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Postulation, mise à l’épreuve et initiation

A. L’initié et sa puissance

2. Postulation, mise à l’épreuve et initiation

Contrairement aux autres cultes afro-cubains dont les entités désignent directement les futurs initiés par le biais des diverses modalités divinatoires (médiums, diloggún, ekuele d'Ifá), contribuant ainsi à la construction d'un destin personnel qui s'accomplit à travers la religión, l'Abakuá ne fait intervenir aucune entité supra-humaine100 dans le choix de ses adeptes, seul le collectif des hommes désigne les candidats à l'initiation. Ce mode de recrutement se place aux antipodes de la démarche des pratiquants de la santería ou encore du palo monte dans la plupart des cas. En effet, c'est souvent un problème personnel ou une maladie qui poussent une personne à consulter un spécialiste religieux. De fil en aiguille, cette personne se familiarisera avec le monde des esprits (los muertos) ou encore les orishas et nouera une relation personnelle avec ces derniers, relation qui, éventuellement, la mènera un jour à faire

99 C'est surtout l'engagement social qu'implique l'initiation abakuá qui est critiqué. Le corps social de l'Abakuá menace l'intégrité de l'individu, risquant de l'entraîner sur la pente savonneuse de la délinquance et de la violence. Le concept de solidarité est une menace aux yeux des non-initiés puisqu'il implique un soutien sans faille à un ecobio en danger. « Sans rien demander, tu peux te sentir obligé d'épauler un

ecobio lors d'une rixe et te retrouver en prison pour un coup de couteau inopportun alors que l'affaire ne te concernait pas » relève Robertico, un habitant du Vedado.

100 Cependant, lors des cérémonies, à l'intérieur du fambá, le port du béret blanc est préconisé. « Nous

son saint ou à se rayer en palo. En revanche, personne ne s'initie à l'Abakuá pour des raisons de santé ou encore pour résoudre un problème avec l'aide de l'au-delà puisqu'Abasi, le dieu suprême, n'intervient absolument pas sur le quotidien de ses adeptes. Toutefois, Pavel donne l’exemple d’Orlando Caballero, Mokongo d’Efí Embemoro exilé aux États-Unis et atteint de cancer, qui, après une chimiothérapie, vient à Cuba et assiste à un baroko (où un Iyamba sera intronisé) de sa puissance dans le quartier de Párragas. Lors de sa sortie du fambá, c’est un homme rajeuni et en pleine forme qui se présenta à ses frères de jeu.

Ça c’est grâce à l’énergie d’Ekue, c’est quelque chose d’incroyable. Généralement d’ailleurs, Iyamba, Isué, Isunekue et Mokongo vivent longtemps, grâce à la consécration qu’ils ont reçue (Pavel, 51 ans).

Lydia Cabrera (1975: 8) donne l'exemple d'un vieil initié qui explique « Ekue émeut, il exerce de loin une attraction irrésistible, provoque chez l'homme qui l'entend une exaltation mystérieuse, intime ». Un haut dignitaire (Isué) témoigne :

Ceci [le son d'Ekue] m'a fait ressentir une telle émotion que le sang m'est monté au cerveau et mon coeur s'est mis à battre très fort. Plus j'entendais ce son qui semblait provenir de la bouche d'un être surnaturel, plus j'avais peur et plus j'étais joyeux.

Selon Tato,

Muna [autre nom donné à Ekue] est une énergie incontrôlable, qui rampe hors du temple aux petites heures du matin, c'est une force brute. Après lorsqu'il y a trop de monde ça devient une beuverie et une fête mais avant, il n'y a pas de mot pour le décrire. Celle qui a le mieux réussi c'est Belkis101 et comble du comble, elle n'a jamais assisté à un plante mais elle avait su saisir cette spiritualité.

