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Une politique de l’État à pas de caméléon diversement appréciée par les femmes

Chapitre IV- Du pouvoir entrepreneurial des femmes dans le secteur informel et dans les

A. Une politique de l’État à pas de caméléon diversement appréciée par les femmes

À partir de 2000, le Burkina Faso fut frappé par une crise alimentaire suite à une mauvaise saison pluvieuse et à une suite de mauvaises récoltes jusqu'en 2004-2005, années marquées par l’invasion perpétuelle des criquets pèlerins et des sécheresses successives dans la partie nord du pays443. Dans ce contexte, un stock national fut mis en place et géré par la Direction Générale des

Prévisions et des Statistiques (DGPSA), la Société Nationale de Gestion du Stock de Sécurité Alimentaire (SONAGESS) et le Comité National de Secours d’Urgence et de Réhabilitation (CONASUR)444. Ce stock national fut considéré comme un moyen de soutenir les femmes à partir

de 2005445.Cependant, la mauvaise saison couplée à un climat social tendu suite aux marches de

protestation de l’opposition après l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, poussa l’État à cher- cher des solutions : au cours de l’année 2000, le gouvernement, avec la participation de tous les acteurs de l’administration publique, du secteur privé, de la société civile et des partenaires au développement, a élaboré un « Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté » au Burkina Fa-

442Sayouba Ouédraogo, « Collectif des organisations démocratiques de masses et des partis politiques contre l’impunité au Burkina

Faso », Cahiers du CRISES-Collection mouvements sociaux, n°MS O601, 2006, p. 44.

443Marie Poussart-Vanier, « La politisation de l’aide alimentaire d’urgence au Burkina Faso », Tiers Monde, vol. 46, n°184, 2005, p.

737-760.

444Pierre Janin, « La gestion spatio-temporelle de la soudure alimentaire dans le Sahel burkinabé », Tiers Monde, n°180, 2004, p. 909-

933.

99 so(CSLP)446. Parallèlement à cela furent construites des maisons de la femme à Ouagadougou et

dans les provinces447, fut lancée la lutte contre les MST/SIDA, fut publicisée la journée interna-

tionale de la femme, décisions prises pour rendre l'État burkinabé plus crédible aux yeux des ins- tances internationales. L’implication du pays dans la crise ivoirienne permit aussi à l’État de pou- voir préserver son hégémonie au plan national et international448. En 2003, des comités de gestion

des maisons de la femme sont mis en place selon l’arrêté N°2003-005/MPF/SG/DCAF, portant création, organisation, attribution et fonctionnement des comités de gestion des maisons de la femme449.

Certaines femmes cherchèrent à se conformer aux exigences de l’État dans le but de récol- ter des bénéfices de ce rapprochement450. Elles s’impliquèrent de plus en plus dans les maisons de

la femme qui jouèrent le rôle de lieu où les femmes formulaient leurs doléances lors des journées du 8 mars; c'est ainsi que plusieurs femmes se sont senties concernées par l’avenir des maisons de la femme451. Par ailleurs, lors de la tournée de la ministre de la promotion de la femme en 2000 et

2001, celle-ci convia chaque département à mettre en place des coordinations provinciales et départementales, ayant pour mission de faciliter la communication, l’échange entre l’administration représentée par le ministère de la promotion de la femme. Pour cela, les coordinations provinciales et départementales d’associations féminines ont été chargées non seulement d’aider les services déconcentrés du département à recenser toutes les organisations structurées de femmes452.

Les différentes femmes rencontrées affirmèrent que les maisons de la femme représentent plus des « lieux de rencontre préélectorale »,453 car elles brillent par leur « dynamique à

l’approche des périodes électorales »454. Mariam et Safoura, lors d’un focus group, soulignèrent

en effet qu’ :

446GoamwaogaKaboré, Quel cadre institutionnel pour une prise en charge adéquate des enfants ayant besoin de mesures spéciales de

protection? (cas du Burkina Faso), Association internationale des démographes de langue française, Enfants d’aujourd’hui, diversité des contextes, pluralité des parcours : colloque international de Dakar (10-13 décembre 2002), Paris, Institut National d’Études

Démographiques, 2002, p. 531.

