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Femmes, espace public et secteur informel à Ouagadougou de 1983 à 2008

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(1)

Femmes, espace public et secteur informel à

Oua-gadougou de 1983 à 2008

Mémoire

Bertin Yameogo

Maîtrise en Histoire

Maître ès arts

(M.A)

Québec, Canada

(2)
(3)

RÉSUMÉ

Dans ce mémoire, il est analysé la place que jouent les femmes dans l’espace

public burkinabè à travers leurs activités dans le secteur informel et dans les

associa-tions de 1983 à 2008. Après avoir analysé les grandes lignes de la politique de

Tho-mas Sankara, il est étudié les réactions positives et négatives des femmes. Par la suite,

nous analysons la continuité de la politique de Blaise Compaoré par rapport à celle de

son prédécesseur et nous voyons dans quelle mesure certaines femmes, commerçantes

et membres d’associations, parviennent à se frayer une place plus importante dans la

vie économique à travers le secteur informel, à changer leur statut dans leurs familles

respectives et à jouer du programme politique de l’État. Ces itinéraires féminins

per-mettent de parler d’agency des femmes, mais sans que cela aboutisse à un réel

empo-werment au regard des contraintes sociales qui demeurent fortes et des conditions

économiques qui se sont aggravées.

(4)
(5)

TABLE DES MATIÈRES

RÉSUMÉ ... III

TABLE DES MATIÈRES ... v

GLOSSAIRE... IX LISTE DES ACRONYMES ... xiII AVANT-PROPOS ... xv

INTRODUCTION GÉNÉRALE ... 1

1. Contexte historique ... 1

2. Contexte historiographique ... 4

A. De l’État en Afrique et au Burkina Faso en particulier ... 4

B. État au Burkina Faso, société civile et promotion de la femme ... 6

C. Femmes et crises économiques en Afrique et au Burkina Faso ... 7

D. Femme et société moaga ... 9

E-Femmes et secteur informel : généralités et cas du Burkina Faso ... 10

F-Femmes et stratégies de survie, contours de la vie associative ... 14

3. Problématique et hypothèses ... 17

4. Plan du mémoire ... 19

Chapitre I - Concepts, sources et méthodologie... 21

A. Définition de quelques concepts clés ... 21

B. De la méthodologie d’analyse et du corpus des sources ... 28

1. Le choix de l’analyse qualitative et l'analyse des sources écrites ... 29

2. Sources orales et leur analyse... 33

3. Difficultés du terrain ... 39

Chapitre II-Politique de promotion de la femme sous le président Thomas Sankara: fondements, limites et critiques ... 43

A. Entre autoritarisme, intégration économique des femmes et dynamisme féminin dans la vie associative et dans le secteur informel (1983-1987) ... 44

1. De l’exigence de la libération des femmes à partir de 1983 ... 45

2. Portraits de femmes: des exemples d’agency dans les années 1980 ... 53

B. Entre apologie et contestation de la politique sankariste ... 61

1. Thomas Sankara perçu comme le libérateur des femmes ... 61

(6)

2. Limites de l’entrepreneuriat économique et discussion des normes sociales: les revers de la

politique de promotion de la femme ... 65

Conclusion ... 70

Chapitre III-Politique d’annonce et émergence en demi-teinte des femmes dans l’espace public sous Blaise Compaoré (1990-1999) ... 73

A. Face à la politique en trompe-l’œil de l’État, une agency des femmes mise à rude épreuve de 1990 à 1999 ... 74

B- Face à la crise, les femmes prennent la place des hommes ... 84

Conclusion... 95

Chapitre IV- Du pouvoir entrepreneurial des femmes dans le secteur informel et dans les associations à partir de 2000 ... 97

A. Une politique de l’État à pas de caméléon diversement appréciée par les femmes ... 98

B. Influence grandissante des femmes, des associations féminines partenaires face à un État de plus en plus néo-patrimonial ... 106

C- Face à la crise de la vie chère : une économie de la débrouille ... 114

Conclusion... 121 Conclusion générale ... 123 1. Sources écrites ... 129 Carrefour africain ... 130 Cifraf Infos... 131 Le faso.net ... 131 Sidwaya ... 132 L’Observateur Paalga ... 133 Le Pays ... 133

2. Sources orales : entretiens à Ouagadougou et à TanghinDassouri ... 133

Bibliographie ... 137

1. Méthodologie ... 137

2. Regards conceptuels ... 138

Du concept d’agency ... 139

De l’empowerment ... 140

3. État, transitions démocratiques et mouvements sociaux: généralités et le cas du Burkina Faso . 141 4. Économie et espace urbain en Afrique et au Burkina Faso ... 144

5. Femmes, domination et luttes sociales : généralités et au Burkina Faso ... 145

6. Politique de la promotion de la femme au Burkina Faso et micro finance ... 147

(7)

7. Femmes, relations de genre et travail: généralités et cas du Burkina Faso ... 149

8. Femmes et vie associative : généralités et cas du Burkina Faso... 153

9. Femmes et secteur informel : généralités et cas du Burkina Faso ... 154

ANNEXES ... 159

Annexe 1 : La vision de l’émancipation des femmes sous Thomas Sankara ... 159

Annexe 2 : Réactions des femmes face au pouvoir de Thomas Sankara ... 162

Annexe 3 :Entente entre UFB et association Yewwu Yewwi. ... 165

Annexe 4 : La politique sociale sous la Révolution ... 167

Annexe 5 : femme et secteur informel ... 168

Annexe 6: Difficile accès des fonds par les femmes ... 169

Annexe 7: Faarf aide les femmes? ... 170

Annexe 8: Difficile gestion des fonds ... 171

Annexe 9 : Célébration de la journée du 8 mars ... 172

Annexe 10: Pilier de la politique de Blaise Compaoré ... 173

Annexe 11: Entrée massive des femmes dans la Brigade Verte ... 175

Annexe 12 : Femmes et 8 mars ... 176

Annexe 13 : Programme d’activités ... 177

Annexe 14 : Femmes et entreprenariat ... 178

Annexe 15 : Soutien du pouvoir de Blaise Compaoré ... 179

Annexe 16 : Contre le pouvoir de Blaise Compaoré ... 180

Annexe 17: La femme aide à l’édification de la nation ... 181

Annexe 18 : Exemple de résussite sociale ... 183

Annexe19 : La vie chère ... 184

Annexe 20: Femmes et débrouillardise ... 188

Annexe 21: Maison de la femme ... 189

Annexe 22 : Gestion des maisons de la femme ... 192

Annexe 23 : Femmes et la lutte contre les VIH/sida ... 194

Annexe 24 : La féminisation du sida ... 195

Annexe 25 : Entretien avec Françoise ... 196

Annexe 26: Documents de la Brigade Verte ... 198

Annexe 27: Témoignage de Brigitte ... 200

Annexe 28: Activités du Ministère de la Promotion de la femme ... 201

Annexe 29 : Entretien avec Bintou ... 203

(8)

Annexe 30 : Exemple d’association caméléonne ... 206

Annexe 31 : Lutte contre la pauvreté ... 208

Annexe 32 : Expérience de femme ... 210

Annexe 33: Politique nationale de promotion de la femme ... 211

Annexe 34 : Le cauri d’or (tontine traditionnelle modernisée) ... 214

Annexe 35: Femmes et Taag-Raogo ... 216

Annexe 36 : Témoignage de Sabine ... 218

(9)

GLOSSAIRE

Association Nong-taaba: association “trouver des solutions pour ceux qu’on aime”

BenKadi: bienfait

Bourzanga : toute la famille

Buudo : la famille

Djandjoba: rencontre festive de danses

Faso Riibo: nourriture du Burkina Faso

Faso Yaar : marché de faso

Gounghin: quartier de Ouagadougou

Kilishi: viande séchée assaisonnée de piment

LamgTaaba : s’associer

Mana-mana : la propreté

Moaga : singulier de Moosés (population de la descendance de Ouédraogo, considéré

comme le père des Mossés par la légende de Yennenga et occupe la partie centrale du

