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Polynˆ omes ` a coefficients dans un champ quelconque

Dans le document Alg` ebre lin´ eaire (Page 187-200)

1. Premi`eres d´efinitions

Nous quittons ici le cadre des polynˆomes `a coefficients r´eels ou complexes pour consid´erer la situation g´en´erale de polynˆomes dont les coefficients ap-partiennent `a un champ quelconque K.

efinition IX.1.1. Unpolynˆome`a coefficients dansKest la donn´ee d’une suite (cj)j∈Nd’´el´ements de Kdont seul un nombre fini d’entre eux sont non nuls. On note de mani`ere symbolique un polynˆome comme suit

P =X

j≥0

cjXj.

On dit souvent queX est uneind´etermin´ee. Dans une telle ´ecriture, il suffit de repr´esenter uniquement les termes ayant un coefficient non nul. Si la suite (cj)j∈N poss`ede un unique ´el´ementck non nul, on parle dumonˆome ckXk.

Ainsi, si la suite de coefficients d´efinissant un polynˆomeP est diff´erente de la suite nulle, il existe un plus petit entier N ≥0 tel que

∀j > N, cj = 0.

Cet entier N est le degr´e du polynˆome et on le note degP. Dans ce cas, cN s’appelle le coefficient dominant de P et cNXN s’appelle le monˆome de plus haut degr´e. Dans le cas o`u la suite (cj)j∈N est la suite nulle, on pose1 le degr´e du polynˆome nul comme ´etant −∞. L’ensemble des polynˆomes `a coefficients dansKse note K[X].

Exemple IX.1.2. SoitK=Z5. Le polynˆome P d´etermin´e par la suite de coefficients (1,0,3,4,0,0, . . .) se note

1 + 3X2+ 4X3. Il s’agit d’un polynˆome de degr´e 3.

efinition IX.1.3. Si

P =X

j0

cjXj

est un polynˆome de K[x] et si x∈K, alors on note P(x) =X

j≥0

cjxj

1Cette convention est identique `a celle prise dans la d´efinition VIII.1.6.

177

178 Chapitre IX. Polynˆomes `a coefficients dans un champ quelconque

l’´el´ement de K obtenu en substituantx`a l’ind´etermin´ee dans P. Une fonc-tion polynomiale est une fonctionf :K→Ktelle que

f(x) =P(x), ∀x∈K et o`uP est un polynˆome `a coefficients dans K.

Exemple IX.1.4. Si on poursuit l’exemple IX.1.2, la fonction polynomiale associ´ee `a P = 1 + 3X2+ 4X3 est telle que

x 0 1 2 3 4

P(x) 1 3 0 1 0 .

Remarque IX.1.5. Nous avons vu que pour les polynˆomes `a coefficients r´eels ou complexes, il n’y avait aucune distinction entre polynˆome et fonc-tion polynomiale (deux foncfonc-tions polynomiales sont diff´erentes si et seule-ment si les suites de coefficients des deux polynˆomes correspondants sont distinctes). La situation est diff´erente dans K[x]. Par exemple, consid´erons le champ K = Z3 et les polynˆomes P et Q d´efinis respectivement par les suites (1,2,1,0, . . .) et (1,1,2,1,2,0, . . .). Ces deux polynˆomes d´efinissent la mˆeme fonction polynomiale

x 0 1 2

P(x) 1 1 0

x 0 1 2

Q(x) 1 1 0 . En effet, dans Z3,

1 + 2.0 + 1.02 = 1, 1 + 2.1 + 1.12= 1 et 1 + 2.2 + 1.22 = 0;

1 + 1.0 + 2.02+ 1.03+ 2.04 = 1, 1 + 1.1 + 2.12+ 1.13+ 2.14 = 1 et

1 + 1.2 + 2.22+ 1.23+ 2.24 = 0.

