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Chapitre 2 : Les études psycho-épidémiologiques

2.4 Discussion :

2.4.4 Points forts et limites

Les points forts de l'étude sont la taille de notre échantillon en population générale, l'évaluation normalisée du stress perçu et des symptômes du TDAH, l'ajustement pour un large éventail de facteurs confondants et la nature homogène de notre cohorte qui peut réduire la confusion. Plusieurs limitations doivent cependant être considérées dans notre étude. Premièrement, comme il s'agit d'une étude transversale, la nature des données ne nous permet pas de tirer des inférences causales de nos résultats. Une recherche longitudinale est nécessaire pour examiner la relation entre l'inattention, les symptômes d'hyperactivité, le stress perçu et les difficultés de sommeil. Deuxièmement, cette étude transversale était basée sur des informations auto-déclarées. Toutefois, le stress perçu et les symptômes actuels du TDAH se sont révélés fiables

chez les étudiants (Cohen, Kamarck, & Mermelstein, 1983; Murphy & Schachar, 2000). Troisièmement, nous n'avions aucune information sur la présence de diagnostics actuels de dépression et d'anxiété pouvant influencer le niveau de stress perçu d'un individu. Même si, notre étude a contrôlé le diagnostic psychiatrique antérieur de la dépression et de l'anxiété. Enfin, le fait que notre étude ait été menée dans un échantillon de la population générale et indépendamment d’un diagnostic du TDAH basé sur un cut-off, souligne le fait d’envisager la présence d’un continuum sous-jacent au TDAH. Le stress perçu et les problèmes de sommeil pouvant augmenter la symptomatologie du TDAH, nous pourrions envisager que ces deux variables peuvent mimer les signes du trouble et orienter sur le diagnostic de TDAH-like, c’est-à-dire, un TDAH non neuro-développemental, mais une symptomatologie due à un principe réactionnel. Cette hypothèse pourrait expliquer le fait que le haut taux du TDAH retrouvé chez les étudiants (Garnier-Dykstra, Pinchevsky, Caldeira, Vincent, & Arria, 2010) soit supérieur à celui retrouvé chez l’adulte (Fayyad et al., 2007).

2.4.5 Conclusion

Pour conclure, notre étude en montrant les liens entre les problèmes de sommeil et la symptomatologie du TDAH, particulièrement l’inattention, peut avoir des retombées en termes de pratique clinique. Un étudiant venant en consultation pour des difficultés d’attention présentera peut-être une symptomatologie similaire à un TDAH alors qu’il s’agit juste de l’impact de difficultés perçues au quotidien ou de dérèglement de son sommeil. C’est pourquoi, nous pouvons dire que les problématiques de sommeil et la présence de stress subjectif sont des cibles de choix pour intervenir auprès de l’étudiant.

Synthèse de la deuxième étude

Notre deuxième étude s’est intéressée aux liens entre le stress et les difficultés d’attention chez les étudiants et le rôle des problèmes de sommeil. Si quelques études ont exploré l’association entre les difficultés d’attention et le stress, aucune n’a exploré cette association en tenant compte du rôle des problèmes de sommeil.

Pour y répondre, nous avons extrait de la cohorte I-Share, l’évaluation de la symptomatologie du TDAH, du stress perçu et des problèmes de sommeil, de 9612 étudiants.

Les modèles de régressions linéaires univariées que nous avons réalisés montrent que :

- La symptomatologie du TDAH, de l’inattention et de l’hyperactivité sont positivement prédites par le stress

- La symptomatologie du TDAH, de l’inattention et de l’hyperactivité sont positivement prédites par la qualité du sommeil, la dyssomnie, la somnolence diurne, le manque de sommeil

- Le stress prédit positivement la qualité du sommeil, la dyssomnie, la somnolence diurne, le manque de sommeil

Les modèles de régressions linéaires multivariées que nous avons réalisés montrent que :

- En présence du stress, la qualité de sommeil n’est plus prédicteur de symptomatologie du TDAH, de l’inattention et de l’hyperactivité

- En présence du stress, la dyssomnie n’est plus prédicteur de symptomatologie de l’inattention - L’interaction entre le stress et la qualité de sommeil prédit positivement la symptomatologie

du TDAH et de l’inattention

- L’interaction entre le stress et la somnolence diurne prédit négativement la symptomatologie du TDAH et de l’hyperactivité

Ainsi, nous montrons que le stress peut avoir un rôle de modération entre la qualité du sommeil et les difficultés d’attention.