Burkina Faso)

PaagNaaba : chef des femmes

Pissy: quartier au centre-ouest de Ouagadougou

Rood-Wooko: grand marché de Ouagadougou “grandes maisons”

TanghinDassouri: commune rurale située à l’ouest de Ouagadougou

Wende Pa Yaagde : Dieu est patient

YaaNeeré : c’est beau

Yidigri: l’éveil; se dégourdir

YikiToume : Lève-toi et travaille

(10)
(11)

LISTE DES ACRONYMES

AFARD : Association des Femmes Africaines pour la Recherche sur le

Développe-ment

AGR : Activités Génératrices de Revenus

ATK : Association des tisseuses du Kadiogo

AVOB : Association des veuves et Orphelins du Burkina

BM : Banque Mondiale

CADBE : Campagne pour la ratification de la Charte africaine des droits et le bien-être de

l’enfant

CCG : Cadre de Concertation Genre

CDP : Congrès pour la Démocratie et le Progrès

CDR : Comités de Défense de la Révolution

CEA : Commission Économique des Nations Unies pour l’Afrique

CEDEF : Convention pour l’Élimination de toutes les formes de Discriminations à l’Égard des

Femmes

CEP : Certificat d’Études Primaires

CGCT : Code Général des Collectivités Territoriales

CIFRAF : Centre d’Information, de Formation et de Recherche-action sur la Femme

CIPD : Conférence Internationale sur la Population et le Développement

CM1 : Cours Élémentaire 1

re

année

CNR : Conseil National de la Révolution

CONALDIS : Commission Nationale de Lutte contre les Discriminations faites à la

Femme

CONASUR : Comité National de Secours d’Urgence et de Réhabilitation

COPAFO : Coopérative de Production Artisanale des Femmes de Ouagadougou

CSLP : Cadre Stratégique pour la Lutte contre la Pauvreté

DCAF : Direction de la coordination des Associations féminines

DGPSA : Direction Générale des Prévisions et des Statistiques Agricoles

(12)

DMOF : Direction de la Mobilisation et de l’Organisation des Femmes

DOP : Discours d’Orientation Politique

DPNG : Document de la Politique Nationale Genre

DRPF/C : Direction Régionale de la Promotion de la Femme du Centre

FAARF : Fonds d’Appui aux Activités Rémunératrices des Femmes

FAFPA : Fonds d’Appui à la Formation Professionnelle et à l’Apprentissage

FASI : Fonds d’Appui au Secteur Informel

FASR 1991-1993 : Programme de Facilité d’Ajustement Structurel Renforcé 1991-1993

FASR 1994-1996 : Programme de Facilité d’Ajustement Structurel Renforcé 1994-1996

FASR : Programme de Facilité d’Ajustement Structurel Renforcé

FCG : Fonds Commun Genre

FESPACO : Festival Panafricain du Cinéma de Ouagadougou

FMI : Fonds Monétaire International

GAD : Gender and Development (genre et développement)

GED : Genre Et Développement

GIE : Groupements d’Intérêt Économique

IFD : Intégration de la Femme dans le Développement

IHPC : Indice Harmonisé des Prix à la Consommation

INSD : Institut National de la Statistique et de la Démographie

IRD : Institut de Recherche et de Développement

MDF : Maison de la Femme

MST/SIDA : Maladies Sexuellement Transmissibles et Sida

NDI : National Démocratic Institute

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

ONG : Organisations Non Gouvernementales

ONU : Organisation des Nations Unies

OSC : Organisations de la Société Civile

PAS : Programmes d’Ajustements Structurels

PIB : Produit Intérieur Brut

PME : Petite et Moyenne Entreprises

PNG : Politique Nationale Genre

XII

(13)

PNPF : Politique Nationale de Promotion de la Femme

PNUD : Programme des Nations Unis pour le développement

PQDP : Plan Quinquennal de Développement Populaire

PSCE : Programme Spécial de Création d’Emploi

RTB : Radio et Télévision du Burkina

SAEOH : Service Assainissement et Entretien des Ouvrages Hydrauliques

SDGD : Schéma Directeur de Gestion des Déchets

SERNAPO : Service National Populaire

SIAO : Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou

SNCD : Service de Nettoyage et de Collecte des Déchets

SONAGESS : Société Nationale de Gestion du Stock de Sécurité Alimentaire

STVD : Service Traitement et Valorisation des Déchets

TPR : Tribunal Populaire de la Révolution

UA : Union Africaine

UAP : Unité Artisanale de Production

UFB : Union des Femmes du Burkina

UNDD : Union Nationale pour la Démocratie et le Développement

UNFPA Burkina Faso : Fonds des Nations Unies pour la population, section du Burkina Faso

UNIFEM : Fonds de Développement des Nations Unies pour la Femme

URSS : Union des Républiques Socialistes Soviétiques

USAID : Agence des États-Unis pour le Développement International

(14)
(15)

AVANT-PROPOS

Nous tenons à remercier particulièrement notre directrice de mémoire, Mme

Muriel Gomez-Perez, à qui nous devons beaucoup, pour ses conseils, commentaires

et suggestions qui nous ont permis d’améliorer notre texte. D’elle nous avons appris

la rigueur et la discipline dans le travail. Aussi, les contrats de recherche dont nous

avons bénéficié grâce à ses subventions nous ont permis de couvrir les frais liés au

voyage de recherche et à la collecte de données sur le terrain.

Nous remercions aussi le Pr. Sissao Claude Etienne pour ses conseils et pour

l’attention particulière qu’il nous a témoignée tout au long de notre parcours

acadé-mique à l’Université de Ouagadougou. Nous exprimons notre gratitude au

Pr.Hamidou Diallo pour l’attention particulière qu’il nous a témoignée pendant notre

terrain de recherche lors de nos recherches aux Archives nationales.

Nous remercions également les professeurs Martin Pâquet et Michel

De Waelequi ont animé le séminaire de mémoire lors de notre première année de

maitrise. Leur connaissance méthodologique nous a galvanisé et nous a offert la

con-fiance à poursuivre cette recherche. Nous remercions le RéQEF (Réseau Québécois

en Études féministes) et le CRI-VIFF (Centre de recherche interdisciplinaire sur la

violence familiale et la violence faite aux femmes) qui nous a permis de participer à

la Classe magistrale sur l’agentivité

1

. Nous remercions par ailleurs madame Huguette

Dagenais et monsieur LagiZoundi pour leurs intérêts, leurs questionnements et leurs

commentaires qui nous a permis d’approfondir notre questionnement.

Nous exprimons notre gratitude à tous ceux qui ont lu notre texte et ceux qui lui

ont manifesté un réel intérêt. Il s’agit de MelchisedekChetima, récemment docteur en

Histoire de l’Université Laval et HamidouTamboura, doctorant et chargé de cours à

l’Université de Ouagadougou.

Nous avons une dette de reconnaissance envers nos informat(rices)eurs et ceux

qui nous ont consacré leur temps lors de nos enquêtes sur le terrain. Ce mémoire est

le résultat des informations qu’ils nous ont fournies. Merci enfin à nos parents, frères,

sœurs et ami(e)s pour leur soutien indéfectible et les encouragements à persévérer

1http://reqef.uqam.ca/realisations/81-classe-magistrale-laval-agentivite.html. Une classe magistrale en études féministes sur le

thème de l’agentivitéa eu lieu le 27 mars 2014. Elle a été organisée conjointement par le RÉQEF et l’Université Laval.

(16)

dans les études nonobstant les difficultés. À tous ceux qui nous ont soutenu

financiè-rement et matériellement, nous les remercions.

(17)

1

INTRODUCTION GÉNÉRALE

1. Contexte historique

Les années 1990 ont sans doute été un tournant majeur dans l’évolution des sociétés afri-caines en général. 1990 est tout d’abord comprise par bien d’observateurs comme étant le début de la deuxième indépendance des anciennes colonies françaises d’Afrique2. En juin 1990, la

confé-rence de la Baule qui s’est tenue en France sous le président français François Mitterrand marque cette emprise de la France sur ses anciennes colonies, dans la mesure où cette dernière conditionne son aide et sa coopération par une réelle renaissance démocratique de ses partenaires du continent noir3.

