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Recommandations sur l’Intégration des Applications

VII. RECOMMANDATIONS ET PROPOSITIONS D’AMELIORATION

7.3. Recommandations concernant l’Intégration Applicative du Système d’Information

7.3.1. Recommandations sur l’Intégration des Applications

Le système d'information des finances publiques a atteint un certain stade de complexité et est confronté à un problème classique : comment intégrer les applications entre elles ? Par exemple : l'application ASTER a besoin de données présentes dans SIGFiP, et l’application TAKWE a besoin de données présentes dans SYDONIA, et SIGFiP.

Les solutions traditionnelles mises en œuvre actuellement n’abordent le problème de l’intégration entre applications que par les données : transferts périodiques de fichiers, partage de base de données, réplication et transformation des données utilisées par les applications …

Ainsi sont développées des solutions d'intégration spécifiques capables de répondre rapidement au besoin d'intégration : les applications se parlent alors en face à face (on dit encore en "point à point") via des interfaces qui doivent être paramétrées et maintenues une à une : c'est l'approche « spaghetti ». Par rapport à la logique de développement d’un nouveau système, cette approche est initialement peu coûteuse et rapide à mettre en œuvre, et a l’avantage de s’appuyer sur l’existant. En revanche le nombre d'intégration point à point augmente de manière exponentielle lorsque de nouveaux systèmes doivent être intégrés (si n est le nombre d’applications à interconnecter, le nombre de passerelles bidirectionnelles à développer pour aboutir à un système complètement communicant est n (n – 1) : pour 5 applications, il faut donc 20 passerelles), l'administration et surtout la maintenance deviennent problématique (l’équipe de développement initiale n’est plus forcément disponible et la documentation technique est parfois insuffisante pour permettre la reprise des développements), les risques d'erreurs augmentent, et les coûts totaux de changement (TCC, Total Cost of Change) s’accroissent d’autant.

Une telle stratégie exige alors des programmeurs maîtrisant les divers protocoles de transmissions, des langages de programmation, les différentes plateformes de base de données, … Et débouche sur des coûts de programmation élevés, entraînant souvent des retard de projet et dépassement de coûts, une redondance du code d'intégration, quand des modifications de processus métier exigent les modifications correspondantes des applications (le cas actuellement entre SIGFiP et ASTER), des coûts accrus et les inefficacités opérationnelles se développant comme le carré du nombre de systèmes intégrés.

Et enfin, la plupart de ces interfaces s’exécutent en mode batch, généralement pendant la nuit.

Le contexte actuel réclamant de plus en plus de réactivité et une fluidité accrue de l’information, il devient de plus en plus difficile par exemple d’admettre par exemple que l’accès au suivi des mandats en instance de paiement n’est possible que le lendemain de son

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enregistrement pour des raisons de mise à jour de bases de données ou qu’il existe de discordance dans les rapprochements entre les éditions des différents systèmes.

Le chantier d’intégration est un poste important du budget informatique des organisations, et il doit privilégier la flexibilité et la pérennité du système intégré.

Répondre simplement à cette problématique de réactivité, de productivité, de volumétrie, de sécurité et de fluidité de l’information est l’objet de logiciels classé dans la catégorie des outils liés au marché de l’EAI.

Les serveurs d'EAI permettent de connecter des systèmes disparates à une plate-forme d'intégration unique, en utilisant une structure d'adaptation qui raccourcit les délais d'intégration, en diminue les coûts et simplifie l'introduction de nouveaux systèmes dans l'environnement. Le serveur d'EAI (enterprise application intégration) se situe au niveau de la couche logicielle qui prend en charge le dialogue entre les applications. Quand les applications d'une organisation sont nombreuses et doivent échanger beaucoup de données, c'est "l'effet toile d'araignée schizophrénique" assuré si les applications échangent des données en "point à point" via des interfaces qui doivent être paramétrées et maintenues une à une. Il s'agit bien souvent de faire dialoguer entre elles des applications qui n'ont pas été conçues pour cela à l'origine.