Au niveau du vocabulaire, les initiés peinent d'ailleurs à exprimer le lien qui les unit à Ekue, contrairement aux adeptes de la santería ou encore du palo monte dont la relation avec l'entité tutélaire, orisha ou infumbe, est constamment verbalisée dans le registre de l'affectif. Ekue, à l'inverse, reste lointain, insaisissable et abstrait dans ses représentations physiques. « Au final, l'Abakuá ne te donne rien, c'est plutôt toi qui donnes à pure perte, du temps, de l'argent et de l'énergie ! » relève Leonel, membre d' Ebion Efó.

101 Belkis Ayon a consacré la majeure partie de son oeuvre picturale à l'Abakuá (voir figure 4). Au sommet de sa gloire, en 1999, à l'âge de 32 ans, au moment où sa carrière internationale prend son essor, elle se suicide. Des bruits courent alors que c'est en raison de ses tableaux de thématique abakuá, qu'elle a été assassinée pour avoir divulgué des secrets ou qu'une force supérieure qu'elle ne maîtrisait pas l'y a poussée.

Ainsi, dans la plupart des cas, c'est un choix personnel et un réel désir d'intégrer un collectif d'hommes renforçant une masculinité en devenir qui motivent les candidats à l'initiation abakuá102. En effet, l'Abakuá n'est pas prosélyte, mais les aspirants sont extrêmement motivés et iraient parfois jusqu'à « vouloir mourir pour l'institution » (Pedro Díaz, 1961: 18). Dans un premier temps, l'aspirant – incité par ses pairs ou son cercle familial – devra choisir un parrain abakuá au sein du jeu qu'il souhaite intégrer. Ce parrain va se porter garant de sa candidature et épauler le candidat dans les épreuves qui l'attendent. C'est lui qui adressera une demande officielle au comité directeur du jeu en question. Cette demande sera examinée et évaluée puis, une fois acceptée, le candidat sera désigné par le terme d'indíseme – postulant – jusqu'au jour du plante initiatique. Généralement, un ou deux ans s'écoulent entre l'acceptation officielle de la postulation et l'initiation finale. Cette période est une mise à l'épreuve pour le candidat qui sera non seulement soumis à une enquête interne en ce qui concerne son passé et ses antécédents moraux, mais sera aussi sujet aux provocations les plus diverses auxquelles il devra réagir selon l'éthique abakuá.

Les gens dans l'ambiente, quand ils apprennent que tu es indíseme ou abakuá, te testent et te mettent à l'épreuve, c'est dangereux. Ils m'ont présenté à la réunion : « C'est un bon type mais il sait mettre les choses à leur place au besoin (Yodelkis, 25 ans, initié depuis 2 ans, sans emploi).

Par conséquent, être un indíseme représente un état de tension nerveuse puisque, durant ce laps de temps, l'aspirant peut à tout moment voir sa candidature rejetée et être ainsi déshonoré à tout jamais au sein du milieu populaire havanais. « Si tu es indíseme et que tu n'as pas pris de représailles pour une offense, tu ne peux pas te jurer car tu compromets ta puissance » affirme Tato. Par conséquent, la masculinité du candidat sera remise en question et passée au crible au cours d'une enquête de voisinage menée par des abakuás désignés à cet effet. Les rivaux potentiels et les ennemis profitent de cette occasion pour se manifester et mettent sur le tapis d'anciens différends avec de nouveaux enjeux. Si l'offense n'avait pas été réparée selon le code de l'honneur de l'ambiente havanais et qu'aucune conséquence n'en découlait, la postulation est le moment idéal pour ressortir du placard de vieilles querelles non résolues et porter un jugement officiel et sans appel sur un comportement équivoque. Ainsi, selon l’un de mes interlocuteurs, un jeune homme s'était vu refuser l'initiation car il avait prêté une chaîne

102 Reinaldo me confie que c'est à travers la pratique du spiritisme qu'il s'est initié car son esprit protecteur est un mort abakuá qui l'a naturellement guidé dans cette voie. Cependant cette démarche reste isolée.

en or à un ami qui ne la lui avait jamais rendue. Un homme, un vrai, aurait réclamé son bien à grands coups de poings. Ne pas le faire équivaut à être taxé de lâche.

