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Prolongement 1. La langue, ressort et enjeu de la force symbolique de l’État

1. La politique du français : espace des prises de position et espace de production

Les questions de langue sont construites selon les logiques et les intérêts propres à chacun des espaces et des groupes sociaux engagés dans leur traitement. Elles renvoient aux luttes pour la définition du « bien écrire » au sein du champ littéraire, aux normes véhiculées et fonctions assurées par l’appareil scolaire, à l’observation distanciée des changements linguistiques par les linguistes, ou encore aux multiples problèmes sociaux et politiques construits par et pour les groupes d’intérêt et les instances politico-administratives qui s’y consacrent. La politique de la langue française est produite au sein de ces différents espaces, et dans les relations de coopération et de concurrence qu’ils entretiennent. Des alliances conjoncturelles ou durables se nouent entre ces différents groupes (comme entre l’Académie française, les groupes d’intérêt et les organes gouvernementaux). Des espaces de discussion sont instaurés, avec notamment les différents conseils et commissions organisés par le gouvernement. Ces relations sont aussi fortement concurrentielles. Elles sont en particulier marquées par des luttes pour la détention de la parole légitime sur la langue, que ces luttes soient orientées vers l’obtention ou le maintien d’une position prééminente garantie par l’État dans la définition de ses politiques, ou tournées contre la concurrence étatique que génère son intervention. Dans ces alliances et ces conccurrences, se joue l’imposition du cadre dans lequel les problèmes de langue seront traités par l’État, c’est-à-dire à la fois la définition des agents autorisés à prendre part à leur traitement, la définition de leurs relations (les « règles du jeu »), et la définition des catégories de perception au travers desquelles ils seront traités.

Les transformations du traitement social et politique de la langue (i.e. des formes du « travail social » dont elle fait l’objet) s’inscrivent ainsi dans celles qui ont affecté chacun de ces espaces et les relations qu’ils entretiennent. De la création de l’Académie française à la fin du XVIIIe siècle, ce traitement a surtout consisté en l’établissement d’une langue lettrée et savante, dans les relations entre l’Académie et la cour314, cette langue permettant en retour la sélection des élites administratives et la centralisation étatique. À partir de la seconde moitié du XIXe puis surtout au cours de la IIIe République, il a été pensé en référence à l’accès d’un nombre croissant de citoyens à l’instruction315. Si, sans doute, ce traitement n’a à aucun moment été opéré par un groupe unique (les Académiciens ou les pédagogues), selon une logique exclusive (l’excellence littéraire ou l’alphabétisation), force est cependant de constater qu’il s’inscrit, depuis le milieu des années 1960, dans un système de relations beaucoup plus étendu et complexe, et qu’il s’opère par conséquent selon des logiques de plus en plus diversifiées. C’est là une première transformation importante. Et si, de l’établissement des statuts de l’Académie française aux politiques scolaires de la IIIe République, l’État est partout présent en établissant les cadres dans lesquels sont pensées et construites les questions linguistiques, c’est l’établissement d’une bureaucratie linguistique d’État qui s’opère au cours de cette même période. C’est aussi cette transformation qu’il faut souligner. Pour transposer les termes de Norbert Élias, depuis les débuts d’une « politique de la langue française » au milieu des années 1960, la configuration dans laquelle s’inscrit le traitement socio-politique du français s’est considérablement élargie : des chaînes d’interdépendance relient désormais des agents engagés dans les instances internationales de la francophonie aux académiciens, aux représentants professionnels des commissions de terminologie, etc. L’État forme le « centre de forces » de ces interdépendances multiples.