Concrètement, l'EAI permet de lier les applications entre elles grâce à un bus d'information commun auquel elles sont liées par des connecteurs spécifiques. Le nœud central, qui gère les interactions entre les applications, apporte une notion de découplage : grâce à l'utilisation d'un format intermédiaire de communication les liens (connecteurs) tissés entre chaque application sont maintenant remplacés par une liaison unique partant de l'application vers la solution d'EAI. Ainsi, pour cinq applications, il suffit de disposer de cinq passerelles, contre vingt dans la version précédente.

Ce nœud central assure ensuite la communication avec les autres applications.

L’EAI déporte et mutualise la problématique d’interfaçage :

ƒ la logique métier est bien traitée par l’application dédiée qui la concerne, mais tous les traitements tels que : Ordonnancement, Extraction, Transformation, Emission, Routage, Suivi, Réplication, Synchronisation, Remontée d’alertes …sont pris en charge et ont leur interface déporté dans l’EAI ;

ƒ l’impact sur les coûts de mise en œuvre et de maintenance des connecteurs est rapide, et croissant ; les gains de développement atteignent 25 % pour les interfaces simples et 43 % pour les applications complexes en utilisant simplement une solution d’EAI ;

ƒ l'EAI offre aux organisations le moyen de capitaliser sur les systèmes existants sans se lancer dans de longues et coûteuses opérations de rénovation, tout en centralisant les échanges de données, la supervision des systèmes, des processus et

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volumétrie, de sécurité et de fluidité de l’information

L’Approche « Spaghetti » traditionnelle

L’Approche EAI

7.3.1.1. Solution d’EAI proposée

Le choix d’un outil est aujourd’hui difficile car le marché de l’EAI a explosé en une multitude d’outils.

On peut classer les solutions d’EAI par modèles d’architecture : "Hub and spoke" ou

"Network Centric".

ƒ L'architecture "Hub and spoke". C'est le modèle centralisé de l'EAI. Ici, tout passe par un "hub" central qui concentre les services sur un seul serveur. Aucun flux n'est possible sans l'entremise de ce hub. Quand une application envoie un message, ce dernier est expédié à destination du hub. Le référentiel (la base où sont stockées les règles de routage et de transformation) est donc lui aussi centralisé. L'avantage d'une telle architecture saute aux yeux: l'administration est grandement facilitée. En revanche, la gestion de la charge s'avère complexe dans ce type d'environnement: la seule solution consiste en effet à multiplier les hubs sur les différents segments du

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réseau, sachant qu'il faudra veiller à synchroniser les règles stockées sur ces différents nœuds.

ƒ L'architecture "Network Centric" ou “Bus Applicatif”. Il s'agit cette fois de la version décentralisée de l'implémentation de l'EAI : l’architecture « bus applicatif » distribue les services sur plusieurs serveurs. Des référentiels de règles et des gestionnaires de messages sont disséminés sur l'ensemble des nœuds (point de connexion à une application). Quand une application émet un message, ce dernier est traité par le référentiel du nœud correspondant afin que les applications abonnées à ce type de messages le reçoivent. Avec ce type d'architecture, la charge est donc répartie sur l'ensemble des nœuds.

Avec l’accroissement de l'environnement (systèmes, applications, règles, utilisateurs, volume de transactions, etc.), le modèle « Bus » offre potentiellement de meilleures performances que le modèle « Hub», mais sa mise en œuvre est plus complexe, et est plus difficile à administrer. Compte tenu du fait que le réseau servant de support au système d’information des finances publiques a une architecture en étoile, nous recommandons le modèle « Hub».

7.3.1.2. Les Couches Fonctionnelles de l’EAI

Un système d’EAI peut être représenté par les sept couches fonctionnelles suivantes :

7.3.1.3. Composants de l’EAI

En fonction d'événements préalablement définis, un logiciel d'EAI récupère les données d'une application, puis les "route" vers leur destination (une autre application), non sans les avoir préalablement converties dans un format adéquat.

Pour ce faire, il utilise généralement les couches / fonctions / briques techniques suivantes :

ƒ Transport de données. Cette couche repose sur un middleware généralement asynchrone classifié comme MOM (Message Oriented Middleware). En effet il est constitué de files d’attente de messages (message queues), et offre un certain niveau

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perdu lorsqu’une application n’est pas prête à le recevoir. De plus c’est une couche logicielle non bloquante : l’application émettrice du message redevient immédiatement disponible. Il permet la communication par publication / abonnement.