De la même manière, cette décennie est marquée également par l’instauration des Plans d’Ajustements Structurels (PAS), ensemble de programmes de réformes économiques mis en place pour permettre aux pays touchés par de grandes difficultés économiques de sortir de leur crise éco-nomique, qui seront imposés par la Banque mondiale (BM) et le Fonds Monétaire International (FMI) et dont les conséquences sur les pays africains demeurent perceptibles sur le terrain4. À partir

de 1991, après l’exécution d’un premier programme triennal achevé en 1993 dénommé Programme de Facilité d’Ajustement Structurel Renforcé de 1991 à 1993 (FASR 1991-1993), le Burkina Faso a entamé en 1994 la mise en œuvre d’un second programme triennal qui prit fin en 1996, dénommé Programme de Facilité d’Ajustement Structurel Renforcé de 1994 à 1996 (programme FASR 1994-1996). Bien que les conditions économiques et les conditions de vie des populations deviennent de plus en plus difficiles, notamment pour les femmes sans revenus, la majorité des hommes ont été alors contraints à accepter que leurs épouses exercent une activité commerciale. L’instauration des PASa aussi changé l’implication socioéconomique des femmes dans l’espace public à travers l’action des partenaires étrangers sur cette question5. Avec la coopération canadienne, on assista à

l’organisation d’une formation des organisations non-gouvernementales (ONG) partenaires, d’où

2Issoufou Konaté, Le discours de La Baule 20 juin 1990: Une nouvelle thérapie pour l’Afrique, Paris, L’Harmattan, 2015, p. 5;

Jean-Claude Djereke, L’Afrique et le défi de la seconde indépendance, Paris, L’Harmattan, 2012, p. 11-23; Ibrahima Signaté, L’Afrique

con-damnée à l’espoir, Paris, L’Harmattan, 2012, p. 23; Alfred YambangbaSawadogo, Afrique : la démocratie n’a pas eu lieu, Paris,

L’Harmattan, 2008, p. 117.

3Soungalo Ouattara, Gouvernance et libertés locales: pour une renaissance de l’Afrique, Paris, Karthala, 2007, p. 144.

4Les PAS sont un ensemble de dispositions dont certaines agissent sur la conjoncture et d’autres sur les structures et qui résultent d’une

attente entre un pays endetté et le Fonds monétaire international (FMI) pour la modification du fonctionnement économique du pays. Le FMI conditionne son aide à la mise en place de réformes qu’il considère durables et sécuritaires. Ces crédits sont dénommés entre autres prêts d’ajustement structurel ou des prêts d’ajustement sectoriel (Structural adjustmentloans ou sectoraladjustmentloans). Pascal Zagré, Les politiques économiques du Burkina Faso: une tradition d’ajustement structurel, Paris, Karthala, 1994, 244p.

5Marguerite Rollinde, Genre et changement social en Afrique, Paris, Éditions des archives contemporaines, 2010, p. 5-21; Zagré, op. cit.,

(18)

2

l’apparition du concept genre au Burkina Faso. Elle fut suivie par d’autres partenaires au dévelop-pement, notamment le Danemark, les Pays-Bas et la Belgique. Par exemple, la loi belge précise que « la coopération internationale belge a pour objectif prioritaire le développement humain du-rable, à réaliser par le biais de la lutte contre la pauvreté, sur la base du concept de partenariat et dans le respect des critères de pertinence pour le développement »6.

Dans cette perspective, certains partenaires vont jusqu’à en faire une conditionnalité pour leur financement. Pour répondre à l’objectif de développement durable, des actions d’envergure régio-nale et natiorégio-nale sont menées dont les journées de sensibilisation et de formation pour l’intégration des femmes dans les différents secteurs d’activités qui s’inscrivent toutes dans l’approche Intégra-tion des Femmes dans le Développement (IFD). Le président Blaise Compaoré suivit la tendance en instaurant le 8 mars comme journée nationalement fériée, initiée auparavant par le président Tho-mas Sankara. Dans ses discours, le président Blaise Compaoré opta pour une insertion accrue du pays dans les mécanismes de la coopération internationale en accordant sa politique nationale aux recommandations de la conférence de Beijing. Il reconnut en effet « la nécessité d’une planification adéquate selon le genre afin de garantir des résultats équitables (…) et d’élaborer une stratégie na-tionale consensuelle en la matière »7.

Cependant, le concept genre ne sera réellement considéré qu’avec la création d’un comité na-tional de suivi des recommandations de Beijing et surtout la naissance en 1997 d’un département ministériel entièrement dévolu à la cause de la femme : le Ministère de la Promotion de la Femme8.

À ce sujet, Jocelyne Vokouma, en abordant le rôle primordial des femmes dans ce processus de mise en place de ce dit ministère, affirma à l’occasion des Journées de Programmation des Organi-sations Non-Gouvernementales que c’est au terme d’un vaste plaidoyer que les femmes du Burkina Faso ont obtenu du chef de l’État la création d’un Ministère de la Promotion de la Femme le 10 juin 1997par décret N°97-270/PRES/PM9. Ce ministère est chargé de coordonner et d’impulser des

ac-tions en faveur de la femme pour leur meilleure intégration économique et ce, en relation avec les autres départements ministériels10.

Par la suite, une politique publique dénommée « Politique de la promotion de la femme » est formulée en réponse aux engagements pris par le président Blaise Compaoré lors du 2 juin 1991, date de l’adoption de la nouvelle constitution et de la mise en place de la Quatrième République11.

Elle avait pour but d’impliquer les femmes dans les organes décisionnels pour leur propre

6Art. 3. de la Loi du 25 mai 1999 (Loi relative à la coopération internationale belge).

7Ministère de l’Économie et du Développement, Cadre Stratégique pour la Lutte contre la Pauvreté (CLSP), Ouagadougou, Burkina Faso,

2004, 139p.

8http://siteresources.worldbank.org/EXTAFRREGTOPGENDER/Resources/BurkinaFasoSCGA.pdf 9Voir annexe 32. Kaboré A. Verlaine, Expérience de femme, Cifraf Infos, n°002, juillet 2005, p. 18. 10Voir annexe 17. Jocelyne Vokouma, « Éditorial », Cifraf Infos, n°001, décembre 2004, p. 3.

11Filiga Michel Sawadogo, « L’élaboration de la constitution de la Quatrième République », René Otayek, dir, Le Burkina Faso en

(19)

3 tativité. En outre, ce ministère visait d’une part à satisfaire les recommandations de la conférence de Beijing12 et d’autre part, à se conformer aux réalités et aux besoins de développement

socioécono-mique de la femme burkinabé13. Parallèlement, à partir de la fin 1990, selon l’Indice Harmonisé des

Prix à la Consommation (IHPC) de l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD), les prix des céréales ont sensiblement augmenté, entrainant une dégradation des conditions de vie des populations. Cette augmentation est d’autant plus sensible que l’achat des céréales repré-sente une part importante des dépenses, pouvant aller jusqu’à 45% en milieu rural14. Alors que le

dernier trimestre de l’année connaît généralement une baisse des prix des céréales locales en raison de l’arrivée des nouvelles récoltes sur le marché, on assista alors à la fin 2007 à une flambée des prix des céréales. Le renchérissement des produits de grande consommation a conduit à la dégrada-tion des condidégrada-tions de vie des ménages selon l’Indice Harmonisé des Prix à la Consommadégrada-tion (IHPC) et à l’action de plusieurs femmes pour la survie des familles15.