Des interdépendances multiples

Il suffit, pour se donner une idée de la diversité des agents et de l’étendue des relations au principe de la politique de la langue française, de retracer le parcours suivi par les néologismes qui forment la pierre angulaire de cette politique — et l’on pourrait faire de même à propos des grandes réformes récentes, féminisation des noms de métier ou rectifications orthographiques. Des termes comme baladeur ou logiciel — en lieu et

314 Voir notamment Fumaroli Marc, « La coupole », (1986), repris in Trois institutions littéraires, op.

cit., p. 9-109.

place de walkman et software —, pour prendre deux exemples d’intégration réussie dans l’ « usage », ont été conçus dans des commissions de terminologie, où siègent des fonctionnaires, des lexicologues, des hommes de lettres, des représentants des professions concernées et de groupes de défense de la langue. Ils ont été confrontés aux termes employés dans d’autres pays francophones, et l’avis de leurs représentants a pu être sollicité. Ils ont enfin été soumis à l’approbation de l’Académie française316. Leur destin dépendra ensuite de la bonne volonté des différents prescripteurs linguistiques (éditeurs de dictionnaires, journalistes, etc.), et des fonctionnaires, publicitaires, industriels et commerçants à les utiliser317. L’un des buts de cette recherche consiste à établir aussi précisément que possible la cartographie de cet espace étendu, de saisir les modalités d’intervention de chacun des principaux agents qui y prennent place et les types de relations qu’ils entretiennent. On doit pour l’instant, faute d’avoir déjà réalisé les multiples enquêtes que cela nécessiterait, se contenter d’un premier repérage.

Sans doute les agents du champ littéraire et, en particulier, les écrivains, sont-ils parmi les premiers agents sociaux — historiquement et en importance — à parler de la langue, à modeler ses représentations et à agir sur elle. Le jugement linguistique forme l’une des premières modalités de sélection à l’entrée du champ littéraire318. L’illustration et la diffusion d’un usage légitime de la langue font partie des fonctions sociales constitutives du métier d’écrivain. Et la langue occupe une place centrale dans les entreprises de subversion internes au champ littéraire. Quand celles-ci consistent à vouloir rapprocher la langue littéraire et la langue populaire, c’est-à-dire à rapprocher dans le même temps les littérateurs et le peuple — que l’on pense, pour prendre des exemples radicalement différents, à Louis-Ferdinand Céline ou à Raymond Queneau — elles rejoignent les multiples chassés-croisés qui jalonnent l’histoire du champ littéraire, par lesquels des agents tentent dans le même mouvement de faire politiquement de la littérature et littérairement de la politique, affirmant ce faisant leur position dans le champ littéraire et leur prétention littéraire à une fonction politique319.

316 C’est obligatoire avant la publication au Journal Officiel depuis 1996.

317 Lorsque j’écris walkman et software, la correction automatique de mon traitement de texte me signale que ce sont des anglicismes et m’indique les équivalents proposés par le JO.

318 Voir a contrario les formes de relégation que le champ littéraire concentré à Paris fait subir à des écrivains géographiquement périphériques coupables d’ « écarts d’écriture ». Meizoz Jérôme, « Le droit de “mal écrire”. Trois cas helvétiques (XVIIIe-XXe s.) », Actes de la recherche en sciences sociales, 111-112, 1996, p. 92-109 ; « Le “bien écrire” comme droit d’entrée dans le champ littéraire française. Portrait de C.F. Ramuz (1878-1947) en métèque », Regards sociologiques, 1999, 17-18, p. 127-135. Le premier article, riche en notations sur les relations entre légitimité linguistique et légitimité littéraire, relève également les tentatives d’émancipation ou de subversion à l’égard de l’orthodoxie imposée par le centre.

319 Sur ces questions, voir « Artistes/politiques », Sociétés et représentations, 11, février 2001, notamment l’introduction de Benoît Lambert et Frédérique Matonti. Voir aussi nos travaux sur le révolutionnarisme culturel des promoteurs du théâtre du peuple : « Les prémices de la démocratisation

Si ces éléments doivent être rappelés, ce n’est pas seulement parce qu’ils forment l’arrière plan intellectuel des débats et politiques de la langue française. C’est aussi parce qu’en prenant pour objet l’une de leurs prérogatives historiquement constituées, l’intervention linguistique d’État renvoie nécessairement au rôle social des écrivains : elle le concurrence ou elle l’utilise. C’est aussi, et de ce fait même, parce que plus directement encore des écrivains font, à partir de la langue, l’interface entre le littéraire et le politique, voire interviennent effectivement dans les politiques linguistiques d’État.