ƒ Courtier de messages (Message Broker) ou Moteur d'Intégration. La couche Transport de Données MOM a besoin pour fonctionner d’un outil d’administration des messages transportés : le Message Broker. Dans une solution d’EAI, ce dernier tient le rôle de moteur (serveur) d’intégration. C'est le chef d'orchestre de l'EAI : son rôle est d'administrer les règles de routage des données, les règles de transformation et de traitement. Il permet de conserver les informations pour assurer les échanges asynchrones entres applications (queuing). Il comprend un gestionnaire de files d'attente qui gère les abonnés des applications aux messages, un gestionnaire de message qui gère les messages échangés entre les applications, et un moteur de transformation utilisé pour convertir les messages d'un format d'application à un autre. Ces modules permettent d'effectuer des traitements de manière transparente sur les informations échangés à travers l'EAI.

ƒ Adaptateur applicatif (Connecteurs)

ƒ L’extraction d’informations depuis les applications hétérogènes et l’insertion de nouvelles informations dans ces applications est réalisée par l’utilisation de connecteurs, qui se «branchent » sur les applications. Il s’agit d’un composant logiciel qui offre la connectivité nécessaire à l’interfaçage avec les applications et les sources de données, avec ou sans intelligence métier. Cette couche logicielle masque à l’utilisateur la complexité de la communication entre l’API (interface de programmation) du moteur d’intégration et celle de l’application. Ces connecteurs peuvent fournir des services complémentaires tels que la gestion des exceptions ou des mécanismes de remontée d’erreurs.

ƒ Référentiel (Repository). C'est une base de données qui contient toutes les définitions des structures des données – ou métadonnées - échangées, ainsi que les règles de transformation et de routage. Les formats de messages et les règles de transformation de ces messages sont stockés dans des référentiels uniques au niveau de l’outil d’EAI pour faciliter leur maintenance.

ƒ Gestion des processus. Le gestionnaire de processus pilote les processus d'intégration. Il contrôle l’exécution et le cadencement des processus métiers au sein d’un moteur de workflow associé à une base de données. Il permet aussi les modéliser et de les faire évoluer. La logique de gestion des flux inter-applicatifs est alors extraite des applications qui peuvent évoluer chacune indépendamment avec un minimum d’impact sur le reste du SI. Il communique avec les connecteurs à travers

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une couche de transport de message qui gère les communications entre les connecteurs.

ƒ Supervision et Administration. Ce service fait le lien entre la solution d'EAI et les outils d'administration du système. Il suit les flux et s'assure de la qualité du service.

Il gère aussi les utilisateurs, paramètre le système et assure la sauvegarde. Les outils d'administration aident le service informatique à superviser et configurer le niveau de service des connecteurs et des gestionnaires de processus.

7.3.1.4. Une Expérience de Mise en œuvre de l’EAI – La Trésoreie Générale du Royaume du Maraoc (TGR) offre aux différents acteurs de la dépense publique une plate-forme EDI

ƒ Challenge.

Employant 6 000 collaborateurs répartis sur tout le territoire marocain, la Trésorerie Générale du Royaume du Maroc (TGR), dont le siège est à Rabat, a initié un grand projet de modernisation dont la vision stratégique est sous-tendue par deux objectifs fondamentaux : d’une part, la contribution à l’amélioration substantielle de la gestion des finances publiques, et d’autre part, l’amélioration du service rendu aux clients et partenaires. C’est dans ce cadre qu’un vaste chantier national de mise en oeuvre d’un Système de Gestion Intégrée de la Dépense de l’Etat (GID) a été lancé...

