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détinissent la fréquence d'apparition de la forme d'argumentation dans la famille.

Légende: EvE: évaluation

~xterne

- EvI: évaluation interne - EvE+I: évaluation externe et

interne - Id: identification-- AssT: assimilation travail - AssF: assimilation

famille - FIn.rel: finalisme - FIn:éd.: finalisme éducatif --pm.sub,: finalisme

subjectif.

. t)r: ....

Distribution (en %) des for.mes d'argumentation utilisées par les temmes de divers statuts

Ils définissent la fréquence d'apparition de la forme d'argumentation dans la famille.

Légende voir Tableau IV.2.

~

<11

,

,..

-116-- Les types d'arguments des femmes ne diffèrent pas sensiblement de ceux des hommes. On notera une exception: le contractualisme est plus marqué (32 96) chez les femmes de familles recomposées qu'ailleurs.

Cette proximité se remarque soit lorsque l'on mesure la prévalence de tel type d'argument par rapport

à

l'ensemble (argument du type

AI

somme des arguments) soit lorsque l'on mesure la présence ou l'absence de tel type d'argument dans l'ensemble des familles.

- S'agissant de l'argumentation féminine, l'évaluation interne est légère-ment plus représentée dans le bas de l'échelle sociale que dans le haut.

Le contractualisme est en revanche un peu plus fort dans les milieux bourgeois (premiers mariages et remariages). Mais dans l'ensemble, les distributions sont proches l'une de l'autre.

- Au sujet des arguments masculins, on note également une très légère prévalence de l'évaluation interne <l;ns les milieux populaires, ainsi qu'un accent un peu plus marqué sur le finalis me relationnel. Réciproquement,

j l'accent sur l'identification de la personne est un peu plus marquée dans les premiers mariages bourgeois. Mais

à

nouveau, dans l'ensemble, les distributions sont très proches.

3. Trois définitions du juste

En réfléchissant aux huit formes d'argumentation utilisées par les décideurs, on se rend compte qu'elles recouvrent trois manières très différentes de qualifier la justice. Nous aurons ainsi les trois défini-tions du juste suivantes:

a) L'évaluation

L'évaluation interne, l'évaluation externe et l'identification cher-chent ., à définir les "inputs" ou les "outputs" des acteurs. On vise

à

mesurer des valeurs en soi, substantivement. On installe des critères

.. ~

l

(

,

.

L

-117-supposés valoir universellement: il apparaît comme moral de tenir com-pte ou non de l'effort, d'apprécier ou non le résultat. Tantôt, cette pro-cédure est strictement objective: le décideur ne fait pas intervenir les idiosyncrasies de la personne. Tantôt, lorsqu'il y a recours

à

l'identifi-cation, on pondère ces valeurs par les caractéristiques de l'individu.

Résumons sous le nom d'évaluation ce type implicite de définition du juste. Il s'agit en somme de peser les êtres et les choses. Et c'est la seule définition qui soit vraiment apparente lorsqu'on emploie la formule Ia'0a = lb/Ob'

b) L'assimilation

Or, en analysant les autres catégories, on se rend compte que le contractualisme et l'assimilation se rapportent

à

tout autre chose. Ici, la sensibilité est beaucoup plus procédurale. On ne cherche pas

à

dire ce que les choses valent en soi. On tente plutôt de définir des contextes généraux, de qualifier' ensuite la règle qui est en usage dans ceux-ci, et d'accorder enfin la décision particulière

à

cette règle générale. Il se peut fort bien que le décideur soit, moralement, en désaccord avec cette règle générale, qu'il la trouve cruelle ou inepte. Il se borne cepen-dant

à

constater que la production s'est faite dans tel contexte, et

à

choisir ses critères en conséquence. Il ne prétend pas que ceux-ci soient valables partout: changer de contexte serait peut-être changer de critè-re. L'essentiel de l'activité de décision consiste alors