On peut mˆeme ˆetre plus pr´ecis. Si K est un champ fini contenant p

´el´ements, le nombre de fonctions distinctes d´efinies surK et `a valeurs dans K est fini et vaut exactement pp. Le nombre de polynˆomes `a coefficients dansKde degr´enestpn+1. Ainsi, pournsuffisamment grand, on apn+1 >

pp et il existe donc au moins deux polynˆomes distincts donnant lieu `a la mˆeme fonction polynomiale. Par contre, on peut montrer2 que si Kest un champ infini, alors deux polynˆomes distincts donnent lieu `a des fonctions polynomiales diff´erentes.

On peut munir l’ensemble K[X] d’une structure d’anneau commutatif.

Pour cela, nous devons d´efinir l’addition et la multiplication de deux poly-nˆomes. Ainsi, si P et Qsont deux polynˆomes donn´es respectivement par les suites (an)n∈N et (bn)n∈N, alors la somme deP et de Q est le polynˆome

P +Q=X

j0

(aj+bj)Xj

2En utilisant par exemple la notion de d´eriv´ee.

IX.1. Premi`eres d´efinitions 179

et le produit des deux polynˆomes est d´efini, de mani`ere naturelle, par P.Q=X

j≥0

 X

k+`=j

akb`

 Xj.

Pour tout a ∈ K, la suite (a,0,0,0, . . .) est un polynˆome de K[X]. Ainsi, l’application

K→K[X] :a7→X

j≥0

(a δj,0)Xj

est injective. De cette mani`ere, on peut identifier K et l’ensemble des polynˆomes surKde degr´e 0. Par abus de langage, on s’autorise `a parler du polynˆome alorsque aest un ´el´ement deK.

Proposition IX.1.6. L’ensembleK[X] des polynˆomes `a coefficients sur K poss`ede une structure d’anneau commutatif ayant

X

j0

0Xj

comme neutre pour l’addition et 1 comme unit´e pour la multiplication.

Remarque IX.1.7. Le lecteur attentif pourrait esp´erer trouver en K[X] une structure de champ. Il n’en est rien. En effet, par exemple, le polynˆome X ne poss`ede pas d’inverse. Supposons que

P =X

j0

ajXj

soit l’inverse de X (avec au moins un des aj non nul). D`es lors, P.X =X

j0

ajXj+1 6= 1.

Proposition IX.1.8. SoientP, Q deux polynˆomes de K[X]. On a3

I deg(P +Q)≤sup{degP,degQ},

I deg(P.Q) = degP + degQ.

emonstration. Cela d´ecoule directement de la d´efinition du degr´e d’un polynˆome. Comme le montre l’exemple ci-dessous, le degr´e de la somme de deux polynˆomes peut diminuer. Pour K = Z3, P = 2X2 +X + 1, Q=X2+X+ 1, on trouveP+Q= 2X+ 2. Par contre, siP etQsont deux polynˆomes ayant respectivement aMXM etbNXN comme monˆome de plus haut degr´e, alors P.Q poss`ede aMbNXM+N comme monˆome de plus haut degr´e. En effet, puisque Kest un champ4,aMbN ne peut ˆetre nul.

3Si l’un des polynˆomes est nul, on pose sup{−∞, n}=net−∞+n=−∞.

4SiKn’est pas un champ, mais simplement un anneau, cela n’est plus n´ecessairement vrai. En effet, pour K= Z4, siP = 2X2+ 3 etQ = 2X2+ 3X+ 1, on trouve P.Q = 2X3+X+ 3.

180 Chapitre IX. Polynˆomes `a coefficients dans un champ quelconque

CorollaireIX.1.9. SoientP, Q deux polynˆomes deK[X]. L’´egalit´e P.Q= 0 entraˆıne queP = 0 ou queQ= 0.

emonstration. Proc´edons par contraposition. SiP 6= 0 etQ6= 0, alors degP ≥ 0 et degQ ≥ 0. Au vu de la proposition pr´ec´edente, on a alors deg(P.Q)≥0 et P.Qn’est donc pas le polynˆome nul.

RemarqueIX.1.10. Le corollaire pr´ec´edent nous montre que la seule fa¸con d’obtenir le polynˆome nul comme produit de deux polynˆomes P et Q est qu’au moins un de ces deux polynˆomes soit nul. Un anneau jouissant d’une telle propri´et´e est appel´eint`egre5.