À partir de sa constitution lors de la première guerre mondiale et au moins jusque dans les années 1970, l’organisation gouvernementale de la diffusion de la culture française à l’étranger — c’est-à-dire prioritairement de la langue — emploie à son service nombre d’écrivains (Jean Giraudoux, Paul Claudel, Jacques de Bourbon Busset, etc.). On l’a vu avec Étiemble, mais l’on pourrait citer aussi Francis Ponge320 ou Dominique Noguez321, pour prendre là encore des exemples très différents : des écrivains prennent des positions publiques qui jouent un rôle décisif dans la politisation des questions de langue et en appellent au rôle de l’État. Certains participent à des groupements de défense de la langue (comme Georges Duhamel) ou à des organismes officiels322.

L’on peut, à titre d’hypothèse, distinguer cinq principaux pôles de l’engagement des écrivains dans les politiques linguistiques. L’on pourrait, schématiquement, les répartir autour de deux axes : la plus ou moins grande consécration obtenue dans le champ littéraire et le degré d’autonomie — des littérateurs « purs » à ceux qui doivent leur position à des investissements dans d’autres espaces que le champ littéraire (les médias, la politique ou l’université). Pour les agents les plus reconnus et les plus autonomes du champ littéraire, les prises de position politico-linguistiques forment le prolongement d’un projet littéraire original établi en fonction des règles et des logiques internes au champ littéraire. Des essais et articles dans les revues littéraires plus que des tribunes dans les journaux, des appels au changement littéraire plus qu’à la vigilance de

culturelle. Les intellectuels, l'art et le peuple au tournant du siècle », Politix, 24, décembre 1993, p. 36-56 et La politique culturelle, op. cit., notamment p. 38-61.

320 Voir notamment Ponge Francis, Pour un Malherbe, Paris, Gallimard, 1965.

321 Le polygraphe Dominique Noguez, à la fois romancier, essayiste, critique littéraire et auteur de plusieurs livres sur le cinéma, a publié de nombreux textes et articles de journaux sur l’évolution politico-linguistique du français partiellement recueillis dans Noguez Dominique, La colonisation douce : feu la

langue française ? Carnets 1968-1998, Paris, Arléa, 1998, qui fait dans le même temps la chronique des

débats sur ces questions.

322 Il faudrait bien sûr, plus précisément qu’on ne peut le faire ici, replacer ces engagements en matière de langue dans la logique d’autres prises de position publiques : celles de Georges Duhamel, sur la « menace américaine » qu’il dénonce dès 1930 dans ses Scènes de la vie future.

l’ensemble de la société, une intégration faible aux entreprises de politique linguistique — et souvent une certaine défiance à leur égard — forment autant de caractéristiques d’interventions importantes du point de vue du champ littéraire mais, semble-t-il, marginales pour l’intervention publique — comme celles de Raymond Queneau ou de Francis Ponge. Au-delà des prises de position et des œuvres individuelles, il faudrait aussi de ce point de vue étudier le rôle d’organisations collectives de défense des écrivains, comme la Société des gens de lettres.

Le pôle opposé est constitué par des écrivains sans œuvre littéraire véritablement reconnue, et prédisposés de ce fait même à chercher ailleurs leur reconnaissance comme écrivain : en l’occurrence au travers de ce marqueur de l’identité d’écrivain que constitue le maniement de la langue et le discours sur la langue. Les investissements dans le traitement des questions de langue, au travers par exemple des groupes de défense du français, forment alors un engagement par compensation, qui dessine souvent un profil politiquement et culturellement conservateur — avec l’Académie française comme modèle. Cet engagement par compensation ne s’oppose toutefois pas forcément à l’engagement plus directement politique qui a fourni à la gauche et particulièrement au PCF des générations d’ « intellectuels de parti », au moins jusqu’au début des années 1980323. Le trajet qui mène l’écrivain à moitié accompli à surinvestir dans l’orthodoxie langagière et à prendre fait et cause pour la défense de la langue peut recouper la trajectoire culturelle et politique qui conduit l’ « instituteur des masses » à faire de la langue un enjeu de luttes indissociablement culturel et politique. C’est sans doute de ce côté des régions inférieures du champ littéraire qu’il faut chercher les soutiens actifs des entreprises de défense de la langue.