447Voir annexe 22-Grégoire B. Bazie, « Gestion des maisons de la femme du Burkina : Nestorine Sangaré veut y voir clair », Lefa-

so.net, vendredi 27 juillet 2012; Blandine Sankara, « Diagnostic participatif orienté au genre dans le cadre de la mise en œuvre du

programme. Suites de Bamako : Autonomisation des femmes en Afrique occidentale », Rapport final, Ouagadougou, Burkina Faso, 2008, p. 19.

448Joachim Beugré, Côte d’Ivoire en 2002 : les dessous d’une rébellion, Paris, L’Harmattan, 2012, 173p.

449Aimé Florentine Kaboré, « Une direction de la Coordination des Associations féminines pour la promotion de la femme burkina-

bé », Cifraf Infos, n°002 juillet 2005, p. 15.

450Priorité femme, Communication et promotion de la femme, 28-08-2000.

451Entretiens avec Safoura, femme de 30 ans, membre de l’association Laafi, à TanghinDassouri, le 20 juillet et le 3 août 2013. 452Voir annexe 18-Kaboré Verlaine. « Madame SakinatouNacoulma. La marécageuse ou vendeuse de poissons », Cifrap Infos, n°000,

2004, p. 18.

453Entretiens avec Safoura, femme de 30 ans, membre de l’association Laafi, à Tanghin Dassouri, le 20 juillet et le 3 août 2013. 454Entretiens avec Safoura, femme de 30 ans, membre de l’association Laafi, à TanghinDassouri, le 20 juillet et le 3 août 2013.

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À l’approche des événements, la maison de la femme est remplie par les femmes. Il y a des activités qui sont programmées. On est très contente, car on pense que cela va continuer. Malheureusement, après l’événement, c’est le silence total. Il n’y a pas de suivi455.

Il ressort de nos observations participantes et des archives de la presse que seule celle de Ouagadougou, sous tutelle de la Direction Régionale de la Promotion de la Femme du Centre (DRPF/C), reste la seule maison de la femme fonctionnelle. Elle a été inaugurée le 14 novembre 2006 et représente la dernière des 45 autres installées dans les provinces,456 car « chaque maison

de la femme est gérée par une association choisie »457 ce qui rend la situation de ces lieux très

aléatoire.

Alors que dans la maison de la femme de Ouagadougou sont organisées des séances et des ateliers de formation des métiers artisanaux (tissage, couture) et est proposé de l’aide sur les mécanismes de montage des projets par quelques membres et stagiaires de la Direction de la promotion de la femme, celle de la région du centre-ouest reste vide et ne répond pas aux souhaits de formation des femmes458. L’intervention de Safoura vient confirmer notre observation :

Notre maison de la femme est une maison fantôme. Les femmes s’y regroupent qu’à l’approche des événements spéciaux tels que la journée du 8 mars et/ou les élections. Les séances de formation que nous avons suscitées n’ont jamais été la priorité des dirigeants. On a reçu un moulin et des métiers à tisser qui ont très vite été usés. Toutes nos économies ont été utilisées pour la réparation de ses outils459.

Pour autant, suivant le témoignage d’Odette, la maison de la femme de Ouagadougou a des insuffisances et ne répond pas non plus aux attentes des femmes :

Je n’ai pas l’occasion d’aller à la maison de la femme, car ce sont les activités comme le 8 mars qui attirent plusieurs femmes. J’ai suivi une formation en tissage, la direction devait en principe me permettre d’ouvrir mon atelier de couture, mais en vain. Dans mes souvenirs, je ne revois pas ce que cette maison de la femme m’a permis de faire, si ce n’est que les réunions des femmes. Tout ce qu’on a demandé en matière de matériels pour le montage de l’usine de fabrication de beurre de karité et d’arachide n’a pas fonctionné. Donc pour cela je ne vois pas son importance460.

En réalité les maisons, situées dans les provinces, sont généralement reconnues comme des

455Entretiens avec Safoura, femme de 30 ans, membre de l’association Laafi, à TanghinDassouri, le 20 juillet et le 3 août 2013. 456Voir annexe 20-Aimé Florentine Kaboré, « Expériences de femmes », Cifrap Infos, n°005, 2006, p. 20.

457Entretiens avec Marie, femme de 53 ans, directrice de la maison de la femme de Ouagadougou, à Dassasogho (Ouagadougou), les

14 et 20 juillet 2013.

458Observation participante réalisée le 20 juillet 2013.