Tout comme dansC[z] (cf. th´eor`eme VIII.5.1), on dispose de la division euclidienne.

Proposition IX.1.11 (Division euclidienne). Soit D∈K[X] un polynˆome non nul. Pour tout P ∈K[X], il existe des polynˆomes uniques Q et R tels que

P =Q D+R, avec degR <degD.

emonstration. On proc`ede comme dans le cas de C[z].

Tout comme dans C[z], si le reste R de la division de P parD est nul, on dit que D divise P.

2. Id´eal d’un anneau

Pour ´etudier plus en avant la divisibilit´e dans K[X], nous allons intro-duire la notion d’id´eal d’un anneauA. Nous supposerons dans cette section queA est un anneau commutatif muni, comme `a l’habitude, de deux op´era-tions not´ees + et · ayant pour neutre respectivement 0 et 1.

efinition IX.2.1. Un sous-ensembleI de Aest unid´eal deAsi les deux conditions suivantes sont satisfaites :

I I est un sous-groupe additif deA, i.e., l’ensemble I muni de l’op´e-ration + deArestreinte aux ´el´ements deI jouit d’une structure de groupe

– 0∈I,

– ∀i, j ∈I :i+j∈I, – ∀i∈I :−i∈I.

I Pour touta∈Aet tout i∈I, a.i∈I.

Remarque IX.2.2. Si I est non vide, pour v´erifier que I est un id´eal de A, il suffit de v´erifier que

5Un anneau quelconque n’est pas n´ecessairement int`egre. En effet, on a vu dans l’exemple II.3.23 que dansZ21, on avait [3].[7] = [0]. Ainsi, bien que les classes [3] et [7]

soient toutes deux diff´erentes de la classe [0], leur produit donne [0]. Ces ´el´ements deZ21 sont appel´es des diviseurs de z´eroetZ21n’est donc pas un anneau int`egre.

IX.2. Id´eal d’un anneau 181

I I est stable par addition : ∀i, j ∈I :i+j∈I,

I le produit d’un ´el´ement quelconque deApar un ´el´ement quelconque de I appartient encore `aI.

En effet, il suffit de remarquer que si i∈ I, on a toujours −1 ∈A et donc

−i= (−1).i doit appartenir `aI au vu de la seconde propri´et´e. De l`a, on en conclut aussi que 0 appartient `a I.

Proposition IX.2.3. Soit I un id´eal de A. Si 1 appartient `a I, alors I =A.

emonstration. Puisque 1∈I, pour touta∈A, 1.adoit appartenir `a I.

efinitionIX.2.4. Un id´ealI d’un anneauAest ditpropres’il est distinct de A. Ainsi, un id´eal I est propre si et seulement si 16∈I.

Exemple IX.2.5. Les ensembles{0}et Asont des id´eaux. On les appelle id´eaux triviaux de A. Remarquons que si A est un champ, au vu de la proposition pr´ec´edente, ce sont les seuls id´eaux de A. En effet, si I est un id´eal non vide deA distinct de {0}, il contient un ´el´ementi6= 0. L’´el´ement i−1 appartient `a A (car A est un champ) et donc, puisque I est un id´eal, i.i1 = 1 appartient `a I. On conclut en utilisant la proposition pr´ec´edente.

Exemple IX.2.6. DansZ, l’ensembleI ={m r | r∈Z} des multiples de m≥0 est un id´eal6. En effet,

m r+m s=m(r+s)∈I et, pour tout t∈Z

(m r).t=m(tr)∈I.

Exemple IX.2.7. Dans C[z], il est facile de v´erifier que {P ∈C[z]|P(0) = 0}

et

{P ∈C[z] |P(0) =P(1) = 0} sont des id´eaux de C[z]. Par contre,

B ={P ∈C[z]|P(0) =P(1)}

n’est pas un id´eal. En effet, 1+z(z−1)∈B maisz.[1+z(z−1)] n’appartient pas `a B.

efinition IX.2.8. Soient a1, . . . , ak des ´el´ements de A. Il est ais´e de

v´erifier que l’ensemble D’o`u l’int´erˆet d’avoir

sup-pos´eAcommutatif.

ha1, . . . , aki={b1a1+· · ·+bkak|b1, . . . , bk ∈A} est un id´eal. On l’appelle l’id´eal engendr´e7 para1, . . . , ak.