Durant cette période de présentation, l'indíseme devra aussi faire la preuve de sa bonne volonté et de sa soumission aux règles édictées par les anciens et à leur autorité. Selon Wilfredo, il devra assister à chaque réunion, participer aux tâches qui lui seront imparties comme par exemple le nettoyage du temple ou l'arrangement du patio. L'indíseme le plus méritant sera le premier dans la file à être purifié par l'íreme et donc le premier à pénétrer dans le fambá pour être initié103.

Toutefois, la précarité du statut d'indíseme ne se termine qu'au moment de l'entrée dans le fambá et non au moment de la décision du collectif dirigeant pour déterminer qui peut s'initier ou non. En effet, il existe des anecdotes mentionnant des interventions théâtrales au moment des plantes et de la purification rituelles des indísemes en ligne et agenouillés (limpieza de la fila : nettoyage de la file). Être relevé et retiré de la file (levantado de la fila) est une offense dont le postulant portera les stigmates toute sa vie (Pedro Díaz, 1961). Celui qui a l'audace de le faire s'expose pour sa part à des représailles sanglantes et lance un défi au reste de la puissance104.

103 Le premier homme à être initié au sein d'un jeu nouvellement fondé s'appelle obonekue obon ou tero-

makotero.

104 S'opposer en public à une initiation équivaut à déclaration de guerre. « Je suis seul et je m'oppose à la

Figure 19 : File de néophytes (Photo Felipe Baró Díaz)

Tu peux être la pire personne au monde mais selon ton comportement dans la prison, ils [les abakuás] te valorisent. J'ai vu de mes propres yeux le Gros Santa Cruz demander que des gens lui maintiennent au sol un type de plus de 100 kilos afin de lui sauter dessus à pieds joints ! Et ensuite, le Gros a été juré dans Efori Mago et est même devenu plaza !! Mayito, le chanteur des Van Van a postulé et le Gros ne l'a pas laissé se jurer, j'étais présent à ce plante. Le Gros a dit : « Jusqu'ici les gens se jurent » et il a séparé la file juste devant Mayito, tout le monde à genoux et les yeux bandés. « Je suis le Nasaco de cette puissance et je décide que la file va jusque là. Mayito tu es mon ami mais tu sais que tu as fait pas mal de conneries » À Pablito FG105 aussi ils lui ont refusé l'initiation mais ça c'était correct, il a baisé avec trois lesbiennes en même temps, s'est tapé des folles. Chelo, un plaza, lui a dit : « Asere non, même si tu paies c'est non ! (Ivan, 40 ans, ex- prisonnier).

Généralement, bien qu'aucun règlement ne l'établisse, les postulants à l'initiation sont jeunes, entre 15 et 20 ans environ. Il existe des initiations plus tardives, par exemple Wilfredo qui devint abakuá à 40 ans, mais elles font figure d'exception. L'argument de la jeunesse des initiés est d'ailleurs souvent mobilisé pour justifier le choix de tel ou tel jeu. Les jeux dont la majorité des membres est jeune connaissent un franc succès malgré la réputation prestigieuse de certains autres. Leandro, 24 ans, universitaire, obonekue d'Efi Erukanko, un jeu nouvellement fondé, précise :

Même si mon père et mes oncles étaient membres de Mutanga, j'ai choisi un jeu de jeunes, sinon tu es tout le temps en train de pleurer tes membres défunts et tu ne peux rien faire.

Ainsi, la vigueur et la fougue des nouvelles recrues non seulement dynamisent les cérémonies et renforcent le corps social de l'Abakuá en assurant sa relève mais interviennent aussi au niveau symbolique et rituel puisqu'Ekue s'alimente de leur force physique et de leur sang. « Ekue aime le sang frais, il y puise sa force », argumente Adolfo, obonekue d'Eron Entati.

Figure 20 : Nouveaux initiés à leur sortie du temple (Photo Felipe Baró Díaz)

Dans la plupart des cas et dans une première phase, les motivations qui poussent les postulants à l'initiation semblent être d'ordre social. En définitive, au moment de soumettre leur candidature, rares sont les candidats qui sont animés par des raisons mystiques, spirituelles ou religieuses.