À partir de 2008 dans le cadre des marches de protestation contre la vie chère, les femmes saisissent l’occasion et optent davantage pour des prises de positions citoyennes ce qui contribue à mener une réflexion globale sur la visibilité des femmes dans l’espace public et sur la politique étatique16. Cette dernière consiste à récupérer cet activisme dans la mesure où les femmes sont de

potentielles électrices et peuvent entraîner leurs concitoyennes à participer aux consultations électo-rales.Mais une prise de conscience des femmes émerge en s'associant à la coalition des syndicats et d’organisations de la société civile lors de ces marches de protestation. Par ailleurs, elles intensifient leurs activités dans le secteur informel et cherchent à s’intégrer de plus en plus fortement dans des associations et dans des groupements féminins. Notre recherche se situe dans ce double contexte qui nous permet d’analyser les différentes stratégies des femmes pour d'une part, répondre à la précarité financière et d'autre part, à la politique de promotion des femmes au Burkina Faso.

Penchons-nous maintenant sur les analyses des auteurs concernant l’État en Afrique et au Burkina Faso, les relations entre l’État, la société civile et les femmes, les prises de décisions des femmes face aux crises économiques, leurs stratégies de survie et les contours de leur vie associa-tive et enfin, la place de la femme dans la société moaga et dans le secteur informel.

12« Rapport de la quatrième conférence mondiale sur les femmes. Beijing, 4-15 septembre 1995 » Nations Unies, New-York, 1996, p. 4.

«… Promouvoir l’indépendance économique des femmes, notamment par l’emploi, et éliminer le fardeau de plus en plus lourd que la pauvreté continue de faire peser sur les femmes, en s’attaquant aux causes structurelles de la pauvreté par des changements de structures économiques assurant à toutes les femmes, notamment aux rurales, l’égalité d’accès, en tant qu’agents essentiels du développement, aux ressources productives, aux possibilités de promotion et aux services publics ».

13Voir le dossier "Femmes africaines", Politique africaine, n°65, 1997, p. 53-55. 14Direction générale des prévisions et des statistiques agricoles (DGPSA).

15Ernest Harsch, « Urban Protest in Burkina Faso », African Affairs, vol. 108, n°431, 2009.p. 263-288; Bettina Engels, « Social

move-ment struggles against the high cost of living in Burkina Faso », Canadian Journal of Developmove-ment Studies/Revue canadienned’études de

développement, Volume 36, Issue 1, 2015, p. 107-121.

16Augustin Loaga, « Burkina Faso : petites manœuvres et grandes résolutions face aux mobilisations », Laurent Delcourt, État des

(20)

4

2. Contexte historiographique

A. De l’État en Afrique et au Burkina Faso en particulier

C’est vers la fin des années 1980 que plusieurs politologues se sont intéressés aux méca-nismes de l’État en Afrique, tout en donnant des outils pour comprendre des tendances générales sous-tendant le fonctionnement des systèmes politiques17. Avec la revue Politique africaine, des

chercheurs tels que Jean-François Bayart, Jean-François Médard et Achille Mbembe développèrent la thèse de l’État patrimonial. Ils donnent à réfléchir sur un État qui fonctionne et se définit par l’accaparement et la redistribution des ressources du pays par les acteurs à des réseaux de clientèle, permettant de la même manière de consolider et de se maintenir au pouvoir. Dans ce sens, la prise du pouvoir et sa durée sont conditionnées alors par l’entretien de ces réseaux clientélistes. Jean-François Bayart fut l’un des premiers à porter une réflexion sur cette question lorsqu’il élabore sa théorie de la « politique du ventre ». Il fit remarquer que l’obtention d’un poste près du pouvoir politique demeure une voie d’accès aux ressources économiques et sociales de l’État, car les rela-tions sont : « comme un rhizome de réseaux personnels et assure la centralisation politique par le truchement des liens de la parenté, de l’alliance et de l’amitié »18. Jean-François Médard, dans la

même perspective, développa le concept de l’État néo-patrimonial pour souligner la quasi-confusion entre les sphères publiques et privées en Afrique, ce qui rend, selon lui, « la compétition pour les ressources beaucoup plus immédiate et directe »19. Achille Mbembe, quant à lui, interpréta ses

élé-ments du politique, tels que la limite floue entre le public et le privé, les régimes d’exemptions et de privilèges comme des réappropriations coloniales par l’État africain20. Par ailleurs, Béatrice Hibou

proposa d’intégrer la notion de privatisation, phénomène prégnant notamment depuis l’instauration des PAS, dans le but de bien cerner ces États en Afrique. Selon elle, l’élite politique se désengage indirectement du développement de certains secteurs privés, ce qui fait que les liens entre le secteur privé et le secteur public restent conditionnés par des réseaux de clientélisme, alors que l’État sou-haite rester maître du jeu politique21.

Parallèlement à cette production scientifique francophone, on note une abondante littérature anglophone22, dont Nicolas Van De Walle et Kimberly Smiddy qui abordèrent le thème de

17Achille Mbembe, De la postcolonie. Essai sur l’imagination politique dans l’Afrique contemporaine, Paris, Karthala, 2000, 293p;

Jean-François Bayart, L'État en Afrique. La politique du ventre, Paris, Fayard, 1989, 439p; Béatrice Hibou, La privatisation des États, Paris, Karthala, 1997, p. 398; Jean-François Médard, « Autoritarismes et démocraties en Afrique noire », Politique africaine, 43, 1991, p. 92-104.

18Jean-François Bayart, op. cit., 1989, p. 318. 19Jean-François Médard, loc. cit., 1991, p. 92-104. 20AchilleMbembe, op. cit., 2000, p. 72.

21Béatrice Hibou, op. cit., Karthala, 1999, p. 20-31.

22Claire Metelitset al, dirs., Democratic Contestation on the Margins: Regimes in Small African Countries, Lanham, Lexington Books,

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5 l’éclosion politique en Afrique tout en soulignant qu’une « vague » de démocratisation a balayé les vieux régimes à parti unique et les a remplacés par des systèmes politiques plus concurrentiels23. Le

fait crucial est qu’en Afrique, en plus de cette nouvelle éclosion politique d’obédience démocra-tique, une sorte « d’exceptionnalisme africain » est né à cause non seulement de la mauvaise gou-vernance instrumentalisée par le non-respect des droits politiques et civiques, mais aussi de l’omniprésence des dictatures violentes usant d’une mince respectabilité électorale24. Les États qui

avaient autrefois des types de gouvernance traditionnel (centralisée ou acéphale) épousent peu à peu le système politique démocratique dans la mesure où de nouveaux dirigeants veulent polir leur image dans le but d’obtenir des faveurs de la part des instances internationales. Dans ce contexte, les partis d’opposition se retrouvent avec des « liens faibles avec la société qu’ils sont censés repré-senter »25 et les dirigeants mettent en place un système politique en trompe-œil basé sur la

sponsori-sation des petits partis indépendants pour faire de la figuration lors des élections législatives, muni-cipales et présidentielles afin de diviser l’opposition et diminuer leurs suffrages26.

Au Burkina Faso, l’histoire politique est surtout marquée à partir de la fin des années 1990 jusqu’au début des années 2000, par une tentative de vouloir ramener l’ordre après l’affaire Norbert Zongo. La mort de ce journaliste et de ses compagnons le 13 décembre 1998 marqua un tournant majeur dans la situation socio-politique burkinabé avec de multiples vagues de protestation popu-laire qui ont contribué à la naissance du mouvement « Trop c’est trop »27. Cependant, les crises dans

la sous-région (en Côte d’Ivoire, Mali et en Sierra Léone) dans lesquelles le président Blaise Com-paoré a joué un rôle de médiateur lui ont permis de jouer la carte de l’union nationale28 et de mettre

en place plusieurs mécanismes lui permettant de se maintenir au pouvoir.

Tous les auteurs s’accordent pour dire que la stratégie d’ouverture démocratique de Blaise Compaoré avait pour but de se mettre au diapason des instances internationales et de coopter les opposants afin de les impliquer dans des pratiques de corruption qui se révèlent finalement effi-caces29. Ainsi les auteurs qualifient cet État de démocratie de marché, de subsistance et de politique

StenHagberg, « “Trop c’est trop”: An Ethnography of the Struggle against Impunity in Burkina Faso », The Journal of Modern African

Studies, vol. 40, n°2, 2002, p. 217-246; Ernest Harsch, loc. cit., 1999, p. 395-406.