6On note parfois cet ensemblemZ.

7D’une certaine fa¸con, l’id´eal engendr´e para1, . . . , akdans un anneau commutatif est le pendant de la notion d’enveloppe lin´eaire d´evelopp´ee dans le cadre des espaces vectoriels (cf. proposition VII.5.12). Cela d´epend simplement des op´erations dont on dispose.

182 Chapitre IX. Polynˆomes `a coefficients dans un champ quelconque

efinition IX.2.9. Si un id´ealI est engendr´e par un unique ´el´ement, i.e., si I est de la formehai, a∈A, alors I est dit principal.

Exemple IX.2.10. Dans Z, l’ensemble I des multiples de m > 0 est un id´eal principal,

I =hmi={m r |r ∈Z}.

Exemple IX.2.11. Dans Z, soient les id´eaux principaux h3i, h6i et h7i. On a par exemple,

Tout multiple de 6 est multiple de 3.

h6i ⊂ h3i, h6i ∩ h7i=h42i ou encore

h6,7i=Zcar 7−6 = 1∈ h6,7i.

Exemple IX.2.12. Soit le polynˆomeX2+ 1∈C[X]. Par d´efinition, hX2+ 1i={(X2+ 1).Q(X)|Q∈C[X]}.

Ainsi,

X2+1,2X2+2, iX2+i, X3+X, X4+X2,(X2+1)2,(X2+1)(X3−5X+i), . . . sont des ´el´ements de hX2+ 1i. Par exemple,

Tout multiple deX3+X est un multiple deX2+ 1.

hX3+Xi ⊂ hX2+ 1i et cette inclusion est stricte. Par contre

h2X2+ 2i=hX2+ 1i. Enfin,

hX2−1, X2+X−2i=hX−1i.

Il est clair que hX2−1, X2+X−2i ⊂ hX −1i car quels que soientP, Q∈

X2+X2

= (X1)(X+ 2).

C[X], un ´el´ement quelconque du premier ensemble s’´ecrit

P.(X2−1) +Q.(X2+X−2) = [P.(X + 1) +Q.(X+ 2)].(X −1) et appartient donc au second. Pour l’autre inclusion, on remarque que, quel que soit P ∈ C[X], un ´el´ement quelconque du second id´eal P.(X −1) = P.(X2+X −2)−P.(X2−1) appartient donc `a hX2−1, X2+X −2i.

efinition IX.2.13. Un anneau int`egreA(i.e., tel que pour tousa, b∈A, ab= 0 impliquea= 0 oub= 0) qui est tel que tout id´eal deA est principal est qualifi´e d’anneau principal.

Proposition IX.2.14. L’anneau des polynˆomes K[X] est principal.

Cela nous permettra de d´efinir la notion de polynˆome minimum. . .

IX.2. Id´eal d’un anneau 183

emonstration. Il est tout d’abord clair que K[X] est int`egre. Cela r´esulte du corollaire IX.1.9. Nous devons `a pr´esent v´erifier que tout id´eal de K[X] est principal. Soit I un id´eal de K[X]. SiI ={0}, alors I =h0i. Sinon, I contient au moins un polynˆome non nul. Soit D un polynˆome de degr´e minimum appartenant `aI. Il est ´evident8quehDi ⊂I. Pour conclure cette preuve, il nous reste `a montrer que hDi ⊃I. Soit P un ´el´ement de I. En effectuant la division euclidienne de P parD, on obtient

P =Q.D+R avec degR <degD.

PuisqueD appartient `aI, on en conclut queQ.DetR=P−Q.Daussi. Or on a choisi D de degr´e minimum parmi les ´el´ements de I. Par cons´equent, R = 0 etP =Q.D. Ceci conclut la preuve.