459Entretiens avec Safoura, femme de 30 ans, membre de l’association Laafi, à Tanghin Dassouri, le 20 juillet et le 3 août 2013. 460Entretiens avec Odette, femme de 32 ans, tisseuse, à Dassasogho (Ouagadougou), le 10 juillet et le 1er août 2013.

101 cadres de rencontres pour les journées du 8 mars et pour la préparation des élections. Le rapport final de Blandine Sankara dresse d'ailleurs le bilan suivant :

L’État dépense beaucoup pour construire des Maisons de la femme et pour l’organisation de la Journée internationale de la femme chaque année. Ce sont plus des occasions de djandjoba pour certaines personnes et des niches d’affaires pour les vendeurs de pagnes du 8 mars. Combien de femmes dans nos villages auraient seulement souhaité avoir un moulin ou un forage pour ne plus passer toute la journée à chercher de l’eau ?461.

Ces maisons ont ainsi perdu leur « vocation première de rassemblement et d’apprentissage de métiers »462, car « il manque des moyens financiers pour les faire fonctionner »463. En effet,

plusieurs situations démontrent le non-respect, sinon l’ignorance des textes régissant les sociétés coopératives464, les conflits latents entre acteurs, la sous-exploitation des installations, les

confusions de rôle, le non-renouvellement des comités de gestion et faible participation ou association des femmes aux activités des maisons465. Plusieurs femmes interviewées comme

Minata notèrent que les réunions dans ces maisons ne répondent pas à leurs besoins, car elles sont de nature politique où les femmes se présentent avec des tee-shirts du CDP, parti du président Blaise Compaoré. Minata, ressortissante de Tanghin Dassouri et qui fréquente la maison de la femme de Tanghin Dassouri, considère que :

Notre maison représente une « tribune de propagande ». Dès le début de la construction de la maison de la femme, on pensait apprendre plusieurs métiers et pouvoir bénéficier des séminaires. Ce qui n’a pas été le cas, car on nous regroupait juste pour parler de la politique.Je peux dire que cette maison de la femme représente un siège du Congrès pour la Démocratie et le Progrès. Ce qui nous intéresse c’est le fait qu’elle nous a aidés d’avoir notre fonds pour développer nos activités génératrices de revenus466.

Malgré tout, certaines femmes sont satisfaites de ce que leur apportent ces maisons. Mounira raconte que leur « implication au sein de la maison de femme a été à la base de

461Blandine Sankara, Diagnostic participatif orienté au genre dans le cadre de la mise en œuvre du programme « Suites de Bamako :

Autonomisation des femmes en Afrique occidentale », Rapport final, Ouagadougou, Burkina Faso, septembre 2008, p. 19.

462Entretiens avec Odette, femme de 32 ans, tisseuse, à Ouagadougou (Dassasogho), le 10 juillet et le 1er août 2013.

463Entretiens avec Safoura, femme de 30 ans, membre de l’association Laafi, à Tanghin Dassouri, le 20 juillet et le 3 août 2013. 464Voir annexe 21. Dorcas Céleste Koidima, « Promotion de la femme. la persistance des faces bien laides », Lefaso.net, vendredi 23

janvier 2012.

465Voir annexe 22- Grégoire B. Bazié, « Gestion des maisons de la femme du Burkina : Nestorine Sangaré veut y voir clair », Lefa-

so.net, vendredi 27 juillet 2012.

466Entretien avec Minata, commerçante au marché de TanghinDassouri et visiteuse occasionnelle de la maison de la femme de

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l’obtention de leur fonds de fonctionnement »467. Cette logique s’est perçue dans notre entretien

avec Abou, stagiaire à la maison de la femme de Ouagadougou, « C’est comme ça que ça fonctionne. Lorsque tu t’engages dans la maison de la femme, tu deviens visible. En retour tu peux bénéficier des fonds du gouvernement »468. Aussi Bibata ajouta que : « Les grèves de 2000

dans le cadre de l’affaire Norbert Zongo ont permis à l’État de vouloir plus de partisans. Alors que dans ces maisons de la femme, c’est possible de trouver de bonnes partisanes. Donc, il faut juste les satisfaire »469.