23Nicolas Van De Walle et Kimberly Smiddy, « Partis politiques et systèmes de partis dans les démocraties “non libérales” africaines »,

L’Afrique politique, 2000, p. 41.

24Mamadou Gazibo et Céline Thiriot, Le politique en Afrique. État des débats et pistes de recherche, Paris, Karthala, 2009, p. 14-26. 25Nicolas van de Walle et Kimberly Smiddy, loc. cit.,2000, p. 42.

26Nicolas Van de Walle et Kimberly Smiddy, loc. cit.,2000, p. 64.

27StenHagberg, « Enough Is Enough: An Ethnography of the Struggle against Impunity in Burkina Faso », The Journal of Modern

African Studies, Vol. 40, n°2, June, 2002, p. 217-246; Bettina Engels, loc. cit., 2015, p. 107-121; Ernest Harsch, loc. cit., 1999, p.

395-406.

28Vincent Ouattara, L’èreCompaoré: Politique, crimes etgestion du pouvoir, Paris, ÉditionsPublibook, 2014, 286p; Mikael Eriksson

et Roland Kostic, Mediation and Liberal Peacebuilding: Peace from the Ashes of War? New York, Routledge, 2013, 195p; Augustin Loada, « Réflexions sur la société civile en Afrique : Le Burkina de l’après-Zongo », Politique africaine, n° 76, 1999, p. 136-151.

29Augustin Loada et René Otayek, « Les élections municipales du 12 février 1995 au Burkina Faso », Politique africaine, n° 58,

juin 1995, p. 135-142 ; Pierre-Joseph Laurent, « Le « big man » local ou la « gestion coup d’État » de l’espace public », Politique

caine, n°80, décembre 2002, p. 169-181; Julien Kieffer, « Les jeunes des « grins » de thé dans la campagne électorale », Politique afri-caine, n°101, mars-avril 2006, p. 63-82.

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6

des feuilles et d’être une démocratie de façade30. Cet État mène une politique de contrôle de la

so-ciété civile, de la presse indépendante et des partis politiques ce qui diminue fortement la capacité de structuration d’un contre-pouvoir31. L’État est caractérisé par les auteurs comme étant

semi-autoritaire en octroyant certains cadeaux politiques pour préserver sa légitimité32.

Néanmoins, plusieurs auteurs aussi, majoritairement anglophones, s'interrogent sur le succès de ce pouvoir sur le plan national et international et considèrent qu’à partir des années 1999, plu-sieurs opportunités ont permis à la société civile au Burkina Faso de pouvoir changer la donne33.

Bettina Engels mentionna en effetque:

In the case of the protests against the high cost of living in Burkina Faso in particular, short-term changes in structural conditions explain why mobilisation was possible. The global food price crisis was an important temporary factor, as it opened up a window of opportunity for oppositional actors on the local and national level34.

Cette opportunité s’est révélée entre 2007 et 2008 lorsque le pays fut secoué par plusieurs manifestations de protestation liées à la montée des prix alimentaires et des carburants. Des vagues de protestation furent organisées par les syndicats avec la participation des femmes. Cependant, à la faveur des mécanismes de cooptation et de favoritisme, le pouvoir du président Blaise Compaoré est demeuré fort35. Ce qui nous amène à nous interroger sur le contexte dans lequel s’est inscrit la

politique de la promotion de la femme à travers la mise en place des associations et des structures de la promotion de la femme.

B. État au Burkina Faso, société civile et promotion de la femme

Dès les années 1990, la production scientifique au Burkina Faso s’intéressa aux relations entre l’État et les membres de la société civile, notamment les femmes. Mathieu Hilgers et Jacinthe Mazzocchetti, en abordant l’histoire politique du Burkina Faso, soulignent que, « le politique se joue sur deux plans : le plan officiel, théâtre d’ombres à destination des bailleurs de fonds, et le plan officieux où se déploient les rapports politiques réels »36, tout en rappelant l’omniprésence d’un flou

dans les relations jugées complexes et parfois contradictoires entre l’État et les femmes. Ce flou a

30Voir les mêmes références que précédemment.

31Augustin Loada, « L’élection présidentielle du 13 novembre 2005: un plébiscite par défaut. », Politique africaine, n° 101, 1, 2006,

p. 19-41.

32Mathieu Hilgers et Jacinthe Mazzocchetti, « Introduction : semi-autoritarisme, perceptions et pratiques du politique », Mathieu

Hil-gerset Jacinthe Mazzocchetti, dir., Révoltes et oppositions dans un régime semi-autoritaire, le cas du Burkina Faso, Paris, Karthala, 2010, p. 5.

33Sten Hagberg, loc. cit., 2002, p. 217-246; Bettina Engels, loc. cit., 2015, p. 107-121; Ernest Harsch, loc. cit., 1999, p. 395-406. 34Bettina Engels, loc. cit., 2015, p. 107-121; Sten Hagberg, loc. cit., 2002, p. 217-246; Ernest Harsch, loc. cit., 1999, p. 395-406. 35Augustin Loada et René Otayek, loc. cit., 1995, p. 135-142 ; Pierre-Joseph Laurent, loc., cit., 2002, p. 169-181; Julien Kieffer, loc, cit.,

2006, p. 63-82.

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7 persisté à partir de la transition dite démocratique des années 1990 comme le soulignent plusieurs auteurs37 au point de permettre au président Blaise Compaoré et à son gouvernement de perdurer au

pouvoir et d’octroyer des fonds de développement extérieur38. Augustin Loada souligna d’ailleurs à

cet effet que, pendant les élections du 13 novembre 2005, Blaise Compaoré a été réélu président avec plus de 80 % des voix ce qui fait figure de plébiscite paradoxal au regard de la contestation née de l’affaire Norbert Zongo et des bons résultats de l’opposition aux scrutins municipaux et législa-tifs de 2000 et 200239.

Par ailleurs, la prise en compte des femmes dans le processus de développement a été recon-nue par la plupart des États africains comme une exigence socio-économique, une priorité dans la lutte contre la pauvreté. C'est à partir de 1985 que l’approche « Acquisition de pouvoir »

(empo-wermentapproach/genre et développement) apparaît avec plusieurs voix féministes, notamment

celles de l’Amérique latine, qui se faisaient de plus en plus entendre. Comme le souligne Michèle André, si la situation des femmes a évolué au fil du temps, il ne faut pas oublier que ce sont les pressions orchestrées par les femmes elles-mêmes qui ont permis à ce changement. C’est l’exemple palpable de la lutte menée pour les femmes au Burkina Faso pour l’éradication des mutilations géni-tales40. Leur force de mobilisation vient du fait qu’elles se regroupent déjà en associations et sont

très sollicitées par les pouvoirs publics qui veulent leurs voix lors des consultations électorales41.

Mais d'autres auteurs se sont davantage penché sur la situation des femmes en temps de crises éco-nomiques.

C. Femmes et crises économiques en Afrique et au Burkina Faso

Depuis le début des années 1980, plusieurs auteurs ont mentionné que les déséquilibres ma-croéconomiques constituent une caractéristique commune de plusieurs pays africains42. À cet égard,

bien que les racines des disparités selon le genre soient en grande partie structurelles, un tel

37Voir notamment les travaux de Marguerite Rollinde, Genre et changement social en Afrique, Paris, Archives contemporaines, Montréal,

Agence universitaire de la francophonie, 2010, 122p; Julien Kieffer, loc. cit., 2006, p. 63-82; Pierre-Joseph Laurent, loc. cit., 2002, p. 169-181; Augustin Loada et René Otayek, loc. cit., 1995, p. 135-142.

38Mathieu Hilgers et Jacinthe Mazzocchetti, « L’après Zongo : entre ouverture politique et fermeture des possibles », Politique africaine,

n°101, 2006, p. 11.

39Augustin Loada, loc. cit.,2006, p. 19-41.