Proposition IX.2.15. L’anneau Zest principal.

emonstration. Puisque Zest lui aussi muni de la division euclidienne, on peut refaire le mˆeme raisonnement que dans la preuve de la proposition pr´ec´edente. Il suffit de remplacer les degr´es des polynˆomes par les modules des entiers consid´er´es.

La proposition suivante relie la notion d’id´eal `a celle de la divisibilit´e.

Proposition IX.2.16. Soient A un anneau principal9 et a, b ∈ A\ {0}. On a

I hai ⊃ hbi si et seulement si a diviseb.

I hai=hbi si et seulement sia=ub avecuinversible dans A. (Dans ce cas, on dit que aet b sont associ´es10.)

emonstration. Supposons que hai ⊃ hbi. En particulier, b appartient `a hai et il existe doncc∈Atel queb=ca. Ainsi,adiviseb. R´eciproquement, si a divise b, il existe c ∈ A tel que b = ca. D`es lors, pour tout t ∈ A, tb=tcace qui montre que hbi est inclus danshai.

Pour la seconde partie, si a = ub avec u inversible dans A, on a aussi u1a = b (avec u1 l’inverse de u, i.e., u1.u = 1). Ainsi, a divise b et b divisea. Donc par le premier point,hai=hbi. R´eciproquement, sihai=hbi, alors il existe u et v dans A tels que a= ub et b = va. De l`a, b = vub et donc, puisque l’anneau est int`egre, b(vu−1) = 0 implique vu = 1. Ceci signifie que u et v sont inversibles et inverses l’un de l’autre.

8En effet,DI ethDi={P.D|P K[X]}. PuisqueI est un id´eal, il est clair que pour toutPK[X],P.DI.

9On suppose l’anneau principal muni d’une division euclidienne comme par exemple ZouK[X].

10V´erifier que “ˆetre associ´e” est une relation d’´equivalence

184 Chapitre IX. Polynˆomes `a coefficients dans un champ quelconque

Exemple IX.2.17. Illustrons la propri´et´e pr´ec´edente. Dans l’exemple IX.2.11, on avait montr´e que h6i ⊂ h3i et il est clair que 3 divise 6.

De mˆeme, h2X2 + 2i = hX2 + 1i. Il s’agit de deux polynˆomes sont associ´es. En effet, 2 (X2 + 1) = 2X2 + 2 et 2 est inversible dans C[X]

(d’inverse 1/2).

Remarque IX.2.18. Si I est un id´eal propre d’un anneau principal A, il peut y avoir plusieurs ´el´ements a ∈ A tels que I = hai. Si a est un tel

´el´ement, les autres ´el´ements b∈Atels que I =hbi sont associ´es `a a.

Par exemple, dansZ, les seuls ´el´ements inversibles sont 1 et−1 (ils sont leur propre inverse). Ainsi deux entiers xet ysont associ´ees si et seulement si x=±y.

De mˆeme, dansK[X], deux polynˆomes non nulsP et Qsont associ´es si et seulement si il existe α ∈ K\ {0} tel que P = αQ. En effet, les seuls

´el´ements inversibles de K[X] sont les constantesα ∈K\ {0}. Ainsi, parmi tous les polynˆomes associ´es `a un polynˆomeP, il en existe un seul tel que son coefficient dominant soit 1. Un tel polynˆome est dit unitaire ou monique.

En effet, si P est un polynˆome de coefficient dominantα, alorsα1P est un polynˆome monique associ´ee `a P.

Enfin, notez que dans un anneau principal A, a∈A est inversible si et seulement si aest associ´e `a 1.

Proposition IX.2.19. Soient A un anneau principal et a, bdeux ´el´ements non nuls de A. Un p.g.c.d. d dea et deb est donn´e par

hdi=ha, bi.

De plus, tout autre p.g.c.d. de a et deb est associ´e `a d et il existe α, β ∈A tels que

Pensez au th´eor`eme de Bezout.

d=α a+β b.

emonstration. V´erifions que d est un p.g.c.d. de a et deb. Il est clair quehai et hbi sont inclus danshdi=ha, bi. Par la proposition pr´ec´edente,d divise donc aet b. Sid0 divise aussiaet b, alorshai et hbisont inclus dans hd0i. De l`a11, ha, bi est aussi inclus danshd0i et doncd0 divised. Le reste de la preuve est imm´ediat. En effet, sieest aussi un p.g.c.d. deaet deb, alors hdi=ha, bi=hei et d et esont donc associ´es.

