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Polynômes modulaires avec les fonctions thêta

Dans le document Calcul de polynômes modulaires en dimension 2 (Page 156-159)

5.3 Polynômes Modulaires et multiplication réelle

5.3.2 Polynômes modulaires avec les fonctions thêta

5.3.2 Polynômes modulaires avec les fonctions thêta

Dans cette section, nous allons introduire des polynômes modulaires pour tout entier D sans facteur carré en utilisant les thêta constantes. Les invariants que nous utiliserons sont les tirés en arrière des générateurs pour le groupe Γ2(2, 4) définis dans la section 3.13 : ˜bi = φbi pour i = 1, 2, 3, qui sont des fonctions modulaires pour le groupe ˜Γ(2, 4) qui est défini dans l’équation (5.7). Rappelons que nous avons le théorème 5.2.8. Nous notons dans cette section ˜Γ = SL2(OK ⊕ ∂K−1) et nous ne considérons que des nombres premiers ` = ββ différents de 2.

Pour i = 1, 2, 3, β ∈ OK+ et γ ∈ ˜Γ ∪ ˜Γσ, on pose : ˜ bi : H2 1 −→ C z 7−→ ˜bi(β1z) et ˜ bγi : H2 1 −→ C z 7−→ ˜bi(β1γ · z).

Lemme 5.3.11. Le sous-groupe ˜Γ(2, 4) ∩ ˜Γ0(β) de ˜Γ(2, 4) est d’indice ` + 1.

Démonstration. Soit γ ∈ ˜Γ/˜Γ0(β). Il suffit de prouver qu’il existe un élément

γ0∈ ˜Γ0(β) tel que γ0γ ∈ ˜Γ(2, 4).

Regardons γ0 tel que γ0γ ≡ 0 mod 4, c’est-à-dire tel que γ0 ≡ γ−1 mod 4, et tel que γ0 ≡ (∗ 0

∗ ∗) mod `. Par le théorème des restes Chinois, ces conditions modulo 4 et ` donnent une matrice γ00 qui doit satisfaire des conditions modulo 4` et par le lemme 5.3.7, γ00 peut être relevé en une matrice dans ˜Γ.

Pour une matrice γ ∈ ˜Γ(2, 4) ∩ ˜Γ0(β), on aimerait pouvoir écrire ˜ bγi(z) = ˜bi 1 βγ · z  = ˜bi  γβ· 1 βz  = ˜bi 1 βz  = ˜bi(z)

pour pouvoir conclure que les fonctions ˜bipour i = 1, 2, 3 sont modulaires pour le groupe ˜Γ(2, 4)∩ ˜Γ0(β). Cependant, la troisième égalité n’est vraie que si la matrice

γβ est dans ˜Γ(2, 4). Un simple calcul montre que c’est toujours le cas lorsque

D ≡ 1 mod 4. Lorsque D ≡ 2, 3 mod 4, ceci n’arrive que si β est de la forme a + bω avec b pair. Si D ≡ 2 mod 4, c’est équivalent à demander que ` ≡ 1 mod 4

et sinon si D ≡ 3 mod 4, ` doit nécessairement vérifier ` ≡ 1 mod 4. En particulier, dans ce dernier cas, 0, 1 ou 2 polynômes modulaires avec une structure sur ˜Γ(2, 4) peuvent exister pour un nombre premier qui se décompose en facteurs totalement positifs donné, en fonction de l’unité fondamentale . Ainsi :

Proposition 5.3.12. Les fonctions ˜bi pour i = 1, 2, 3 sont des fonctions modu-laires pour ˜Γ(2, 4) ∩ ˜Γ0(β) lorsque

— D ≡ 1 mod 4 ;

— D ≡ 2 mod 4 et β = a + bω avec b pair, ou, de manière équivalente, ` ≡ 1 mod 4 ;

— D ≡ 3 mod 4 et β = a + bω avec b pair ; ceci implique que ` ≡ 1 mod 4.

