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sein d'une futaie régulière de chênes

II. Quelques points de Matériels et Méthodes

1. Les futaies régulières de chênes en France

Aujourd’hui, les chênes sessiles, pédonculés et pubescents en France occupent un peu plus de 5 millions d’hectares, soit près du tiers de la surface forestière productive totale, ce qui les place largement en tête de toutes les essences (Inventaire Forestier National (IFN) 2010). La France s’avère être le premier producteur de chênes en

Europe, en volume et tient le 2e rang mondial après les États-Unis (Bary-Lenger et

Nebout 1993). Ces forêts, principalement concentrées dans les régions de plaines et

collines, ont été gérées jusqu’au début du 20e siècle en taillis et taillis-sous-futaie. En

effet, l'exploitation en taillis et taillis-sous-futaie est un modèle sylvicole en fort déclin car désormais inadapté à la forte demande de bois d’œuvre. Il en subsiste tout de même au sein de forêts privées fragmentées. Concernant les peuplements appartenant au domaine public, ils ont été pour la plupart progressivement convertis

National, les futaies régulières du domaine public occuperaient 325 000 hectares, soit 29 % du quart de la chênaie française qui appartient à l'État français ainsi qu’à certaines collectivités locales.

La conversion des chênaies étant toujours en cours ou très récente, les véritables futaies régulières âgées de chêne, ne couvrent qu'une faible superficie du territoire. La sylviculture du chêne, en France, est économiquement très importante et soumise à de forts enjeux. Malgré sa longévité légendaire, en raison d’une sylviculture intensive, il est rare de trouver des zones dans lesquelles les chênes ont atteint leur maturité biologique. En France, il reste quelques forêts dites « chênaies sanctuaires », connues dans toute l’Europe, où l’on peut encore trouver des arbres agés de plus de 300 ans : Bellême, Bercé, Réno Valdieu et Tronçais, entre autres.

Figure 16 : Répartition des classes d'âge en 2001 en terme

surfacique des arbres au sein de la forêt domaniale de Tronçais. Source ONF 2010: "Tronçais patrimoine d'exception"

2. Le choix de Tronçais

Le choix de la forêt domaniale de Tronçais est dû au fait qu’elle est la seule chênaie où coexistent les classes d'âge requises par l’étude. (Figure 16), mais aussi à l’ancienneté de son couvert forestier et à son histoire sylvicole ancienne en futaie régulière.

Figure 17 : Localisation de la zone d'étude : la forêt domaniale de Tronçais, dans l'Allier.

La forêt de Tronçais est une forêt domaniale de 10 583 ha, gérée par l'Office National des Forêts, située dans l'Allier (Figure 17), mondialement connue pour la qualité de son bois utilisé pour la fabrication des douelles de tonneaux, et connue des milieux naturalistes et scientifiques pour la richesse de sa biodiversité. Cette forêt, s'étageant de 200 à 350 m d'altitude, est constituée principalement de chênes

sessiles (

Quercus petraea

(73%)), mélangés avec quelques hêtres (

Fagus sylvatica

(9%)) et chênes pédonculés (

Quercus robur

(8%)). On peut également trouver du

charme (

Carpinus betulus

) et du pin sylvestre (

Pinus sylvestris

). Le climat, qui règne

sur la forêt, est de régime atlantique avec dominance de vents d'ouest. La pluviométrie annuelle est d’environ 780 mm, avec des maxima se situant en mai-juin et septembre-octobre, encadrant une période plus sèche. Les sols de la forêt de Tronçais se sont formés, pour une faible part sur des roches cristallines, mais surtout sur les grès et argiles du Trias, et sur les sables et argiles miopliocènes, qui les recouvrent.

3. La forêt de Tronçais : une forêt remarquable de par son histoire

La première mention de la forêt de Tronçais date du XIIIe siècle et s'étendait alors

sur une superficie beaucoup plus vaste. A cette époque, elle est la propriété de quatorze paroisses environnantes et ce n’est qu’en 1527 qu’elle devient propriété de l'Etat.

C’est en 1670 que Colbert, désireux de doter le royaume de France d'une marine puissante, a décidé de planter plus d'un million d'hectares d'arbres, avec notamment la création de la futaie de chêne de Tronçais, pour fournir l'industrie navale en matière première de grande qualité.

Aux alentours de 1835 la forêt fut progressivement convertie en futaie régulière à partir des taillis et taillis-sous-futaie existants, constituant ainsi l’une des premières forêts françaises à être convertie.

Actuellement, d’un point de vue sylvicole, on vise à obtenir sur Tronçais des arbres droits, de grosse dimension (diamètres supérieurs à 50 cm - 1 m et plus), à accroissement régulier, et à bois tendre fournissant des billes sans défauts. Les coupes successives réservent donc les sujets les plus prometteurs tout en conservant un entourage pour obtenir une croissance optimum (sans émettre de branches latérales). Les hêtres, les charmes, les houx conservés en sous-étage participent à cette fonction. La régénération se fait de façon naturelle par les derniers arbres qui sont maintenus comme semenciers avant de faire l'objet de la coupe définitive. La strate herbacée est constituée surtout de fougères et de ronces dans les zones de clairières, de molinie dans les bas-fonds humides.

La récolte finale des peuplements de chêne sur Tronçais se produit aux alentours de 220 ans alors que partout ailleurs en France, elle se situe plus aux alentours de 180/200 ans. Il y a par conséquent une gamme d’âge au sein de la forêt de Tronçais tout à fait exceptionnelle. En plus de cette extension de rotation, il persiste une relique de la futaie originelle : la « futaie Colbert », dont il ne reste que 15 hectares, mais qui comprend de très beaux sujets dont certains ont plus de 300 ans. Pour se rendre compte du caractère exceptionnel de la futaie Colbert, il est important de garder à l’esprit que la longévité naturelle d’un chêne est de 700 à 800 ans.

4. Plan d’échantillonnage

En utilisant une approche synchronique, 32 parcelles ont été échantillonnées correspondant à 4 classes d’âge : 160/180 ans (9 parcelles), 180/200 ans (7 parcelles), 200/220 ans (12 parcelles), et supérieur à 300 ans (3 parcelles). Ces parcelles de plus de 300 ans sont situées dans une zone de 15 hectares placés en