Et nous montrons également que le sommeil (manque de sommeil, somnolence diurne et la dyssomnie) peut être un médiateur partiel dans la relation entre le stress perçu et la symptomatologie du TDAH.

Chapitre 3 : Étude en population clinique

Étude des liens entre stress, problèmes de sommeil, symptomatologie

du TDAH et compétences attentionnelles chez les primaires et

collégiens présentant des difficultés scolaires.

1 Introduction

Le TDAH est considéré comme le trouble psychopathologique le plus commun chez les enfants et adolescents. Le stress, également commun, est présent chez un jeune sur six. Tous deux influent sur la réussite académique. Nous avons vu que la littérature faisait ressortir plusieurs liens entre la réponse physiologique au stress et la symptomatologie du TDAH. Et si nous savons que le stress a des implications sur les capacités attentionnelles chez les adultes, la littérature ne semble pas les avoir explorées chez les enfants et les adolescents.

Nous savons que les problèmes de sommeil sont très présents dans cette tranche d’âge car ils touchent jusqu’à un enfant sur deux. La littérature considère que le sommeil puisse prédire un TDAH ou en augmenter la sévérité, voire en imiter les symptômes. Ces problèmes de sommeil peuvent également provoquer des déficits cognitifs dont les capacités attentionnelles. Le stress environnemental semble influencer le sommeil et les problèmes de sommeil semblent augmenter la réponse physiologique au stress.

Toutefois, nous ne retrouvons que très peu d’informations concernant les liens entre difficultés d’attention et stress chez les enfants et adolescents. A notre connaissance, aucune étude n’a étudié ces liens lorsqu’il s’agissait d’un stress perçu, mais plutôt en se basant sur le taux de cortisol. Or, nous savons que le taux de cortisol ne semble pas être un bon indicateur pour

De plus nous pouvons constater que les problèmes de sommeil semblent associés à de moins bonnes capacités cognitives, à la symptomatologie du TDAH et peuvent même provoquer une symptomatologie identique. Les problèmes de sommeil sont aussi associés à la présence du stress. Toutefois, seul une étude a exploré ces liens en se basant sur le stress environnemental (El-Sheikh et al., 2014) et retrouve un effet de modération du sommeil sur la relation entre le stress environnemental et les capacités cognitives.

Afin de mieux comprendre les relations entre le stress, les problèmes de sommeil et les difficultés d’attention, nous souhaitons les explorer selon deux axes d’analyses :

- Un premier axe explorera les relations entre le stress perçu, les problèmes de sommeil et la symptomatologie du TDAH au travers de la Conners et de la SDQ

- Un deuxième axe explorera les relations entre le stress perçu, les problèmes de sommeil et les capacités attentionnelles grâce à des épreuves de la NEPSY-2

2 Méthodologie

2.1 Population

Nous avons reçu 34 enfants entre 6 et 16 ans dont la moyenne d’âge est de 13 ans et 1 mois (écart-type 2). Près de 85% des enfants était au collège. La moitié présentait un trouble spécifique de l’apprentissage (dyslexie, dyscalculie, dyspraxie) diagnostiqué par un·e médecin ou un·e orthophoniste, et 41% bénéficiait déjà d’un aménagement scolaire. Les motifs de consultations étaient principalement des difficultés scolaires et/ou la constitution d’un dossier pour la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapés) pour la validation d’un Plan d’Accompagnement Personnalisé (PAP) et/ou l’orientation scolaire. Ainsi, la demande de bilan pour la mise en place d’un aménagement scolaire correspondait à 73.5% des enfants. L’ensemble des caractéristiques de l’échantillon est présenté dans le tableau 13.

Tableau 13: Tableau descriptif de la population

Variables N Fréquences

Genre (garçon) 18 52.94%

Fratrie (présence) 30 82.24%

Situation parentale (séparés) 14 41.18%

Classe

- Élémentaire 5 14.7%

- Collège 29 85.26

Troubles spécifiques des apprentissages 17 50%

Difficultés scolaires 17 50%

Redoublement 4 11.8%

Aménagement scolaire 14 41%

Motif de consultation

- Évaluation pour aménagement scolaire

25 73.5

- Évaluation du potentiel ou

sphère comportementale 9 26.5

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