Proposition 5.3.13. Soit ` un nombre premier. Écrivons ` = ββ avec β ∈ OK+

D ≡ 1 mod 4, alors les polynômes Φβ(X, ˜b1, ˜b2, ˜b3) = Y γ∈Cβ (X−˜bγ1,β) et Ψk,β(X, ˜b1, ˜b2, ˜b3) = X γ∈Cβ ˜ bγk,βΦβ(X, ˜b1, ˜b2, ˜b3) X − ˜bγ1,β

pour k = 1, 2 sont dans Q(˜b1, ˜b2, ˜b3)[X]. Si D ≡ 2, 3 mod 4 et β = a + bω avec b

pair, alors Φβ(X, ˜b1, ˜b2, ˜b3) = Y γ∈Cβ (X − ˜bγ1,β)(X − ˜bγσ1,β), et Ψk,β(X, ˜b1, ˜b2, ˜b3) = X γ∈Cβ ˜ bγk,βΦβ(X, ˜b1, ˜b2, ˜b3) X − ˜bγ1,β + X γ∈Cβ ˜ bγσk,βΦβ(X, ˜b1, ˜b2, ˜b3) X − ˜bγσ1,β

pour k = 1, 2 sont dans Q(˜b1, ˜b2, ˜b3)[X].

Démonstration. La preuve est comme celle de la proposition 5.3.3. La différence

entre les cas D ≡ 1 mod 4 et D ≡ 2, 3 mod 4 réside dans les équations (5.2) et (5.3) : dans le premier cas, par la proposition 5.2.6, l’application H21/˜Γ(2, 4) → H22 est injective tandis que dans le second, c’est l’application H21/(˜Γ(2, 4) ∪ ˜

Γ(2, 4)σ) → H2/Γ2 qui l’est. Les coefficients des séries de Fourier des ˜bi sont dans Q parce que c’est le cas des séries de Fourier des thêta constantes de Hilbert (voir [54]).

Définition 5.3.14. Les polynômes Φβ(X, ˜b1, ˜b2, ˜b3) et Ψk,β(X, ˜b1, ˜b2, ˜b3) pour

k = 2, 3 définis dans la proposition 5.3.13 sont appelés les β-polynômes modulaires pour K.

Notons qu’il existe trois polynômes pour que à ˜b1, ˜b2 et ˜b3 donnés, on puisse obtenir les valeurs ˜bγ1,β, ˜bγ2,β et ˜bγ3,β pour tout γ ∈ Cβ, alors que nous n’avions que deux polynômes avec les invariants de Gundlach. Néanmoins :

Remarque 5.3.15. Lorsque D = 2, l’équation (5.8) dit que l’on doit considérer

seulement ˜b2 et ˜b3 car ˜b1 est déterminé par ˜b2 et ˜b3.

Contrairement aux polynômes modulaires avec les invariants de Gundlach, les polynômes définis avec les ˜bi dépendent du choix de β. Notons tout de même que lorsque deux paires (β, β) et (β0, β0) d’éléments totalement positifs dont le produit vaut ` et qui diffèrent d’un facteur pair de , où  est une unité fondamentale qui peut être de norme −1 ou 1, alors β0 = 2nβ = 0 n −n0



β. Ainsi pour tout z ∈ H12, si on calcule ˜bi,β(z), pour i = 1, 2, 3, à partir des ˜bi(z) et des β-polynômes modulaires, alors on a que ˜bi,β0(z) = ˜bi−n 0

0 n  1 βz et en sachant comment la matrice−n 0 0 n 

agit sur les ˜bi,β, on peut calculer les ˜bi,β0 à partir des ˜bi,β. Dans ce cas-là, il est inutile de calculer les β0-polynômes modulaires.

Exemple 5.3.16. Lorsque D = 2, 5 ou 13, l’unité fondamentale a norme −1.

— Si D = 2, on a que (˜b1,2, ˜b2,2, ˜b3,2) = (˜b1, ˜b3, ˜b2) ;

— Si D = 5, on a que (˜b1,2, ˜b2,2, ˜b3,2) = (˜b3, ˜b1, ˜b2) ;

— Si D = 13, on a que (˜b1,2, ˜b2,2, ˜b3,2) = (˜b2, ˜b3, ˜b1).