à

rechercher les indices qui permettent de dire qu'il s'agit d'un "rapport donné de produc-tion" plutôt que d'un autre: les filles sont-elles au courant des condi-tions, l'argent est-il donné directement ou non par le fleuriste, ou, inver-sément, puisque ce sont deux soeurs, c'est bien sûr d'une équipe qu'il s'agit; cette tâche fait partie de la coopération familiale, etc. Ici on dé-finit comme juste un mode de distribution conforme

à

ce qui se passe habituellement dans ce secteur de production et d'échange. Il s'agit d'être logique, de bien rapprocher la mineure de la majeure. Alors que la première définition du juste est endonormée (les décideurs

choi-"

-118-sissent), celle-ci est exonormée : on s'identifie pratiquement à ce que font les autres, mêmes si. on ne l'approuve pas théoriquement. Gardons à ce deuxième genre de justice le nom d'assimilation.

cl

Le processus vectoriel

Le troisième genre de définition est encore très différent. Quand on considère les différentes formes du finalisme, on voit qu'elles ont en commun le fait d'envisager la justice hic et nunc de manière instrumen-tale, c'est-à-dire qu'elles relient la décision à prendre maintenant à des "préoccupations de justice" plus générales, plus englobantes.

Ici, on définit comme juste le mode de répartition le mieux apte à produire des conséquences heureuses pour la personne ou pour le groupe.

Juger objectivement de la valeur, qualifier le bon contexte: ces deux démarches apparaissent comme non-pertinentes, dès lors qu'elle peuvent produire, à terme, des conséquences néfastes et donc être objectivement inéquitables pour la personne.

Alors que les deux autres définitions sont statiques, celle-ci est dynamique: elle compare l'instant et le terme. Alors que les deux autres définitions sont individualistes, celle-ci peut se révéler collectivis-te en ce sens qu'elle tient compcollectivis-te de deux enjeux: la personne et

le groupe. Or l'allégeance à l'individu et l'allégeance au groupe peuvent

l

s'opposer : à quoi sert de rétribuer équitablement l'individu, si, dans ce mouvement de justice, on ruine le groupe, ses relations, sa cohésion, et par voie de conséquence on prive l'individu de ressources qui lui sont essentielles. La préoccupation centrale des décideurs est alors d'identifier les conséquences qu'aura la distribution envisagée. Favorisera-t-elle la cohésion ou le conflit, encouragera-t-elle l'apathie ou une saine com-pétition, permettra-t-elle aux adolescentes de se préparer comme il convient à la vie, ou les habituera-t-elle trop tôt à l'indifférence envers autrui? La décision à prendre devient l'une des pièces d'une politique d'ensemble orientée vers l'épanouissement des personnes. On peut alors parle.r de processus vectoriel.

(

c

-119-Les formes d'argumentation utilisées par les conjoints recouvrent donc trois stratégies de justice différentes, très éloignées les unes des autres. Comment se distribuent-elles?

Fluctuations associées

à

la classe·

Prenons comme critère le procédé dominant dans la démarche de chacun des··conjoints. Le Tableau IV.4 montre que l'évaluation est la stratégie la p'us répandue, puisqu'elle compte environ pour moitié (hommes et femmes confondus). Vient ensuite l'assimilation, avec 30 % des stratégies environ, et enfin l' approche vectorielle avec 20 %. Dans le déroulement des interactions, l'évaluation apparaît souvent comme

"première", c'est-à-dire comme le procédé auquel on recourt le plus spontanément. Les deux autres formes participent déjà d'un niveau hié-rarchique supérieur, en ce sens qu'elles permettent, on le verra, de choi-sir entre des évaluations contradictoires ou d'appuyer, de renforcer, dans le cours de l'interaction des arguments évaluatifs. En cela, l'identité se

distingu~ un peu de l'évaluation: elle joue quelquefois le rôle d'arbitre entre les évaluations conflictuelles.