Je me suis disputé avec ma famille et j'ai dû prendre le large, je me suis retrouvé à la rue et au coeur du monde marginal. J'en ai fait partie. Je suis devenu abakuá par machisme et pour survivre, respecté de tout le monde, pour aller aux docks chercher du travail (Virgilio, 84 ans, obonekue d'Isún Efó).

En effet, l'Abakuá fait partie du quotidien de la jeunesse des « quartiers marginaux » (barrios marginales) et constitue un passage quasi obligé pour acquérir ses galons de noblesse dans le milieu populaire havanais. « L'Abakuá recherche une reconnaissance sociale, c'est une consécration en tant individu originaire d'un quartier » constate Tato. Par conséquent, faire partie d'un quartier est source de fierté et un vecteur identitaire très fort. Encore actuellement, le quartier représente un environnement physique et social sécurisant pour la plupart. Le voisinage connaît le parcours de chacun et la solidarité entre voisins est une valeur partagée de tous.

Ricardo el Isún à 80 ans s'asseyait tous les jours à Zanja avec une chaîne en or de 500g autour du cou. Le Ninja de San Leopoldo la lui a volée mais a dû la rendre aussitôt car tous les abakuás qui connaissait Ricardo se sont mis sur le pied de guerre. « Soit tu lui rends la chaîne ou on te découpe en rondelles ! ». Il représentait l'éthique du quartier, les mères de famille lui amenaient les enfants pour qu'il les connaisse. Il savait tout sur le quartier (Iván, ex-prisonnier).

Dans les environs des temples abakuás, la majorité des jeunes fréquente les patios dès l'enfance et s'entraîne déjà à mimer les mouvements de danse de l'íreme. Par conséquent, au moment de l'adolescence, être admis au sein de ce collectif d'homme devient un moyen d'intégrer un réseau social dense dont la solidarité entre membres constitue un incontournable et permet aux jeunes d'engranger du capital social et symbolique afin de se construire une masculinité forte et confirmée106.

Le rituel abakuá d'initiation fait partie de ce que Van Gennep (1994) a qualifié de « rite de passage107 ». D'une part, la séquence rituelle108 suit le schéma proposé par Victor Turner (1990) (séparation – liminalité – agrégation) et d'autre part, il s'agit d'un rituel qui marque un changement de statut social pour ceux qui y participent109. Ainsi, le rituel abakuá constitue

106 La masculinité, telle qu’elle sera abordée plus en avant dans ce chapitre, est problématique selon Gilmore (1990: 11). Contrairement à la féminité dont l'identité de genre est rarement remise en question de manière aussi dramatique, l'homme considéré comme déviant est source de moqueries et la sanction se fait en public. Une réflexion peut être menée sur l'aspect construit de la masculinité qui se range du côté de la culture alors que la féminité se range du côté de la nature (voir Mathieu, 1973).

107 Zempléni (1993) distingue trois sortes d'initiation : les initiations tribales obligatoires des garçons ou, plus rarement, des filles au statut d'adulte de plein droit ; les initiations religieuses électives des divers intermédiaires entre le monde humain et les puissances invisibles (prêtres, devins, possédés, chamans) enfin les initiations facultatives et donc volontaires aux sociétés secrètes (parfois étendues à l'échelle de l'ethnie comme chez les Hopi ou les Mende).

108 C'est-à-dire la mise en file des indísemes les yeux bandés, la purification par l'Eribangando, l'entrée au temple, l'attente dans l'obscurité, l'initiation et enfin la sortie du temple dans la liesse générale.