Lorsque la norme de  est 1, alors si ` = ββ, on a aussi que ` = β0β0, où β0 = β. La multiplication par  ne provient pas de l’action d’une matrice et l’argument précédent ne tient pas.

5.3. POLYNÔMES MODULAIRES ET MULTIPLICATION RÉELLE 157 Exemple 5.3.17. Lorsque D = 55, l’unité fondamentale  = 89 + 1255 a norme 1 et pour ` = 5, on peut choisir β = 15 + 2

55 et β0 = β = 2655 + 35855.

Comme 2 et 358 sont pairs, on peut définir deux triplets de polynômes modulaires “non équivalents” (par les propositions 5.3.12 et 5.3.13) .

Théorème 5.3.18. Si ˜bi,β est une fonction modulaire pour ˜Γ(2, 4) ∩ ˜Γ0(β), alors

le corps des fonctions modulaires de Hilbert invariantes par ˜Γ(2, 4) ∩ ˜Γ0(β) est CΓ˜0(β)= C(˜bi,β, ˜b1, ˜b2, ˜b3) pour i = 1, 2, 3. Ainsi, Φβ(X, ˜b1, ˜b2, ˜b3) est le polynôme

minimal de ˜b1,β sur C(˜b1, ˜b2, ˜b3).

Démonstration. La preuve est similaire à celle du théorème 5.3.8.

Comme Φβ est un polynôme minimal, c’est l’unique polynôme unitaire et irréductible qui vérifie, pour tout z ∈ H21, Φβ(˜b1,β(z), ˜b1(z), ˜b2(z), ˜b3(z)) = 0. Regardons ce qu’il se passe sur σ(z). La matrice M de l’équation (5.2) agit comme suit : (bM1 , bM

2 , bM

3 ) = (b1, b2, b3) si D ≡ 2, 3 mod 4 et (bM1 , bM

2 , bM

3 ) =

(b3, b2, b1) si D ≡ 1 mod 4. Ainsi (˜bσ1, ˜bσ2, ˜bσ3) = (˜b1, ˜b2, ˜b3) si D ≡ 2, 3 mod 4 et (˜bσ1, ˜bσ2, ˜b3σ) = (˜b3, ˜b2, ˜b1) si D ≡ 1 mod 4. Le polynôme irréductible et unitaire Φβ(˜bσ

1,β, ˜bσ

1, ˜bσ

2, ˜bσ

3) a les mêmes racines que Φβ(˜b1,β, ˜b1, ˜b2, ˜b3) et donc, par uni-cité, ces polynômes doivent être égaux. Ainsi par exemple, si D ≡ 1 mod 4 (l’autre cas étant similaire), Φβ(˜b3,β, ˜b3, ˜b2, ˜b1) = Φβ(˜b1,β, ˜b1, ˜b2, ˜b3) et il est possible d’ob-tenir la valeur ˜b3,β(z) pour tout z ∈ H21 en utilisant le β-polynôme modulaire. On a alors que, toujours en agissant par σ,

˜

b2,β(z) = Ψ2,β(˜b3,β(z), ˜b3(z), ˜b2(z), ˜b1(z))/Φ0β(˜b3,β(z), ˜b3(z), ˜b2(z), ˜b1(z)) et ˜

b1,β(z) = Ψ3,β(˜b3,β(z), ˜b3(z), ˜b2(z), ˜b1(z))/Φ0β(˜b3,β(z), ˜b3(z), ˜b2(z), ˜b1(z)). On conclut qu’une fois que l’on possède les β-polynômes modulaires, il est inutile de calculer les β-polynômes modulaires.

