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décomposition fongique du bois, ou des produits de cette décomposition, et qui sont associées à des arbres tant vivants que morts » sont qualifiées de

Encadré 2 Îlot de vieux bois définitions

Îlot de vieillissement : « petit peuplement ayant dépassé les critères optimaux d'exploitabilité

économique et qui bénéficie d'un cycle sylvicole prolongé pouvant aller jusqu’au double de ceux-ci. L'îlot de vieillissement peut faire l'objet d'interventions sylvicoles, les arbres du peuplement principal conservant leur fonction de production. Ces derniers sont récoltés à leur maturité et, en tout état de cause, avant dépréciation économique de la bille de pied. L'îlot de vieillissement bénéficie en outre d'une application exemplaire des mesures en faveur de la biodiversité (bois mort au sol, arbres morts, arbres à cavité). […]. Le recrutement d'îlots de vieillissement est examiné lors de l’élaboration de l’aménagement parmi les unités de gestion qui pourraient faire partie du groupe de régénération et leur maintien est examiné à chaque révision d'aménagement forestier ».

Îlot de sénescence : « petit peuplement laissé en évolution libre sans intervention culturale et

conservé jusqu'à son terme physique, c'est-à-dire jusqu'à l'effondrement des arbres. Les îlots de sénescence sont composés d'arbres de faible valeur économique et qui présentent une valeur biologique particulière (gros bois à cavité, vieux bois sénescents…). Les îlots de sénescence sont donc préférentiellement recrutés dans des peuplements de qualité technologique moyenne à médiocre, des peuplements peu accessibles, des séries boisées d'intérêt écologique… Pour des raisons de sécurité et de responsabilité, ils sont choisis hors des lieux fréquentés par le public. »

Or, il s’avère que les effets de la gestion forestière sur le bois mort peuvent être complexes et très variables dans le temps et l'espace, surtout lorsqu’on considère une mosaïque des propriétés foncières dans le paysage.

La continuité temporelle du bois mort est une variable critique pour la persistance à long terme des espèces (Jonsell et Nordlander 2002). Par exemple, la continuité semble expliquer la grande diversité des coléoptères se trouvant sur les vieux arbres solitaires des prairies peu boisées (Ranius 2002), et cela malgré un volume de bois mort local très faible. L’absence de continuité temporelle de bois mort durant les phases passées de déforestation intensive en Europe (Bradshaw 2004) ayant sûrement causé l'extinction d’espèces.

Pour ce qui est de la continuité spatiale de l'habitat au niveau du paysage, elle semble moins susceptible d'être un facteur limitant dans des régions largement boisées, comme les pays Scandinaves (Martikainen et al. 2000 ; Ohlson et al. 1997), mais peut devenir critique dans les régions où les forêts ont été (et sont toujours) fragmentées, comme on peut le voir dans le sud de l’Europe. Or, actuellement, avec la densification de la desserte forestière en vue d’améliorer l’exploitabilité des peuplements, il pourrait y avoir une fragmentation accrue des habitats. Par fragmentation, on entend une augmentation de la distance entre deux tâches d’habitats favorables pour certaines espèces mais aussi une réduction des surfaces de milieu intérieur forestier dépourvu d’effet de lisière.

In fine

, de nombreuses espèces peuvent être absentes des forêts tempérées parce qu'elles ne sont pas présentes dans le paysage environnant, en raison d'un manque de continuité spatiale ou temporelle de l'habitat. Cette interprétation restent toutefois délicate compte tenu du manque de connaissances sur les capacités et les modalités de dispersion de la plupart des Coléoptères saproxyliques (Jonsell et Weslien 2003 ; Laaksonen et al. 2008 ; Ranius et Fahrig 2006), notamment en forêts tempérées.

IV. Perspectives de changement des pratiques sylvicoles

1. Augmentation des récoltes sylvicoles

Dans l’ensemble, la sylviculture intensive à vocation énergétique pourrait se traduire par une augmentation de la récolte de 3 façons :

Une intensification des prélèvements sur des surfaces déjà exploitées avec

une diminution de la durée des rotations et/ou une valorisation de composantes de la biomasse auparavant peu valorisées ou valorisées autrement jusqu'à présent : bois d'industrie / papeterie (produits d’éclaircie, autres pièces non marchandes [purges…], souches). Mais également un prélèvement plus complet de bois avec la récolte des menus bois (de diamètre inférieur à 7 cm, houppiers et arbres entiers) (Encadré 2). (Traité au sein de cette thèse)

Des prélèvements dans des zones jusqu’alors non exploitées, augmentation

de la surface de coupe, comme exploitation des taillis et taillis sous futaie (TSF) vieillis (> 60ans), des peuplements reculés mal desservis, ou trop pentus (Traité au sein de cette thèse)

La création de nouvelles « forêts », par exemple la conversion de peuplements

forestiers ou de zones agricoles en taillis à courte ou très courte rotation (TCR, TTCR). (Non traité au sein de cette thèse)

1.1. L’intensification des prélèvements

De nombreuses études, réalisées par l’ADEME, IFN et le CEMAGREF ont tenté d’estimer les stocks de biomasse potentiellement mobilisable. Or, au vu des différences entre les chiffres, on ne peut que constater qu’il existe une relative incertitude vis-à-vis de la quantité de ressource effectivement mobilisable (CEMAGREF 2007,2009 ; Inventaire Forestier National (IFN) 2005,2010). Sur notre territoire, il est estimé qu’en raison du morcellement et de la difficulté d’accès, environ 30 % de la surface forestière française, soit près de 5 Mha, ne sont absolument pas exploités (Landmann et al. 2009). Cependant, il apparaît totalement audacieux d’envisager une exploitation directe et totale de cette surface. Il y a alors fort à parier que l’intensification des prélèvements se fera en grande partie sur des

surfaces déjà mises en exploitation et que l’augmentation de la production se fera en abaissant les diamètres d’exploitabilité et en raccourcissant les durées de rotation. Or sur certains massifs, l’exploitation semble déjà au maximum des capacités de production du milieu.

Il est par conséquent à craindre que l’intensification de la sylviculture entraîne (Bouget et al., dans Landmann et al., (2009)) :

une diminution des vieux arbres et des bois morts, habitats privilégiés pour la biodiversité inféodée aux forêts vieillies

un tassement des sols dû à la mécanisation

une forte mise en lumière du sol, néfaste pour les taxons sciaphiles. La question de l’exploitation des rémanents et des petits bois en forêt à des fins énergétiques fait donc s’interroger sur les conséquences écologiques.

1.2. La mise en exploitation de peuplements jusque-là « abandonnés »

Trois catégories d’usages potentiels des bois existent en France. La compartimentation des volumes repose à la fois sur des critères dimensionnels et de qualité des bois.

1.Usage bois d’oeuvre: Biomasse de la tige dont la qualité autorise des usages bois d’oeuvre (sciage, déroulage, etc.)

2.Usage potentiel Bois Industrie et Bois Énergie:

Biomasse de la tige dans les bois de diamètre > 7 cm et non valorisable en BO et biomasse des branches de diamètre > 7 cm

3.Usage potentiel Bois Energie, plaquettes et granulés:

Biomasse de la tige et des branches dans les bois de diamètre < 7 cm.