Chez les femmes, ces stratégies de justice sont assez sensibles à la position de classe. Dans les premiers mariages du bas de l'échelle sociale, l'évaluation tient une place sensiblement plus grande (60 %) que dans le haut (40 %). Dans les premiers mariages bourgeois, ce sens de la justice "en soi" est partiellement remplacé par une importance plus grande de l'assimilation: les références au contrat, au contexte forment plus d'un tiers des stratégies dominantes. On ne remarque par contre guère de différences en matière de procédé vectoriel.

Chez les hommes, on ne retrouve pas de telles düférences selon l'appartenance sociale: les distributions sont étonnamment proches.

Enfin, la distribution des procédés dominants selon le sexe laisse apparaître une légère dominance de l'évaluation chez les femmes par rapport aux hommes, compensée par une importance comparativement plus grande du contrat (assimilation), dans le bas de l'échelle sociale.

Statut social Premiers mariages Milieux bourgeois Premiers mariages Milieux populaires Remariages Milieux bourgeois

-

----TABLEAU IV.4 Stratégie dominante (en %) selon le sexe et le statut social

Hommes Femmes

Eval. Vect. Assim N= Eval. Vect.

43 24 33 39 43 23

48 18 34 38 61 21

55 15 30 20 60 15

- - - - - - -

-Légende: Eval

=

Evaluation

Vect

=

Justice vectorielle Assim = Assimilatioll

r

Assim.

34

18

25

- - - .

N=

39

38

20

-1 ~

N o

1

(

(

-121-Fluctuations associées au:ctypes de familles

Les fluctuations associées aux types familiaux sont d'ampleur plus grande. Considérons d'abord, dans le Tableau IV.5, la typologie Intégra-tion. Pour ce qui est des démarches féminines, les familles autonomes sont caractérisées par une dominance relàtive de la stratégie d'assimila-tion. La justice apparaît, plus souvent qu'ailleurs, comme l'accord des volontés ou l'assujettissement

à

un cadre plus général. Les femmes des familles fusionnèlles-ouvertes sont au contraire assez insensibles a cette façon de faire. Elles privilégient, comparativement toujours, la justice vectorielle: elles recherchent ce qui peut être bénéfique a long terme pour la personne ou pour la famille. On ne peut rien dire de précis (comparativement parlant) de l'attitude des femmes des familles fusionnelles-fermées. On se serait attendu

à

une forte dominance du vectoriel (particulièrement du finalisme éducatif), mais il n'en est rien.

Chez les hommes, les différences sont moins marquées, mais on retrouve la faiblesse relative de l'attitude !'assimilation" dans les familles fusionnelles-ouvertes. Par différence avec les attitudes féminines, celles des hommes des familles fusionnelles-fermées sont très légalistes:

une stratégie sur deux appartient au type "assimilation". Cela ne laisse que peu de place au procédé vectoriel, qui est presque absent dans cette catégorie de sujets.

La typologie Adaptation fait également apparaître de nettes varia-tions dans les attitudes féminines. On retrouve un primat relatif de l'as-similation parmi les familles autonomes par rapport aux deux autres ca-tégories. Dans les groupes caractérisés

à

la fois par la fusion et l'adapta-tion communical'adapta-tionnelle, l'attitude vectorielle occupe une plus grande place, alors qu'elle est quasi nulle chez les autonomes. Les familles nor-matives, quant

à

elles, voient une nette dominance comparée de l'évalua-tion (et donc de la recherche d'une morale, ou d'une justice "en soi").

Face à ces différences sensibles, les attitudes masculines ne varient pour ainsi dire pas en fonction de ce.tte variable.

TABLEAU IV.5 Stratégie dominante (en

i l

selon le sexe et les typologies familiales

TYPOLOGIE Hom_mes Femmes

TYPOLOGIE Hommes " FelllJlles

"

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