On peut procéder de la même manière avec des matrices de γ ∈ ˜Γ/˜Γ(2, 4) qui ont des propriétés spéciales, comme dans le cas des p-polynômes modulaires (voir section 4.4). Si γ permute les ˜bi et les ˜bi,β, ceci implique qu’il existe des symé-tries dans les polynômes modulaires. En particulier, si γ satisfait (˜bγ1, ˜bγ2, ˜bγ3) = (˜b1, ˜b3, ˜b2) et (˜bγ1,β, ˜bγ2,β, ˜bγ3,β) = (˜b1,β, ˜b3,β, ˜b2,β), ceci signifie que

Φβ(X, ˜b1, ˜b2, ˜b3) = Φβ(X, ˜b1, ˜b3, ˜b2) et par conséquent que

Ψ2,β(X, ˜b1, ˜b3, ˜b2) = Ψ3,β(X, ˜b1, ˜b2, ˜b3)

de telle sorte que l’on n’a besoin de calculer que les deux premiers β-polynômes modulaires, car le troisième peut être déduit du deuxième. Ceci arrive par exemple pour D = 6, ` = 73, β = 13 − 46 et pour D = 10, ` = 41, β = 9 − 2√ 10. De plus, si γ satisfait ˜bγi = ıαi˜b i et ˜bγi,β = ıβi˜b i,β, pour i = 1, 2, 3 et αi, βi{0, 1, 2, 3}, alors les puissances des ˜bi dans chacun des coefficients des polynômes modulaires vérifient des relations modulo 4. Comme l’on calcule ces polynômes par évaluation/interpolation (voir section 5.4), ceci peut être utilisé pour faire décroître le nombre d’évaluations.

L’existence de ces matrices dépendent de D et de β. Elles peuvent être re-cherchées dans une phase de précalcul. Nous donnerons des exemples de relations dans la section 5.5 (voir équation (5.12)).

Soit Lβ le lieu des surfaces abéliennes principalement polarisées z modulo ˜

Γ(2, 4) ayant multiplication réelle par OK pour lesquelles z, ou σ(z) dans le cas

D ≡ 2, 3 mod 4, est β-isogène à z0tel que φ(z0) est isogène à un produit de courbes elliptiques par la 2-isogénie φ(z0) → φ(z0)/2 et telle que θ0(φ(z0)/2) = 0.

Théorème 5.3.19. Les dénominateurs des polynômes modulaires Φβ et Ψk,β sont divisibles par un polynôme Lβ dans Q[˜b1, ˜b2, ˜b3] décrivant Lβ.

Démonstration. Soit z ∈ Lβ et soit c un coefficient de Φβ. Alors il existe un

γ ∈ ˜Γ(2, 4)/(˜Γ(2, 4) ∩ ˜Γ0(β)) tel que ˜bγ1,β, ou ˜bγσ1,β si D ≡ 2, 3 mod 4, est infini. En effet, rappelons nous que bi= θi

θ0(Ω/2) et que par la proposition 3.2.3, exactement une des thêta constantes s’annule en Ω si et seulement si Ω est isomorphe à un produit de courbes elliptiques. On conclut en utilisant les mêmes arguments que dans la preuve du théorème 5.3.9.

La raison pour laquelle nous avons introduit des polynômes modulaires avec les ˜bi est pour obtenir des polynômes plus petits que ceux avec les invariants de Gundlach ou avec les tirés en arrière des invariants d’Igusa. Par le théorème 5.3.12, les β-polynômes modulaires ne sont pas définis pour tous les ` qui se décomposent en facteurs totalement positifs. Nous avons deux manières de gérer ce problème. La première consiste à trouver un sous-ensemble de ˜Γ(2, 4) pour lequel ˜

bi,β est invariant (on est dans le cas D ≡ 2, 3 mod 4). Un groupe qui fait toujours l’affaire est le groupe ˜Γ0 défini comme ˜Γ(2, 4) dans le cas D ≡ 1 mod 4. Ce sous-groupe est d’indice 4 dans ˜Γ(2, 4) et on considère le quotient ˜Γ(2, 4)/(˜Γ0∩ ˜Γ0(β)), contenant 4(`+1) classes, pour définir nos polynômes. La seconde manière consiste à prendre d’autres invariants. En particulier, les tirés en arrière des invariants de Rosenhain ˜ri = φri. Nous avons déjà dit qu’ils sont des générateurs pour le corps des fonctions modulaires de Hilbert invariantes par ˜Γ(2) (voir théorème 5.2.8) et ˜ri,β, pour i = 1, 2, 3, est toujours invariant par ˜Γ(2) ∩ ˜Γ0(β). Tous les résultats de cette section peuvent être adaptés à ces invariants.

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