Exemple IX.2.20. Par exemple, h6,7i = Z= h1i (cf. exemple IX.2.11).

Il est clair que 6 et 7 sont premiers entre eux. Dans l’exemple IX.2.12, on a vu que

hX2−1, X2+X−2i=hX−1i.

Il est facile de voir que ces deux polynˆomes ont X−1 comme p.g.c.d.

11Un ´el´ement quelconque deha, bi est de la former.a+s.b. Ora=t.d0 etb=u.d0. De l`a,r.a+s.b= (rt+su)d0 appartient bien `ahd0i.

IX.3. D´ecomposition en facteurs premiers 185

De la mˆeme mani`ere, les polynˆomes de R[X]

A= 2X2+5X+2 = (2X+1)(X+2) et B = 2X2+7X+3 = (2X+1)(X+3) sont tels que

hA, Bi=h2X + 1i

et tout polynˆome de la forme α(2X+ 1), α∈R, est un p.g.c.d. deA et de B. En particulier, le polynˆome monique 12(2X + 1) = X + 12 est aussi un p.g.c.d. de A et de B.

3. D´ecomposition en facteurs premiers

efinition IX.3.1. Soit A un anneau principal. Deux ´el´ements non nuls a, b∈A sontpremiers entre euxsi les p.g.c.d. deaet debsont associ´es `a 1, autrement dit, si 1 est un de leur p.g.c.d.

efinition IX.3.2. SoitA un anneau int`egre. Un ´el´ementa∈A non nul est irr´eductible s’il est non associ´e `a 1 et s’il s’´ecrit a = bc avec b, c ∈ A, alors b ouc est associ´e `a 1. Autrement dit, tout diviseur de aest associ´e `a 1 ou `a a.

efinition IX.3.3. Soit A un anneau int`egre. Un ´el´ement a ∈ A est premier, s’il est non nul et non associ´e `a 1 et si adivise bc, alors a divise b ou c. En termes d’id´eaux, cela revient `a direhai 6=A et si bc∈ hai, alors b∈ haiouc∈ hai. Un id´eal jouissant d’une telle propri´et´e est qualifi´e d’id´eal premier.

Remarque IX.3.4. Dans un anneau int`egre A, tout ´el´ement premier est irr´eductible. Soit a un ´el´ement premier. Supposons que a = bc, b, c ∈ A.

Alors bc∈ hai implique b∈ hai ou c∈ hai. Supposons ˆetre dans le premier

cas, il existe d∈A tel que b=ad donc a=acd. Puisque A est int`egre, on comme dans la propostion IX.2.16

conclut que cd= 1, i.e.,c est associ´e `a 1.

La r´eciproque n’est pas toujours vraie12. Par exemple, dans l’anneau Z[i√

5] des polynˆomes `a coefficients entiers ´evalu´es eni√

5, on peut montrer13 que l’´el´ement 3 est irr´eductible. Cependant, il n’est pas premier, 3 divise 9 = (2 +i√

5)(2−i√

5) mais ne divise aucun des deux facteurs.

Lemme IX.3.5. Soienta, bet cdes ´el´ements non nuls d’un anneau prin-cipal A. Sia divise bc et est premier avecb, alors a divise c.

emonstration. Au vu de la proposition IX.2.19, il existe α et β dans A tels que 1 = αa+βb. De plus, a divise bc. Il existe donc t∈ A tel que bc=ta. Ainsi,c=αac+βbc=αac+βta= (αc+βt)aet adivise c.

Dans un anneau principal, les deux notions d’´el´ement premier et d’´el´ement irr´eductible co¨ıncident.

12Il faut se placer dans un anneau factoriel (ou `a factorisation unique). Tout anneau principal est factoriel.

13En recourant `a la notion alg´ebrique de norme, par exemple.

