• Aucun résultat trouvé

2.6 Configuration et dimensionnement

2.6.2 Positionnement de l’assise

Le déplacement de l’assise d’un fauteuil roulant de haut en bas ou d’en avant vers l’arrière varie la distance entre l’épaule de l’utilisateur et le cerceau et pourrait influencer divers paramètres cinématiques et cinétiques de la poussée. Higgs (1983) [9] fut un des premiers à

démontrer une très grande corrélation entre la performance des athlètes et leur position assise; une position assise-basse étant la plus performante, pour des athlètes au 10K utilisant des fauteuils des années 80. Les résultats des études concernant la variation de la position de l’assise sont contradictoires, cette situation étant probablement expliquée par le choix des sujets (handicapés et non-handicapés, niveau de la lésion), du type de fauteuil ou du protocole testé. Par conséquent, aucune ligne directrice concernant le choix du positionnement de l’assise n’a été établie par la littérature.

L’étude de Mâsse et al. (1992) [26], bien qu’effectuée avec les fauteuils de la fin des années 80, démontra l’influence que peut avoir la position de l’assise, soit une combinaison de deux hauteurs (haut et bas) et trois positions avancés/reculés (arrière, milieu et avant), sur différents paramètres du cycle de poussée d’un athlète et ce, pour une vitesse du fauteuil constante (5,92 m⋅s-1). La hauteur basse était déterminée alors que la phalange distale de l’index touchait le bas du cerceau (i.e. à 6h) tandis que la position haute était plus haute de 10% de la longueur du bras que la position basse. La distance entre les positions avancées/reculées était telle que le centre de masse du système athlète/fauteuil était situé 3, 6 ou 10 cm devant l’axe de la roue arrière, ces variations n’étant pas normalisées en fonction de l’anthropométrie du sujet.

Mâsse et al. (1992) [26] démontrèrent que les positions assises basse-arrière et basse-milieu, permettraient une plus grande étendue de la poussée (cohérant avec Burbaker et al. (1980) [82]), diminueraient la durée de la période de contact et augmenteraient la durée du cycle de poussée, résultant en une diminution de la fréquence de poussée. Aucune de ces variations ne fut notée pour les positions avancées. Les auteurs ne concluent pas sur l’amélioration des performances des athlètes que pourraient engendrer ces deux positions, mais on pourrait croire qu’elles requerraient moins d’énergie puisqu’une basse fréquence de poussée jumelée à une durée de la période de recouvrement plus longue diminuerait la fatigue, mais diminuerait probablement aussi la force générée et par conséquent, la performance temporelle.

De plus, la position assise basse-arrière de cette même étude [26] permettrait à l’athlète de produire des vitesses et accélérations angulaires du membre supérieur plus basses que les autres positions. Ce faisant, cette position pourrait être intéressante quant à la diminution des

risques de glissement des gants sur le cerceau au moment du contact, à l’augmentation de la force que peut produire l’athlète à de plus basses vitesses d’exécution du geste en plus de potentiellement diminuer la demande énergétique qu’engendre le déplacement du membre supérieur à de plus basses vitesses de déplacement.

Aucune différence dans les patrons d’activation des muscles en fonction de la position ne fût constatée par les auteurs [26], mais un changement dans l’amplitude d’activation fût remarqué. Les changements de positions affectèrent principalement les muscles pectoraux, les deltoïdes antérieurs ainsi que les triceps (en accord avec Cooper (1990) [11]). L’activité musculaire serait plus faible pour les positions assises basse-reculé et basse-milieu, confirmant que ces positions requièrent moins d’énergie pour ce déplacement à une même vitesse que les quatre autres positions testées [26]. Le fait que le centre de masse soit davantage rapproché de l’axe pour les positions basses-arrières diminuerait la résistance au roulement [83], ce qui pourrait aussi expliquer la plus basse activité musculaire puisque les pertes à combattre seraient plus petites.