Le système d’information budgétaire et comptable dédié au pilotage et à l’exécution de la dépense de l’Etat a plusieurs objectifs :

o Réduire les délais de traitement des actes de la dépense o Optimiser les coûts de traitement des actes

o Simplifi er les circuits et les procédures d’exécution de la dépense o Disposer en temps réel de l’information budgétaire et comptable

Le projet de plate-forme d’échanges de données informatisés (EDI) entre les acteurs de la dépense publique (ministres, contrôleurs, comptables, Direction du Budget...) s’inscrit dans ce chantier, en tant que 1ère étape à réaliser. Cette plate-forme centralisée a pour objectif de faciliter l’envoi et la réception sécurisée des données relatives aux actes de gestion : propositions d’engagement (194 000 par an), ordonnances de paiement (900 000 par an), délégations de crédits (32 000 par an),... Cette passerelle doit ainsi offrir à chacun des partenaires un point d’accès unique pour tous leurs échanges, sans souci de compatibilité avec les systèmes de communication de leurs correspondants.

L’acheminement des données sous forme de fichiers structurés vers les destinataires doit être complètement transparent et entièrement automatisé.

ƒ Solutions

“Basée sur des solutions Axway, notre plate-forme d’échanges nous donne entière satisfaction. Nous poursuivons son déploiement tout en offrant aux partenaires de

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Système de Gestion Intégrée de la Dépense Trésorerie Générale du Royaume Secteur Public. La Trésorerie Générale du Royaume constitue l’une des administrations les plus importantes du Ministère des Finances et de la Privatisation et à travers laquelle transite l’ensemble des flux financiers et comptables de l’Etat et des collectivités locales. Elle est également au centre d’un maillage institutionnel constitué d’administrations publiques, d’établissements publics, de collectivités locales et d’autres grandes institutions financières tous concernés par la gestion des deniers publics. www.tgr.gov.ma

ƒ Enjeux

o Réduire les délais de traitement des actes de la dépense o Optimiser les coûts de traitement des actes

o Simplifier les circuits et les procédures d’exécution de la dépense o Disposer en temps réel de l’information budgétaire et comptable

ƒ Bénéfices

o Une réduction de façon signifi cative des erreurs induites par la saisie multiple des mêmes informations

o Une communication rapide et de façon fiable des informations entre les différents acteurs de la dépense

o Un suivi efficace de l’exécution des actes de gestion de la dépense o Un service de qualité offert aux partenaires

o Une réduction du délai de traitement o Une optimisation des coûts

o Une gestion centralisée des principaux actes de la dépense.

o Un suivi en temps réel et une traçabilité des échanges.

o Une sécurité des transferts de données assurée.

7.3.1.5. Une Expérience de Mise en œuvre de l’EAI – Le CNRS adosse ses processus transverses à une plate-forme d’EAI

Etablissement public à caractère scientifique et technologique, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) met en oeuvre, aux côtés des applications de recherche de ses laboratoires, un système de gestion centralisé. Reposant initialement sur des développements spécifiques, cette plate-forme supporte principalement trois fonctions : la gestion des ressources humaines, la gestion comptable et financière, et la supervision des activités scientifiques et techniques - en termes d'unités de recherche et de ressources associées.

Début 2003, le CNRS initie un projet de refonte de son système d'information (SI). Un chantier dont l'objectif consiste à remplacer ses applicatifs spécifiques (financiers et RH notamment) par des progiciels du marché dans une perspective de modernisation. Dans

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le cadre de cette initiative, le centre envisage d'acquérir une brique d'intégration. "L'idée était de se doter d'une solution pour supporter nos processus transversaux et synchroniser différents référentiels en vue d'une meilleur harmonie des données" détaille Véronique Longueville, DSI du CNRS. "Dans cette double perspective, l'EAI nous paraissait la meilleure formule."

L'établissement mène courant 2004 une procédure d'appel d'offres qui le conduit à étudier différents EAI (intégration d'applications d'entreprise), notamment les environnements proposés dans ce domaine par IBM, Seebeyond ou encore Vitria, avant d'arrêter son choix sur la plate-forme de webMethods. "Cet éditeur nous proposait l'architecture la plus satisfaisante au regard de nos besoins. L'outil nous a convaincu en termes fonctionnels, et le rapport qualité/prix nous a paru être le meilleur", reconnaît Véronique Longueville.

7.3.2. Recommandations sur l’Infrastructure de Communication entre les