La participation effective des femmes s’est faite à travers leur mobilisation pendant les journées du 8 mars. Elles proposèrent des thèmes touchant directement leurs conditions de vie. En 2001, elles proposèrent la confection des pagnes pour commémorer la journée du 8 mars. Un commerce florissant de pagnes s’est développé autour du 8 mars au point que le monopole de la vente des pagnes du 8 mars divisa les femmes entre elles et leurs maris. Pour désamorcer la tension latente et persistante, le ministère de la promotion de la Femme suggéra la confection d’un motif unique de pagne. C’est alors qu’un commerçant de la place a été identifié pour la confection du pagne, à partir de la 144e édition de la Journée internationale de 2002 célébrée à Ouahigouya. Le pagne uniforme renforça le caractère particulier de cette journée et permit aux populations de porter une attention particulière à cette journée.

Parallèlement à cette participation des femmes dans les journées du 8 mars, après la recon- naissance officielle de l’épidémie du sida en 2001, les autorités burkinabè ont élaboré la politique nationale de lutte contre cette épidémie470. Le PNUD recensa 150 associations intervenant dans le

domaine du sida471. En effet, si la réponse apportée par les associations à l’épidémie s’est en par-

tie constituée sous l’impulsion de directives et de programmes nationaux, elle s’est également développée pour une large part à partir des espaces laissés vacants par le gouvernement472. En

2002, le ministère de la promotion de la femme réaménagea son organigramme et la direction de la coordination des Actions en faveur des femmes devint la Direction de la coordination des Associations féminines (DCAF) avec pour principales missions de coordonner et d’organiser les ONG et associations féminines, de suivre et d’évaluer l’impact des actions de ces ONG et associations féminines et surtout, de rédiger pour certains partenaires qui le désirent, des cahiers

467Entretien avec Mounira, femme de 34 ans, femme d’affaire (Coris d’or), à Ouagadougou (Gounghin), le 25 juin 2013.

468Entretien avec Hamidou, homme de 32 ans, stagiaire à la Maison de la femme de Ouagadougou, à Dassasogho (Ouagadougo), le 20

juin 2013.

469Entretiens avec Laure, femme de 37 ans, tisseuse, à Gounghin (Ouagadougou), le 10 juillet et le 1er août 2013.

470Voir annexe 28. Élisabeth Sougré, «Ministère de la promotion de la femme. Une deuxième moitié de l’année riche en activités »,

Cifraf Infos, n°001, décembre 2004, p. 10-11.

471PNUD, Rapport sur le développement humain. Burkina Faso. 2001. La lutte contre le VIH-SIDA, Ouagadougou, 2001, 208p. 472Voir annexe 24-Aimée Florentine Kaboré, « La féminisation du VIH/sida au centre des réflexions», Sidwaya n°6129, 10 mars 2008,

103 de charges bien précis afin de favoriser la collaboration pour la lutte contre les problèmes touchant les femmes, notamment les VIH/Sida473. En 2007, le ministère de la promotion de la

femme organisa un panel dont son rôle était de permettre aux participants(e)s d’approfondir leurs connaissances dans le domaine de l’éducation, des violences faites aux femmes et des questions liées à la problématique du genre au Burkina Faso474. Ce premier était en prélude de

l’organisation du forum national des femmes qui s’est tenu le 7 mars 2008 à Tenkodogo avec 500 participants. À l’issue de ce forum, les participants ont pris l’engagement d’« appuyer le pro- gramme de transmission mère-enfant et la planification à travers des stratégies locales adaptées à chaque contexte »475. Les femmes proposèrent l’introduction du thème du 8 mars 2008 dans les

modules de causerie de conscientisation des centres d’alphabétisation des maisons de la femme et de tout autre centre privé476. Dans ce sens, le 5 janvier 2008, une causerie-débat sur le Sida fut

organisée par Chantale Compaoré, épouse du président Blaise Compaoré. Lors de ce traditionnel souhait des vœux à la première dame, les organisations féminines en profitèrent pour dire Non à la féminisation du VIH/Sida477.

Du côté municipal, la mairie mit en place en 2001, la Direction de la Propreté, qui compte trois services à savoir : le service de nettoyage et de collecte des déchets (SNCD), le service trai- tement et valorisation des déchets (STVD) et le service assainissement et entretien des ouvrages hydrauliques (SAEOH). Elle avait aussi pour objectif d’améliorer la santé et l’hygiène publique, de protéger les ressources et de créer des emplois par l’amélioration de la gestion des déchets478.