40Michèle André, « Le vote des femmes dans l’espace francophone », Jean-Pierre Vettovaglia et Jean-Pierre et Jean Du Bois de

Gaudus-son, Prévention des crises et promotion de la paix, Bruxelles, Bruylant, vol. 2, 2010, p. 529.

41Mathieu Hilgers et Jacinthe Mazzocchetti, dirs, op. cit.,2010, p. 59.

42CelestinMurengezi, Impacts du crédit dans la promotion des PME : études de cas sur la ville de Ouagadougou Burkina Faso,

Louvain-la-Neuve, UCL, Université catholique de Louvain, 2008, 334p. Michel Norro, Économies africaines : Analyse économique de l’Afrique

subsaharienne, Paris/Bruxelles, DeBoeck et Larcier, 2ème éd., 1998, 307p; Philippe Bocquier et Sadio Traoré, Urbanisation et dynamique

migratoire en Afrique de l’Ouest – La croissance urbaine en panne, Paris, L’Harmattan, 1999, 154p. William Grant et al, Évaluation du secteur de la Micro-Entreprise et Stratégie au Burkina Faso, Rapport technique Gemini n°18, Bethesda (Maryland), vol. 1, 1991, 217p;

Catherine Coquery-Vidrovitch, Les Africaines. Histoire des femmes d’Afrique noire du XIXe au XXe siècle, Paris, La Découverte/Poche, 2013, 2ème éd., 406p; Jeanne Bisiliat, Femmes du Sud, Chefs de famille, Paris, Karthala, 1996, 380p.

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texte marqué par la crise économique ne favorise pas l’inclusion sociale des femmes43. Ce contexte

de crise a particulièrement affecté les femmes même si à mesure du retrait de l'État, dans un con-texte de PAS, est observée une prise en charge des filières de production par les acteurs privés, no-tamment les femmes44. L’une des composantes de cette crise découle de l’échec des entreprises

publiques et parapubliques auxquelles l’État apportait un soutien important et souvent incondition-nel dans le cadre d'une politique interventionniste mal contrôlée45.

Au début des années 1990, la notion de « féminisation de la pauvreté » se vulgarise notam-ment grâce aux recherches menées par des organismes des Nations Unies, considérant que les femmes sont plus touchées que les hommes par la pauvreté. Avec la recrudescence des crises et l’augmentation de la pauvreté, des auteurs expliquent que la fragilité de la situation des femmes se répercute sur les ménages qu’elles dirigent au point de devenir plus vulnérables et plus profondé-ment affectés par la pauvreté46.

La récession économique et les programmes d’ajustement structurel ont en effet touché plus fortement les femmes que les hommes et les inégalités de genre se sont approfondies sur le marché du travail urbain en Afrique au cours des années 1990. L’écart de salaire s’est élargi et on assiste à une féminisation croissante du secteur informel47. L’étude entre les PAS et leurs impacts sur les

conditions de vie des hommes et femmes dans six capitales de pays de l’Afrique subsaharienne, notamment le Burkina Faso, montre que ce sont les femmes qui jouent le rôle important dans le développement social. Elles comblent, l’espace délaissé par l’État, notamment depuis la mise en place des PAS et deviennent des promotrices des tâches économiques à valeur ajoutée dans des industries alimentaires48. Même si la tendance générale fait ressortir le fait que les femmes

demeu-rent majoritaires dans les couches pauvres de la population, il est souligné qu’elles ont recours à des

43Jean-Pierre Lachaud, Les femmes et le marché du travail urbain en Afrique subsaharienne, Paris, L’Harmattan, 1997, p. 2.

44Marie Djuidjeu et Hélène Guétat-Bernard, « Stratégies féminines de survie et rapports à l’espace. L’exemple du pays bamiléké

(Came-roun) », Sophie Dulucq et Soubias Pierre, dirs, L’espace et ses représentations en Afrique, Paris, Karthala, 2004, p. 120.

45Philippe Antoine, Les relations intergénérationnelles en Afrique Approche plurielle, Paris, CEPED, 2007, 259 p.

46Valentine M. Moghadam, The feminization of poverty: notes on a concept and trends, Illinois State University, Women’s Studies

Program, 1997, 50p.; Michael Paolisso et Gammage Sarah, Women’s responses to environmental degradation: case studies from Latin

America, Washington D.C., International Center for Research on Women [ICRW], 1996, 35p.; Sylvia Chant, « Re‐thinking the "Femini-zation of Poverty" in Relation to Aggregate Gender Indices », Journal of Human Development, vol. 7, no 2, 2006, p. 201-220;

Marguerit-teRollinde, Genre et changement social en Afrique, Paris, Archives contemporaines; Montréal, AgenceUniversitaire de la Francophonie, 2010, p. 75-79.

47HannekeDijkman et Meine Pieter Van Dijk, « Female entrepreneurs in the informal sector of Ouagadougou », Developpement Policy

Review, vol.11, 1993, p. 273; Bryan R. Roberts, « The changing nature of informal employment : the case of Mexico », Guy Standing

et Victor E. Tokman, dirs., Toward social adjustment: Labour market issues in structural adjustment, BIT, Genève, 1991, p.125; AkinboadeOludeleAkinloye, « Les femmes, la pauvreté et le commerce informel en Afriqueorientale et australe », Revue internationale

des sciences sociales, n°184, 2005, p. 277-300.

48Jacques Charmes, « Pluriactivité des salariés et pluriactivité des agriculteurs. Deux exemples de mesure et d'estimation : Italie et

Bur-kina-Faso », Solange Montagne-Villette, Espaces et travail clandestins, Paris, Masson, 1991, p. 157; Jacques Charmes, Le secteur

infor-mel au Burkina-Faso : évolution sur longue période et suivi conjoncturel, Ministère de l’Économie, des Finances et du Plan, Fonds

européen de développement, Ouagadougou, GTZ, 1996, p. 32; BilampoaGnoumouThiombiano, « Genre et prise de décision au sein du ménage au Burkina Faso », Cahiers québécois de démographie, Volume 43, numéro 2, automne 2014, p. 249-278; GoamwaogaKaboré, « Quel cadre institutionnel pour une prise en charge adéquate des enfants ayant besoin de mesures spéciales de protection ? (cas du Burkina Faso) », SP-PAN/Enfance, Ouagadougou, Burkina Faso, p. 529-545.

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9 stratégies de débrouillardise et témoignent d'un pouvoir d'action pour assurer leur survie matérielle et celle de leurs enfants49. Le discours réducteur de la « féminisation de la pauvreté » est ainsi

dé-passé pour mettre en avant les stratégies individuelles et collectives mobilisées par les femmes face aux répercussions des PAS et aux crises dans les pays du sud50.

Au Burkina Faso, bien que des initiatives de développement aient été prises avec l’ouverture démocratique, en faveur d’une intégration des femmes dans les différentes sphères de l’économie, les auteurs soulignent que les contraintes sont encore nombreuses. Les structures mises en place par la plupart des gouvernements n’ont pas fonctionné, car les femmes manquent de soutien à leurs activités économiques et dans le cadre de l’aide au développement, il a été moins porté une atten-tion particulière au rôle des femmes dans le processus de développement économique51. De plus les

services d’appui pour le renforcement des activités économiques des femmes, les services ou de formation, l’accès au crédit sont souvent mal adaptés aux conditions des femmes52. Certains auteurs

soulignent, par ailleurs, l'entrepreneuriat des femmes au Burkina Faso dans différents secteurs de l'économie53. Néanmoins, l’image que la société moaga se fait d’elles est tout autre : l’image d’une

femme inférieure à l’homme qui doit se soumettre.

D. Femme et société moaga

Dans la continuité de ce qu’écrivait Isabelle Jacquet sur la situation d’oppression des femmes, présentées comme de êtres passifs, pas réellement impliquées dans le développement dans un contexte de société patriarcale54, les années 1990 ouvrent la voie à des études sur les rapports de

genre et sur les processus d’émancipation en sciences sociales. Bon nombre de ces études critiquent la résistance des structures patriarcales de domination et le maintien, voire parfois le renforcement, des inégalités hommes/femmes au cours des dernières décennies55. Marc-Éric Gruénais perçoit la

49Catherine Coquery-Vidrovitch, op. cit., 1994, 291p.; Jeanne Bisiliat, dir, op. cit., 1996, 380p.

