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3.La politique linguistique et culturelle en Algérie (francisation et arabisation)

3.2 La politique d’arabisation

3.1 la francisation de l’Algérie durant la période coloniale.

La première procédure prise par le colonisateur pour substituer la langue française à la langue arabe est l’introduction du français dans les établissements scolaires comme langue d’enseignement.

De ce fait la langue arabe subissait une période de marginalisation par le système colonial. Elle fut exclue de tous les domaines, à l’exception de quelques écoles coraniques qui continuaient à l’enseigner en prenant en compte principalement la religion. Ace sujet Anne Sophie Cordel ( 2014 : 186) : « La langue arabe était exclue de tous les domaines de la société coloniale et ne persistait qu'au sein de la communauté musulmane par le biais des écoles coraniques qui délivraient un enseignement traditionnel dans lequel la religion occupait une place important ».

En effet La tentative de substitution du français à l’arabe dans le système éducatif n’a pas eu de véritables résultats sous prétexte que le français ne fut pas supplanté définitivement à l’arabe, et que ce dernier trouvait dans l’islam un appui fort pour lutter contre la politique assimilationniste. En effet L’Islam est : « la seule structure culturelle susceptible de faire poids

face à l'Occident chrétien, il est le seul à même de représenter l'anti-Occident » (Grandguillaume, 1986).

En revanche, il est à noter que la scolarisation française des établissements algériens a conduit à l’émergence d’une division sociétale à travers la création de deux couches sociales bel et bien différentes : la première est celle qui a adopté la langue et la culture française sous prétexte que celles-ci furent perçues comme moyen de supériorité et de réussite sociale, tandis que la deuxième, représente la couche dominée, pauvre et marginalisée par le colonisateur. Anne Sophie Cordel ( 2014 : 186 ) confirme en disant : « la politique éducative française en Algérie accentua les inégalités sociale entre francophones et arabophones »

Par ailleurs, ce qui a contribué réellement à la généralisation du français dans l’environnement linguistique algérien revient à des raisons d’ordre historiques et économiques : le contact des indigènes avec les soldats français lors des deux guerres mondiales, et l’exile massif de plusieurs algériens vers la France pour besoin de la main d’œuvre. Partant de cela le français a eu des attitudes plus ou moins positives chez une catégorie des locuteurs algériens. Pour eux, il véhicule de la modernité et assure la réussite socioprofessionnelle. En revanche cela ne l’empêche pas d’avoir des attitudes négatives liées à la politique assimilationniste et ségrégationniste du colonialisme français.

36 Une politique linguistique est soumise à quelques éléments sociolinguistiques dans le sens où elle est nourrie par des attitudes et des représentations sociales partagées et élaborées par la société.

La langue arabe dans le paysage sociolinguistique algérien est liée à l’identité musulmane : langue à travers laquelle se fait la prière et se lit le coran, cela lui confère chez les locuteurs algériens des représentations sacralisantes.

Soucieuse de récupérer ses repères identitaires, culturels et linguistiques, l’Algérie postcoloniale a opté pour une politique de monolinguisme qui se veut comme ultime objectif de généraliser l’arabe classique comme langue nationale et officielle afin d’assurer l’unification linguistique et culturelle du pays. Vu que la multiplicité linguistique à l’époque fut considérée comme une sorte de clivage menaçant à la fois l’identité et l’union de la nation algérienne.

Par ailleurs le choix de la généralisation de la langue arabe après l’Independence, fut un symbole d’union et de cohésion, parce qu’il se réfère à des enjeux d’ordre historiques qui remontent jusqu’à l’époque coloniale où l’arabe et l’islam furent des moyens par lesquels le peuple algérien a lutté et a résisté contre la politique coloniale assimilationniste grâce à ses leaders ( EL emir Abdelkader, Boumama, MOkrani ...).

La politique linguistique et culturelle du gouvernement post-colonial met en place des textes législatifs dans lesquels l’appartenance de l’Algérie à l’identité arabo-musulmane fut bel et bien encouragée. La politique linguistique d’arabisation fut débutée par le président Ben Bella le lendemain de l’indépendance (1962-1965), mais elle fut concrétisée et administrée avec l’avènement du président Houari Boumediene. Ce dernier a décrété des lois afin que l’usage seul et unique de l’arabe soit généralisé dans tout le territoire algérien, tout en commençant par la justice en 1966, puis, il ya eu l’obligation de la connaissance de l’arabe par les fonctionnaires en 1968.