Dans la gestion des déchets plastiques de la ville de Ouagadougou, l’implication des femmes s’est fait remarquer témoignant de leur intérêt pour cette question. À ce constat, Souleymane à la direction de la propreté s’exclama qu’« On voit toujours les femmes dans la gestion des déchets plastiques parce qu’elle a son fondement dans la culture. C’est dans la culture de voir les femmes balayer, nettoyer »479. Comme le soulignèrent François Hainard et Christine Verschuurl’une des

stratégies utilisées par les femmes dans l’espace public est « une manière subtile de prendre le pouvoir, d’occuper le terrain, de se rendre indispensable, voire incontournable dans les processus de décision, sans s’opposer explicitement et ouvertement aux normes sociales en vigueur, qui

473Voir annexe 18-Kaboré Verlaine. « Madame SakinatouNacoulma. La marécageuse ou vendeuse de poissons », Cifrap Infos, n°000,

2004, p. 18.

474Voir annexe 23-Aimé Florentine Kaboré, « Forum national des femmes. Les pistes de solution pour faire régresser la féminisation

de la pandémie », Sidwaya n°6131, mercredi 12 mars 2008, p. 19.

475Voir annexe 23-Aimé Florentine Kaboré, « Forum national des femmes. Les pistes de solution pour faire régresser la féminisation

de la pandémie », Sidwayan°6131, mercredi 12 mars 2008, p. 19.

476Voir annexe 32. Tanou Sarah. « Promotion de la femme. La politique nationale de la femme, une meilleure synergie d’action en

faveur de la femme ». Cifraf Infos, n°001, décembre 2004, p. 14-16.

477Fatoumata Sophie Ouattara, « Rencontre première dame-Organisations féminine. Les femmes disent non à la féminisation du

VIH/SIDA », Sidwaya, n°6084, lundi 7 janvier 2008, p. 2.

478Georgette SidnomaKaboré, « Les représentations sociales du déchet dans la ville de Ouagadougou : le cas des déchets plastiques »,

mémoire de maitrise, Ouagadougou, Université de Ouagadougou, 2009, p. 50-51.

479Entretiens avec Souleymane, homme de 28 ans, chef de travaux à la direction de la Propreté et coordinateur Brigade Verte, à Larlé

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sont évidemment favorables aux hommes. C’est la stratégie de la non-concurrence avec les hommes, de la non-contestation des usages ; mais c’est aussi la stratégie « de faire malgré tout », celle de l’entêtement et de la sourde oreille, de la démonstration par l’exemple, de l’occasion saisie »480.

En 2004, sous l’égide du bureau d’étude canadien DESSAU-SOPRIN, un Schéma Direc- teur de Gestion des Déchets (SDGD) fut mis en place481. L'objectif principal était d'améliorer la

collecte des déchets ménagers notamment par la mise en place de centres de pré collecte (au nombre de trente-cinq) et d’un centre d'enfouissement technique implanté en périphérie nord de la capitale. Par ailleurs, la ville était découpée en 12 zones dont la gestion était attribuée à des entre- preneurs privés ou des Groupements d’Intérêt Économique (GIE)482.Le ministère de la promotion

de la femme prêta plus l’oreille aux doléances des femmes tout en renforçant son pouvoir d’action à travers l’adoption d’un document stratégique de portée majeure pour les femmes et les filles du Burkina Faso. Il s’agit de la politique nationale de promotion de la femme (PNPF) visant à lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles, les inégalités dont elles sont victimes, la féminisation de la pauvreté, la sous-scolarisation des filles et l’analphabétisation des femmes483

ce qui poussa l’État à rencontrer les associations féminines le 30 novembre 2004. Lors de cette rencontre, les femmes « ont exprimé leur adhésion et leur soutien aux actions menées à leur profit par leur département »484.Les associations féminines reçurent l’ordre de mérite lors de la célébra-

tion de la journée de la fête nationale du 11 décembre 2004485. Ainsi, en 2005, le National Demo-

cratic Institute (NDI) organisa à Ouagadougou, un forum national sur « le rôle et la participation politique des femmes du Burkina Faso », cérémonie présidée par le président de l’Assemblée nationale. Il se solda par une implication de plus en croissant des femmes dans les affaires muni- cipales486. C’est dans ce contexte que les associations comme Wende Pa Yaagdes’impliquèrent

dans le nettoyage des artères de la ville, des bureaux dans les services. D’autres associations comme l’association RayimTaaba se spécialisèrent dans le reboisement et le nettoyage des cime-