Les troisième et quatrième pôles rassemblent des agents occupant des positions plus hautes dans le champ littéraire et dans l’espace social en général, mais éloignés du pôle de la littérature « pure » du fait de leurs activités plurielles et de leur présence simultanée dans plusieurs espaces. C’est le cas de ceux qui allient création littéraire et érudition. Que l’on pense au cas des (nombreux) écrivains universitaires qui rédigent romans, poésies ou pièces de théâtre d’une main et travaux historiques, exégèses et études linguistiques, littéraires ou esthétiques de l’autre. Ces deux activités distinctes, c’est l’ « amour de la langue » qui les relie, les discours sur la langue qui permettent d’en réduire la distance et d’en cumuler les crédits — comme dans le cas de René Étiemble. C’est le cas également de ceux que Louis Pinto appelle les « néoconservateurs culturels ». Plus jeunes, ils « doivent leur apparition à l’atténuation des frontières entre

le champ universitaire et d’autres champs (presse, édition, revues intellectuelles…) », particulièrement marquée à partir du début des années 1980.

« Pourvus de quelques-uns des attributs génériques de l’excellence scolaire — titres, postes et dispositions —, ils ont successivement bénéficié du relâchement des censures académiques quand l’espace des possibles s’est ouvert, et tiré les profits de l’orthodoxie culturelle quand ils se sont sentis tenus de défendre un capital culturel précaire contre une conspiration de savants objectivistes et de barbares des banlieues. »324

Danièle Sallenave ou Alain Finkielkraut en sont exemplaires, qui donnent à leur défense des humanités les allures d’un combat « progressiste », « républicain » voire « anticapitaliste »325. C’est de ces deux côté-ci du champ littéraire qu’il faut sans doute chercher cette fois les prescripteurs littéraires et les cautions intellectuelles des politiques linguistiques.

C’est l’Académie française, institution intermédiaire entre lettres et pouvoir d’État, qui forme le dernier et principal pôle de la participation des gens de lettres aux politiques linguistiques d’État. De l’Académie, on connaît l’histoire ancienne, quand elle contribue à la normalisation du français et aux prémices de la constitution d’un champ littéraire326, moins bien l’histoire récente327, et très mal la sociologie contemporaine328.

324 Pinto Louis, « Épreuves et prouesses de l’esprit littéraire », Actes de la recherche en sciences

sociales, 123, 1998, p. 60.

325 Sur Danièle Sallenave, voir par exemple Lahire Bernard, L’invention de l’ « illettrisme », op. cit., p. 299-304. On a analysé les campagnes des nouveaux et moins nouveaux gardiens du temple culturel à l’occasion de l’analyse des controverses nouées autour de l’intervention culturelle étatique dans La

politique culturelle, op. cit., p. 293 et suivantes. On se permet également de renvoyer à notre article

« Politiques culturelles et polémiques médiatiques », Politix, 24, 1993, p. 5-19.

326 Cf. surtout Viala Alain, Naissance de l’écrivain. Sociologie de la littérature à l’âge classique, Paris, Minuit, 1984, qui ne fait qu’évoquer (p. 34 et suivantes) l’activité académique de normalisation de la langue. Voir aussi, du même auteur, La naissance des institutions de la vie littéraire en France au XVIIe

siècle (1643-1665), Thèse d’État, Université Paris III, 1983.

327 Parmi les travaux disponibles, on se réfèrera surtout, pour les années 1940 à Sapiro Gisèle, La guerre

des écrivains. 1940-1953, Paris, Fayard, 1999.