109 « Les attaques physiques sur le corps des garçons, sorte de castration symbolique, la mise à distance du monde extérieur à l'intérieur du sanctuaire de la société secrète qui agit comme un objet sexuel et un mécanisme de naissance peuvent être interprétés selon la théorie freudienne de séparation psychologique de la mère et intégration sous l'autorité du père » (Ottenberg, 1988: 337).

une exception dans le champ religieux afro-cubain puisqu'il marque le passage à l'âge adulte des indísemes ou confirme au moins l'abandon d'un état d'adolescent encore proche de l'enfance pour une masculinité ostentatoire de mâle confirmé. L'état de liminarité dans lequel se trouvent les néophytes au moment de l'initiation met en scène le collectif des hommes et « donne à penser que celui qui est grand ne pourrait pas être grand sans l'existence des petits et il faut que celui qui est grand fasse l'expérience de ce que c'est d'être petit » (Turner, 1990: 98). L'épreuve morale et physique de la période transitoire puis du rituel initiatique consacrent une masculinité exacerbée et confirment une virilité en devenir. Pour avoir confirmation de son statut de mâle, l’aspirant doit passer par l’humiliation à quatre pattes, les yeux bandés devant l’íreme qui le chevauche et le frappe.

Figure 21 : Íreme purifiant un indíseme (Photo Felipe Baró Díaz)

Il s'agit de se distancer du monde des femmes qui, dans une société où la masculinité se construit sur le mode machiste, sont celles qui éduquent et accompagnent le petit garçon durant son enfance. Comme le relève Ottenberg (1988: 343), l'initiation à une société secrète d'adultes amène les garçons à une balance entre hiérarchie et égalitarisme. En effet, l'initiation est contrôlée par des hommes plus âgés alors que les initiés forment entre eux un groupe de pairs qui s'identifient les uns aux autres en raison du rite partagé et des expériences qui suivront.

Je me suis juré avec 6 autres gars, bien sûr nous n'avions pas forcément d'affinités mais, à part deux exceptions qui, une fois l'initiation terminée ont délaissé progressivement l'Abakuá, nous nous entendions bien et allions de plante en plante ensemble... c'était la belle époque ! (Eduardo, 55 ans, plaza d'Ebión Efó, barbier).

Les liens tissés par l'expérience partagée durant le processus d'enquête puis au moment du rituel à proprement parler, de la formation de la file puis de l'entrée dans le temple, dépassent ceux qui unissent l'initié au reste du groupe110. D'un point de vue symbolique, le fait de s'unir à Ekueen même temps équivaut à sceller un pacte de sang dont Abasi est le témoin, ce qui renforce des liens d’amitié et de solidarité entre pairs. Ensuite, les années suivantes, le fait de devenir plaza permet d'asseoir son prestige au sein de l'institution abakuá.

Le plante est donc un moment privilégié dans la construction d'une identité abakuá puisqu'il permet la mise en scène du collectif des hommes et sa hiérarchie dans un espace temps réduit. Le temps du rite, le mythe fondateur est réactivé par les acteurs sociaux qui perpétuent ainsi le corps social de l'Abakuá à travers les époques. La tension permanente entre individu et collectivité est résolue au moment du plante. La collectivité devient le support et le public des mises en scène individuelles des uns et des autres dans un cadre social codifié selon les normes du collectif des hommes. L'essence même d'une identité abakuá se joue au coeur des patios des temples. En ce sens, l'atmosphère survoltée du plante cristallise les valeurs véhiculées par cette société secrète. Être abakuá signifie savoir tenir son rôle tant social que religieux au moment des cérémonies, c'est-à-dire savoir se comporter face à la collectivité mais aussi préserver son honneur individuel et revendiquer une attitude de mâle qui s'assume, que ce soit à travers les interactions de franche camaraderie virile avec les ecobios, l'absorption d'un grande quantité d'alcool ou encore l'adoption d'une gestuelle codifiée et

110 Dans la santería, deux personnes qui reçoivent la main d'Orula – cérémonie qui précède la saint et détermine quel est l'orisha tutélaire de la personne – ou « font leur saint » en même temps deviennent aussi frères ou soeurs de religion.

vindicative. L’apprentissage d’une posture corporelle adéquate se fait au quotidien dans le groupe de pairs et éclate au grand jour au moment du plante. Le modelage du corps du néophyte tend à incarner un idéal masculin qui se construit dans la compétition et par