186 Chapitre IX. Polynˆomes `a coefficients dans un champ quelconque

Proposition IX.3.6. Soit A un anneau principal. Tout ´el´ement irr´e-ductible est premier. Par cons´equent, un ´el´ement est premier si et seulement si il est irr´eductible.

emonstration. Proc´edons par l’absurde. Soit aun ´el´ement irr´eductible non premier. Supposons que bc ∈ hai, b, c ∈ A avec b 6∈ hai et c 6∈ hai. Consid´erons l’id´eal ha, bi. PuisqueAest principal, il existedtel queha, bi= hdi. Il existe donc e, f ∈ A tels que a = de et b = df. Puisque a est irr´eductible, d ou eest associ´e `a 1. Dans le premier cas, cela signifie que a et bsont premiers entre eux. Oradivisebc, doncadivisec, ce qui contredit c6∈ hai. Dans l’autre cas, sieest associ´e `a 1, alorshai=hdi=ha, bicontient b, ce qui contredit b6∈ hai.

Exemple IX.3.7. Dans Z, les seuls ´el´ements inversibles sont 1 et−1 (ils sont d’ailleurs leur propre inverse). Ainsi, deuxentiers positifssontpremiers entre eux si leur p.g.c.d. est 1. Par exemple, 3 et 16 sont premiers entre eux mais 3 et 15 ne le sont pas. Enfin, un nombre p >1 est premier si ses seuls diviseurs sont 1 etp(et bien sˆur−1 et−p). Par exemple, 2,3,5,7 sont premiers mais 8 et 9 ne le sont pas.

Exemple IX.3.8. Dans K[X], nous avons d´ej`a observ´e que les seuls ´el´e-ments inversibles sont les ´el´e´el´e-ments non nuls de K (i.e., les polynˆomes con-stants non nuls). Ainsi, un polynˆome non nul est associ´e `a 1 si et seulement s’il est constant. Par cons´equent, deux polynˆomes sont premiers entre eux s’ils ne sont pas tous deux divisibles par un polynˆome non constant et un polynˆomeP ∈K[X] non constant estirr´eductiblesi et seulement si ses seuls diviseurs sont de la forme α ou αP avec α∈K\ {0}.

Autrement dit, un polynˆome P de K[X] est irr´eductible s’il est non constant (i.e., de degr´e au moins 1) et s’il ne peut pas s’´ecrire comme produit de deux polynˆomes de degr´e strictement inf´erieur `a degP.

Dans la suite de cette section, A est un anneau principal. On ne dis-tinguera donc pas les notions d’´el´ement premier et d’´el´ement irr´eductible.

Le but de cette section est de montrer que tout ´el´ement non nul de Apeut s’´ecrire de mani`ere unique comme produit d’´el´ements premiers. Par exem-ple, dansZ, 1176 = 23.3.72.

Lemme IX.3.9. Toute suite croissante I1⊂I2 ⊂I3 ⊂ · · · d’id´eaux de A est stationnaire, i.e., il existe N ≥1 tel que pour toutn≥N, In=IN.

On dit aussi “se stabilise”.

emonstration. Il est facile de v´erifier que I = [

n≥1

In

est encore un id´eal de A. OrA´etant un anneau principal, cela signifie qu’il existe d ∈A tel que I =hdi. Puisque d appartient `a I, il existe N tel que

IX.3. D´ecomposition en facteurs premiers 187

d appartienne `aIN. La suite d’id´eaux ´etant croissante, d appartient aussi `a In pour toutn≥N. Ainsi, pour toutn≥N,

hdi ⊂In⊂I =hdi, ce qui suffit.

Proposition IX.3.10. Si a ∈A est un ´el´ement non nul et non associ´e `a 1, alors il existe des ´el´ements premiers p1, . . . , pm tels que

a=p1· · ·pm.

A l’ordre des facteurs pr`es, cette d´ecomposition est unique (sous-entendu qu’il est autoris´e de remplacer les facteurs apparaissant dans cette

A l’ordre des facteurs pr`es, cette d´ecomposition est unique (sous-entendu qu’il est autoris´e de remplacer les facteurs apparaissant dans cette

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