Pour les six positions testées, Mâsse et al. (1992) [26] ne trouvèrent aucune différence entre les moments angulaires du tronc malgré le fait qu’ils remarquèrent un grand déplacement de haut en bas de ce dernier. La grande variabilité entre les sujets et le fait que les athlètes changent la position de leur épaule pendant le test pour se rapprocher de leur position usuelle ou confortable, pourrait expliquer pourquoi les auteurs ne constatèrent aucune différence dans les déplacements du tronc selon les différentes positions testées. Cette remarque a aussi été faite par Walsh et al. (1986) [50] qui ne dénota aucune différence entre la vitesse linéaire maximale de déplacement du fauteuil atteinte par les athlètes en fonction de la position de l’épaule due à la variabilité de la position de l’épaule à l’intérieur même d’un test. Ils suggèrent de mieux contrôler cette variable. En effet, malgré le fait qu’il était demandé aux athlètes de maintenir une position de l’épaule stable pendant le test, les analyses vidéo ont révélé que l’athlète tentait de compenser la nouvelle position inconfortable en variant la distance entre l’épaule et le gant sur le cerceau. Ils supposent aussi que le fait que les variations de positions testées n’étaient peut-être pas suffisantes pour influencer les données de vitesses maximales (trois positions sur l’horizontale distantes de 2,54 cm chacune et trois

positions en hauteur séparées de 3,81 cm). Dans aucune des études répertoriées, les variations de l’épaule par rapport au cerceau n’étaient exprimées proportionnellement aux dimensions anthropométriques des sujets [35].

Les différentes études de Van der Woude et al. (1989 et 2009) [35; 84; 85] notèrent, pour une variation de la hauteur de l’assise et une puissance en sortie constante normalisées par rapport à la puissance maximale du sujet, une différence statistiquement significative entre la distance épaule-cerceau et l’efficacité mécanique ainsi que la consommation d’oxygène, pour des fauteuils d’athlétisme datant des années 80 ou pour des fauteuils standards. La consommation d’énergie était minimale et l’efficacité mécanique maximale lorsque l’angle au coude du sujet était situé entre 100 et 120 degrés (alors que la main est placée au dessus du cerceau d’un fauteuil). Tout comme Mâsse et al. (1992) [26], les auteurs mesurèrent une augmentation de l’étendue de la poussée avec la baisse de l’assise, mais notèrent une augmentation de la durée de la période de contact, ce qui est contraire à l’étude de Mâsse et al. (1992) [26]. L’augmentation de la hauteur de l’assise augmenterait l’amplitude de la trajectoire du tronc vers l’avant, diminuerait l’abduction de l’épaule et la flexion/extension au coude pendant la phase de poussée. La variation dans la trajectoire du membre supérieur et du tronc semblerait compenser pour le manque de portée de la main sur le cerceau dans cette position. La plus grande amplitude de mouvement du membre supérieur et du tronc (ce qui augmente l’activation musculaire), le patron de mouvement différent (ce qui influence la relation tension-longueur) ainsi que le temps de contact plus long pour une même vitesse de déplacement (donc plus grande création de puissance) pourraient expliquer l’augmentation du coût énergétique de la position assise haute notée par Mâsse et al. (1992) [26] et Van der Woude et al. (1989) [35].

Finalement, quelques études ont relié la position de l’assise à l’efficacité mécanique ainsi qu’au rythme cardiaque [35; 84]. L’efficacité mécanique serait plus grande et le rythme cardiaque plus bas lorsque l’assise favorise une extension au coude entre 100et 120 degrés. Une étude plus approfondie sur la question démontra aussi une augmentation de la force totale appliquée au cerceau alors que l’assise était en position basse, soit lorsqu’elle favorisait une extension au coude variant entre 100 et 130 degrés [85].

Suite à ces paragraphes, on pourrait penser qu’une position assise basse et reculée serait adéquate quant à l’amélioration des performances des athlètes, principalement d’un point de vue physiologique. Ces données n’apportent pas d’information précise quant au positionnement de l’athlète nécessaire à l’amélioration d’un temps de course de 4%, ni n’étudient l’influence de déplacer le centre de masse de l’athlète sur la stabilité du fauteuil dans les virages ou sur le pivotement arrière du fauteuil (« wheelie »). De plus, aucune des études citées n’a été effectuée sur les fauteuils roulants récents. Il n’est par conséquent pas possible de statuer sur l’impact d’une position donnée sur les performances des athlètes en se basant sur les écrits.