328 Il n’y a pas d’analyses récentes qui donneraient ne serait-ce qu’un aperçu systématique des positions d’origine des académiciens. Une thèse — malheureusement non traduite — fournit cependant une série de notices biographiques, des extraits d’entretiens et une recension des interventions publiques des membres de l’Académie française et des principaux organismes privés et publics traitant de la langue : Frey Brigitte, Die Académie française und ihre Stellung zu anderen Sprachpflegeinstitutionen, Philosophische Dissertation der Neuphilologischen Fakultät der Universität Tübingen, 1995 (centre de documentation de la DGLF). Dans un tout autre genre, on lira également avec intérêt l’article non signé (il est écrit par André Siegfried, lui-même académicien) qui, à partir du récit de la candidature de Paul Morand en mai 1958, tend à montrer l’importance que conserve alors le « parti vichyssois » ou, à tout le moins, « le vieil esprit de droite » à l’Académie. « Les élections à l’Académie française. Analyse d’un scrutin significatif : l’échec de M. Paul Morand », Revue française de science politique, VIII (3), septembre 1958, p. 646-654. À propos des élections à l’Académie française, voir également l’article de René Rémond dans Perrineau Pascal, Reynié Dominique, Dictionnaire du vote, Paris, Presses de sciences po, 2001.

Et c’est, en particulier pour le XXe siècle, davantage comme institution du champ littéraire que comme instance de régulation linguistique qu’elle a été étudiée329. Cette faiblesse des travaux d’analyse contraste avec l’accumulation des discours d’auto-célébration des « immortels » — ne serait-ce que dans les discours de réception et les réponses — et leur dénonciation symétrique, par les candidats malheureux ou les nouvelles générations successives — dont Alphonse Daudet a donné une expression littéraire dans L’Immortel en 1888330. Un premier travail s’impose donc, qui établirait pour la période qui nous intéresse les formes que prennent précisément ce qui apparaît comme les caractéristiques structurelles de cette institution : très forte homogénéité du recrutement social (dans la grande et la moyenne bourgeoisie) à peine voilée par la relative diversité des origines professionnelles (lettres, université, politique) ; prédominance d’options sociales, politiques et culturelles conservatrices. On pourrait alors établir la diversité, le poids relatif et les relations des positions qui structurent cet espace qu’on ne saurait considérer comme parfaitement homogène formé par l’Académie. Il faudrait sur cette base analyser les prises de position individuelles et collectives des académiciens sur les questions de langue, au travers notamment des traditionnels « Discours sur l’état de la langue », adresses publiques, articles de presse, rapports, ouvrages, etc331. L’on pourrait ainsi saisir les divers rôles au travers desquels s’exerce cette autorité linguistique par excellence et leurs éventuels changements. Il faudrait enfin restituer les types de relations qu’entretiennent des académiciens à titre individuel et l’Académie comme institution avec les autres agents sociaux et institutions engagés dans la production des politiques de la langue française, et mesurer ce faisant la place qu’ils et qu’elle occupe(nt) dans la définition de ces politiques.

De ce vaste programme, on ne peut ici que donner quelques éléments concernant le dernier point. L’on peut à ce propos formuler l’hypothèse suivante : la concurrence objective qu’occasionne le développement de l’intervention gouvernementale pour la langue française conduit à un renforcement, particulièrement visible au cours du secrétariat de Maurice Druon (1985-1999), des « relations extérieures » — au double sens des relations nouées à l’extérieur de l’institution et des interventions publiques,

329 Voir cependant pour une partie la IIIe République Caput Jean-Pol, L’Académie française et la pureté

de la langue française entre 1889 et 1935 : l’orthographe et la prononciation, thèse de lettres, Université

Paris IV, 1977. Ce travail porte essentiellement sur une analyse linguistique interne des préconisations de l’Académie. Quelques indications « contextuelles », sur le fonctionnement de l’Académie et ses rapports avec « le public » sont données, de manière assez allusive, p. 429 et suivantes.

330 S’y ajoutent nombre de récits plus ou moins anecdotiques ou humoristiques : voir par exemple Royer Jean-Michel, François Mitterrand élu à l'Académie française : discours de réception et autres textes de

circonstance, Paris, Balland, 1989 ; Silatsa Nicolas, La Tribu des immortels : Voyage à l'intérieur de l'Académie française, Paris, éditions de Paris, 1989 (photos et anecdotes).

dans la presse ou ailleurs — qui permet à l’Académie de maintenir une position centrale non seulement dans les débats sur la langue mais aussi, en pratique, dans la définition et la conduite des politiques linguistiques gouvernementales332. Autrement dit, la position défensive collectivement adoptée par l’Académie en matière de langue est, autant que la