la position des aimants, ou directement le flux vu par la bobine. Pour cela il faut avoir autant de simulations par éléments finis que de points permettant d’évaluer correctement la valeur maximale du premier harmonique.

Une pré-étude a donc été réalisée pour déterminer les premiers harmoniques de l’onde spatiale de l’induction moyenne magnétique en fonction de la géométrie du motif. Comme dans les études antérieures sur de tels motifs [DES88, ZIE08, TIA96], le domaine est paramétré afin de réaliser l’étude avec des grandeurs adimensionnelles. Quatre paramètres adimensionnels sont définis ainsi en fonction de la figure 3.3 :

e= e e+ea, Λ= la e+ea, β= henc e+ea et s= ld la (3.5)

Ce motif de cinq grandeurs géométriques a donc été réduit à quatre paramètres adimen-sionnels, normalisés par rapport à la grandeur e+ea pour les trois premiers. Le paramètre s correspond à la largeur de dent relative à la dimension de l’aimant.

Les matériaux utilisés sont définis dans leur domaine linéaire dans cette pré-étude. En effet l’absence de courant dans le motif et la nécessité d’un grand nombre de points ne va pas dans le sens de l’utilisation des courbes réelles des matériaux. Dans ce motif, le flux est alors mesuré dans la culasse en fonction de la position de l’aimant, et un traitement mathématique permet ainsi d’extraire l’amplitude des premiers harmoniques du flux (et donc de l’induction moyenne spatiale).

Les différentes géométries ont été simulées et traitées pour les plages de variation des paramètres adimensionnels suivantes :

– 0, 01≤e≤0, 38 par pas de 0, 01 ; – 0, 1≤Λ≤6 par pas de 0, 1 ;

– 2≤β≤8 par pas de 2 ;

– 0, 05≤s≤0, 7 par pas de 0, 05.

CHAPITRE 3. Étude d’une machine polydiscoïde à bobinage dentaire et couplage polaire

Ces plages de variation ont été choisies afin que l’étude générale ne soit pas limitée par cette base de donnée et par expérience des études déjà réalisées [ME05, TIA96]. Les pas de calcul ont été fixés de sorte à ce qu’il n’y ait pas une grande différence sur la valeur du flux entre deux valeurs voisines d’un paramètre, les trois autres étant fixées. Bien évidemment lors d’un calcul sur un motif ne correspondant pas exactement aux paramètres disponibles dans la banque de données, la valeur choisie est prise pour la valeur du paramètre adimensionnel la plus proche. La variation est plus importante pour deux valeurs deΛ voisines, donc une interpolation linéaire est réalisée lorsque le paramètreΛ se trouve entre deux valeurs.

Cette première étude réalisée, une banque de données est donc constituée afin de pouvoir récupérer la valeur de l’induction magnétique en fonction de la géométrie du motif. La partie suivante explique les étapes du dimensionnement d’un moteur et les hypothèses utilisées.