50Peggy Antrobus, Le Mouvement mondial des femmes, Montréal, Ecosociété, 2007, 303p; Catherine Coquery-Vidrovitch, op. cit., 1994,

291p; Jeanne Bisiliat, dir., op. cit., 1996, 380p; Meine Pieter Van Dijk, Burkina Faso : le secteur informel de Ouagadougou, Paris, L’Harmattan, 1986, 203p.; Gilbert Tarrab et Chris Coëne, Femmes et pouvoirs au Burkina Faso, Bouche[r]ville, Québec : G. Vermette, 1989, p. 32; HannekeDijkman et Meine Pieter Van Dijk, « Female entrepreneurs in the informalsector of Ouagadougou »,

Developpe-ment Policy Review, vol.11, 1993, p. 273; Florent KyanihibHien, « De l’ombre à la lumière : l’évolution de quatre entreprises du secteur

informel au Burkina Faso », Jean Nizet et al.,dir., Les performances des organisations africaines. Pratiques de gestion en contexte

incer-tain, Paris, L’Harmattan, 2007, p. 297; Marguerite Rollinde, Genre et changement social en Afrique, Paris, Éditions des archives

contem-poraines, 2010, p.7; Peggy Antrobus, Le Mouvement mondial des femmes, Montréal, Ecosociété, 2007, 303p; Agnès Adjamagbo et Calvès Anne-Emmanuèle, « L'émancipation féminine sous contrainte. », Autrepart, 2, n° 61, 2012, p. 3-21.

51CelestinMurengezi, op. cit, 2008, p. 41.

52FélicitéRingtoumbaetal.,La formation des femmes au Sahel : quelques repères, Québec, Centre Sahel, 1990, 30p.

53Meine Pieter Van Dijk, op. cit., 1986, 203p; Gilbert Tarrab et Chris Coëne, op. cit.,1989, p. 32; HannekeDijkman et Meine Pieter Van

Dijk, loc. cit.,1993, p. 273; Florent KyanihibHien, loc. cit., 2007, p. 297; Margueritte Rollinde, op. cit., 2010, p. 7.

54Isabelle Jacquet, Développement au masculin/ féminin, le genre outil d’un nouveau concept, Paris, L’Harmattan, 1995, 184p; Claude

Meillassoux, Femmes, greniers et capitaux, Paris, Maspero, 1975, p. 151-120.

55Agnès Adjamagbo et Calvès, Anne-Emmanuelle, dirs, « L’émancipation féminine au Sud : nouvelles figures, nouveaux enjeux »,

Autrepart, n° 61, 2012, 200p; Marc-Éric Gruénais, « Aînés, aînées ; cadets, cadettes. Les relations aînés/cadets chez les Mossi du centre

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10

famille en Afrique comme un environnement dans lequel les sociétés sont décrites comme majori-tairement patriarcales et gérontocratiques, où la domination des aînés sur les cadets passe par le contrôle des moyens de production, des savoirs rituels et de la circulation des femmes. Il souligne le fait que les femmes tendent à être présentées comme de simples objets des stratégies des hommes et comme des victimes passives de la domination masculine56.

Dans la même perspective, Béatrice Bertho considère que la dégradation des conditions maté-rielles et le désengagement des maris de leurs obligations d’entretien de leur famille sont les sources des conflits matrimoniaux au Burkina Faso à partir des années 199057. Cela s’explique, selon Maud

Saint-Lary, par le fait que les hommes ont toujours cherché à établir un certain flou dans leurs rela-tions avec les femmes, dans le but de les maintenir à un niveau inférieur au point de considérer que les religieux favorisent cette tendance à la domination des femmes par les hommes. Ils manipulent les textes religieux et font des femmes des êtres soumis dans les foyers et au sein de la société58. À

cela s’ajoute le manque d’accès des femmes aux services de base (santé, éducation, em-ploi, information) en faveur des hommes59.

Cette brève étude historiographique de la société moaga témoigne des efforts que les femmes doivent déployer pour se faire entendre. La majorité de ces femmes choisissent dans ce contexte d’investir dans le secteur informel et d’œuvrer dans les associations dans le but de sensibiliser l’opinion publique aux problèmes des femmes.

E-Femmes et secteur informel : généralités et cas du Burkina Faso

Les écrits qui abordent les thématiques femmes et secteur informel font ressortir une présence très importante des femmes dans le secteur informel. Les auteurs critiquent le patriarcat qui a con-tribué, selon eux, à rendre invisible le travail des femmes. Les auteurs attribuent alors un rôle essen-tiel aux femmes dans les foyers et dans la gestion de la cité60 et démontrent que les femmes

mon-trent leur capacité à réagir et à avoir des stratégies61.

Valentine M. Moghadam et Lucie Senftova, « Mesurer l’autonomisation des femmes : participation et droits dans les domaines civil, politique, social, économique et culturel », Revue internationale des sciences sociales, n°184, 2005, p. 423-449.

56Marc-Éric Gruénais, loc. cit., 1985, p. 219-245.

57Béatrice Bertho, « Trajectoires et revendications féminines dans le règlement des différends conjugaux autour de deux études de cas en

milieu mossi (Burkina Faso) », Autrepart, n°61, 2012, p. 99-115.

58Certains religieux interprètent les règles coraniques à la guise des hommes. Ils dressent les règles pour les femmes, par contre, les

devoirs des hommes leurs sont mal déterminés et favorisent constamment la soumission des femmes. Maud Saint-Lary, « Quand le droit des femmes se dit à la mosquée : ethnographie des voies islamiques d’émancipation au Burkina Faso », Autrepart, n°61, 2012, p. 137-155.

59Saratta Traoré, Mariage et célibat à Ouagadougou, Paris, L’Harmattan, 2005, 190p; Saratta Traoré, Les femmes de Bondoukuy, pilier

économique de l’agriculture, Paris, L’Harmattan, 2010, 240p; Suzanne Champagne, Pratiques associatives féminines en milieu urbain et péri-urbain au Burkina-Faso, Québec : Centre Sahel, Université Laval, 1990, p. 109-120; Meine Pieter Van Dijk, op. cit., 1986, 203p.

60GestrudeMianda, Femme africaine et pouvoir : les maraîchères de Kinshassa, Paris, L’Harmattan, 1996, 204p; Thérèse N’DriAssié -

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11 Les auteurs analysent aussi les causes de l’importance de la part des femmes dans le secteur informel. Les vagues de migration masculine liée au contexte de crises financières de la fin des années 198062 est une des causes. L’essor des villes à partir des années 1990 a contribué à favoriser

l’insertion des femmes dans toutes les formes de travail dites informelles d’approvisionnement et de services regroupés sous l’appellation le salariat féminin63. Cette situation s’est accompagnée de

changements dans la division traditionnelle du travail entre hommes et femmes64. Les crises

éco-nomiques et l’austérité ont permis de valoriser les activités du secteur informel et de le considérer comme un moyen pour plusieurs femmes de pouvoir exercer un emploi65. Dans plusieurs pays

afri-cains, dont le Burkina Faso, le Bénin et le Mali, les femmes sont omniprésentes dans le secteur in-formel. Elles assurent 60 à 80% de la production vivrière66. Elles effectuent ce travail avec les

moyens du bord. Parallèlement, elles s’occupent de tous les travaux de ménage y compris le trans-port de l’eau, du bois et l’acquisition de moyens pécuniaires d’une part. Et d’autre part, elles réali-sent la production et la commercialisation des produits transformés et de ceux de stockage67.