La plupart des lois promulguées durant les années soixante et les années soixante –dix visent en particulier le système éducatif pour former une génération en langue arabe. En 1968, les autorités gouvernementales ont fait en sorte que plusieurs instituts de formation et écoles scolaires soient quasiment arabisés. Par la suite, l’arabe fut préconisé obligatoirement comme langue d’enseignement au primaire et au secondaire. En 1980 l’enseignement supérieur ne fut arabisé qu’au niveau des filières de sciences sociales, juridiques, et

37 économiques quant aux filières scientifiques, elles s’enseignent en langue française jusqu’à nos jours.

A partir des années quatre-vingt, il y eu une mise en place d’une série de procédures afin de réduire l’usage de la langue française et dans le but de généraliser la langue arabe obligatoirement dans tous les domaines : les institutions, l’administration, la presse écrite et orale, l’enseignement …etc. Par ailleurs, cela a conduit au changement statutaire de la langue française dans la mesure où elle n’est plus une langue à travers laquelle s’effectue l’enseignement mais plutôt une langue étrangère qui s’enseigne dés la quatrième année primaire.

selon Khaoula Taleb Ibrahimi (1995 : 186) :

« l’arabisation devient un moyen d’affirmer l’identité arabe (la langue était perçue comme l’attribut fondamental de la personnalité arabe), cette politique linguistique a permis d’affirmer le statut officiel de la langue arabe et sa place dans la société algérienne, en œuvrant à la généralisation de son utilisation, dans tous les domaines de la vie quotidienne et sociale des citoyens. L’unification de l’usage d’une même langue de travail, d’enseignement de culture, objectif qui s’identifier, parmi d’autres, au recouvrement de tous les attributs historiques de la nation algérienne »

En revanche L’ultime objectif de l’arabisation qui veut à tout prix l’unification linguistique intensive et immédiate en marginalisant les pratiques effectives des locuteurs algériens, fut la source d’une crise identitaire et le déclencheur de véritables conflits et clivages entre différents groupes sociaux qui s’avèrent à travers des discours véhiculant du rejet et de du refus mais les autorités gouvernementales de l’époque faisait la sourde oreille face à ces revendications réclamant fortement la reconnaissance du caractère plurilingue du paysage sociolinguistique algérien.

Khaoula Taleb Ibrahimi avance à ce sujet que la politique linguistique suivie par l’état algérien post colonial n’est pas différente de celle prônée durant l’époque coloniale dans le sens où toutes les deux visaient à éliminer les dialectes locaux de la sphère langagière algérienne

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« Cette marginalisation n’est qu’une facette du processus universel et général observé dans plusieurs pays du monde dont l’exemple le plus frappant reste l’exemple français dont la politique fondée sur un État central, fort et jacobin, va imposer l’usage du français d’Ile de France et relègue les autres usages au rang de patois ou dialectes de patoisants. Cette imposition sera très longue à réaliser et nous assistons, d’ailleurs, depuis quelques années, à la résurgence de dialectes et cultures périphériques (revendications régionalistes), à des tentatives de promotion par l’enseignement et la recherche ; ce mouvement est à mettre en parallèle avec celui qui s’est formé en faveur des langues d’origine des populations migrantes ; en réaction au centralisme et au jacobinisme de la politique de l’État et de l’État français. » ( khaoula taleb ibrahimi , 231 : 1997)

Par ailleurs cette politique linguistique d’arabisation préconisée à l’aube de l’indépendance visant la généralisation de l’arabe classique dans tous les domaines à savoir l’administration, l’enseignement, la justice, l’économie et la vie de tous les jours, n’a pas atteint les résultats escomptés étant donné que la généralisation de l’arabe ne s’est pas étalé à tous les domaine, comme le cas de l’enseignement supérieur notamment celui des filières scientifiques et techniques au niveau de l’université. Rajoutant à cela au niveau du domaine politico-économique, il s’est avéré que l’émergence de la langue française est remarquable jusqu'à nos jours dans les discours des responsables politiques ainsi que dans les échanges économiques. Partant de cela, il n’est pas interdit de dire que le statut de la langue française n’a connu qu’un changement symbolique mais concrètement il demeure crucial sur le marcher linguistique de la société algérienne

4. l’évolution de la politique linguistique et culturelle ( du monolinguisme

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