La tendance au cloisonnement des femmes dans les activités peu stables, peu rémunératrices et à faible croissance est soulignée aussi par plusieurs auteurs68. Les entrepreneurs du secteur

infor-mel ont plutôt tendance à multiplier les activités plutôt que de tenter de croître à partir d’une seule activité69. Bryan R. Roberts70, tout en réfutant aux femmes d’être invisibles dans la société comme

le soutien OludeleAkinloyeAkinboade71, mentionne que la majorité des femmes dans le secteur

«Étude de pratique de solidarité des entrepreneures issues du secteur informel au Sénégal: quelles perspectives pour les politiques so-ciales? », Thèse de doctorat, École de service social, Université Laval, Québec, 1997, 285p.

61AppolinaireAttantNgouari, « Économie informelle et pratiques populaires au Congo-Brazzaville : État et perspectives », Canada,

Uni-versité du Québec en Outaouais, Série : Comparaisons internationales n°24, juillet 2005, 35p.

62Catherine Coquery-Vidrovitch, op., cit., 1994, 291p; Sharon Stichter, Migrant Labourers, Cambridge, Cambridge University Press,

1985, 225p.

63Isabelle Van De Walle, « Salariat féminin et recomposition des solidarités familiales en agriculture », Économie rurale, vol. 222,

numé-ro 1, 1994, p. 37.

64Philippe Antoine, Les relations intergénérationnelles en Afrique Approche plurielle, Paris, CEPED, 2007, 259p.

65Simon Appletonet al., « The gender wage gap in three African countries », Economic Development and Cultural Change, 47(2), 1999,

p. 289-312; Nancy Benjamin et AhmadouAlyMbayeet al., The Informal Sector in Francophone Africa: Firm Size, Productivity, and

Institutions, Washington, D.C, World Bank, 2012, 233p; Leila Webster et Peter Fidler, dirs., « The informal sectors of West Africa »,

Leila Webster and Peter Fidler, dirs., The informal sector and microfinance institutions in West Africa, Washington, DC, The World Bank, 1996, p. 5-20.

66Lucie Ouédraogo et Lent Rebecca, Femmes entrepreneurs au Sahel, Centre Sahel, Université Laval, Série Notes et travaux, n°25,

février, 1993, p. 26-27; MariameCissé, « L’artisanat de la teinture de tissus à l’indigo dans le district de Bamako », Étude de cas, Mé-moire de fin d’études, ENS Bamako, 1987, p. 64.

67Jeannine Bugain, « La problématique du rôle des femmes dans le développement en Afrique : l’implication du CIFAD », Recherches

féministes, vol. 1, n°2, 1988, p. 121-126.

68Leila Webster et Peter Fidler, « The informal sectors of West Africa », Leila Webster et Peter Fidler, dirs., The informal sector and

microfinance institutions in West Africa, Washington DC, The World Bank, 1996, p. 5-20; OusaSananikone, « Burkina Faso », Leila

Webster and Peter Fidler, dirs., The informal sector and micro-finance institutions in West Africa, Washington D.C.: The World Bank, 1996, p. 81-90; Charles M. Becker et al., Beyond urban bias in Africa. Urbanization in an era of structural adjustment, Portsmouth, Heinemann, 1994, 294p; Mary Johnson Osirim, « The state of women in the Third World: The informal sector and development in Africa and the Caribbean », Social Development Issues, 14 (2/3), 1992, p. 74-87.

69Florent KyanihibHien, « De l’ombre à la lumière : l’évolution de quatre entreprises du secteur informel au Burkina Faso », Jean Nizet et

François Pichault, Les performances des organisations africaines. Pratiques de gestion en contexteincertain, Paris, L’Harmattan, 2007, p. 21-40.

70Bryan Roberts, « The changing nature of informal employment: the case of Mexico », Guy Standing etVictor E. Tokman, dirs.,Toward

social adjustment : Labour market issues in structural adjustment, Genève, BIT, 1991, p. 125.

71AkinboadeOludeleAkinloye, « Les femmes, la pauvreté et le commerce informel en Afrique orientale et australe », Revue internationale

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informel arrive à être flexible suite à la planification de leurs activités. Elles peuvent quitter tempo-rairement leur emploi si elles le souhaitent et elles peuvent le combiner avec leurs charges ména-gères. Cependant, plusieurs facteurs limitent l’expansion des activités des femmes dans le secteur informel. Ces facteurs sont surtout liés à l’accès limité à l’instruction, au revenu du démarrage des entreprises et les coûts très élevés du transport dans de nombreuses villes africaines72. Ainsi, comme

le souligne Éveline Waas, la place des femmes dans l’économie est très importante, ce qui implique d’en tenir compte si l’on veut soutenir une société dans sa lutte contre la pauvreté73.

Quant aux femmes au Burkina Faso, elles contribuent essentiellement au standard et à la sé-curité alimentaire de leurs familles74. De fait, les précarités financières conduisent non seulement à

l’adoption et à l’adaptation de nouvelles habitudes de vie, mais également à la création des straté-gies de survie en fonction de nouvelles restrictions budgétaires. Elles ont une facilité d’accès à l’espace public grâce à leurs activités commerçantes75. Comparativement en 2006, la contribution

des femmes dans le secteur informel est estimée à 63,1% de la valeur ajoutée manufacturière et 28,6% du Produit Intérieur Brut total76. Les femmes burkinabè ont une capacité à générer des

reve-nus en fonction de leurs activités commerçantes qui représentent plus de 50% du revenu du secteur informel. Elles se spécialisent dans la revente de la nourriture préparée à la maison et vendue sur les trottoirs77. Cela s’explique par le fait que leur contribution croissante aux revenus des ménages va

souvent bien au-delà du simple apport complémentaire aux petites dépenses quotidiennes78. Elles

font face à l’alourdissement de leur emploi du temps et l’augmentation de leur implication dans la gestion de la précarité et de la survie des ménages et des communautés.

Dans les villes du Burkina Faso, Inga Nagel souligne la part importante des femmes dans le secteur informel: en 2008, les femmes dont l’âge est compris entre 15 et 64 ans entreprennent 83,6% des activités économiques en milieu rural et 37,3% en milieu urbain79. Les femmes accèdent

aux activités informelles autrefois réservées aux hommes, telles que la couture à partir de 1980, considérée en référence aux crises économiques et à l’ouverture démocratique. Cependant, elles restent souvent cantonnées à des activités liées aux tâches domestiques telles que la fabrication, la

72OdudeleAkinboadeAkinloye, « Les femmes, la pauvreté et le commerce informel en Afrique orientale et australe ». Revue

internatio-nale des sciences sociales, n°184, 2005, p. 277-300.

73IsabethMarteu, « Des usages de l’empowerment, du genre et du féminisme dans les associations de femmes bédouines du Néguev

(Israël) », Cultures et Conflits, [en ligne], 83, Automne 2011, p. 57-77.

74Champagne, Suzanne et Marie-Carole, Mckenzie. Pratiques associatives féminines à propos d'associations féminines de la ville de

Ouagodougou et du milieu péri-urbain. Québec, Centre Sahel, Université Laval, 1990, p. 15-18; OdudeleAkinboadeAkinloye, « Les

femmes, la pauvreté et le commerce informel en Afrique orientale et australe ». Revue internationale des sciences sociales, N°184, 2005, p. 277-300.

75Nicola Boccella et Andrea Billi, dirs.,Développement, inégalités, pauvretés, Paris, Karthala, 2005, p. 132.

76Jacques Charmes, « Femmes africaines, activités économiques et travail : de l’invisibilité à la reconnaissance », Tiers-Monde, tome 46,

n°182, 2005, p. 255-279.

77DenyseSaivre, « Femmes d’Afrique, développement, avenir », Journal des Africanistes, 1993, vol. 63, n°1, p. 149.

78Agnès Adjamagboet al., « Le dilemme des Dakaroises : entre travailler et “bien travailler” », Momar-CoumbaDiop, dir., Gouverner le

Sénégal : croissance et développement humain durable, Paris, Karthala, 2004, p. 247-272.

79Charmes Jacques, « Femmes africaines, activités économiques et travail : de l'invisibilité à la reconnaissance», Revue Tiers

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